Depuis ma plus tendre enfance, tout me sourit. Je suis Candace. Candace Olwen Bridgestone. Vous devez sans doute avoir déjà entendu mon nom, au moins une fois. Mon père est un homme d’affaires très influent aux Etats-Unis, il a ouvert une multitude de centres commerciaux dans tout l’Etat de Floride. Nous vivions à Miami, dans cette somptueuse ville où la nuit prône. Mes parents roulent sur l’or, moi aussi. Je n’ai absolument rien fait pour en arriver là, je me suis contentée de pointer le bout de mon nez un certain vingt-cinq juillet de l’année 1990. Je n’étais pas un enfant attendu à la base, et ça ne m’a jamais dérangé. J’ai appris à n’accorder aucune importance à ce que pensent les gens de moi. Mes parents ne se sont jamais occupés de moi comme leur enfant, à juste titre. Je suis seulement la fille qu’ils n’auraient certainement pas dû avoir. Je m’y suis faite. Et puis ils travaillent beaucoup, ils avaient peu de temps pour moi de toute manière. Bref, je me suis faite une raison de leur manque d’affection envers moi.

Les filles de Miami m’ont toujours envié. J’avais tout : l’argent, la gloire, la beauté, les hommes, les femmes. Je n’ai eu aucun mal à affirmer ma bisexualité aux yeux de tous, je ne m’en cache pas. J’adore même en jouer. J’ai découvert une certaine attirance pour les personnes du même sexe vers l’âge de seize ans. J’ai mis quelques mois à le dire à qui voulait l’entendre, à enchaîner les expériences plus tordues les unes que les autres. Je suis comme ça, entreprenante. Je n’ai pas froid aux yeux et j’adore tenter l’impossible pour jouir de plaisir une fois mes désirs les plus fous accomplis. J’ai pris mon envol bien plus tôt qu’un enfant élevé normalement, notamment à cause de l’absence considérable de mes géniteurs. La plupart de mes soirées où j’étais censée réviser pour le lendemain se déroulaient dans les discothèques les plus huppées de la ville. Et tous les soirs, je rencontrais de nouvelles têtes avec qui se prendre une bonne cuite, que je revoyais rarement après cela. Je n’hésitais pas à ramener des garçons ou des filles à la villa, mes parents n’en savaient rien et ils s’en fichaient pas mal. J’ai perdu ma virginité très jeune, j’allais à peine sur mes quinze ans. Ne vous attendez pas à que je vous dise que je l’ai perdu avec mon petit ami par amour et tout le tralala. Je m’en souviens à peine à vrai dire, et c’est mieux comme cela. Ça n’a jamais été très important pour moi, et peu importe avec qui je l’ai fait la première fois, car j’ai déjà eu beaucoup d’autres conquêtes depuis.

Je ne sais toujours pas pourquoi je me suis rendue à Jersey. Bon, le paysage est plutôt paradisiaque et attirant mais ça ne fait pas tout. J’ai tiré un trait sur ma ville, mes repères, Miami. J’avais dû faire un choix, qui s’est avéré difficile. Mes parents n’ont opposé aucune résistance à mon départ. J’avais beaucoup entendu ouïr de cette île, très étudiante à présent. Comment ne pas trouver son bonheur à un endroit pareil ? Des étudiants, des confréries, des soirées et tout ce qui s’en suit. Bien entendu, je disposais de l’argent de mon père à volonté, mais il n’était pas exclu que je fasse quelques études. Au moins pour faire bonne figure.

Malgré mes airs de pétasse riche et inatteignable, j’ai tout de même mes faiblesses. La drogue fait partie de ma vie depuis maintenant deux ans. Je suis tombée dedans sans réellement le vouloir, pendant une soirée plutôt allumée à Miami. Malgré mes innombrables soirées passées avec de parfaits inconnus, je suis un brin raisonnable. Mais l’enfer de cette soirée-là ne faisait que commencer. Quelqu’un avait dû me forcer la main pour sniffer ce genre de choses, à tous les coups. Totalement ivre, j’avais accepté. A plusieurs reprises, l’envie d’essayer à nouveau me prit. La totale perte de contrôle, l’impression de liberté comme si l’on pouvait voler ; je voulais ressentir cette sensation une nouvelle fois. Mon fabuleux portefeuille permit à la femme que je suis de m’en procurer en moins de deux. Je ne pouvais m’en passer maintenant que j’y avais touché. Parfois je le regrette, parfois non. Bien entendu, je me cache un maximum de cette image de droguée. Etre une bimbo branchée et prestigieuse était indispensable, je ne pouvais me permettre de passer pour une toxico. Il m’était totalement impossible que trop de personnes découvrent mon côté sombre. Je devais préserver mon image, à n’importe quel prix.