Installé sous la couette un peu comme un enfant malade, son pitbull couché contre lui tentant vainement d'attirer son attention, Winter constatait que l'histoire au sujet des animaux qui ressentent la peine et la douleur était véridique. Il était plus dépité qu'autre chose, à vrai dire. Il savait ce qui allait arriver, il s'en doutait, il l'avait pressentit, c'était même comme s'il l'avait déjà vécu. Et il avait laissé faire. Pour une fois, il rejetait un peu la faute sur les autres. Bien que cela n'enlève rien à son malaise de savoir que tout n'était pas entièrement de sa faute... Il rejetait la faute sur Joséphine, qui l'avait convaincu, poussé à accepter, poussé dans ses retranchements afin de le faire craquer, pour finalement fuir la situation dans laquelle elle les avait mis. Il avait raison, depuis le début. Et il le savait, c'était bien ça le pire. Ce qui le torturait le plus était de ne pas savoir. De ne pas comprendre. De se faire tout un tas de films au sujet des raisons qu'elle avait bien pu trouver pour soudainement l'abandonner après tout cela. L'ironie de la situation était qu'elle lui avait assuré qu'elle resterait toujours avec lui. Ses je t'aime ne signifiaient-ils donc rien ? Avait-elle prit conscience durant la nuit qu'il avait raison ou s'était-elle vue prise de panique face à une situation incontrôlée. Incontrôlable. Il n'en savait rien et c'est ce qui l'avait plongé dans cet état presque de choc. Il était perdu. Et abandonné, exactement comme cela lui était arrivé quatorze ans plus tôt. C'était tout aussi douloureux. Se saisissant de son téléphone pour la cinquantième fois de la journée, le jeune homme appela Jo, bien que sachant déjà qu'il tomberait sur la messagerie. Il ne laissa pas de message, il ne savait pas quoi dire et il savait très bien que sa voix serait mal assurée. Alors pourquoi appelait-il, me direz-vous. C'était une façon comme une autre de montrer qu'il pensait à elle et qu'il attendait, si pas des explications, au moins un signe de vie. Après tout, elle avait quitté ce même dortoir durant la nuit, prenant soin de ne pas le réveiller, et depuis plus de nouvelles. Il était près de quinze heures de l'après midi, aucune nouvelle, aucun appel, rien. Il n'était même pas sûr qu’elle lise ses textos. Ses nombreux textos, du simple "Pourquoi ?" au long roman se transformant en MMS, en passant par les "Tu me manques". Il avait besoin de savoir, même si c'était une vérité difficile à entendre, même si tout était de sa faute. Il était le genre de personne qui ne supporte pas de ne pas savoir et qui se rend malade tant qu'il n'a pas d'explications. Aujourd'hui, il avait bien essayé de se motiver à faire quelque chose, mais jamais il n'avait trouvé l'envie d'aller jusqu'au bout des actions entreprises. Se réveillant seul, le sportif avait d'abord voulut se rendre au dortoir de Joséphine, il s'était habillé, coiffé, avait mis sa laisse à Callum puis... rien. Il s'était remis au lit en se disant que si elle était partie il y avait bien une raison. C’est là qu'il avait réellement pris conscience de ce qui lui arrivait. Il avait ensuite commencé à marcher vers l’appartement de sa mère en centre ville, mais la simple pensée qu'elle puisse se mettre à lui parler de Jo qu’elle appréciait tant l'en avait dissuadé. Il était rentré. Il n'avait même pas eu envie de faire du sport. Lui, pas de sport... Et, désormais, il était couché sous sa couette à regarder la télévision. Ou plutôt à zapper encore et encore, ne trouvant rien qui soit à son gout.

