If you die, i will literally go out of my freaking mind

S'en vouloir plus que cela aurait été difficile, pour tout dire c'aurait été suicide sans passer par la case... la case. Bref, Isaac ne supportait pas la pensée qu'il était sain et sauf, qu'il s'en sortait sans la moindre égratignure, sortant de l'université comme s'il ne s'était rien passé alors que d'autres étaient blessés, pire: morts. Le constat n'était pas encore fait, mais lui avait la réponse: trop. De morts, de blessés, de violence. Trop de tout ça, et lui qui n'avait rien. Culpabilité du survivant. Pas survivant: rescapé sans la moindre égratignure... Ce n'était pas une question de survie, juste une question de chance. De chance et, il fallait l'avouer, de lâcheté. A plusieurs reprises il avait voulu sortir, c'est vrai, mais jamais il ne l'avait fait. Evidemment il n'était pas seul dans cette salle de classe, oui il se devait de protéger les autres et n'avait pas le droit de les mettre en danger par égoïsme, fierté et cetera, mais il aurait dû, pu, trouver un moyen, quelque chose à faire. Assis contre un arbre, loin de la foule des ambulances, voitures de polices, élèves, professeurs, badauds et autres blessés, il se mordait la langue jusqu'au sang sans s'en rendre compte, n'en prenant conscience que lorsque le gout métallique du sang parvint sur sa langue. Desserrant les mâchoires, cela lui fit encore plus mal. Alors qu'il relevait les yeux, voyant Zander avec sa soeur et ne se trouvant même pas le courage d'aller le voir pour vérifier qu'il allait bien, et que sa soeur allait bien, ni pour le rassurer au sujet de son propre sort, il remarqua également... « RILEY ! » hurla-t-il, se levant d'un bond pour se précipiter vers l'ambulance où la jeune femme semblait avoir été délaissée, la majeure partie des ambulanciers préoccupés par Camille, Jaliyah, Sahara et Tiphaine. Il ne s'attarda pas sur elles, bien qu'il les connaisse -du moins à peu près- de toutes manières elles étaient déjà prises en charge. Contrairement à Riley qui, bien qu'elle ait un garrot et une perfusion de sang, demeurait dans un sale état. Sautant dans l'ambulance -au risque de se casser quelque chose oui oui, comme d'habitude- le Zeus se glissa aux côtés de son amie et remarqua que sa cage thoracique ne se soulevait pas. Mais vraiment pas, du tout. Il tenta de trouver son souffle, rien. Prenant son pouls - au cas où- il remarqua qu'il faiblissait. « Riley ?! Pourquoi est-ce que tu as l'air de ne pas respirer ? » Totalement paniqué d'un seul coup, il sentit la crise de panique arriver. Riley + mort, pas compatible. Il y avait eu bien trop de tragédies pour la journée, c'était plus que suffisant, jamais il ne supporterait de perdre Riley. Jamais, jamais, jamais. Elle n'avait tout simplement pas le droit. « Riley respire... » Parti pour le bouche-à-bouche, sa vue se brouilla peu à peu et il sentit une larme rouler sur sa joue. La laissant rouler jusqu'à tomber sur la Poséidon, il continua ses tentatives de la réanimer. « T'as pas le droit Riley, tu peux pas me laisser, respire. » Hors de question, plus qu'un refus c'était une obligation, un ordre: elle ne POUVAIT pas. Soupirant de soulagement lorsqu'elle toussota et se remit à respirer, il se laissa aller en arrière, la tête appuyée contre la paroi de l'ambulance. « Tu sais, la prochaine fois que je poserais mes lèvres contre les tiennes, ce serait mieux si tu étais réveillée. » Bon, fermez-la d'accord, c'est clair que depuis la première fois qu'il lui avait parlé Isaac était amoureux de Riley, et alors qu'il avait faillit la perdre c'était the moment, surtout qu'en plus de tout ça elle était à moitié dans les vapes, au réveil elle ne se souviendrait même pas qu'il avait dit ça. Et puis c'était sorti tout seul ! Lorsque les ambulanciers arrivèrent enfin à la hauteur des deux amis, Zac leur jeta un regard indescriptible et féroce, un peu comme un animal qui refuserait qu'on approche de ce qu'il garde. Il gardait Riley, pas touche. Tous partis en direction de l’hôpital, il ne la lâcha pas, non seulement du regard mais également sa main qu'il tenait fermement dans la sienne. Jusqu'à ce qu’elle soit emmenée au bloc opératoire et qu'il doive rester seul, dans l'expectative. Enfin, pas seul, mais il n'avait pas la moindre envie de faire la causette aux autres "survivants". Tournant en rond tel un animal en cage, il faisait les cent pas, sachant pertinemment qu’elle allait s'en sortir, mais s’inquiétant quand même.

