rêve ta vie en couleur, c'est le secret du bonheur

Affalé sur son siège, Isaac observait le professeur sans le voir, le regard totalement éteint, comme si la connexion entre ses yeux et son cerveau avait été coupée. Par contre, il entendait tout ce qu'on disait, de sorte qu'il serait totalement capable de répéter tout le cours d'une traite si on le lui demandait. Il espérait seulement qu'on ne le lui demande pas car, très franchement, il n'avait pas la moindre envie de prendre la parole, de sortir de sa torpeur. Il n'allait pas bien, clairement, mais il n'allait jamais bien, il n'était jamais parfaitement heureux. Depuis son arrivée à Jersey, il essayait, encore plus qu'à Paris, de se reconstruire une vie à peu près supportable, mais le visage de son père ou ceux de ses quatre frères s'imposaient toujours à lui, lui broyant le coeur à chaque battement, lui coupant le souffle à chaque inspiration. Seul le visage d'Emma, la seule qu'il avait été capable de protéger dans l'histoire, lui permettait de tenir bon. De s'accrocher, pour elle. Il savait pertinemment qu'au fond, derrière ses airs d'adolescente épanouie et heureuse, se cachait une petite fille craintive, qui en avait déjà assez de la vie. La même petite fille qu'il avait tenue dans ses bras durant toute une nuit alors qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps. La même petite fille pour qui il avait frappé et frappé encore, tué. Et pour qui il recommencerait. La sonnerie le tira de ses pensées et, attrapant son sac, il se précipita vers la sortie. « Hey Zac tu viens ? » Pivotant vers celui qui l'avait interpellé, le jeune homme resta un moment en suspend. Venir où ? Puis il se souvint. A la cafétéria évidemment. Habituellement, il était le premier à se précipiter là-bas, véritable ventre sur pattes, pourtant il secoua doucement la tête. « Nan, je... allez-y sans moi, on s'voit plus tard. » Ou on ne se voit pas, il préférait cela. Sur ce, il tourna les talons, sortant de l'université, son sac accroché à son épaule droite sans même qu'il n'en sente le poids. Sortant son portable de sa poche, il pianota quelques secondes à peine, envoyant un sms à la seule famille qui, parmi celle qui lui restait, comptait encore pour lui. C'est malheureux de ne plus avoir que sa demi-soeur, quand bien même il la considérait désormais comme sa véritable petite soeur. Parlez-lui de son père et il se ferme comme une huître. De sa mère et il pète un câble. De ses frères et sa seule envie est de tout casser autour de lui tout en pleurant des larmes de rage et de chagrin à la fois. Non, il ne faut pas lui parler de sa famille, et pourtant il envoyait un texto à sa soeur, comme quasiment toutes les dix minutes une fois qu'il était réveillé. Rangeant son portable, sachant pertinemment qu'il n'obtiendrait sa réponse que bien plus tard étant donné que leur tante confisquait son gsm à Emma lorsqu'elle allait en cours. Cette pratique amusait beaucoup le jeune homme, tandis que sa soeur s'en plaignait souvent à lui. Parvenu à la Saint Brelade's Bay, Castiel laissa tomber son sac sous un palmier et se laissa tomber lourdement sur le sable. Jusqu'à ce qu'il aperçoive une jeune femme qu'il connaissait pour être dans la même confrérie qu'elle. Seulement, il ne connaissait même pas son prénom. Rangeant son portable dans son sac, histoire de ne pas le mouiller, et puis quoi encore, il se releva. Arrivé derrière elle, il l'attrapa, la portant un peu comme une princesse - ou une mariée mais l'image de princesse est plus classe - et s'avança dans l'eau sans même prendre en compte le fait qu'elle se débattait, s’énervant presque, et qu'ils ne se connaissaient même pas. « GERONIMO ! » s'écria-t-il en la jetant à l'eau, tout sourire.

