Prendre la voiture était une mauvaise idée. Pourquoi ? Parce que j'étais bien trop distraite pour prendre le volant. La musique à fond, je revenais du Reg's Garden. Arrivée au carrefour de Liberation Square, je m'arrêtais en voyant le feu virer au rouge. L'attente était interminable... Je m'accoudais à la fenêtre, soupirant, exaspérée. Je maudissais ce feu qui me rendait folle à chaque fois. Mieux vaut être piéton parfois... Reposant mes mains sur le volant, je fixais la place sur ma gauche, regardant les gens sortir des boutiques et des cafés. En voyant un petit garçon, qui ne devait pas avoir plus de cinq ans, je me crispais, tout en restant hypnotisée. Il ressemblait un peu à Quentin, ce qui me troublait. Le voyant disparaître avec sa mère au coin d'une rue, le suivant du regard, je laissais couler une larme quand soudain... PAF !, « Merde ! Merde, merde ! », hurlais-je en levant les yeux. Le feu était vert... Je faisais un signe à la personne qui venait de me rentrer dedans. Reprenant mes esprits, je déplaçais la voiture près du trottoir pour mettre mes warning pour ne pas provoquer un embouteillage. Je sortais de la voiture, claquant violemment la portière. Sous le coup de la colère, je lâchais « J'attendais depuis aussi longtemps que vous ! C'était pas la peine de défoncer ma voiture ! ». Je savais que la personne s'était garée également, et je tentais de me calmer. Mais je dois avouer que l'idée qu'un automobiliste ait explosé mon feu arrière par simple impatience me chauffait légèrement. J'espérais pour lui, ou elle, que je me trompais. De la tôle un peu froissée, et un phare brisé, il y avait pire. Je soupirais, m'appuyant contre ma voiture. Je ne disais rien, blasée...

écrire l'histoire dans les couleurs de l'espoir.
Prendre la voiture dans mon état n'était peut-être pas une si bonne idée. Hier soir, encore une fois, Lily était rentrée tard et n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'aller se coucher. Trop fatiguée par le boulot disait-elle. Trop fatiguée de coucher avec n'importe qui, évidemment. Mais ça je m'étais retenu de lui dire. Pourquoi? Parce que je ne peux pas lui en vouloir. Même si elle n'est pas au courant de ma relation avec Madison, Lily est au courant que je suis ailleurs. Et elle ne sait pas pourquoi. Mais peu importe, je ne pouvais pas lui en parler. Alors ce matin, n'ayant pas cours, j'ai décidé de rouler. Rouler pour penser à autre chose. La vitesse, l'adrénaline me fait tout oublier pendant un instant. Un court instant, certes, mais un instant quand même. Jusqu'à ce que je me retrouve à ce feu rouge. Je ne regarde même pas la couleur du feu, je me fie sur la voiture à côté de moi. Elle avance, j'avance. Et puis d'un coup, je percute. La voiture devant moi n'a pas avancé et me voilà avec une voiture cabossée. Je me mets sur le côté, ne voulant pas bloquer la circulation. Je sors de ma voiture, un peu énervé mais désolé pour la personne devant moi. Une jolie brune. Jolie brune qui me dit vaguement quelque chose, mais peu importe. Sans doute une étudiante que j'ai croisé sur le campus. Je commence par jurer en voyant ma voiture et celle de la jeune femme puis m'approche d'elle. Je suis désolé, j'ai pas regardé. Vous en faites pas, je payerai ce qu'il faudra. Ma situation me rendait dingue. D'abord Lily puis Madison qui revenait sans cesse dans mes pensées, tout ça me faisait faire n'importe quoi. A commencer par rentrer dans une voiture bêtement. Je peux peut-être vous offrir un verre pour me faire pardonner? La jeune femme pensera sans doute que c'est le genre de chose que je fais avec n'importe quelle fille, mais ce n'est pas le cas. Homme marié, oblige.