Zander, une fois dehors, s'était précipité vers les médecins pour qu'ils s'occupent de Riley. Une fois entre leurs mains, il dû la quitter pour aller voir sa sœur. Retrouvant doucement ses esprits, la douleur commençait à se faire réellement sentir et Riley se sentait mal: il faut dire que la belle perdait beaucoup de sang. Deux ambulanciers s'occupaient de l'allonger sur le brancard pour immédiatement faire un nouveau garrot et lui mettre une perfusion... Riley cru qu'elle allait tourner de l’œil en voyant l'aiguille. Un couteau planté dans la jambe, passe encore mais une aiguille, pas moyen. Oui, Riley a la phobie des aiguilles. Alors qu'ils l'emmenaient sur son brancard, elle entre-ouvrait un peu les yeux « Attendez... ». Les médecins ralentissaient, tandis qu'elle reprenait lentement et avec difficulté, sonnée « Isaac. Vous m’emmènerez nulle part si je...  ». Se fichant pas mal de ce qu'elle avait à dire, elle fut emmenée à l'arrière de l'ambulance « Quoi ? Bon, ça va aller Riley c'est ça ? ». Furieuse, elle fronçait les sourcils et s'exclamait, sentant qu'à chaque parole prononcée, elle s’essoufflait terriblement « Oui mais mon ami bordel ! ». Pas moyen de se faire entendre... « On revient dans cinq minutes, restez calme tout va bien se passer. », répondait un des médecins avant de quitter l'ambulance pour vite s'occuper des autres blessés. Riley se retrouve seule, abandonnée, à l'arrière de l'ambulance. Ses paupières étaient lourdes, elle mourrait de froid et avait l'étrange impression de sentir le sang imprégner son garrot, un peu plus chaque minute, chose qui ne l'aidait pas à se sentir bien. Riley posait sa main sur sa poitrine, sentant l'air lui manquer. A chaque fois qu'elle respirait, elle souffrait... Elle tentait de soulever le moins possible sa cage thoracique à chaque fois qu'elle respirait, et au bout d'un moment, elle se mit à étouffer. Riley se mit à paniquer, se retrouvant seule, personne pour la rassurer, ne pouvant appeler les médecins. Putain non j'échappe à une psychopathe et je vais mourir asphyxiée... pensait-elle en rageant. Sa tête lui tourne, sa vue se brouille... Et plus rien.

Riley entendait une voix lointaine, très lointaine. Elle sentait une pression sur sa poitrine... La jeune Wagner reprit conscience dans un sursaut, toussant un peu. Quelqu'un venait de lui sauver la vie, sans doute ces cons de médecins s'étaient-ils rendus compte qu'on ne laisse pas une blessée seule même cinq minutes. Puis elle entendit une voix... Une voix familière. Cette voix qui la fait automatiquement sourire à chaque fois qu'elle l'entend, bien qu'elle s'en cache... Sa voix. Riley en était sure malgré le fait qu'elle soit encore à moitié dans les vapes, elle ne se trompait jamais, c'était bien Isaac. Elle tournait lentement la tête malgré la douleur qu'elle éprouvait après le passage à tabac qu'elle avait subit. Riley plissait un peu les yeux pour essayer de voir net et vit Isaac, du moins sa silhouette tant sa vue était brouillée. Mais elle le voyait quand même... Et la vision de son ami étira ses lèvres pâles. Riley fut incapable de prononcer le moindre mot, bien trop épuisée par tout ça. L'air furieux qu'Isaac prit en voyant les médecins revenir aurait pu la faire rire si elle en avait été capable... Le voir énervé et protecteur la surprenait, et Riley trouvait ça tout à fait adorable. Bon, cela dit, malgré son état, elle avait reposé son regard sur Isaac... Un regard haineux qui voulait dire