Tamara était censé avoir cours mais ayant loupé l’heure, elle avait décidé de ne pas y aller du tout et de profiter de cette après-midi pour allait faire des emplettes. La dernière fois qu’elle était y allait remontaient à seulement deux jours mais bon, elle n’avait rien à faire et avaient envie de s’acheter notamment des nouveaux sous-vêtements et pourquoi pas une aire de chaussures à talons aiguilles aussi. Enfin, elle verra bien une fois sur place, elle se connaissait bien et savait qu’elle allait craquer sur un ou deux trucs, comme d’habitude. Alors qu’elle avait fait deux-trois boutiques et n’avait encore rien acheté mais bon, elle n’avait eu qu’un coup de cœur et elle préférait nettement mieux attendre. Alors qu’elle allait entrer dans une, elle entendit son nom et en se retrouvant fut comme figé en voyant Nikita près d’elle. « Nini ? Oh mon dieu ! » Elle était vraiment sous le choc de la voir là après tout ce temps sans la moindre nouvelle alors qu’elles avaient été si proche en Russie à tel point que Nikita avait été la seule à savoir où elle était partit pour sa fugue et elles avaient même gardé contact jusqu’à ce qu’elle arrête de lui envoyer qui que ce soit. Si au début, Tam’ s’était faite du souci, après, elle lui en voulait tout simplement. Et même si elle lui en avait tellement voulu, elle était trop surprise pour l’instant pour dire quoi que ce soit. « Mais… Mais qu’est-ce que tu fais là ? Et puis t’es là depuis combien de temps ? » Elle était encore sous le choc de la voir là. En tout cas, elle n’avait pas changé.

Ici, personne ne connaissait réellement Tamara. Ils pensaient tous la connaitre, pensaient qu’elle était juste la garce manipulatrice qu’elle montrait à tout le monde. Personne ne savait tout ce qu’elle avait vécu, que ce soit à Londres lorsqu’elle avait vécu quelques temps dans la rue avant de s’en sortir en faisant les trottoirs. Mais surtout, ce qu’elle avait vécu en Russie avec ses parents, qui l’avait amené à fuguer avec son stupide petit ami de l’époque. Tout le monde connaissait la Tamara de maintenant, celle à qui la vie n’a jamais fait de cadeau et que ne fait confiance en personne mais personne connaissait celle d’avant, celle au grand cœur, qu’elle était dans le fond, enfin tout au fond. « Toi aussi tu m’as manqué ma chérie mais… » La jeune femme fronça les sourcils. Elle avait beau être folle de joie à l’idée de voir sa meilleure amie d’enfance ici, elle lui en voulait tout de même de ne pas avoir gardé contact et d’avoir totalement arrêté de lui dire quoi que ce soit alors qu’elles avaient même prévu de se voir. « T’as plus de téléphone ou quoi ? Tu sais je n’ai pas changé de numéro, t’aurais au moins pu me dire que t’allais bien Nik’. » Elle s’était inquiétée au départ, car elle avait trouvé ça bizarre la connaissant, mais après, elle avait eu ses problèmes avec son ex et donc n’avait même plus le temps de s’inquiétait et c’était dit qu’elle avait du arrêter de lui envoyer des messages tout simplement comme ça, sans aucune raison. « Moi je suis là depuis quelques semaines maintenant pour reprendre les cours… » Dit-elle, mais bon, elle attendait juste des explications de la part de Nikita.

Tamara était vraiment contente de la revoir même si elle se posait pas mal de questions à son égard. Elle venait enfin de retrouver une amie, une amie qu’elle pouvait même qualifier de véritable amis et non deux personnes qui passent du temps et parlent, non la jeune femme avait été bien plus, c’est une amie, une meilleure amie, comme une sœur. En tout cas, cela lui faisait bizarre de la voir ici alors imaginez son étonnement en apprenant qu’elle avait changé de prénoms et même de nom de famille. « T’as changé de prénom ? J’y comprends plus rien là Ni… Kôl ! » La jeune femme était dans le flou le plus total. Pourquoi avait-elle décidé de changer de nom ? Pourquoi elle avait arrêté de prendre de ses nouvelles alors qu’elles étaient très proches malgré les décalages horaires et le fait qu’elles vivaient toutes les deux dans deux continents différents ? Et surtout, pourquoi changeait-elle de sujet à cet instant précis ? Bah oui, Tamara étaient loin d’être bête et il fut un temps où les deux russes se connaissaient parfaitement alors il lui en fallait plus pour lui dissimuler le fait qu’elle voulait orienter leur conversation ailleurs. « J’ai repris mes études d’histoire de l’art et fais des études de photographies en plus mais… Et toi, qu’est-ce que tu fais à Jersey ? » Elle avait failli lui demander le fait qu’elle évitait sa question de pourquoi elle avait arrêté de l’appeler etc. car elle savait qu’elles allaient peut-être se prendre la tête et Tamara ne voulait pas du tout ça. Pas maintenant alors qu’elles venaient tout juste de se retrouver après tant d’années de silence.