J'entendais la personne jurer derrière moi: un homme, tiens tiens. J'espérais ne pas tomber sur un gros type dégueulasse, grossier et insupportable, ce n'était vraiment pas le jour pour ça. S'adressant à moi, je me retournais par politesse, mettant ma mauvaise humeur de côté: il était courtois, finalement. Je fronçais les sourcils en le voyant, ayant l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Sa voix m'était également familière: après tout, Jersey, ce n'est pas si grand, on s'était peut-être déjà croisés. A vrai dire, je ne pensais à cela qu'un bref instant, étant donné qu'il avait emboutit ma voiture quelques minutes auparavant. Je répondais calmement « C'est pas grave... J'étais dans les nuages, donc c'est également de ma faute... », secouant la tête, je reprenais rapidement « Non... C'est bon, j'ai un ami qui possède un garage ici, je vous donnerais sa carte, vous irez de ma part, il vous fera un prix », je me penchais pour voir les dégâts, sa voiture était tout même plus cabossée que la mienne, et entre nous: l'avant d'une voiture abîmé, c'est bien plus contrariant et gênant d'un feu arrière et un peu de taule froissée au même endroit. Je grimaçais un peu, m'en voulant... Je laissais échapper une pensée « Je savais que je n'aurais pas dû prendre le volant... ». J'écoutais sa proposition, un léger sourire aux lèvres... Boire un verre, oh oui, ça allait me détendre... J'acceptais donc, timidement tout de même « Oui, pourquoi pas... C'est gentil. ». Je coupais le contact, reprenant mes clefs afin de verrouiller ma voiture, tout comme le jeune homme, que j'observais, intriguée... J'allais avoir du mal a faire abstraction, il me disait vraiment quelque chose... Mais il fallait que je reste silencieuse, que je ne demande pas un truc du style dites, on s'est pas déjà vu quelque part ?, puis me prendre un vent et une honte monumentale quoi.

fuck man, my car
Ses yeux, sa chevelure brune me disait étrangement quelque chose. En réalité, je suis persuadé de l'avoir déjà vu quelque part auparavant. Avant Jersey même, mais où? Je ne pensais pas une seconde que cette jeune femme pouvait être une personne si importante pour moi. La seule chose qui me traversait l'esprit à l'instant présent était l'état de ma voiture. Mais peu importe, j'étais seul responsable. La jeune brune me proposa d'aller chez un ami garagiste. Je lui souriais. Même après avoir cabossé sa voiture elle restait agréable. Je ne pouvais pas tomber mieux en fin de compte. C'est gentil, mais ne vous sentez pas obligée. Je pris mes clés, mon portefeuille et me dirigeai vers un café d'en face où j'allais souvent boire un café le matin avant d'aller aux cours. Un habitué comme on dit. Oh, ce matin c'est pas un bon jour pour moi non plus, j'aurais mieux fait de rester chez moi. Mais au moins, j'ai pu tombé sur une jeune femme comme vous. dis-je en souriant. Séducteur, toujours même en étant marié. On peut considérer ça comme un défaut mais peu importe, je n'ai jamais franchi les limites contrairement à Lily. J'entre dans le café, me pose à une table et entends le patron me salué. Salut Will, la même chose que d'habitude? Je le salue à mon tour et lui demande d'envoyer un serveur, n'étant pas seul. Je me pose à une table, regardant la jeune femme. On peut peut-être se tutoyer? William, enchanté. dis-je en lui tendant la main. Son visage m'est trop familié pour que je laisse passer ma chance alors oui, ce café c'est en quelque sorte une invitation pour enfin savoir à qui je m'adresse et d'où je connais la jeune brune.

« Non, mais c'est normal. Il faut bien être solidaires entre grands distraits. », lançais-je en esquissant un léger sourire. Oui, je n'allais pas en pleurer. Nous n'étions pas blessés, il y avait une solution à notre problème, donc tout allait bien. Je me dirigeais avec le beau brun jusqu'au café, en l'entendant parler, je souriais, avant de sortir, étonnement en blaguant pour une fois, cachant ma gêne face à ses propos « Ah pitié, épargnez moi votre numéro, sinon je vous fais payer les réparations de ma voiture ». Bon, intérieurement, je pensais pareil. J'aurais pu tomber sur un type pire que le beau brun avec qui je discutais, puis non, dans mon petit malheur, il y avait du positif. Bah oui, regardez le: beau, élégant, sympathique... De quoi égayer un peu ma journée. Je saluais le patron, ainsi qu'un serveur qui fit de même. Nous nous installions à une table, puis je haussais les sourcils, répondant rapidement « Oui oui bien sûr. Enchantée William, moi c'est Camille ! ». Je lui serrais doucement la main, puis d'un coup, je me mis à réfléchir. William... Etait-ce MON William ? Enfin... Je me comprends. Alors que j'allais lui demander quelque chose, le serveur vint nous demander ce que nous souhaitions boire, je soupirais un peu, coupée dans mon élan, avant de répondre « Pour moi ce sera une bière s'il vous plait. Et pour toi ? », demandais-je à Will, un peu troublée...

