Elle se refuse toujours à comprendre, à entendre, Elle rit pour cacher sa terreur d’elle-même.
who ons my heart, is it love or is it art.
LUX JILLIAN APPLEBY ⊱ J'ai eu toujours eu l'impression d'avoir quelque chose à prouver au monde, comme si ma parole n'a jamais été assez, comme si je devais agir pour prouver mes mots ou mes affirmations. Forcément, c'est depuis toujours. Ça a commencé en primaire, comme le début d'un cercle vicieux qui ne s’arrêtera jamais. J'étais insouciante, pleine de vie, souriante. La récrée, c'était quelque chose, en primaire. Les garçons jouaient au foot, d'autre aux cartes, d'autres aux billes, et puis j'avais mes copines, et on se racontait des faux secrets en jouant à chat. Un jour j'étais assise à côté de ce garçon, Roy. Mes «
copines » sont venues me voir, fière, hautaine, beaucoup plus confiante en bande, évidemment. «
C'est vrai que t'a deux papa et pas de maman ? », je regarde Roy, et il attends ma réponse. C'est vraiment à moi qu'elles parlaient ? Je suis restée sans voix au début, alors que ces petites filles s'amusaient à faire des bruits de vomissement. J'étais devant elles ! «
ça veut dire que toi aussi plus tard tu aimera que des filles, comme tes papa ! », quoi ? Non.. ça veut rien dire ça, pourquoi elles disent ça ? Les autres filles derrière riaient sur mes deux parents, à dire que ce n'était pas normal, que leur parents leur disaient que ça ne devrait pas arrivé, que c'était contre nature. Qu'est ce qu'on en sait, à dix ans, de ce qui est contre nature ou pas ? Elles répétaient bêtement ce que leur parents racontaient à la maison, et j'étais là, sans défense. «
Non moi j'aime les garçons aussi ! », elles riaient, disaient que c'était faux, qu'elles m'avaient vus entrée dans les toilettes avec Tina, que je ne connaissais que de nom. «
Non c'est faux ! », grand silence. «
Prouve le. » plaît t-il ? Je n'ai pas compris la requête, je les regarde sans savoir quoi dire. Ce silence me pèse, il m'empêche de respirer, comme de l'eau qui emprisonne lentement mes poumons. Elles se remettent à rire, et je sens que les larmes montent dans mes yeux, j'avais beau tenté d'être forte comme mes pères me le disaient, une fois devant le fait accompli, c'est une chose totalement différent qui se passe. Roy m'a sauvée, ce jour là, et m'a fait prendre cette salle habitude. Il m'a embrassé, un baiser de bébé, un baiser de gamin. On avait dix ans, après tout. J'avais de la chance, Roy c'était pas le garçon que tout le monde aimait mais il était assez beau pour que certaines filles disent que plus tard elles se marièrent avec lui.
Roy c'était mon meilleur ami, celui qui vous dis que vous êtes belle alors que vous êtes en pleurs dans ses bras, le mascara coulant. On est restés ensemble pendant les années du collège, il avait montré à ses filles que je n'étais pas lesbienne, mais au collège on était pas dans la même classe, alors forcément j'avais parfois le droit à certaine remarque. J'ai connu mon premier rapport sexuel à treize ans, et j'y ai pris goût. Plus j'avais de garçon à moi, plus je prouvais que je n'étais pas lesbienne, que même si mes pères étaient homosexuels, ça ne changeait rien à moi, à ma façon d'être, à mon hétérosexualité.
Roy c'était le type qui vous rassure, qui vous dis que tout va bien alors que votre monde s'écroule. Premier chagrin d'amour, je l'aimais réellement cet amour de lycée. Roy lui, avait rejoins des garçons et commençait à fumer et à se droguer. J'étais en pleurs dans ses bras, et il me rassurait, disait que je valais mieux que ce type. Ce soir là, Roy m'a embrassé. Il avait une copine, depuis trois jours. Il m'a demandé de lui montrer, parce qu'il ne savait pas faire. Finalement, on a rigoler ensemble sur cette connerie, sur le sexe, pour finalement revenir à ce point de non retour entre deux simples amis.
Roy il était toujours souriant, même quand il allait mal. Il avouait jamais sa douleur ou sa peine, il se réfugiait dans des sourires qu'il servait aux gens comme un distributeur. Je m'étais mise à la weed, avec Roy, bien évidemment. Qui d'autre aurait pu m'y initié ? Je me suis mise à boire aussi, de plus en plus durant les soirées. Roy était toujours avec cette même copine, et se permettait parfois de coucher avec moi. C'était juste un signe d'amitié, pour nous. Une preuve d'amour amicale, quelque chose comme ça. On a voulu aller plus loin un jour, on a tenté quelque chose de plus fort. La coke, je peux vous dire que y a rien de mieux. Ça vous fait planer comme jamais. On s'est demandé à quoi nous servait de boire ou de fumer de la weed après ça, ça fait aucun effet comparé à la coke, c'est incroyable.
Roy c'était le mari que toutes les filles voulaient avoir, mais le gendre qu'aucun parents ne souhaitait. On pouvait pas vivre l'un sans l'autre, avec Roy. J'avais des copains, et il avait cette même copine, mais on était comme des aimants. Aucun de nous ne voyait sa vie sans l'autre, c'était certain. Les années de fac approchaient à grand pas et mon choix n'était pas fais, mais sa copine à lui avait déjà décidé, et elle voulait l'emmener loin, à Berkeley. Un endroit très loin, une autre ville, un autre pays. Elle avait de l'ambition. Une petite université d'ici m'aurait suffit, à moi. À Roy aussi, d'ailleurs. Il me parlait souvent de Jersey, les étoiles pleins les yeux. «
Un jour, on ira là bas. », j'avais ris, en répondant, «
arrête t'es pas sérieux, on dirait un truc de vieux ! », il avait eu ce sourire. Ce sourire qui disait de lui faire confiance, qu'il avait une idée derrière la tête. «
On en fera une île à nous, une île où la fête sera le maître mot. ». Roy a toujours été ambitieux, trop ambitieux.
Roy séchait toujours mes larmes, quoi qu'il arrive. Ce jour là, il ne fut pas présent pour le faire. Dommage, c'était le jour où j'avais le plus besoin de lui, de sa présence, de son odeur, de ses murmures rassurants, de ses sourires ravageurs, de la douceur de sa voix. Et ses yeux, ses yeux qui, quant il me regardait, montrait toute l'amitié qu'il avait pour moi. On s'est jamais dis qu'on tenait l'un à l'autre, avec Roy. On était certain que le montrer était mieux, que d'agir remplaçait toutes les paroles du monde. Rien de mieux pour convaincre qu'un geste qui montre qu'on avait raison. On avait commencé par ça, quand on s'est rencontrés, alors pourquoi aurait-t-on changer ? Est-ce que j'ai des regrets ? Énormément. Comme beaucoup, je me dis que sa mort est de ma faute, que j'aurais pu le retenir. Lui dire de ne pas y aller, de rester avec moi. Des pneus qui grince, un bruit sourd ; la mort.