Plongé dans ses pensées, il se resigna enfin à lâcher son portable et à abandonner l'infime espoir qu'il avait qu'elle le rappelle. Mais alors qu'il allait éteindre la télévision et tenter de dormir, oui en plein milieu de l'après midi, quelqu'un frappa à sa porte. Sa porte carrelage il était le seul et unique occupant de ce dortoir. Une chance en un jour de déprime totale comme celui-ci. Il mit un certain temps à se lever, et se dirigea vers la porte sans grand enthousiasme. Celle-ci s'ouvrit sur une personne qu'il n'attendait plus, persuadé qu'elle ne viendrait jamais et que, un jour, il devrait faire le premier pas et demander des explications lui-même. Il l'observa, trempée, l'air triste, et s'excusant de l'avoir laissé seul et dans l'incompréhension la plus totale. Ses mots lui parvenaient clairement mais il les trouvait presque faux. Pour la première fois, il ressentait une sorte de rancune contre Joséphine. Elle l'avait abandonné, elle avait osé le laisser tomber... Oui, il lui en voulait. Maintenant qu'elle était enfin face à lui, il n'avait plus tellement envie d'entendre ses excuses et ses explications. Encore moins ses je t'aime qui ne l'avaient pas empêchée de partir. Winter la laissa sur le pas de la porte, s'appuyant dans l'encadrement et plantant son regard dans le sien. « Je pensais le savoir, oui... Mais je me suis réveillé tout seul ce matin. » Son ton était tout à fait calme, détonnant avec ses paroles pleines de reproches. Il ne lui laissa pas le temps de répondre à cela. « Pourquoi je me suis réveillé seul, Jo ? » Il ne tenait plus tellement à entendre ce qu'elleavait à dire pour sa défense mais il était curieux de voir sa réaction. La veille, ils étaient finalement comme ensemble. Et du jour au lendemain elle s'en allait sans un mot, disparaissait dans la nuit et le laissait se morfondre seul dans son dortoir pour ensuite venir s'excuser et recommencer comme la veille. Ne lui avait-il pas dit qu'il craignait de la voir fuir ? N'avait-elle jamais remarqué à quel point certaines choses pouvaient le toucher, voire l'anéantir ? Il n'était même pas en colère contre elle, c'était plus comme de la déception qu'on pouvait lire dans son regard assombri par la fatigue, le cafard et son sentiment présent.

Le coeur d'une femme bla bla bla et bla bla bla, Winter n'avait jamais compris à quel point toutes ces phrases étaient véridiques ! Les femmes sont compliquées, et le fait est qu'il aimait celle qui l'étaient le plus. Qui se ressemble s'assemble, il cherchait donc forcément quelqu'un d'aussi complexe que lui. D'aussi incompréhensible. Spécial. Barré. Il l'avait évidemment sous les yeux depuis des années. Aujourd'hui il le comprenait vraiment, surtout en la voyant se débattre avec elle-même pour demeurer forte. Il comprit encore moins lorsqu'elle avoua sa crainte qu'il l'abandonne. Elle l'avait donc abandonné la première de peur qu'il le fassr par la suite ? C'était à n'y rien comprendre ! Il réfléchissait et c'est le moment que Joséphine choisit pour laisser tomber et déclarer qu'elle retournait à son dortoir. Il ne pouvait la laisser rentrer sans rien répondre ou ajouter à ses explications. Il fissura sa carapace et se demanda pourquoi il avait pris la stupide décision de s'en forger une face à elle. Il savait pourtant pertinemment que son empathie naturelle se décuplait avec elle. Il ne supportait absolument jamais de la faire pleurer, de la mettre en colère ou de la vexer. Il sortit entièrement du dortoir afin de la suivre. « Attends. » Il claqua la porte de son dortoir afin que Callum ne se rue pas dehors à leur suite et rattrapa Jo alors qu'elle s'engageait sous la pluie. Résultat, lui aussi était trempé. Peu importait, un peu de pluie ne l'avait jamais dérangé. Il la saisit par la manche. « Attends », répéta-t-il en la faisant se retourner. C'était à nouveau lui qui tentait de rattraper le coup, pour la simplissime raison qu'il avait gaché la tentative de trêve lancée par Joséphine en se bornant à se montrer froid et terriblement déçu. Pas qu'il soit soudain moins déçu, mais cela comptait bien moins que les sincères excuses qu'elle lui avait présentées. Déjà trempés jusqu'aux os, ils n'avaient plus tant besoin que cela de s'abriter et Win ne perdit pas son temps à se déplacer au sec. L'eau ruisselait de partout, il était pire que décoiffé, ses vêtements lui collaient à la peau et son t-shirt devenait carrément transparent. « D'accord. J'accepte tes excuses Jo, j'aurai pas dû me mettre dans un état pareil. J'aurai dû venir te voir ce matin et tout mettre au clair dès le départ. » Faute avouée à moitié pardonnée, il appliquait cette formule à eux deux, excusant Joséphine et cessant de se culpabiliser lui-même pour un peu tout. Seulement, maintenant, ils étaient dans un bel état. Et leur relation en était au point mort, avouons-le. « Alors, que fait-on maintenant qu'on est trempés et dans une impasse ? », interrogea-t-il avec un vague sourire. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait embrassée et aurait tout laissé couler. Le reste importait-il vraiment ? Il aimait à penser que non, qu'ils pouvaient simplement vivre dans le présent avec ce qu'ils avaient maintenant et oublier les mauvaises expériences de toutes sortes qui les éloignait. Mais cela ne tenait pas qu'à lui, le jeune homme demeura donc immobile, les bras balants, les gouttes s'écrasant sur lui sans plus le mouiller puisqu'il était déjà ruisselant, dans l'attente d'une quelconque réaction.