je ne vois plus mon chemin + cam&will.
Je reste intrigué face à ce visage qui me paraît si commun. J'ai l'impression d'avoir toujours connu la jeune femme et je ne sais pas pourquoi. Un hasard, sans doute. Je ne demande rien, de peur de me planter et de lui faire peur. Je préfère éviter de poser la question et de voir par après si son visage me revient. « Non, mais c'est normal. Il faut bien être solidaires entre grands distraits. » Je rigole légèrement. Il est clair que plus distrait que moi, ça n'existe pas. Mais on dirait que j'étais tombée sur la perle, le genre de femme qui comme moi, a beaucoup trop de choses en tête. Je suis bien d'accord. Puis, je me présente enfin, chose que je n'avais pas faite avant et chose surtout, très impolie. Ce qui n'est pas dans mon habitude. Je lui sers la main, elle également et se présente sous le prénom de Camille. Et là, je reste perdu sur son visage, je n'ai même pas remarqué le serveur posé à côté de nous attendant notre commande. Je me rappelle de tout. Ma Camille dont j'étais fou amoureux, ma Camille qui est partie sans rien dire quand enfin notre relation prenait forme. Je reste figé devant ses yeux, ses lèvres que je n'ai pas reconnu. Puis quand elle passe commande et qu'elle me pose une question, je percute. Je reviens à la réalité. Je demande la même chose que la jeune femme puis me repose sur elle. Camille.. Camille Kebler? Que j'ai rencontré en Norvège? Ma Camille? demandais-je totalement perdu. Ma Camille était un peu dérisoire comme fin de phrase mais peu importe, à l'époque c'était comme ça que je la considérais. Je reste de marbre devant elle, son visage a changé et pourtant, je revois ses yeux d'adolescente. Tout me revient si vite, nos souvenirs, nos premiers baisers, tout.

Après m'être présentée, le visage de William se décomposait presque. Je le regardais passer commande, et si je n'étais pas assise à ce moment même, je serais sans doute tombée à la renverse. Mon coeur accéléra subitement, tambourinant violemment contre ma poitrine, et mon sang ne fit qu'un tour. Ses propos m'ôtaient bel et bien d'un doute: je le connaissais, et depuis très longtemps. Comment avais-je plus ne pas le reconnaître ? A croire que j'avais réellement tenté de l'effacer de ma mémoire pour ne plus y penser et être rongée par les remords. Je n'en savais rien, et je fus bouleversée. Je serrais mon genou sous la table, pour me calmer. Je me sentais tremblante... Et surtout, je me sentais comme la fautive de l'histoire, celle qui s'en est allée sans un mot, fuyant, effrayée par ses sentiments. J'étais un peu comme mon ex, quelque part. Je me mordais violemment la joue, avant d'enfin briser le long silence qui avait suivit les propos du beau brun « Oui... C'est bien moi, Will... ». Ma Camille... J'avais frissonné en l'entendant dire ceci. Il parlait de la même façon que moi, et me définissait comme je le faisais de mon côté. Un peu confuse, et gênée de me retrouver face à celui que j'avais, en quelque sorte, abandonné « Je.. je suis désolée, je n'étais pas sure de moi, tu as changé... ». Je me sentais bête et triste en repensant à cette relation et ce lien particulier que j'avais brisé, mais également heureuse de le revoir...

