Depuis le jour de la fusillade à l'université, lorsqu'Isaac avait passé des heures à l’hôpital à attendre qu'elle se réveille, il n'avait plus revu Riley. Il n'avait pas envie de la voir pour s'entendre dire qu'il avait mal fait. Ce qu'il avait fait ? L'embrasser. Quoi, elle avait faillit mourir, il l'aimait depuis leur première conversation, il avait vu -ou cru voir- une ouverture et c'était venu tout seul. Une infirmière était entrée annoncer que les visites étaient terminées et il avait saisit cette chance de s'éclipser sans s'expliquer. Lâche, peut-être, mais peu importait. Depuis lors, la JIU n'avait pas rouvert ses portes, l'île toute entière était en deuil. Et Zac faisait bonne figure pour oublier qu'une jeune femme était morte dans ses bras et qu'il n'avait pas été là pour protéger ceux qu'il aimait. Devant Eden, il faisait comme si tout allait bien et, si elle n'était pas dupe -chose quasiment certaine- elle ne l'embêtait pas avec cela. S'attelant à préparer des lasagnes pour midi, il avait monté le son de la radio lorsque la macarena avait commencé à se faire entendre. « EH MACARENAAAAAAAA » Le genre de chose que tout l'immeuble entend. Ce qui était bien le cadet des soucis du jeune homme ! Pour l'instant ce qui monopolisait son attention était le repas qu'il tentait de ne pas louper. Et la cuisine à laquelle il ne voulait pas mettre le feu. En effet, ce n'était pas une mauvaise idée de garder son appartement en état... Alors qu'il s'amusait à chanter la macarena, la dansant lorsqu'il n'était pas trop occupé à cuisiner, il remarqua... Riley. Stoppant net son geste et coupant la radio, il observa la jeune femme quelques secondes. « Ah... euh... Tiens salut Riley, t'es là depuis longtemps ? » Il jeta un regard à Eden qui lui adressa un sourire innocent. Alors qu'il allait demander si elle allait mieux, il vit le regard insistant de sa petite soeur derrière elle. Il se mordit la lèvre avant de demander: « Tu veux manger avec nous ? »

Alors que Riley était à l'hôpital, elle avait reçu pas mal de visites mais une seule l'avait profondément marquée: celle de son ami Isaac Nielsen. Déjà parce que c'était la première personne qu'elle avait vu, celui-ci étant à son chevet à sa sortie du bloc, attendant son réveil et parce que... c'était Isaac, tout simplement. Mais un événement joue aussi beaucoup dans la visite que vient rendre la belle jeune femme à Isaac. Alors que l'infirmière venait annoncer la fin des visites, Isaac l'avait embrassée et avait filé... et depuis plus rien. Du moins, il était devenu assez distant, de quoi taper sur les nerfs de la jeune Wagner. Riley avait prévu de lui rendre visite sans même le prévenir, la flemme et elle faisait comme elle le sentait, tant pis si elle dérangeait. Après tout, il lui avait volé un baiser alors hein. Une fois garée sur le parking, elle prit l'ascenseur et une fois au bon étage, arriva enfin devant la porte. Elle frappait doucement et une jeune fille vint lui ouvrir presque immédiatement « Salut. C'est pour quoi ? », demandait-elle très simplement. Riley la regardait de haut en bas alors qu'elle n'avait qu'entre-ouvert la porte pour s'adresser à elle, par précaution sans doute « Tu dois être la soeur d'Isaac, je suis Riley une a... ». Elle fut coupée par Eden qui s'exclamait avec enthousiasme et un air malicieux « Haan c'est toi la fameuse Riley, entre ! », Riley entrait donc. « ...Merci  », répondait-elle en fronçant un peu les sourcils, la fameuse Riley ? Bizarre. Mais elle ne releva pas, et suivit la sœur de ce cher Isaac et la belle se retrouvait à la porte de la cuisine. Elle vit Isaac se déchainer sur la Macarena... Riley s'appuyait de tout son mince poids sur ses béquilles, outrée de le voir danser ainsi avec un couteau en main. Lorsqu'il se tourna, il fit un bond et pendant qu'elle répondait à sa question en roulant des yeux et en se pinçant les lèvres, un peu moqueuse « Depuis trop longtemps, à mon goût. ». Elle fit un petit sourire forcé « Je voudrais pas m'imposer. Je passais vite fait... », Riley gardait le regard fixé sur ce couteau... Elle qui s'en était prit un costaud dans la cuisse, il était difficile de supporter le couteau brandit joyeusement sur la macarena alors qu'il s'adressait à elle « Tu... devrais poser ton couteau Isaac, j'ai pas envie de retourner à l'hôpital tout de suite. », lâchait-elle sur un ton un peu froid, qui n'était cependant pas méchant... C'était tout simplement Riley, et il la connaissait maintenant. Sa soeur peut-être moins, en espérant qu'elle n'allait pas se vexer à sa place et l'assommer par derrière, ce serait magique.

