ONE - J'aurais aimé avoir la prétention de dire que mon histoire ne ressemble pas aux autres, qu'elle a quelque chose de différent, ce petit truc qui la rend unique ... Mais non, elle n'a rien de très exceptionnelle au final. Mon histoire ressemble peut-être à une grosse merde, mais lorsqu'on regarde d'un peu plus près, la vie c'est de la merde non ? Donc je pense que c'est normal. Ma mère est tombée enceinte à l'âge de dix-huit ans. Comme quoi même à cette époque là, l'abstinence ne faisait pas fureur ; encore moins aujourd'hui ... Quoiqu'il en soit, elle avait joué et s'était retrouvée en cloque quelques temps plus tard. Elle avait deux choix qui s'offraient s'imposaient à elle : assumer ou avorter. Mais malgré son jeune âge, elle avait décidé de garder le bébé, ou je devrais plutôt dire les bébés car il s'est avéré qu'elle attendait des jumeaux. Déjà qu'un seul, c'était la galère, mais deux ! Je n'aurai pas aimé être à sa place. Quand à son petit ami de l'époque, ce n'était qu'un beau parleur. Oh oui, il lui avait sorti de belles phrases du genre "Ne t'inquiète, on va y arriver ensemble" ou encore "Je serais toujours là pour toi" ... Mensonges ! Car une semaine après l'accouchement, monsieur s'était envolé. Bon n'exagérons rien, il venait voir sa "progéniture" -et non pas SES enfants- une fois tous les deux mois, mais ça n'excusait rien vu qu'il habitait à quinze minutes de chez ma mère. Je ne l'ai jamais vraiment considéré comme mon père ; il n'a jamais été présent et depuis mes cinq ans je ne l'ai plus revu. À mon avis, il n'était pas prêt à être père.
Mon frère jumeau Devon et moi, avons grandi chez nos grands parents avec notre mère. Elle était jeune et ne pouvait pas se payer un logement décent tout en ayant la charge de deux enfants. Mais je ne peux pas dire que cette période fut la meilleure de ma vie. Quand je vous parle de mes grands parents, vous vous imaginez sans aucun doute de vieilles personnes souriantes, aimantes, et gâteuses envers leurs petits enfants ... Et bien, c'était loin d'être le cas. Ma grand mère disait souvent à ma mère "Tu vois, si tu avais avorté tu ne te serais pas retrouvé dans cette situation" ou encore "Comment penses-tu trouver du travail avec deux mômes, dont un handicapé ?" Car oui, mon frère jumeau était muet, et ce depuis sa naissance. Mais quand même, quel genre de grand parent disait ça ? Aucun, à part les miens bien sûr. Que je suis bien tombée dit donc ... J'ai toujours détesté mes grands parents pour ça. Mais ma mère a toujours été forte ; c'est une qualité que j'admire chez elle. Malgré toutes les paroles méchantes et rabaissantes, elle était restée chez ses parents jusqu'à ce qu'elle trouve un bon emploi pour pouvoir enfin s'en aller et ne plus jamais revenir.  

TWO - Certains considéreraient certainement ceci non pas comme une partie de ma vie, mais plutôt comme un moment important. Toutefois je pense bien que ça a le mérite d'être qualifié comme la partie la plus importante de ma vie. C'est ce moment qui a et qui va déterminer le restant de ma vie et aussi la fin de celle-ci ... Bon sang ! Je deviens beaucoup trop cérémoniale en parlant de tout ça, donc je vais faire court. Le 07 août 2009 ... Je me souviens de cette date comme si c'était hier. Ce qui était sensé n'être qu'une simple visite médicale de routine avait rapidement viré au cauchemar. J'avais été à l'hôpital pour faire des analyses à cause d'une sale grippe que je traînais depuis une semaine déjà. Le docteur avait donné les résultats à ma mère, mais il semblait avoir décelé autre chose à travers ces analyses. S'en suivirent alors une longue série d'IRM et d'autres analyses en tout genre. Tout ça pour m'annoncer une chose, la seule et unique chose à laquelle je ne me serais jamais attendu quelques heures plus tôt. Le docteur avait dit dans des termes très médicaux "Vous avez  un gliome de grade 1 qui présente un œdème péri tumoral ..." Dans tout son speech, les seuls mots que j'avais retenues étaient Tumeur cérébrale Au début c'était assez impressionnant. C'était le genre de phrase que je n'entendais que dans Grey's anatomy ; je n'arrivais pas à réaliser ça, d'ailleurs on ne réalise pas vraiment ce genre de chose tant que ça ne nous touche pas. Je m'étais toujours dit que ça ne pouvait arriver qu'aux autres et pas à moi. ... À chaque fois qu'une personne apprend que j'ai une tumeur au cerveau, c'est d'abord le choque puis la pitié qui se lisent dans son regard. Mon Dieu que ça m'énerve ! C'est pour cela que je me garde bien de frapper à toutes les portes pour le dire. J'ai appris à vivre avec ; le médecin dit que j'ai de la chance, que ma tumeur se développe lentement. Je ne déprime pas, au contraire, je profite pleinement. Et puis bon sang ! Il faut bien mourir de quelque chose non ?!