pour tomber dans ses yeux, tomber.
« Oui... C'est bien moi, Will... » Je n'y crois pas, je ne peux pas y croire. Ça ne peut pas être Camille, pas là, pas ici. J'aurais dû l'a reconnaître depuis le début malgré qu'elle ait bien changé depuis tout ce temps - et ça en fait un bout de temps depuis la dernière fois. Cette dernière fois où elle partie sans rien dire. Elle a fuit et je n'ai jamais su pourquoi. Je ne l'ai jamais revu, je n'ai jamais compris pourquoi elle m'avait quitté alors que j'étais prêt à m'engager pour elle. J'étais amoureux et je m'étais fait avoir, une fois de plus. D'un côté, cela m'a permis de rencontrer Madison mais d'un autre, j'étais anéanti. Et je me souviens à quel point j'étais haineux vis-à-vis d'elle. Aujourd'hui, cette colère s'est estompée mais j'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé. Cam... Je ne pensais pas te revoir un jour. répondis-je en baissant légèrement la tête. Évoquer le passé ça n'a jamais été mon fort, je n'aime pas ça, je déteste ça même. Mais j'avais besoin de savoir ce que j'avais fait pour qu'elle s'en aille. Nous n'étions pas sorti ensembles mais nous aurions pu franchir cette étape. J'étais prêt, elle apparemment pas. Je relève la tête et pose mon regard sur ses yeux. Elle est toujours si belle, si attirante. Tout me revient en tête comme un boomerang, toutes les émotions, tous les souvenirs, tout. Toi en revanche, tu es toujours aussi belle. La bière arrive et je m'empresse de boire une gorgée. Ma gorge est sèche, j'ai du mal à laisser parler mon cœur. C'est une chose que je n'ai jamais vraiment su faire.

« ... Moi non plus », chuchotais-je presque, gênée. C'est vrai, je ne me doutais pas, quand je suis partie du jour au lendemain, que je risquais de tomber sur William par pur hasard, à Jersey qui plus est. C'est étrange, le Destin, quand même: ça ne pouvait être que ça, non ? En le voyant baisser la tête, je me sentais un peu plus mal à l'aise... Je m'accoudais, me penchant un peu pour capter son attention, n'osant pas dire ou faire quoi que ce soit. Je croisais son regard, pour la première fois depuis des années. Son regard me troublait toujours autant, et plonger mon regard dans le sien était quelque chose qui m'avait manqué, je dois l'avouer. J'esquissais un mince sourire, timide, avant de répondre, d'une voix légèrement cassé, sentant les sanglots arriver -je suis trop sensible, c'est fou- « Toi aussi, hein... ». Je ne vis même pas le serveur déposer nos bières, c'est seulement lorsque Will prit une gorgée de la sienne que je sortais de mes pensées. Je buvais une longue gorgée de bière, pour me donner du courage, avant de la reposer et de dire « Je... Je suis désolée, William. », pour ne pas bafouiller, je restais silencieuse une petite minute avant de reprendre « Je sais que j'ai très mal agit, j'aurais pas dû partir comme ça... Je sais qu'être désolée, c'est trop facile mais, je le suis vraiment, j'ai honte de moi... ». Sur le coup, quand je suis partie, je n'avais pensé qu'à moi, tout comme mon ex, et je regrettais d'avoir adopté un tel comportement. Je posais ma main sur celle de William, pour la serrer doucement, en le fixant...