Trop occupé à se déchaîner sur la macarena, spectacle hilarant dont sa sœur avait l'habitude, Isaac n'entendit pas Riley frapper à la porte, ni ses pas mêlés à ceux d'Eden se diriger vers la cuisine où il se trouvait, musique à fond. Si cette dernière était habituée aux démonstrations de folie furieuse de son grand frère, Riley y était moins accoutumée. Bon, elle l'avait déjà vu faire des pétages de plomb en compagnie de Zander, imiter une serveuse en se déhanchant et même chanter la chanson des siamois dans la Belle et le Clochard debout au milieu d'un restaurant. Elle l'avait vu pleurer, aussi. Mais depuis qu'il l'avait embrassée tout était beaucoup plus compliqué. Il garda tout de même le sourire, faisant comme s'il avait oublié ce qui s'était passé à l’hôpital. « Tu n'as rien vu, rien entendu. » sourit-il en imitant le Commandant des pingouins dans le dessin animé Madagascar. Oui, il était très cultivé en matière de dessins animés, répliques de films et cetera... Un autre aspect de sa personnalité de malade mental. « Si je propose c'est que tu ne t’imposes pas, c'est moi qui t'impose... » Ce qui n'était peut-être pas beaucoup mieux d'un point de vue "imposer" mais elle avait compris ce qu'il voulait dire, non ? Avec le temps elle avait dû apprendre à déchiffrer l'isaacien (nouvelle langue, je vais déposer le brevet ) A sa remarque sur le couteau, il le lâcha instantanément sur le plan de travail. Quel imbécile ! « Oh... Le couteau, oui, désolé... » Il se retint de se donner une claque monumentale tandis que sa soeur le fixait d'un air moqueur. Il lui jeta un regard signifiant clairement "dégage morveuse" et elle leva les mains en l'air en signe de résignation avant de tourner les talons en riant. Levant les yeux au ciel, Isaac retourna à ses lasagnes, n'osant pas vraiment demander à Riley les raisons de sa visite. Pour tout dire il avait sa petite idée à ce sujet.

Riley fit une drôle de tête et dit d'une voix grave et sombre « J'aimerais pouvoir me remettre de cette vision traumatisante et faire comme-ci de rien n'était mais ça va être difficile. Tu te rends compte que sur l'échelle crédibilité tu viens de perdre au moins vingt points. », elle fit un petit sourire moqueur avant de hausser les épaules en entendant sa réponse quant à la présence de la jolie brune « Bon bah c'est cool alors, je veux bien que tu m'imposes, ça me mettra moins mal à l'aise. ». Riley n'avait à la base, pas l'intention de tailler le bout de gras, manger un plat aussi calorique et faire comme-ci de rien n'était mais elle n'allait pas refuser une invitation comme celle-ci, encore moins venant de son cher Isaac. Le soucis était que ce repas allait sans doute la distraire et peut-être la dissuader de parler de ce baiser. Riley se raclait un peu la gorge et fit mine de ne pas avoir été profondément dérangée par son inconscience « C'est rien, tant qu'il est pas dans ma jambe ni dans la tienne, tout va bien. ». En voyant la tête de Zac, elle se tournait vers Eden, lui faisant un petit sourire amusé avant de baisser la tête pour se marrer un peu. En la relevant, plus de petite soeur, et un Isaac concentré sur ses lasagnes. Elle se rapprochait du jeune homme, ses béquilles claquant sur le sol carrelé de la cuisine puis dit « T'es pas très bavard dis donc. Même pas une étreinte, une bise... c'est pas que j'en raffole en règle générale mais bon tu m'as volé un baiser alors tu me dois bien ça nan ? ». Elle vit les épaules du jeune homme se crisper en entendant ses propos, c'est bon, il l'écoutait. Elle s'appuyait contre l'évier, pour être "en face" de Zac et le fixer avec insistance, jusqu'à ce qu'il quitte ses lasagnes des yeux.