A Jersey, peu de monde connaissait son histoire, d’ailleurs c’était même personne. Si son frère connaissait son passé en Russie, que quelques personnes savaient ce qu’elle avait vécu à Londres, véritablement, personne ne la connaissait par cœur et savait tout. De toute façon, que ce soit en Russie ou à Londres, elle ne compte pas le divulguer, pas du tout même. Mais là, voir sa meilleure amie, même si cela faisait près de quatre ans qu’elles ne s’étaient pas vu, elle se dit que finalement, elle pourrait retrouver ce genre d’amitié où l’on peut tout dire sans recevoir le moindre jugement. C’était sa nik… Kol, cela voulait tout dire. Mais au fond, elle lui en voulait également, d’avoir coupé les ponts, de ne pas avoir donné de nouvelle ni en avoir demandé alors que la jolie brune se retrouvait complétement à la rue, déboussolé et seule, personne à qui en parler qui ne la jugerait pas comme la jeune femme qu’elle était actuellement. « Ah d’accord, je comprends. Ça va être dur de m’y habituer ! » Dit-elle avec un petit sourire bien qu’elle allait faire des efforts, elle le devait. En l’entendant dire qu’elle se sentait seule lorsqu’elle était partit, elle leva les yeux au ciel. Qu’est-ce qui ne fallait pas entendre… Si elle se sentait si seule sans sa meilleure amie, il lui suffisait de l’appeler, ce qu’elle ne l‘avait pas fait. « Ok ! Très bien ! » Dit-elle sèchement. Décidément, elle n’arrivait pas à penser à autre chose que ça. Elle ne lui parlait jamais comme ça, mais elle le prenait vraiment très mal. Oui, même Tamara Kniazev, celle qui ne fait confiance en personne, pouvait prendre mal ce genre de chose, tout arrive.

Bien qu’elle fût contente de la voir, elle lui en voulait terriblement aussi, bien qu’elle n’arrivait pas à le cacher. D’ailleurs, elle s’était montré froide, mais bon, elle n’allait as non plus sourire et dire qu’elle ne lui en voulait pas alors que c’était le contraire. Tamara était tout de même connu pour son franc parlé et par le fait qu’elle disait tout ce qu’elle pensait alors même si cela allait peut-être être dur à entendre pour Kôl, il fallait tout de même que ça sorte alors suite au fait qu’elle lui demandait de ne pas le prendre comme ça, ce qui fait qu’elle leva les yeux au ciel, elle lui dit, la regardant droit dans les yeux : « Ah, tu veux que je le prenne comment ? Que je saute de joie à l’idée de savoir que ma meilleure amie, la seule en qui j’avais confiance pour lui avouer où est-ce que je partais alors que j’allais être recherché pour fugue n’a même pas prit la peine de rester en contact alors qu’elle n’était pas loin ? C’est sûr, je suis ravi de le savoir et de savoir que durant des années je n’ai pas pu me confier à qui que ce soit alors que je vivais ma petite vie de merde. Et dire que malgré tous mes problèmes, je me suis inquiétée pour toi » C’était sans doute la première fois qu’elle avouait qu’elle avait eu des problèmes à Londres, en même temps elle n’était pas vraiment du genre à parler de son passé et bien que Kôl était sans doute celle qui en connaissait le plus d’elle de tout Jersey, elle n’avait pas voulu lui dire pour sa vie à Londres, mais le sujet était lancé. Tamara était égoïste sur ce coup, elle pensait seulement à elle et non à Kôl et à ce qu’elle avait peut-être vécut qui l’avait poussé à faire ça.