je sais bien que tout nous sépare.
J'aurais voulu que ça se passe autrement. J'aurais voulu qu'on reste en contact, même si nous ne pouvions pas être ensembles. J'aurais tout fait pour être avec Camille à l'époque, mais elle, elle est juste..partie. Comme ça, sans rien dire, sans même me prévenir. Ça s'est toujours passé comme ça dans ma vie amoureuse. Après Camille, j'ai suivi une allemande et elle m'a jetée, déjà mariée m'a tellement répondu. Et puis il y a eu Madison que j'ai perdu. Par ma faute, certes, mais quand même. Je n'ai jamais su garder une femme. Même Lily, elle a besoin d'aller voir ailleurs. Alors, le problème ne vient peut-être pas de Camille mais de moi. Peut-être que c'est simplement moi qui fait fuir les femmes, qui sait? « Toi aussi, hein... Je... Je suis désolée, William. » S'excuser de quoi? D'être partie sans avoir rien dit? C'est du passé, j'ai oublié, j'ai rencontré Madison et puis Lily.. Tout a changé dans ma vie et personne ne saura jamais si quelque chose de durable aurait été possible entre Camille et moi. Et peu importe, elle a fait sa vie et moi la mienne. Même si j'avoue que la revoir d'un coup comme ça, ça fait remonter de vieux souvenirs. De très bons souvenirs même. Dans mes souvenirs, Camille et moi on était très lié, on était très proche, presque deux personnes identiques avec un genre différent. J'aimais sa présence et la perdre m'a littéralement déchiré le cœur. Pas le peine de t'excuser, Cam, t'en fais pas, je vais bien. dis-je un sourire aux lèvres. « Je sais que j'ai très mal agit, j'aurais pas dû partir comme ça... Je sais qu'être désolée, c'est trop facile mais, je le suis vraiment, j'ai honte de moi... » Je sens sa main contre la mienne, je la saisis et la caresse doucement. J'approche mon autre main de sa joue et lui souris, caressant cette dernière également. Je le redis, t'as pas a être désolée, j'voudrais juste savoir pourquoi.. pourquoi t'es partie, si c'est ma faute ou.. demandais-je en reposant ma main sur la table. Une gorgée de ma bière puis je plonge à nouveau mon regard dans le sien. Comme c'est bon de la retrouver.

J'étais soulagée de voir qu'il ne m'en voulait pas. Depuis, il avait sans aucun doute refait sa vie et fait en sorte de ne plus penser à ce jour où je suis partie. Mais étant du genre à souvent ressasser le passé, je repensais souvent à ce que j'avais fait à William, sans qui je n'aurais surement pas tenu le coup. Je secouais la tête, fronçant un peu les sourcils « Non, non ce n'est pas de ta faute... Je... Comment dire... ». De sa faute ? Certainement pas, je n'avais jamais rencontré un homme aussi génial. Il ne cessait de me complimenter, de me prouver que je n'étais pas une moins que rien, qu'il tenait à moi et que jamais il n'allait pas m'abandonner lui aussi. Il a été d'une patience incroyable, veillant sur moi, sans jamais se lasser de mon tempérament pessimiste et mon besoin de me dévaloriser en permanence. Bref, William était le meilleur ami, le confident, le petit ami dont tout le monde rêve. Je reprenais rapidement « Tu as été formidable avec moi, tu m'as aidé a remonter la pente après ce qui venait de m'arriver. Je ne garde que des souvenirs merveilleux à tes côtés. ». Je soupirais un peu, sentant que la suite allait être difficile à déballer, car que ce soit du passé ou non, ce n'était pas simple pour moi de parler de ce genre de chose « Mais, je tenais énormément à toi, voire même un peu trop. Alors... je devais partir ». Je savais que cela n'allait pas aider William. C'était plutôt contradictoire: tenir à quelqu'un et du coup, devoir le quitter... Cela n'avait aucun sens, je le sais bien. Mais je n'arrivais pas à tout expliquer du premier coup, me sentant stupide et gênée. Il avait beau me dire que je n'avais pas à me mettre dans cet état, qu'il allait bien, cela ne changeait rien. « J'ai eu peur, Will.. C'est stupide, je le sais, mais j'ai pas su gérer. ». Je le fixais un court instant avant de baisser un peu la tête.