si j'étais pas aussi mal je taperais mon scandale, et sans doute le jeune Nielsen n'avait eut aucun mal à comprendre où elle voulait en venir. En sentant que l'ambulance commençait à rouler, elle regardait droit devant elle, laissant inconsciemment sa main dépasser du brancard pour aller chercher celle du beau brun. Elle était terriblement rassurée en le sentant serrer sa main... Personne n'aurait pu la faire se sentir aussi bien malgré sa blessure et ses côtés en morceaux. Une fois à l'hôpital, Riley fut emmenée au bloc. Après cinq bonnes heures, elle ressortait enfin et fut conduite dans une chambre provisoire en attendant son réveil. Une heure après la sortie du bloc, Riley sortit de sa torpeur et entendait la porte de sa chambre se refermer et des bruits de pas. Dans un souffle et d'une voix presque inaudible, elle lâchait « Isaac... »

If you die, i will literally go out of my freaking mind

Inquiet ? Non, Isaac n'était pas inquiet, il était totalement... Fou d’inquiétude ! Oui bon d'accord ils savaient ce qu'ils faisaient ces médecins mais leurs ambulanciers avaient tout de même laissé Riley seule dans l'ambulance, résultat elle y serait resté si personne ne l'avait remarqué. En fait... Il lui avait sauvé la vie. Très franchement, il était loin de voir les choses ainsi. Il ne les voyait d'aucune manière d'ailleurs, bien trop occupé à s'en faire pour la jeune femme. Ayant passé plus d'un an dans cet hôpital, sa soeur à son chevet, il était bien placé pour savoir que les diagnostics n'était pas toujours très exacts: on l'avait déclaré "comateux sans aucune chance de réveil". Tu te fous de moi ? Heureusement qu'on ne débranchait pas les gens dans le coma ! Par chance, -un peu quand même- le diagnostic de Riley ne devait pas être très sorcier, elle avait un gros couteau de cuisine planté dans la cuisse, à moins qu'on soit aveugle... Bon, c'était impossible de le rater, en clair. Pour ce qui était du reste, il semblait également clair qu’elle avait des difficultés à respirer. Il n'était pas médecin, évidemment, mais pour lui avoir fait du bouche-à-bouche il en savait quelque chose. « Monsieur Nielsen... » Se retournant vivement, il coupa l'infirmière alors qu’elle allait tout lui expliquer. « Elle est où ? Je peux la voir ? Elle va bien ? » Il en avait encore beaucoup des comme ça, mais elle le fit taire. « Elle va bien mais elle se repose, il faut encore attendre et la laisser dormir. » Elle lui parlait comme à un enfant. Oui, d'accord, il n'arrêtait pas de harceler les infirmières et médecins depuis les quelques cinq heures qu'il était là, mais il était fou d’inquiétude, qu'est-ce que vous voulez ? « Et elle se réveillera quand ? » « Je ne sais pas ! » Et hop, remballé comme un débile le Isaac. « Je peux quand même y aller non ? » Evidemment cela ne le décourageait pas, il était juste un peu plus sur les nerfs qu'auparavant. « Non, elle doit se reposer. Je vous appellerai. » Il grogna et fit un geste vague, passant une main dans ses cheveux alors qu'elle s'éloignait, sans doute soulagée d'en avoir fini avec lui. « Autrement dit assieds toi et tais toi, merci... » marmonna-t-il en se laissant tomber sur l'un des sièges super inconfortable de la salle d'attente super glauque de l’hôpital super nul. L’hôpital, ou sa deuxième maison, il y avait passé quatorze longs mois de sa vie dans le coma, plus quelques semaines pour la rééducation, des essais vains de retrouver la mémoire,... Il détestait l’hôpital.
