C'était bien la seule chose capable de, à la fois, rendre Izaiah heureux et totalement anéanti. Ces deux sentiments s'entremelaient lorsqu'il était question de sa petite soeur, et il était incapable de faire abstraction de ce qu'il ressentait en la voyant assisse dans son fauteuil roulant à observer les enfants malades jouer. Elle pouvait demeurer ainsi des heures durant et, lui, il attendait patiemment qu'elle ait terminé avant de se montrer. Chaque jour c'était pareil, il pouvait venir à n'importe quelle heure il savait qu'il la trouverait là. Lorsque Barbarah l'aperçu, elle lui sourit et fournit l'effort de prononcer son prénom. Il lui renvoya son sourire, songeant à la première fois qu'elle l'avait dit. Cela avait été son premier mot et elle ne l'avait prononcé qu'à l'âge de dix ans. À l'époque ils n'avaient déjà plus de parents, elle s'était donc tournée vers lui, celui qui se rapprochait le plus d'une figure parentale de par les soins quotidiens qu'il lui apportait, et avait choisi de dire son prénom. C'est la seconde fois où il s'était trouvé ému aux larmes... Ce n'est que lorsqu'on décréta qu'il était temps pour sa soeur de faire quelques exercices que le jeune homme s'en alla. Déposant brièvement ses lèvres sur le front de Barbarah, il disparut, reprenant le chemin de  l'université avec la même nostalgie qui le poursuivait chaque jour en quittant l'hôpital. Aux environs de 17 heures, il prenait une douche censée être brûlante. Censée car, sur la fin, perdu dans ses pensées, il ne se rendit même pas compte que l'eau ruisselant désormais sûr son corps était gelée. C'est la voix de Serena qui le tira de ses songes. La jeune Schwarz l'aimait bien, il l'avait constaté  quelques semaines plus tôt et, à vrai dire, cela l'amusait. Elle tombait très bien, cela lui changerait un peu les idées de "jouer" avec Serena, il cesserait de se torturer en pensant à sa soeur. Du moins pour le moment... Profitant du fait qu'elle ne le vit ni ne l'entendit arriver, Iz se glissa dans son dos et jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. C'est lui qu'elle dessinait, cela lui tira un sourire. Vêtu uniquement de son pantalon, trouvant la pièce presque aussi chaude que Brasilia sous le soleil, il se pencha vers l'oreille de Serena et lui retira son écouteur. « Joli coup de crayon, Schwarz... » Il appelait la moitié des gens par leurs noms, l'autre moitié il ne les appelait pas. Collé dans son dos et penché par dessus son épaule sans aucune gêne, il attendit sa réaction avec son habituel et charmant sourire.

S'autorisant un léger rire face à la réaction de sa victime, Izaiah retrouva facilement son sérieux et haussa les épaules d'un air innocent. « J'avais cru remarquer ça, oui ! », sourit-il le plus innocemment du monde avant de reporter son attention sur le dessin qu’elle était en train de faire de lui. En la faisant sursauter, il lui avait fait rater ce fameux trait qu'il complimentait précédemment. Sa moue lui tira un sourire, cela donnait presque envie de la prendre dans ses bras pour la consoler. « C'est mon deuxième prénom... » Malin, évidemment. Non, ok, c'était Ademir et cela signifiait "celui qui mord", prénom portugais, de son grand-père paternel s'il se souvenait bien... Bref. Son expression lorsqu'elle remarqua leur proximité et le fiat qu'il ne portait pas de t-shirt le fit à nouveau sourire, à croire qu'il ne faisait que ça lorsqu'ils étaient ensemble. Iz' suivit du regard les déplacements de la jeune Apollon, qui méritait bien sa place chez les artistes, elle était véritablement très douée, avant de se saisir du dessin et de s'allonger sur le lit, prenant ses aises comme il le faisait souvent ces derniers temps. « Tu trouves vraiment que j'en ai besoin ? » Ce n'était pas pour se vanter mais... il était quand même bien foutu. Il suffisait de jeter un coup d'oeil à ce que le fait qu'il ne porte pas de t-shirt laissait entrevoir: ses saillants abdominaux. Elle ne pouvait pas dire que cela lui déplaisait, il était persuadé du contraire et en avait la preuve sous les yeux avec le dessin qu’elle avait fait de lui. Du moins un début de dessin. « Besoin du modèle ? » Interrogation un peu enjôleuse, je vous l'accorde. Son regard sombre inspecta le dessin avant de se poser sur son interlocutrice à qui il décocha une énième sourire étincelant.

Izaiah fut secoué d'un léger rire à la remarque de son amie, mais s'amusa à la contredire malgré son air. « Si j'en mets un c'est moi qu'on devra réanimer, et je préfère te faire du bouche à bouche plutôt que de faire la mauviette qui s'évanouit... » Lui faire du bouche à bouche, perspective plutôt intéressante ! Il était tout de même à moitié sérieux, il avait constamment chaud ce devait être les hormones et le radiateur à fond dans la pièce n'aidait pas, il ne tenait pas à faire un malaise tel une fillette. La réponse de Serena l'étonna, de sorte qu'il resta un quart de seconde comme figé, en attendant que la pièce tombe et qu'il comprenne ce qui venait de se passer. Ou était donc la jeune femme timide qui rougissait à chaque fois qu'il lui adressait la parole ? Mais Iz devait avouer que cette réplique lui plaisait assez « Tu me poses vraiment la question ? », fit-il, aguicheur sur les bords, faisant mine de s'attaquer au bouton de son jean afin de voir sa réaction. Il n'en fut pas déçu et se mit à nouveau à rire. « T'es mignonne quand tu fais l'autoritaire. Peu crédible, mais mignonne. » sourit-il en se mettant de côté, le visage appuyé dans sa paume et son regard sombre toujours si expressif malgré ses nombreuses -vaines- tentatives de devenir moins facile à décrypter, plongé dans celui de Nena. Voir que, même sans rien faire, il la déstabilisait le fit sourire, et il lui décocha un sourire craquant qui finit de la déstabiliser. « C'est toi qui m'a demandé de te regarder, faudrait savoir... » Un clin d'oeil, puis il se re-concentra pour répondre à sa question. « J'ai faillit tuer quelqu'un trois fois en trois heures mais pour ce qui est du reste ça a été... » Quelqu'un, autrement dit leur colocataire dont il avait décidé de ne plus jamais prononcer le prénom, le nom ou le surnom. Il le haïssait pour s'être approché de sa cousine et pour la traiter parfois si mal, elle n'était pas sa chose et il détestait voir qu'elle finissait toujours par revenir... C'était une sorte de possessivité envers celle qu'il considérait depuis tellement longtemps comme sa soeur, mais surtout son côté protecteur et la responsabilité qu'il s'était toujours imposée tout seul de veiller au bien être de sa famille. Après tout, il était l'homme de la famille, le grand frère. De plus, son fameux ennemi numéro uno osait tenter d'éloigner Serena de lui. Il s'était un peu regardé avant ? Il était beaucoup plus nocif aux autres qu'Izaiah. En fait, sa journée avait été franchement pourrie du fait que Fitz l'insupportait au plus haut point, qu'il n'avait pas vu Jali et qu'il se sentait coupable vis-à-vis de sa soeur Barbarah, mais il ne disait jamais vraiment lorsque cela n'allait pas. Il ne pouvait le cacher bien longtemps, mais essayer ne faisait pas de mal... « Et toi, t'as passé une bonne journée ? » Son ton avait un peu changé mais il affichait toujours ce charmant sourire que tout le monde lui connaissait.