Le soleil réchauffait doucement ma peau, me tirant petit à petit du sommeil jusqu’à ce que ma conscience éveillée, il ne m’aveugle dès le réveil. Ruminant, de mauvaise humeur, je me retourna dans le lit avant de replacer la couverture au-dessus de ma tête pour ne plus que cette lumière aveuglante ne me réveille. Replongeant petit à petit dans mes rêves, ce fut Dexter qui comme à son habitude me réveilla en tapant des pieds dans les escaliers. Ouvrant un œil, largement agacée, je finis par lâcher un lourd soupir avant d’envoyer la couette dans les airs. Hier encore, comme environs trois fois par semaines, Dex et moi nous étions encore disputés pour des conneries. J’aurais bien lâché l’affaire s’il n’avait pas décidé comme à son habitude de me faire sortir de mes gonds en me taquinant. Je me demandais réellement comment je pouvais rester avec cet homme qui pouvait se montrer d’une lourdeur sans pareille six jours sur sept, mais le dernier jour de la semaine, Dexter était un homme parfait, absolument parfait. C’est sans doute pour cet unique petit jour de la semaine que je devais l’aimer si passionnément. Mais pour l’heure, l’énervement de la veille avait repris le dessus. Ouvrant la porte soudainement, je la claqua dans mon dos « On peut pas dire que tu excelles en matière de discrétion toi ! Ton pas dans les escaliers est aussi lourd que ton comportement quotidien. Tu me saoules. » lâchais-je en baillant, encore fatiguée. Sans même l’embrasser, je descendis à moitié dans les choux, titubant de fatigue dans la cuisine en boxer et t-shirt long avant de m’asseoir et d’attacher mes cheveux pour déjeuner.

Dexter a toujours été ce genre de sale gosse, chiant à l’égo surdimensionné et envahissant, mais il pouvait aussi se montrer parfaitement adorable, charmant et doux. C’est probablement ce coté là qui m’a fait craquer pour lui, persuadée que le reste n’était qu’un comportement qu’il se donnait pour faire genre, mais trois ans plus tard, Dexter était toujours le même. Le sale con habituel. Pour finir, ce surnom était devenu un mot d’amour pour moi. En trois ans, nous avions eu beaucoup de hauts et de bas, mais nous étions toujours resté ensemble malgré les nombreuses disputes et séparations temporaire. En trois longues années d’amour fusionnel et même acharné, nous nous étions séparés une bonne trentaines de fois. Voir même plus. Quoi qu’il en soit, on terminait toujours dans le même lits comme si nous étions incapable de nous séparer, en fait c’était le cas. Incapable de nous séparer, inséparables. Dexter et Seven c’est comme le Ying et le Yang. L’amour et la haine. Le jour et la nuit. Sortant de sa chambre en croisant Dexter que je mourais d’envie d’embrasser pour me réconforter mais qui m’énervait bien trop pour que je lui accorde ne serait-ce qu’un regard, je le descendis les escaliers sans lui accorder plus d’importance mais écoutant attentivement ses paroles. « QUOI ! T’as pas été chercher du café ?! Putain Dexter t’avais promis ! T’es bon à rien c’est pas possible on peut rien te demander ! Tout ça pour passer ta vie chez ton frère ! Je vais pas rester avec toi, j’en ai marre ! Tu tètes le café comme du lait et j’en ai plus jamais ! » soupirant encore plus, j’ouvris les placards pour m’assurer qu’il ne jouait pas avec mes pieds, dès le matin après une dispute, c’était une très mauvaise idée. Malheureusement, il ne jouait pas. Il n’y avait réellement plus de café. Grognant finalement, j’attrapa une boite de thé aux fruits rouges que je fis infuser dans une tasse remplie d’eau brulante. Je devais me retenir d’une force inimaginable pour ne pas lui envoyer ma tasse en pleine figure comme dans la publicité pour Spa. Levant les yeux vers lui en haussant un sourcils face à ses compliments, je lui souris, faisant mine de me radoucir sous ses belles paroles. Attrapant mon thé, j’approcha de lui prête à l’embrasser « Mho.. Tu sais quoi Dex ? Tu me saoule encore plus toi et tes belles paroles » lâchais-je avant de reculer finalement mon visage pour partir dans le sofa devant la télé.

Il avait cette fâcheuse habitude de me sortir de mes gonds dès le matin. J’avais vraiment envie de l’égorger parfois et de me débarrasser de son corps en pleine nuit sans que personne ne le sache puis de jouer les veuve éplorées avant de refaire ma vie avec un homme parfait sur tout les points. Dexter était absolument loin d’être parfait. Pour le coup, je devais avoir un sacré coup dans l’aile pour accepter de partager sa vie si longtemps. L’amour vache, hein. Il y’a vraiment des jours ou je serai capable de fondre en larmes tellement je n’en peux plus de lui mais je ne trouvais jamais la force de partir de peur qu’il trouve une femme mieux que moi avec qui faire sa vie tandis que je finirais la mienne seule et malheureuse. Ce matin encore, j’étais au bord de la crise de nerfs, d’autant plus que je n’avais pas mon café pour m’aider à m’apaiser. Respirant rapidement, prête à exploser je tenta de me calmer. « C’est ma main dans ta figure qui va me détendre ! Je ne serai en paix qu’à l’heure de ma mort eh bien j’espère qu’elle sera rapide et indolore. » lâchais-je finalement, épuisée des matins de ce genre. Je n’avais plus que ça à faire, prendre un thé. Bon d’accord, j’aimais ça, mais ca ne remplaçait pas mon petit café du matin. J’en avais besoin pour bien commencer la journée et pour le coup elle commençait relativement mal. Mon petit thé aux fruits rouges à la main, j’espérais pouvoir enfin passer un moment tranquille, mais Dexter ne semblait pas tout à fait de cet avis. Suivie jusque dans le sofa, il s’installa à mes cotés comme un gamin à me regarder. « Là, je rêve de l’égorger, de te couper en rondelle et de te donner à manger aux Rot’ du voisin qui se fera un plaisir de te bouffer puisqu’il te déteste. » lui répondis-je sans le regarder. Biensur qu’un baiser ne serait pas de refus, c’est évident. Mais tant que je n’aurai pas de café il pouvait courir pour son baiser.  Lorsqu’il glissa son doigt vers mes cotes, je sursauta renversant la moitié de mon thé brulant sur mes jambes nues. Je me releva alors d’un bond, posant la tasse sur la table avant de partir à la salle de bain faire couler de l’eau sur ma jambe qui me faisait terriblement mal. Il avait encore réussi une nouvelle fois.. Assise dans la baignoire remplie d’eau glacée, je frissonnais peut-être mais au moins j’avais moins mal. Entendant ses pas dans les escaliers, je hurla « SI TU ENTRES T’ES MORT ! »