Il avait eut tort. Oui, bon, elle lui avait un peu beaucoup brisé le cœur et l'avait abandonné au beau milieu de la nuit, mais elle était revenue, non ? Elle s'était excusée et il avait désormais la preuve irréfutable qu'elle n'était pas partie par sa faute. Il pouvait comprendre, au fond, qu'elle ait paniqué. En cinq ans d'amitié, ils n'avaient jamais agit ainsi. Jamais fiat ne serais-ce que penser à agir ainsi. Ils étaient certes très proches, mais sans plus, ils connaissaient les limites, bien qu'elles ne soient pas des plus claires aux yeux des autres. On lui avait déjà fait remarquer que leur relation avait quelque chose d’ambiguë, sans doute parce qu'il n'y avait aucun tabou entre eux. Désormais, plus de limites, ils s'étaient embrassés et avaient compris que cela leur avait trop plu que pour être anodin. Cela compliquait considérablement les choses et ils ne pourraient plus faire marche arrière, ou du moins ils ne retrouveraient pas un lien aussi fort et cette même proximité si leur couple ne fonctionnait pas. Le jeune homme comprenait qu'elle ait pris peur en prenant conscience de tout cela, de ce qui leur arrivait, de ce qui pourrait se passer par la suite, des potentiels problèmes. Il se rendait compte que c'était exactement les mêmes craintes qu'il avait eu avant de céder qui avaient poussé Joséphine à partir. A se protéger tout comme il avait tenté de se protéger. C'est pourquoi, ne songeant pas à la contradiction totale de ses actes, il se rua sous la pluie pour la retenir en lui demanda d'attendre. Ne sachant pas trop si elle ne l'entendait pas ou si elle tentait de l'ignorer... Comme sortis d'une douche prise tout habillés, ils étaient trempés jusqu'aux os, ruisselant de partout, les cheveux décoiffés et aplatis sur le crâne. Bref, tout mouillés et ce n'était pas fini. Il lui servit une sorte de mea-culpa auquel elle ne répondit pas, l'air un peu effarée. Cet air s'accentua lorsqu'il lui demanda ce qu'ils allaient bien pouvoir faire maintenant. Il avait bien une petite idée, mais il n'était pas persuadé qu'elle soit bonne. La réponse lui vint tout naturellement lorsque Jo franchit les quelques centimètres qui les séparaient encore et, se collant à lui, le trempant encore un peu plus, l'embrassa. Une stupide dispute, Winter la poursuivant et tentant de la retenir, un baiser sous la pluie battante. Tout cela faisait très film, il en aurait presque rit. Leur situation était risible, ils ne faisaient que se tourner autour tel deux chiots. Sa réponse lui tira un sourire. « Ce serait pas une mauvaise idée... » Demi-tour direction le dortoir numéro trois. Le sportif attrapa deux serviettes et en tendit une à Joséphine avant d'ôter ses vêtements trempés, ne laissant que son boxer, ce qui lui rappela la scène de la veille. Il se sécha vivement avant d'enfiler un nouveau jean et le premier t-shirt venu. « Tu veux boire quelque chose ? » Disparaissant un moment pour se préparer un café, lui signifia également qu'elle ne devait pas se gêner pour se servir dans ses vêtements. Elle s'en doutait, elle avait l'habitude, mais il le dit quand même.