Évitant au maximum de croiser le regard de Riley, Zac sentait qu'il allait finir par péter un plomb. Vraiment. C'était stupide, plus rien n'était comme avant par sa faute... Entre temps il avait fait une nouvelle dépression: Riley n'était pas là pour l'en sortir. Il avait perdu le sourire tel un clow en arrêt de travail. Il était plus qu'un clow, il était naturellement totalement dingue et positif. Excepté maintenant. Un léger sourire étira brièvement ses lèvres à sa remarque. « Je n'ai jamais été plus loin que cinq sur l’échelle de crédibilité, ça fait rien... » Il lui sourit mais, une fois de plus, ce n'était pas comme avant. Voilà comment gâcher une belle amitié en une fraction de seconde, bravo Isaac... Levant les yeux vers elle, il lui sourit à nouveau, avant qu'elle ne lui fasse remarquer qu'il se baladait avec un couteau à la main. Un bon gros couteau semblable à celui qu'elle s'était pris dans la jambe lors de la prise d'otages à l'université. Il se mordit violemment la lèvre à ce souvenir. « Ouais... » Joie de vivre: 0. Isaac où es-tu ? En entendant les béquilles de Riley claquer dans son dos alors qu'il avait reporté son attention sur ses lasagnes, il repensa à la fusillade et tout ce qui avait suivi. Au fond, étais-ce si gravissime ? Ne pouvaient-ils pas simplement en parler et, si c'était effectivement une erreur, passer l'éponge ? La voix de la jeune femme le tira de ses pensées mais le roi de l'esquive refit surface. « C'est prêt ! Eden, tu viens !? » Alors qu'ils s'installaient tout trois autour de la table, la cadette des Nielsen se releva. « Ah euh j'avais oublié, je dois sortir... » Le jeune homme leva les yeux sur sa soeur, arquant un sourcil, pas le moins du monde convaincu alors qu'elle agitait doucement son téléphone devant lui. Il allait répliquer mais elle le coupa. « Moi aussi je t'aime Isaac. A la prochaine Riley ! » sourit-elle, adressant un clin d'oeil à son frère avant de claquer la porte, ne lui laissant pas le temps de répliquer. Abasourdi, il soupira, avant de croiser le regard de Riley. « On est plus que nous deux... » Alors qu'il posait ses couverts, brisant le silence de mort -parfaitement inhabituel- régnant dans la pièce, ils prirent la paroles en même temps. Un vague sourire se dessinant sur ses lèvre,sil lui fit signe de poursuivre. « Toi d'abord... »

Riley haussa les sourcils et dit « Ehhh, détrompes toi. Ne parles pas sans savoir. », n'importe quoi, le jeune homme allait lui taper sur le système durant tout le repas ou comment ça allait se passer ?? Bon vous la connaissez, elle ne peut être méchante avec lui, vu ce qu'elle ressent mais intérieurement elle reste Riley Wagner, la râleuse impatiente qui déteste le pessimisme et les pleurnichards. Elle hochait un peu la tête en voyant sa réaction face au souvenir de ce baiser volé, le malaise était bel et bien présent, enfin, celui du jeune homme parce que Riley n'avait absolument rien à lui reprocher, chose qu'il ignorait bien sur. Elle se dirigeait  vers la table avec Isaac puis s’arrêtait en entendant sa sœur trouver une excuse bidon pour les laisser tous les deux. En temps normal, la belle brune aurait lancé un regard noir ou blasé à la jeune fille mais là, elle se contentait d'un simple signe de tête avec un petit sourire lorsqu'elle la salua avant de partir. Elle est maligne la p'tite, pensait-elle en reposant son regard sur Isaac. Elle se pinçait les lèvres, aussi gênée que le jeune homme quand il lui annonça qu'ils n'étaient plus que deux... Riley prenait place, ne supportant plus de rester debout avec ces foutues béquilles de malheur. Alors que le silence venait de s'installer, elle prit la parole en même temps qu'Isaac, chose qui la fit sourire. Et en même temps que lui, elle dit « Toi d'abord... », souriant tout deux comme des mômes timides « Alors... Hmm... Comment ça va ? Encore un peu et tu te transperçais le bide avec ce machin là. Ou ta jambe, que sais-je. ». Elle le fixait après avoir indiqué le couteau d'un geste de la tête. Elle souriait de toutes ses dents, d'un sourire jaune, encore mal à l'aise en ayant vu cette scène car tout de même, elle avait été un peu traumatisée...