Si Dex était autrefois un homme parfait dans les débuts de notre histoire d’amour, il était désormais un pauvre idiot, un enfant, pas réellement un homme. Dexter avait toujours été un enfant dans l’âme, mais pour le coup, je pensais que ma vie de couple l’aurait calmé. Au contraire, plus les années passaient, plus j’avais l’impression d’être une maman plutôt qu’une compagne. Il avait de la chance que je l’aime profondément, de trop même pour envisager une éventuelle séparation bien que j’y avais plusieurs fois longuement pensé.. « Tu sais quoi ? Je préfère encore vivre à la rue avec un petit chien abandonné et manger les restes des poubelles plutôt que de partager ma retraite à tes côtés, Dexter. Il est temps que tu grandisses. Je suis ta compagne. Pas ta mère. » lâchais-je en le regardant dans les yeux avant de m’installer dans le sofa, rapidement poursuivie par Dexter qui comme à son habitude continuait de m’emmener comme il l’adorait .. Jouant de nouveau avec moi, je finis par me bruler en renversant mon thé sur mes jambes nues, jurant comme jamais auparavant avant de me réfugier dans la salle de bain pour faire couler de l’eau glacée sur mes brulures. Assise sur le bord de la baignoire, je grimaçais de douleurs, heureusement je n’avais rien de bien grave en soit, mais je risquais de souffrir dans les jours à venir. Quelques cloques, avant de peler littéralement.. En bref, je pouvais bien me soigner dès maintenant. Attrapant le Flamygel, je le posa à mes cotés. Sechant ma jambe en tamponnant légèrement sur ma plaie, ce simple contact me faisait souffrir. « J’en ai marre de toi Dexter. J’en ai marre. Vraiment marre ! » lâcha t’elle. Il avait beau la voir souffrir, cela ne lui faisait visiblement ni chaud ni froid alors qu’elle s’inquiétait pour le moindre bobo qu’il pouvait se faire.. Faisant abstraction de sa présence, je déposa une bonne couche de Flamygel avant de recouvrir ma plaie d’une compresse et de l’enrouler d’un bandage. Boitant finalement, je sortis de la salle de bain en claquant la porte au nez de Dexter. « Maintenant va me chercher mon café. Et je ne veux plus te voir ! » lâchais-je avant de partir dans ma chambre. Allongée dans le lit, je versa quelques larmes, à bout de nerfs, blottie dans mes draps, la tête enfouie dans mon oreiller.

Marre marre marre. Je pouvais avoir des nerfs très solide, je pouvais me montrer surhumaine, mais quand j’arrive à saturation c’est vraiment le moment d’arrêter avant de recevoir un coup très très mal placé. Cette fois, Dexter avait dépassé les bornes – comme à chaque fois en fin de compte – Trop c’est trop. Même enfermée dans la salle de bain, il fallait encore qu’il vienne me casser les pieds à jouer le joli cœur, tentant de se faire pardonner ce qui était encore loin d’arriver sans le café que j’attendais presque désespérément. Oh miracle ? Dexter enfin résilié à aller me chercher ce que je désirais depuis des jours déjà. Qu’il me sorte encore que je n’avais qu’à boire du thé et c’est sur ces parties que je verserai mon thé bouillant.. Le calme. Quel pied. Le calme. Mais pour combien de temps ?  Pas deux heures malheureusement. Au fond, on aurait peut-être du prendre un logement au beau milieu de nulle part, le forçant à partir en voiture pour deux, trois heures.. Enfin, j’aurai mon café. Enfin normalement.. Liberée une bonne demi heure, j’en profita pour me relaxer autour d’une musique paisible de MON choix et non celui du maitre de maison. Un repos de courte durée puisque je l’entendis déjà claquer la porte d’entrée. Note à moi-même, la prochaine fois, éviter de faire le plein d’essence, ou bien crever les pneus. Assise dans le sofa devant la série de mon choix, je ne pris même pas la peine de lui accorder la moindre attention durant la préparation. « Tiens. Mon pire cauchemar est de retour au bercail. Quelle surprise tu m’as encore réservé ? Une chocolatine empoisonnée ? Une souris dans mon café ? Ah non j’oubliais. Tu vas surement réserver mon café bouillant pour ébouillanter mon autre jambe comme ça je serai carrément handicapée. Voyons, suis-je bête. » lui répondis-je en mordant dans la viennoiserie qui me donnait faim.