THREE - Le lycée. Par où commencer ?  Ah d'abord, entre temps ma mère avait fini par trouver "l'âme sœur" comme elle aime bien dire. Elle le méritait amplement selon moi. Elle s'était occupée pendant quinze années de mon frère et moi, et ce, sans l'aide de personne. Je ne dirais pas qu'elle avait mis sa vie sentimentale de côté mais elle n'avait pas pensé mariage jusque là. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais être qu'heureuse pour elle, même si son mari n'était pas vraiment à mon goût. Lewis n'était pas méchant, loin de là. C'est juste que le monde dans lequel il nous avait propulsés m'avait tellement dépaysé. Il était avocat et très riche. L'argent ne m'a jamais réellement attiré plus que ça, alors que cet homme là ne jure que par ça. Je ne savais pas ce que ma mère lui trouvait, mais bon, tant mieux pour elle. Lewis avait déjà été marié et avait deux fils, que je n'avais cependant jamais rencontrés. Je devinais que ça ne devait pas être rose entre eux. Bref, revenons-en au lycée. Tellement de choses se sont passées lorsque j'y étais. Autant je ne connaissais rien à la vie avant d'y entrer, autant j'étais devenue beaucoup trop extravertie en y sortant. Je n'avais jamais fait parti du groupe des meilleurs élèves en cours. J'arrivais à rester dans la moyenne et ça ne me dérangeait en rien. J'avais d'autres préoccupations. En effet, j'ai découvert énormément de choses au lycée, notamment les garçons, l'alcool, le sexe, les histoires de cœur, ... Un peu comme tout le monde. J'étais ce genre de filles que tout le monde connaissait, qui parlait trop et qui était mêlée à toutes les histoires. J'avais toujours évité les relations au lycée, j'en ai eu quelques unes mais rien de bien sérieux. Toutefois, il y en a une qui a fait exception à la règle et c'était durant ma dernière année. C'est ce genre de rencontres totalement improbable auxquelles vous n'êtes jamais préparés. On s'est connu un dimanche au supermarché. Je n'arrivais pas à atteindre les tampons placés un peu trop haut, lorsqu'une main saisit une des boites pour me la tendre. J'avais levé les yeux et avais croisé le regard d'un garçon plutôt mignon ... Bon très mignon même. J'avais rougi en prenant la boîte. Plus bizarre comme situation tu meurs. Je bredouillais un petit merci et m'apprêtais à partir lorsqu'il prit la parole. "Ne te sens pas gênée à cause de moi." J'avais froncé les sourcils lorsqu'il me dit ça. Je n'aimais pas ce genre de réflexion. Qu'est ce qu'il avait à dire que j'étais gênée ? Et puis ça n'était pas à lui de me dire ça, il ne me connaissait même pas. "Mais le truc c'est que depuis quelques minutes, je t'observais de loin réfléchissant à une façon de t'aborder et franchement j'ai pas trouvé mieux que ça." Je lui avais souri, assez flattée par l'intérêt qu'il me portait. Il était mignon quand même. Et puis sa tête me disait vaguement quelque chose mais je ne savais quoi. Il s'appelait Hugo Callagher ; un beau prénom pour un beau garçon... Vous vous demandez certainement ce qui s'est passé après. Mais il s'est passé beaucoup trop de choses, pour que je puisse tout citer. En tout cas, ce qui était certain c'est que Hugo ne me laissait pas indifférente. Ce qui était étrange c'est que son visage me disait vaguement quelque chose ; j'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Mais lui non. Les premières semaines après cette rencontre, nous avons passé beaucoup de temps ensemble et avons fini par sortir ensemble. Ma relation avec Hugo n'était pas comme les autres ; elle était simple, et surtout passionnelle. Je ne m'étais jamais autant investi dans une histoire. J'ai toujours détesté le terme "être amoureuse" car j'ai toujours pensé que ce n'était pas pour moi ces choses là. Mais c'est quand même ce qui qualifiait le mieux mes sentiments à l'égard de Hugo. C'est comme dans le film bigfish ''they say when you meet the love of your life, time stops", c'est bien vrai. Malheureusement c'est lorsqu'on s'y attend le moins dans ce genre d'histoire, qu'un hic survient. Et ce hic pour moi est arrivé après 7 mois de relation. C'était lors d'une soirée organisée par un ami. Comme d'habitude, nous n'y étions pas allés mollo sur l'alcool et personnellement, j'avais ingurgité des substances en tout genre, histoire de profiter un peu mieux du moment. Hugo et moi nous étions isolés dans un endroit tranquille de la maison. On s'embrassait depuis quelques minutes. Je ne me lassais jamais de ses lèvres. Et c'est ce moment là que j'ai choisi pour dire la pire sottise qui pouvait sortir de ma bouche, ce que je n'avais jamais dit à qui que ce soit : je t'aime. Trois mots, aussi simples qu'ils pouvaient paraître mais qui avaient eu l'effet d'une bombe sur le jeune homme. Je regardais Hugo avec un sourire attendant sa réaction. Toutefois, je ne m'étais pas attendue à ce qui avait suivi. Il m'avait repoussé et m'avait dit que j'avais perdu la tête. Il avait poursuivi en disant qu'en réalité qu'il ne s'était jamais intéressé à moi sauf pour me mettre dans son lit, ce qui m'a profondément blessé. Il était ensuite parti en me disant d'arrêter de me faire des films, qu'il ne m'aimait pas et que ça n'arriverait certainement jamais. La pire rupture de toute ma vie. Depuis ce jour, je le déteste plus que tout même s'il m'arrive de penser quelques fois à lui. À la fois, aimer et détester une personne ; je vous assure que c'est possible.

Voilà je m'arrête ici pour le moment. Ceci n'est pas un journal. Certainement pas ! Je désignerais plutôt ça comme ... Mes mémoires. Ça fait chic, non ? Quoiqu'il en soit, pourvu que personne ne tombe dessus cette fois-ci. Certaines choses que j'ai écrites pourraient ne pas plaire à tout le monde... Même si en fin de compte, je m'en fous un peu.