Complexe leur histoire. C'était clairement plus difficile à gérer que leur innocente amitié assimilée à une relation de jumeaux. Plus compliqué mais peut-être plus intéressant encore. Plus "vrai" dans le sens où ils cessaient enfin de se voiler la face pour éviter d'être confrontés à la réalité de leurs sentiments. Depuis la veille au soir il apparaissait avec une déconcertante évidence qu'ils étaient faits pour être ensemble. Qui aurait mieux convenu à ce rôle ? Ils avaient déjà toutes leurs petites habitudes, et puis ils se connaissaient par coeur. Au fond, si quelqu'un d'autre avait pris la place, ils auraient dû s'éloigner pour ne pas déranger et éviter la jalousie. Ils étaient mieux ainsi. Rentrant finalement au dortoir dans le calme histoire de ne pas alerter toute la confrérie des Poséidons, bien qu'à quinze-seize heures de l'après midi il ne doive pas y avoir grand monde dans les dortoirs, ils entreprirent de se sécher. C'était sans compter sur Joséphine dont il sentit le regard sur lui avant même qu'elle n'exprime ses pensées. Lui adressant un clin d'oeil, Winter enfila son t-shirt. « T'es pas mal non plus », sourit-il en quittant la pièce alors qu'elle se déshabillait elle aussi. Il serait bien resté rien que pour le spectacle mais il l'avait déjà vue ainsi des centaines de fois et en aurait surement encore l'occasion. De plus, il avait sérieusement besoin de se réchauffer après la douche mémorable qu'il venait de se prendre. Il allait entamer son café lorsque les bras de Joséphine -qui d'autre ?- se refermerent autour de sa taille. Il manqua de renverser sa tasse, sursautant légèrement. Il sourit à sa réflexion. « Toi aussi... » souffla-t-il en tournant la tête vers elle afin de croiser son regard un moment. Il se concentra ensuite sur son café, commençant à boire tout en écoutant la suite de la déclaration de Jo. C'était évidemment pareil pour lui, cette journée lui était apparue comme étant la plus longue et ennuyeuse de toute sa vie. Il ne se passait habituellement pas un jour sans qu'ils se parlent, de quelque façon que ce soit. Il ne répondit rien bien qu'il n'en pense pas moins, il avait lui aussi détesté être seul dans son dortoir plutôt qu'avec elle aujourd'hui. Sans parler du fait qu'elle lui manquait à chaque fois qu'ils n'étaient plus juste l'un à côté de l'autre. Il terminait de boire et reposait sa tasse lorsqu'elle le pressa de rentrer. Il jeta un coup d'oeil à sa tenue et sourit, puis son cerveau bugua un court instant sur le mot câlin ce qui la força à le tirer unpeu afin de le faire décoller de la cuisine. Ils se haterent vers le dortoir du hockeyeur pour la simple et bonne raison que, pour le moment, il était préférable de ne pas ebruiter leurs affaires. Ni l'un ni l'autre n'avaient envie de subir les inévitables "Je savais que vous finiriee ensemble", les commentaires quels qu'ils soient et surtout la jalousie et les rabats-joie du style "Ça ne durera pas". Ils avaient seulement besoin de temps pour découvrir et apprécier pleinement ce nouveau chapitre de leur histoire. Arrivés au dortoir, Winter s'affala sur son lit et entraîna Joséphine dans sa chute, lui tenant la main comme durant tout le trajet dans les couloirs. Allongé sur le matelas et Jo un peu au dessus de lui, il redressa légèrement son buste afin d'atteindre ses lèvres. Entre deux baises devenus presque habituels mais toujours aussi agréables, il casa trois mots, sept lettres: « Je t'aime.

Tout comme elle le lui avait demandé, Winter se laissa faire. Profitant qu'elle était si proche de lui, il l'embrassa dans le cou puis reprit ses lèvres. Il allait à son tour s'aventurer sous son haut lorsqu'une pensée, jusqu'ici masquée par cette soudaine pulsion et une certaine surprise mêlée de contentement, lui traversa l'esprit. Et si elle finissait par regretter cela ? Ce serait irrévocable. Cela semblait une très bonne idée maintenant mais qu'en serait-il plus tard ? S'il se réveillait seul cette nuit après cela il ne serait pas si aisé de la reconquérir.  « Jo... » Il eut un mal fou à prononcer son nom, il n'avait pas envie de la couper dans son élan mais il avait besoin de s'assurer qu'elle avait conscience de ce qu'elle faisait. Certes cela brisait un peu tout l'effet de la scène et sans doute lui en voudrait-elle un peu de l'avoir ainsi interrompue. Il espérait qu'elle comprendrait qu'il le faisait pour leur bien à tout les deux plutôt que par plaisir. « Le prends pas mal, s'il te plaît... » Le front collé contre le sien, à à peine quelques centimètres de ses lèvres, il reprit après cette prière. « Tu es sûre de ce que tu fais ? Je veux dire... J'en ai envie, tu le sais, mais je veux être certain que tu ne regretteras rien... » Il espérait sincèrement qu'elle comprendrait, et qu'elle acquiescerait à sa question.