Avoir les fesses posées pendant trois heures sur une chaise n'est pas mon fort, surtout lorsqu'il peut s'agir de suivre un cours d'histoire. Mais qu'est-ce que je m'en fiche de savoir ça, surtout que je sais déjà tout de mon pays, c'est pas comme si en tant que princesse je devais une fois par semaine apprendre par coeur l'histoire de la Pologne qu'ils peuvent être bêtes parfois les profs, le pire est sans doute qu'ils pensent me donner une leçon que je vais apprendre, d'ailleurs je ne prends pas de notes durant le cours je n'en prends jamais, n'en trouvant pas l'utilité. Les seuls cours que je juge utiles sont ceux ayant un rapport avec le droit, le reste je m'en fou un peu, même si ça ne m'empêche pas d'avoir de bonnes notes dans toutes les matières. Le professeur me sort alors de mes pensées, me demandant de répondre à une question, il commence même à me menacer si je ne lui donne pas la bonne réponse, s'il croit me faire peur, s'il croit que je vais faire mine d'avoir écouter il se met les doigts dans le nez et encore je suis polie. « J'en sais rien, votre cours est tellement ennuyeux que je n'écoute pas. » Je fais mine d'être très déçue de ma propre remarque, mais j'ai plutôt de la pitié pour lui en fait, je lui adresse un sourire faux qui laisse cependant croire que je suis super gentille et que ma sanction ne sera pas trop grave, puisque je sais que j'en aurais une, lorsqu'il me regarde avec sérieux et surtout un air sévère et qu'il pointe du doigt la porte et me dit de partir. Toute contente, je ne peux pas cacher mon enthousiasme je sors de la salle de classe, tirant la langue alors aux amies que je peux connaitre, puis me dirige directement dehors, et allume une cigarette. Et je me rends compte que de ne pas être en cours par ce beau temps ne peut qu'être bénéfique pour moi, alors autant que je me balade sur la plage. Même s'il y en a deux mon choix se dirige toujours vers Saint Brelade's Ray, elle est belle cette plage. Je me rends donc à pied au bord de l'eau, un lieu de repos même si je n'ai pas de quoi être fatiguée et dire que les cours sont difficiles sachant que je ne fais pas grand chose ces temps ci. J'arrive enfin, le calme plat, il n'y a pas beaucoup de personnes sur le sable, à mon grand plaisir non pas que les gens me gênent simplement la solitude est le meilleur moyen pour être maitre de ses pensées, et des pensées j'en ai et pas qu'un peu. Je pose mon sac à main sur le sable, enlève mes sandales à talons compensés mais je prends cependant mon gloss rose, laissant contre mon gré et par précaution mon portable dans le fond de mon sac, peu importe les messages que je peux avoir, si c'est important ça attendra, de toute façon personne ne me contacte jamais vraiment, et heureusement je n'ai pas envie d'avoir tout le temps l'obligation de répondre à une multitude de messages -même si c'est mon frère- j'ai autre chose à faire. Je marche alors en direction des vagues, la mer est assez basse aujourd'hui. Lorsque mes pieds sont enfin dans l'eau je constate qu'elle est froide, je frissonne un peu puis à la longue m'y habitue, c'est déjà mieux que rien. Je repense alors à ma vie passée, celle où j'étais princesse et où tout était fait pour me plaire et où la vie était belle et sans embûche. Maintenant je sais que c'est différent, tout est différent, je n'ai plus de contact avec mes parents -sauf par le biais de mon frère-, et que le seul homme que j'ai été en mesure d'aimer à disparu de la nature, tant mieux plus de soucis comme ça. Maintenant je vis au jour le jour, sans me poser de question, d'où mon tatouage sur le poignet expliquant parfaitement mon nouveau point de vue sur la vie en générale. Et d'un coup d'un seul je me retrouve dans les bras de quelqu'un, cette personne me porte comme une princesse -oui c'est le comble pour une princesse- je me débats mais rien à faire il ne me lâche pas. Et il me jette à l'eau, alors qu'il ruine ma parfaite tunique blanche aux dentelles sur le côté et mon jean slim, sans parler de mon merveilleux gloss, quel con il faisait celui là ! Prise de rage je sors de l'eau, constatant que ma tresse est défaite par la même occasion, je m'approche de lui pointe un doigt juste devant son nez et lui lance « Mais pour qui tu te prends morveux ? » Et hop je le pousse à mon tour, après tout on ne s'attaque pas à Zadig Lowinski comme ça, c'est comme s'attaquer à une tigresse ! Je lui adresse un regard noir, soupire à faire croire que j'ai pitié de lui et finis par tourner les talons, le laissant patauger comme un canard dans sa marre. Il n'a pas intérêt à me suivre sinon ça ira mal pour lui. Et là je me rends compte que je le connais, c'est un Zeus mais je ne le connais pas plus que ça. Tout en me dirigeant vers mes affaires je vérifie que mon gloss est intacte et finis par en mettre sur mes lèvres voyant qu'il n'a rien.

