« This was never the way I planned not my intention I got so brave, drink in hand lost my discretion » Joffrey ouvrit un œil péniblement et poussa un grognement en voyant l'heure. Tout le monde savait qu'il ne fallait pas le déranger avant onze heures, sinon il était de mauvaise humeur. Il attrapa son téléphone et lu sur l'écran : « Louis Wilde », son père. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas prononcé le mot « papa » et que celui-ci ne l'avait appelé. Il décrocha et s'exclama: « Je sais que tu n'as pas de vie, mais ce n'est pas une raison pour appeler les gens à huit heures, sérieux, qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? » « Ravie de t'entendre, je vois que tu n'as rien perdu de ton amabilité. Tu ne tiens pas ça de moi, heureusement. » Le jeune homme leva les yeux au ciel, exaspéré. « Plaisir non partager. Qu'est-ce que tu veux ? » « Je voulais te prévenir que nous partons la semaine prochaine pour l'Angleterre. » « Qu'est-ce que ça peut bien me faire ? » « Ta mère ne t'as pas prévenu ? Ah je vois... Ça ne m'étonne même pas tiens. Bref, j'ai obtenu ta garde, et j'ai eu une offre en Angleterre, donc désormais tu vivras avec moi. » Joffrey n'en revenait pas, son père avait obtenu sa garde ? Alors qu'il ne s'était jamais occupé de lui ? Sa mère avait toujours pris soin de lui, depuis sa naissance, et depuis qu'ils avaient divorcés, il vivait avec elle. Il n'avait pas eu de contact depuis longtemps avec son père, et il osait lui annoncer ça ? « Bon j'ai du boulot, en tout cas, prépare tes affaires. Tu n'as pas besoin de grand chose, on achètera là-bas s'il te manque quelque chose. Un chauffeur viendra te prendre vendredi soir. » Sur ces mots, il raccrocha, et Joffrey resta abasourdi de surprise. Peu de personnes arrivait à le surprendre, mais son père faisait parti de ces personnes.

Joffrey se déclenchait, sur le son de la musique de la boite de nuit dans laquelle il se trouvait. A ses côtés se trouvait Camille, sa petite amie, à qui il jetait des regards éclatants de joie. C'était la première fois qu'ils se rendaient en boite de nuit tous les deux, la première fois qu'ils faisaient autre chose que de regarder un film ou se peloter sous la couette. Cela faisait plusieurs heures qu'ils étaient là, et tous les deux étaient assez éméchés. « Allez viens, on rentre. » Lui murmura-t-il à l'oreille, d'une voix langoureuse, la jeune fille gloussa et le suivi en l'attrapant par la main. Il monta dans sa voiture et l'embrassa avant de démarrer le moteur. Il se sentait en état de conduire, malgré son état d’ébriété avancé, il avait déjà conduit plusieurs fois dans cet état et était plutôt confiant. « Je t'aime tu sais ? »  Il sorti ces mots sans s'en rendre compte, cela lui avait échappé et elle se tourna vers lui, la bouche légèrement entrouverte. Il l'observait du coin de l’œil, tout en surveillant la route. « Moi aussi je t'... » (…) « Allo ? Allo ? Il y a... Oh mon dieu... Un jeune homme et une jeune femme, ils ont été percutés par une voiture. Dépêchez vous, ils sont... mon dieu... » La douleur se propageait dans le corps de Nolan, il n'avait jamais ressenti une chose pareille, il n'entendait presque plus rien tandis qu'il glissait lentement vers le sommeil. (…) « Monsieur Wilde ? » Joffrey ouvrit péniblement les yeux, étourdis à cause de la forte lumière de la pièce. Il ne savait plus où il se trouvait, et se demandait qui était cette femme devant lui. « Je suis le docteur Julanson, je me suis occupée de vous. » Il se remémora alors l'accident, le choc, les bruits autour de lui. « Camille... ? » Sa voix était rauque, faible. Il avait terriblement mal à la gorge et à la tête. « Je suis désolée monsieur Wilde, elle n'a pas survécu à l'opération. » Joffrey tourna la tête, choqué. Il n'y avait rien à dire et le médecin sembla s'en rendre compte et quitta la pièce, le laissant avec une infirmière. Les larmes brillaient dans ses yeux mais refusaient de couler. Des spasmes agitèrent son corps tandis qu'il essayait de se lever. L'infirmière l'en empêcha, le retenant contre son grès. « Ne bougez pas, s'il vous plaît, vous êtes blessés, ça ne fera qu'aggraver les choses. » Il se fichait de guérir, il gardait une seule idée en tête : c'était de sa faute. C'était lui qui lui avait proposé de sortir, lui qui avait bu, lui qui avait pris la voiture.  

« Tu ne peux pas rester là, à rien faire Joffrey. » Le jeune homme leva les yeux au ciel et lança un regard furieux à son père. « Sérieusement, il faudrait que tu t'inscrives à l'université, ou que tu commences à travailler. » Cela faisait quelques mois que l'accident avait eu lieu, et Joffrey restait chez lui, errant, l'âme en peine. Il n'avait plus le goût de rien, et son père ne comprenait pas cela, après tout il n'avait jamais connu l'amour, il ne pouvait pas savoir ce que ça faisait de le perdre. « Mais bon sang, fais quelque chose ! Tu ne peux pas rester là comme ça ! » « Et tu veux que je fasse quoi hein ? Que j'aille travailler, comme tout le monde, que je fréquente des filles, que je m'amuse ? Mais comment veux-tu que je fasse ça putain ?! J'ai perdu Camille, la seule fille que j'ai vraiment aimé, et c'est de ma faute ! Alors, je n'ai vraiment pas envie d'aller à l'université, d'aller étudier alors que ça ne m'intéresse même pas. » Il avait toujours été protégé, personne ne l'avait entraîné à ressentir ce genre de choc. Il était né avec une cuillère en argent dans la bouche, et n'avait jamais eu à subir la perte de quelqu'un seul. A la mort de son grand-père, sa mère avait été là pour lui alors qu'il ne savait même pas ce qu'était la mort. Et désormais, il était seul, sa mère était sur un autre continent, et ses amis ne comprenaient même pas ce qu'il vivait. La douleur était insupportable, et la culpabilité l'était également. Son psychologue ne l'aidait absolument pas, il ne faisait que lui poser des questions, ce qu'il trouvait agaçant à la fin. Mais il décida de suivre les conseils de son père, une fois n'est pas coutume comme on dit. Il décida de s'inscrire à l'université, afin d'essayer de tourner la page. Tout est dans le mot « essayer ».