Une sixième heure plus tard - et même un peu plus- la fameuse infirmière revint le trouver, alors qu'il s'était finalement endormi dans la salle d'attente, exténué par cette journée éprouvante, par les cinq longues heures d'attente et de stress,... Bref, il s'était endormi, et elle n'hésita pas à venir le réveiller. Tant mieux, autrement il se serrait énervé en apprenant qu'il n'avait pas été prévenu INSTANTANÉMENT du réveil de son amie. Parvenu dans sa chambre, il eu un vague sourire lorsqu'elle prononça son prénom sans même l’avoir vu. « Riley... » Il restait un peu en retrait, presque hésitant. « La prochaine fois que tu fais la cuisine, mets une combinaison spatiale tu prendras moins de risques ! » Ou comment dire son inquiétude sans vraiment avoir à le dire. Cacher ses émotions façon Nielsen. « Ça va ? » interrogea-t-il finalement en s'approchant du lit. Il évita de lui dire à quel point il avait eu peur pour elle, gardant tout, et même ce qu'il se répétait depuis un moment déjà pour le jour où il trouverait enfin le courage de le lui dire. Pas aujourd'hui. Peut-être même jamais d'ailleurs, si ce n'était pas aujourd'hui, quand ? Un de ces jours il serrait trop tard, la place serait prise...

Riley était totalement dans les vapes mais elle savait parfaitement que c'était Isaac qui venait d'entrer dans sa chambre. Elle le sentait, elle ne pouvait pas se tromper. Un sourire étira ses lèvres lorsque la jolie brune entendit Isaac prononcer son prénom. Elle se sentait plus à l'aise maintenant qu'elle le savait à ses côtés, et elle se sentait aussi moins seule... Et aussi fou que ça puisse paraitre vu son côté fille forte n'ayant besoin de personne, elle se sentait moins vulnérable désormais. Luttant un peu pour garder les yeux ouverts, Riley voyait Isaac rester en retrait, elle lâchait en veillant à bien articuler « C'est pas contagieux, tu sais, tu peux t'approcher un peu. ». Puis en l'entendant dire cela, Riley fut secouée d'un petit rire, toussotant un peu par la suite, s'étant fait mal. « Faut que t'arrêtes de traîner avec Zander. Il a une mauvaise influence sur toi niveau humour... » plaisantait-elle en secouant doucement la tête. Un peu plus sérieusement en le regardant s'approcher de son lit, Riley dit « Je pense que je vais me faire couper ma viande jusqu'à la fin de mes jours, ou alors je prendrais un couteau en plastique... », ayant du mal à respirer, elle reprit un peu son souffle pour poursuivre « mais j'aurais peur de me crever un œil si il se brise. Donc on va pencher pour la première option. ». Vous ne pouvez pas savoir comme elle était heureuse de voir Isaac près d'elle, sain et sauf, n'ayant pas la moindre égratignure. Elle hochait la tête à la question du beau brun « Ca va maintenant qu'ils m'ont charcuté la jambe et que je sais que je vais passer au moins trois mois sans pouvoir faire de sport. », terminait-elle en soupirant, agacée. Ses sourcils étaient froncés rien qu'à l'idée de devenir une larve pendant près de trois mois, si ce n'est plus à cause de ses soucis respiratoires. Pour Riley, le sport, c'est toute sa vie... Rester les fesses sur un fauteuil toute la journée, ce n'était pas tellement sa came alors elle allait sans doute assez mal vivre les prochains mois à venir. Ne voulant pas s'attarder sur son cas, n'étant pas du genre à se plaindre ou quoi, elle demandait, cachant difficilement son inquiétude « Et toi est-ce que ça va ? ». Riley le regardait de haut en bas, elle ne voyait aucune séquelles physiques, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'en avait pas... Une fois assis, Isaac se trouvait plus près d'elle, et la jeune Wagner put enfin planter son regard dans le sien « T'étais où ? Toi aussi t'étais enfermé avec un taré ? ». Détournant ensuite le regard pour ne pas lui dire cela en le regardant, les sentiments, les gentillesses et tout ça... Enfin, vous comprenez où je veux en venir « Je me suis jamais autant inquiétée... ». Elle ajoutait vivement « Même quand j'ai vu le palmarès de ma première adversaire en athlé', j'étais pas aussi inquiète quoi. », hop, comment casser l'effet adorable d'un tel aveu. Mais c'était bel et bien la vérité. Son propre sort n'avait pas grande importance... Dans la salle, la seule personne à laquelle elle pensait, c'était Isaac. Où était-il, que faisait-il, était-il encore en vie... Pendant la prise d'otage, Riley n'avait même pas osé imaginer un seul instant sa vie sans le jeune homme. Le perdre était tout simplement inimaginable, et impossible...