Parfois, Isaac se demandait lui-même s'il n'était pas, ne serais-ce qu'un peu, atteint du syndrome de peter pan ou quelque chose dans le genre. Ou tout simplement débile sur les bords, ce qui était tout à fait possible. Après tout, il était indéniablement atteint de paralysie émotionnelle, ne s'exprimant jamais sur ce qu'il ressentait réellement et capable de piquer des colères folles pour un rien. Enfin, voilà, il était peut-être en train de développer ce syndrome. En tout cas, la jeune femme qu'il venait de jeter à l'eau pourrait témoigner de ses actes puérils et de sa légère hystérie. Après tout il ne la connaissait que de vue - et de très loin - mais n'avait pas hésité à venir la porter pour s'amuser à la jeter à l'eau... Lorsqu’elle ressortit, elle était trempée, sa tresse était défaite et ses vêtements... n'en parlons pas. Elle le pointa du doigt, rageuse. Au moins, il n'était pas le seul à piquer des colères. « Pour un morveux qui avait très envie de... » Ne lui laissant pas le temps de finir, elle le poussa. Vengeance, il en aurait rit si cela n'avait pas faillit le noyer. Et même, il trouvait toujours cela très amusant. Sortant la tête de l'eau, il la regarda regagner la plage. « ... faire ça. » Il secoua doucement la tête, imagina la tête qu'il devait avoir et sourit pour lui-même. Songeant au fait qu'il ne savait pas ce qui pouvait se cacher sous et à côté de lui, il se releva péniblement. Il venait d'un pays chaud où il avait l'habitude de passer ses journées à la plage et dans l'eau, à pêcher aussi, mais il n'avait jamais aimé, lorsque l'eau était trouble, de ne pas savoir où il mettait les pieds et sur quoi il pouvait tomber. Par chance, il n'y avait pas d’oursins à Jersey. Il se souvenait d'un garçon qui, du temps où il vivait toujours au Maroc, avait marché sur un oursin et avait passé un moment à l’hôpital pour retirer un à un les piquants. Enfin, tout cela pour dire que, malgré la clarté de l'eau et son expérience de la plage ainsi que des bestioles marines en tous genres, il appréhendait quelque peu les surprises. « Et toi, princesse, pour qui tu te prends ? » cria-t-il, planté au milieu des vagues alors qu'il venait de se relever. Les bras écartés et les cheveux dégouttant sur ses vêtements trempés, il souriait malgré tout. Princesse, c'était sortit tout seul, il n'y avait que Emma qu'il nommait comme cela. Que Emma qu'il s'était toujorus amusé à jeter à l'eau et à embêter. Fini la nostalgie. S'ébrouant tel un animal, il rejoint la jeune femme, tout sourire, bien qu'il se doute parfaitement qu'elle n'avait pas la moindre envie de discuter avec lui. C'est ce qui est amusant, au fond. Placé juste derrière elle, il faillit rire en la voyant vérifier que son gloss n'avait rien. Son précieux gloss, c'était pour cela qu'elle était si en colère ? Ne s'autorisant aucune réflexion, il passa devant elle et lui adressa l'un de ses nombreux sourires. Ne voyant pas l'intérêt de s'excuser - surtout qu'il n'était pas du tout désolé-, il passa directement à la suite. « J'm'appelle Isaac... » Comme à son habitude, il ne cessait de sourire en passant sa main dans ses cheveux. Geste machinal, il le faisait quasiment à chaque fois qu'il parlait, et même lorsqu'il se taisait - ce qui était rare.

Me faire virer de cours ça peut passer à la rigueur, je me fiche pas mal d'avoir un rapport sur le dos et de me faire exclure et me faire jeter à l'eau alors que je veux simplement prendre du bon temps je ne peux pas accepter. Surtout qu'il ruine mes vêtements qui valent chers et surtout et avant tout mon gloss chéri. Les mecs sont pour moi des nazes sans cervelle qui ont un petit pois à la place du cerveau et le mec là qui avait osé me pousser j'aurais tant aimé le pousser encore plus fort et l'écraser comme une fourmis. Je suis complètement trempée et ne l'écoute pas quand il me sort qu'il avait très envie de je ne sais même plus quoi, je m'en fiche, je n'ai qu'une seule envie rentrer chez les Zeus, me changer et rester à l'université. De toute façon je ne peux pas rester sur la même plage qu'un crétin pareil. Je commence à avoir froid en plus de cela, qu'il peut être con punaise ! Encore si j'avais été en maillot de bain sa bêtise serait un peu mieux passée mais là j'étais habillée parfaitement pour la ville mais pas pour faire un plongeon pour le moins inattendu. Je l'entends me retourner ma propre question et constate bien vite qu'il m'appelle princesse. Genre une très drôle coïncidence étant donné que je suis une princesse enfin ancienne princesse, et je n'aime pas parler de ça alors me le rappeler même par erreur ça ne passe pas du tout ! Je pose mon gloss sur mon sac et le vois arriver près de moi, mais le toise. Je défais ma tresse et prends bien soin de le mouiller encore plus en jouant avec mes cheveux. Il se présente, je lâche un sourire narquois, Il croit que je vais lui parler, Zeus ou pas pas de pitié pour les imbéciles « Ouais ok, c'est bien si tu savais comme je m'en fiche. » lui dis-je de façon neutre cachant une nuance de méchanceté. Mais le problème est qu'il ne bouge il reste planté là, comme un piquet et passe une main dans ses cheveux, ce qui je l'avoue lui donne un petit côté sexy, mais peu importe c'est un sale petit con pour moi. « Bon Isaac j'sais pas ce que tu cherches mais je vais te le dire gentiment, dégage ! » Je mets mon élastique autour de mon poignet le fixe un instant puis prends mon sac ainsi que mon gloss et m'éloigne de lui. Oui je suis colérique mais j'évite le conflit, surtout qu'il n'a pas pris la peine de me donner des excuses..