Soulagé de voir qu'elle semblait comprendre, Winter décocha un sourire à Joséphine et la regarda se redresser légèrement pour se retrouver assise sur lui. Son poids plume ne le dérangeait pas le moins dû monde, c'était même tout le contraire. Il apprécia le fait qu'elle accepte et comprenne son geste, fasse le rapprochement avec sa disparition de la veille. Bien que ses excuses soient de trop car il ne lui en voulait pas. Plus. Il comprenait, d'autant plus maintenant qu'il avait à son tour flippé et tout arrêté avant d'atteindre le point de non retour. Répondant à son baiser, ce qui l'empêcha de dire quoi que ce soit, il attendit qu'elle finisse sa seconde tirade, qui lui tira un sourire entendu. Il était du même avis, leur nouvelle relation avait, évidemment, quelque chose de plus et leur convenait encore mieux pour diverses raisons. « Je ne faisais que m'en assurer, je n'en t'en veux pas Jo j'ai bien compris ce qui s'est passé et ça devait arriver, l'un de nous devait se poser la question. Maintenant que c'est fait on est tranquilles, on sait ce qu'on veut, non ? » Pour sa part c'était désormais très clair, Winter l'aimait et même si cela semblait totalement irréel au début, il avait accepté la chose et n'en était pas déçu. Bien au contraire ! Ils ne pouvaient pas combattre cela, de toutes manières. Ils avaient beau être tout deux des battants avec un passé où ils s'étaient battus, ils ne pouvaient rien contre leurs sentiments. Du moins pas celui-ci. C'est lorsqu'elle le lui fit remarquer qu'il constata qu'il faisait très froid dans le dortoir. Il s'y était habitué, mais aujourd'hui après s'être retrouvé sous une pluie battante et avoir été trempé jusqu'aux os, il ne demandait rien de mieux qu'un peu de chauffage. De plus, le ciel était toujours couvert, l'île entière était beaucoup moins ensoleillée que d'ordinaire et le son des gouttes se faisait de plus en plus fort. Il faisait vraiment sombre. « Il fait froid oui... En même temps on s'est pris une belle douche. Il est seize heures et j'ai l'impression qu'il est tard... » Il n'avait toujours pas la motivation pour faire quoi que ce soit, le temps le déprimait sérieusement ! Il rabattit la couette sur eux et entoura Jo de ses bras à la fois pour le plaisir de la sentir contre lui et pour la -et se- réchauffer. « Tu es vraiment coupée dans ton élan ? », finit-il par demander le plus innocemment du monde, son petit air angélique collé au visage.

La question ne se posait même plus, mais la réponse lui tira tout de même un sourire. C'était le genre de chose que l'on sait mais qu'on ne se lasse pas de s'entendre dire et répéter. Surtout lorsque sa plus grande peur est d'être abandonné. A nouveau. Winter n'avait que cette crainte, le reste ne lui faisait pas peur. Excepté les clowns, il les détestait depuis que, le jour de ses cinq ans, le clown payé par son père était tombé à la renverse, juste sur lui, lui cassant le bras au passage. Il était tout petit, cela lui avait fait faire des cauchemars durant des mois. Enfin bref, il avait peur de l'abandon, c'était presque maladif, et il savait que Joséphine vivait la même chose de son côté. Bien qu'ils n'en parlent jamais, ni l'un ni l'autre. « Moi aussi », finit-il par sourire. Oui, le froid était pénible, mais, habituellement, le jeune homme n'en sentait pas la morsure et vivait très bien dans ces conditions. D'autant plus qu'il n'était jamais là que pour dormir, du moins lorsqu'il trouvait le sommeil au milieu de ses nombreuses pensées et de son hyperactivité. Et puis, aujourd'hui, c'était un peu un prétexte pour se serrer contre Joséphine, chose qui les arrangeait pas mal, tout les deux. Il y avait une solution de plus mais il venait justement de l'empêcher d'aller au bout, est-ce que... ? Qui ne tente rien à rien, se munissant de son air innocent ainsi que d'un joli sourire, il posa the question le plus naturellement qui soit. Pour toute réponse, il eut d'abord un baiser auquel il répondit, le prolongeant, avant de sourire à sa provocation. Il allait répondre quand elle ajouta quelque chose. Cela non plus, il ne s'en lasserait jamais. Il aimait déjà se l'entendre dire lorsqu'ils n'étaient qu'amis, mais la nouvelle signification de ces mots lui plaisait encore plus. Se redressant légèrement, il l'embrassa et, dans le même temps, échangea les rôles, passant au dessus d'elle et s'appuyant sur son avant bras afin de ne pas l'écraser. « Je t'aime », fit-il finalement dans un souffle, toujours près de ses lèvres. Il s'aventura dans son cou avant de plonger son regard dans le sien et de retirer son t-short, dévoilant ses abdominaux avec un sourire presque fier. « Convaincue ? » Haussant un sourcil en se mordillant la lèvre comme à chaque fois qu'il était dans l'expectative, il ne la quittait pas des yeux.