"Papaaa! Papaa je t'en pris arrête! Lu..Lucas tu es là! Tu vas bien? " J'esquissais un sourire, comme si de rien n'étais. Je ne voulais pas que Lucas sache, pour rien au monde.Je tenais trop au lien que j'avais avec lui. Il était mon équilibre, ma porte ouverte, ma liberté, mes ailes. "Tiens Lucas. Qu'est ce que tu fous là? Le lycée c'est déjà fini aujourd'hui?"."Heu..Vous vous disputiez? Tout va bien Maryssa?" Je voyais ses yeux inquiets.Il fallait que je trouve quelque chose."Ah ah ! Pas du tout! Papa essayais juste de me mettre une araignée répugnante sur l'épaule! Tu sais combien je déteste ces bêtes là !" Il fallait que j'ai l'air naturel. Je faisais de mon mieux. J'espère que rien ne se remarquait. Je regardais derrière moi furtivement et je vis le regard de mon père. Ça l'arrangeait bien que je ne dise rien à Lucas.Il pouvait faire à sa guise.Un jour tout ça changerait! Je partirais avec Lucas loin d'ici.Je m'accrochais à cette idée.C'était peut-être elle qui me permettait de tenir le cap.

Mon père, la cause de tous mes troubles. Ce n'était qu'un vieille alcoolique. Maman est partit et nous a laissé avec ce vieux fou.Je ne sais pas si je pourrais lui pardonner un jour. Je ne sais pas si je pourrais oublier toutes les fois où les grosses mains de mon père se posèrent sur mon corps de gamine... Je n'avais que 14 ans quand il a commencé.Il a tout fait avec moi, il agissait comme si j'étais une poupée à sa disposition. Il m'appelait par le prénom de ma mère parfois lors de ces soirs horribles. C'était encore plus répugnant. Heureusement Lucas n'a jamais rien vu. Mon père profitait toujours des moments où on était seuls à la maison, ceux que je redoutais le plus. Parfois il me frappait. Je réussissais à cacher tant bien que mal. La douleur est très présente, au début. Et puis quand on sait qu'on va recevoir des coups et des coups on finit par s'y habituer, même si à chaque nouveau coup j'avais la peur au ventre. Je pensais à autre chose, du moins j'essayais, je pensais à Lucas, quand il m'emmenait en ville avec ses amis. Je pensais à notre enfance, quand on jouait ensemble dans le jardin. Je pensais aux soirées qu'on passe devant un bon dvd et du popcorn. Il était ma seule source de joie. Sans lui je ne savais pas comment faire.



*Toc toc!* "Maryssa tu es là?" "Lucas? Entre!" Enfin il était rentré! Il avait l'air heureux! Peut-être allait-on sortir! "Écoute Maryssa! J'ai une super bonne nouvelle! Je pars à l'Université de Jersey! C'est une île, assez sympa apparemment!" (Tu fais quoi? Tu pars? Tu m'abandonnes?!! Tu me laisses ici avec ce crevard!! T'es aveugle ou quoi !! Tu ne vois pas qu'il me bat et me viole dès que l'envie lui prend! tu ne peux pas me faire ça Lucas!) "A l'université? Vraiment? Mais c'est super ça mon Lulu!Je suis tellement contente pour toi! Tu ne m’oublieras pas hein tu m'écriras des cartes!" Voilà les seuls mots que je pus lui dire.


Cher journal,
Lucas est parti. Je m'effondre... J'ai envie de mettre fin à mon enfer. Maintenant il n'y a plus rien pour me retenir. Est-ce que je serais capable d'attendre mes 18 ans pour le rejoindre loin d'ici? Il était ma seule source de joie. Je ne peux plus sortir. Il m'enferme parfois. S'il trouve ce journal, je vais le payer cher. Je ne peux parler à personne.J'ai peur. Pourquoi faut-il que ça se passe comme ça............
Il arrive!!...............................................


La musique. La musique a été ma sauveuse.Grâce à elle et sans Lucas j'ai réussi à tenir. Je ne la remercierais jamais assez. Chaque fois qu'il me touché, je me chantais une chanson dans ma tête et j'arrivais à ne rien sentir.Je crois avoir trouvé ma voix.Évidemment il ne me laissait jamais chanter dans la maison, alors je fuguais pendant quelques heures pour chanter dans un coin reculé. Cela m'a permis de garder mon sang-froid, de vivre. Malheureusement sans Lucas j'ai dû m'aider d'autres choses. La cigarette et l'alcool sont peu à peu rentrer dans ma vie... Mais j’essaye d'y travailler. Je chante plus, je bois moins.


Ca y est! Je me casse! Aujourd'hui j'ai 18 ans je fais mes bagages et je file rejoindre mon frère à l’université. Je ne pris même pas le temps de regarder une dernière fois le visage de mon martyr et je claquai la porte, emportant le peu de vie que j'avais. Je n'étais pas quelqu'un de dépressif malgré mon histoire. Juste fragile sur certains point. Je redonnais goût à ma vie.Mon arrivée à Jersey fût une libération. Ici personne ne me connaissait, une nouvelle vie, de nouveaux amis. Parfait! En plus, j'ai pu trouver des cours de chant. Je suis aux anges. J'espère que les gens d'ici m'accepteront, et j'ai hâte de retrouver Lucas!

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