WILSON ⊱« Arrête Wilson » « Non, ferme là putain ! C'est ta faute si maman est morte ! C'est à cause de toi putain alors non, je n'arrêterais pas ! » Et j'ai crié fort, assez fort. Et les larmes coulent, et pour une fois, je ne les empêche pas de couler. Tout ceci s'est passé il y a trois mois, et mon deuil n'a pas encore été fait. Il faut, pour certaines personnes, de longues semaines, ou de long mois pour pouvoir faire un deuil. Le mien n'a pas encore été fait. Quand ma mère s'est faîte enterrer, je n'ai eu aucun sentiment. Et quand je suis rentré, je n'ai pas pleuré non plus, non en faîte, depuis ce temps, je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas encore eux de sentiments. Mais là, c'est la goutte de trop, la goutte qui nous fait craquer. Et on se dispute encore parce que j'ai été exclu une journée au lycée, que c'est ma dernière année et que j'ai un diplôme à passé à la fin de l'année, mais que depuis la mort de ma mère, j'enchaîne les conneries. Et là, j'ai été exclue trois journées parce que j'ai foutu un coup-de-poing à un de mes camarades de classe. Parce qu'il avait insulté ma mère. Parce qu'il m'avait fait comprendre enfin que oui ma mère est morte et que je ne la verrais plus jamais. Et quand on ouvre enfin les yeux, je vous jure que ça fait mal. Et mon père m'a dit cette phrase : « Que dirai ta mère si elle te voyait ? » Et moi, je n'ai pas aimé, et je lui ai répondu que tout était sa faute. Et aujourd'hui, pour la première fois, j'ai pleuré. J'ai pleuré pour la mort de ma mère. J'ai pleuré parce que je savais que oui, je ne reverrais plus son sourire, je ne l'entendrais plus rire, je ne pourrais plus la voir, et tout ça à cause d'une putain de voiture, à cause d'une minute d'inattention de mon père, à cause de lui et uniquement lui. Et il m'a pris dans ses bras, parce que j'ai officiellement craqué, parce que le manque de ma génitrice est vraiment puissant. Parce que j'ai finalement fait mon deuil.

« Papa ? » La voix de mon père résonne à l'interphone. Mon père, c'est un homme riche, grand chirurgien en France. Je me balade dans la villa, seul, au téléphone avec mon géniteur, cherchent mon dossier d'inscription pour l'université. Et nous discutions de tout, puis quand on arrive à mes études pour l'université, je commence à me braquer. « Wilson, tu prends des études de droit, se n'est absolument pas négociable. C'est ce que ta mère voulait... » Faux, elle aurait aimé la psychologie. « Si tu prends ses études-là, elle serait très heureuse, tu sais... » Faux, elle n'aurait été heureuse que si moi, je l'étais. « Et quand elle te verra un jour, défendre ton premier client, elle serait si fière de toi ! » Faux, parce que je ne me plairais pas dans mon futur métier. Faux, tout est faux, il dit ça parce que lui le veut. « D'accord, bon, je te laisse, je dois finir de remplir mon dossier. » Et j'ai raccroché, je n'ai pas attendu à ce qu'il me réponde, j'ai raccroché. Il ne manquait qu'une seule catégorie à remplir, mon option. J'ai saisi mon stylo bleu, ma main tremble beaucoup, et j'ai coché cette case, celle qui va me faire étudier ma vie future, celle qui va décevoir une personne, mais rendre heureux l'autre, celle qui va me plaire à moi, parce que j'en aurai envie. J'ai coché psychologie. Et mon dossier était complet.

J'ai quitté la France trois mois plus tard, pour m'installer à Jersey. J'ai décidé de prendre ma vie en main, malgré l'argent que mon père e versera chaque mois sur mon compte pour m'aider. Honnêtement, il est très déçu de son fils qui, je cite. « Ne deviens pas un homme renommé. » Personnellement, j'en ai rien à foutre de l'argent, ou des caméras. La psychologie, c'est se dont j'ai toujours souhaité. À Jersey, j'ai décidé de refaire toute ma vie. Et d'y rester. Parce que l'île va me faire tourner la page sur mon passé.