pour tomber dans ses yeux, tomber.
Certes, j'avais des raisons d'en vouloir à Camille mais je n'y arrivais pas. Je tenais énormément à elle, j'en étais même fou amoureux et j'avais souffert. Énormément souffert de son départ mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Pas après tout ce temps. Oui je lui en avais voulu pendant quelques mois, mais pas assez longtemps pour lui en vouloir aujourd'hui. Alors elle ne devait pas se sentir responsable, je ne pouvais pas concevoir qu'elle se sent mal à cause de moi. « Non, non ce n'est pas de ta faute... Je... Comment dire... Tu as été formidable avec moi, tu m'as aidé a remonter la pente après ce qui venait de m'arriver. Je ne garde que des souvenirs merveilleux à tes côtés. Je lui souris et sers sa main un peu plus, lui caressant le bras de mon autre main. J'ai toujours été bien avec elle moi aussi, je me suis toujours senti si libre quand nous partagions des moments ensembles. Nous étions si proches, si identiques. Parfois, ça en était même flippant. Mais jamais je n'avais douter de ce que je ressentais pour elle, Camille si. Et je ne pouvais pas lui en vouloir. Tu n'as pas à te justifier, tu as fait ce qui était le mieux pour toi. dis-je en sirotant ma bière et en écoutant la suite. « Mais, je tenais énormément à toi, voire même un peu trop. Alors... je devais partir » Un peu trop ? Qu'est-ce que ça voulait dire? Je n'ai pas pensé une seconde que ça soit à cause de ça qu'elle soit partie. Loin de là. Je pensais simplement qu'elle devait faire sa vie ailleurs, pas qu'elle tenait à moi. Je relève la tête, intrigué. Je ne comprends pas bien. J'étais amoureux de toi.. je laisse Camille continuer, ne lâchant pas une lettre de ce qu'elle disait. « J'ai eu peur, Will.. C'est stupide, je le sais, mais j'ai pas su gérer. ». Peur de quoi? Je baisse la tête, je suis encore sous le choque suite à ce que la jeune brune vient de me dire, je dois mal comprendre. Peur de quoi? Jamais je ne t'aurais fait souffrir. Je me serais détesté si je l'avais fait.

Spoiler:

Mon coeur s'était mit à battre un peu plus rapidement lorsque Will me dit ceci. Comment voulez-vous ne pas réagir ainsi, même après tout ce temps, ce n'était pas rien. Notre relation avait été tellement forte, spéciale... Elle ne ressemblait à aucune autre amitié. Le genre de complicité, de perfection qu'on ne connait qu'une seule et unique fois dans sa vie. Et j'avais tout foutu en l'air... Peut-être aurions nous vécu quelque chose ensemble, et construit une relation durable. On ne peut pas savoir, et on ne le saura jamais, mais remuer le passé est quelque chose que je ne peux m'empêcher de faire, surtout quand la personne en face de moi a autant compté pour moi. Ce n'est jamais bon et sain de faire ça, mais rien de ce que je fais n'est bon ou sain. Je lâchais dans un souffle « C'était ça, le problème... ». Je frissonnais à ses caresses sur mon bras, avalant difficilement ma salive en voyant cet air confus sur son visage. Je saisis délicatement son menton, pour lui relever doucement la tête « Moi aussi j'étais amoureuse de toi, Will... Et... Oui peut-être que tu ne m'aurais jamais fait souffrir... », je fis une courte pause avant de reprendre, pour le lâcher et baisser les yeux « Mais en attendant, mon ex m'avait dit la même chose, et au final, regardes dans quel état je me suis retrouvée. ». Non, Will n'avait rien à voir avec le genre de type qu'était Wade, mais à l'époque, je pensais différemment.. « Le fait que tu sois aussi... parfait, parce que c'est le mot, ça m'a justement fait peur. Je trouvais ça trop beau pour être vrai... J'ai pas su saisir ma chance, j'ai tout foutu en l'air... Je regrette, j'ai perdu mon plus grand allié... ». Une larme perla ma joue sans que je ne vois ceci venir. Je n'avais qu'une envie, me jeter dans ses bras et m'y blottir, comme avant, mais je me retenais. Je me contentais de boire une longue gorgée de ma boisson en le fixant.

Spoiler:

« C'était ça, le problème... » Je ne comprenais pas bien. Non, pour moi, l'amour a toujours été le meilleur des remèdes, le remède à tout et surtout mon remède secret. C'est sans doute pour cette raison que je me suis si souvent fait avoir. Pour ma naïveté face à l'amour. Il n'y a pas de doute, sur ce point là, je suis bien trop naïf. Mais peu importe, même après tout ce qu'il m'est arrivé, j'y crois encore. Oui, même après Camille, Madison et Lily, j'y crois dur comme ferme. Je n'ai pas peur de tomber amoureux, même si tout est plus compliqué quand on l'est, tout est bien plus beau également. Je lui souris, un peu ironiquement comme si je m'attendais à sa réponse. Même si je dois avouer que quand Camille est partie, j'ai tout de suite rejeté la faute sur moi. Je ne réponds pas, attendant la suite. « Moi aussi j'étais amoureuse de toi, Will... Et... Oui peut-être que tu ne m'aurais jamais fait souffrir... Mais en attendant, mon ex m'avait dit la même chose, et au final, regardes dans quel état je me suis retrouvée. » Là, mes yeux s'ouvrent un peu plus. Totalement dépourvu de toutes émotions. Comment la jeune femme pouvait-elle penser une chose pareil ? Oui, je connais bien son histoire, son passé, elle m'en a parlé et je suis assez bien placé pour savoir que je ne suis pas comme ça. Comment peux-tu me comparer à lui... répondis-je un peu las, un peu dévasté. Je ne suis pas comme ça, je le sais. Et puis, Camille reprend la parole, un peu plus sincèrement. « Le fait que tu sois aussi... parfait, parce que c'est le mot, ça m'a justement fait peur. Je trouvais ça trop beau pour être vrai... J'ai pas su saisir ma chance, j'ai tout foutu en l'air... Je regrette, j'ai perdu mon plus grand allié... » Je ne peux pas m'empêcher d'avoir de la peine et de prendre son autre main dans la mienne. Je lui caresse les deux mains de mes pousses et cherche son regard. D'un coup de baguette magique, j'efface la larme qui roulait sur sa joue et prend son visage entre mes mains. Tu ne m'as pas perdu... Je suis toujours là, j'ai toujours été là. dis-je sincèrement. Car même après tout ce qu'il s'est passé, notre relation était si fusionnelle, si complice que je ne peux pas oublier tout ça, pas comme ça.

Spoiler:

J'entre-ouvrais légèrement la bouche, secouant rapidement la tête en entendant sa réponse. Je venais de dire une bêtise, et le fait de le retrouver m'avait tellement retournée que j'en devenais maladroite... Plus que d'habitude. Je me précipitais, répondant, bafouillant presque tellement je souhaitais me rattraper rapidement en espérant ne pas l'avoir froissé « Non non Will c'est pas ce que je voulais dire ! ». Je posais ma main sur mon front, soufflant un peu avant de reprendre un peu plus calmement « Je te l'ai déjà dit, que tu étais parfait, alors en aucun cas j'aurais pu te comparer avec Wade. Vous n'avez absolument rien en commun mais... Tu sais... J'étais un peu parano, perdue... C'est tout. ». Je grimaçais un peu avant de conclure « Je veux pas que tu penses que je t'ai associé une seule seconde à ce genre d'imbécile. ». Je serrais un peu sa main, le regard presque suppliant, ayant réellement peur de l'avoir blessé, car le comparer avec mon ex serait quelque chose de vraiment grossier, dégradant et personnellement, je l'aurais mal prit. Je ne voulais pas qu'il m'en veuille, je ne voulais pas le perdre après l'avoir tout juste retrouvé. Je m'emballais, je le sentais... Il fallait que je me calme. Je me trouvais avec Will... Mon Will... Celui qui m'avait sortit la tête de l'eau alors que je sombrais... Celui en qui j'avais, et en qui j'aurais toujours une confiance aveugle. C'était Will, et il ne fallait pas que je me sente aussi mal en face de lui. Je fronçais un peu les sourcils, le regard embué perdu dans le sien après avoir jeté un coup d'oeil à ses mains qu'il vint poser sur mes joues, pour l'écouter attentivement ensuite. J'étais touchée, et c'était visible. J'affichais un petit sourire tendre malgré la tristesse de mon regard. Puis dans un sanglot, je lâchais « Tu m'as tellement manqué... », pour ensuite déplacer ma chaise à côté de lui rapidement pour le prendre dans mes bras tout aussi rapidement, le serrant comme j'adorais le faire, comme lorsqu'il me rassurait autrefois... Son parfum n'avait pas changé, et il vint chatouiller mes narines, me rappelant les bons moments que nous avions passé, et notre complicité fusionnelle d'antan, que je comptais bien retrouver, ou plutôt: reprendre. Car jamais je n'ai cessé de penser à lui, et d'après ses dires, lui non plus. Je chuchotais en tentant de ne pas pleurer « C'est fou qu'on se retrouve ici, comme ça... Je ne te lâcherais plus maintenant... »