Tamara était loin d’imaginer ce que la belle avait vécu depuis la dernière fois qu’elles s’étaient vu en Russie, avant son départ, la veille même lorsque Tamara lui avait annoncé son départ et aussi là où elle irait avec son petit ami de cette époque, avec qui elle vivait le parfait amour, enfin c’est que la brune croyait. Cela remontait maintenant, mais Tamara s’en souvenait assez. Alors, elle était vraiment sur les fesses et inquiètes d’apprendre que sa meilleures amies avaient vécu ça… « Bien sûr que je me rappelle qu’on devait se voir, je me suis inquiété en ne te voyant pas arriver… j’étais loin d’imaginer que tu avais vécu… ça… Je suis désolé Kol, vraiment, j’suis désolé d’avoir réagi comme ça ! » Bien sûr, elle était aussi désolé pour elle, pour ce qu’elle avait vécu avec les personnes qui l’avaient kidnappé puis forçaient à faire le trottoir. « J’espère que ça va… maintenant ! » Elle ne pouvait pas s’empêcher de s’en faire pour son amie, ce qui n’était pas souvent le cas venant d’elle, enfin la Tamara qu’elle était aujourd’hui en tout cas. Mais, elle-même n’aime pas qu’on ait de la pitié pour elle et même si cela n’en était pas, elle ne voulait pas que sa meilleure amie puisse penser le contraire. Puisque Kol venait de lui avouer quelque chose de son passé dont elle ne devait le divulguer à pratiquement personne, Tamara se sentait comme obligé d’en faire autant, et puis Kol n’est pas n’importe qui pour elle, alors elle pouvait très bien lui avouer ce genre de chose… « J’ai aussi dû me prostituer… Aleksei m’a quitté et m’a foutu à la porte après s’être trouvé une pétasse et, à la rue, j’ai trouvé que cette solution… » Elle n’en parlait à personne, mais Kol avait le droit de savoir, qu’elle ne soit pas la seule à dévoiler certains éléments de son passé dont elles n’étaient pas fières.

Soudain, quand Kôl voit à quel point Tamara se montre si compréhensive, elle regrette de ne pas lui avoir dit avant et d'avoir pu lui lancer une réflexion blessante. Ce n'était pas par manque de confiance, non loin de là. À part si Tamara avait changé complètement de comportement envers sa meilleure amie et qu'elle lui voulait maintenant du mal. Kôl avait surtout peur qu'elle ait une mauvaise image d'elle. Kôl a en tête qu'elle est salie, souillée, impure. Pourtant elle n'a pas beaucoup de souvenirs de ses clients, tant elle était droguée mais pendant longtemps, elle n'arrivait plus à se sentir bien dans sa peau, elle se dégoûtait. Maintenant, elle a changé, elle se sent mieux même si parfois elle rechute. Elle se met à pleurer, sans même pouvoir s'arrêter. Elle s'en veut, comment a-t-elle pu se montrer aussi imprudente ? Kôl sourit à Tamara, elle ne lui en veut plus du tout et elle a l'impression, vraiment , de retrouver son amie d'enfance avec qui elle a passé de si bons moments. « Tamara, t'as pas à t'excuser, tu pouvais pas savoir ni même soupçonner qu'il m'était arrivée une chose comme ça. » Dit-elle d'un ton neutre en prenant la main de la jeune femme. Elle soupire, non pas par ennui mais par soulagement. Elle se sent plus sereine et cela peut se lire sur son visage. Maintenant que Tamara est au courant, elle peut retrouver son amie, recommencer à s'éclater avec elle, comme au bon vieux temps. Mais son visage serein tourne vite à une expression beaucoup plus grave. Elle aussi a dû se prostituer ? C'est tout simplement incroyable. Au fur et à mesure, elle serre un peu plus la main de Tam. Elle se sent moins seule tout d'un coup, mais elle est très peinée d'imaginer son amie vivre la même situation qu'elle. Kôl est d'ailleurs la meilleure personne à qui on peut confier ce genre de secret car elle sait exactement ce que cela peut faire. Elle mord sa lèvre et ne peut s'empêcher de prendre son amie dans ses bras. « C'est horrible, je pensais pas qu'il aurait pu te laisser comme ça, vous aviez l'air pourtant heureux tous les deux... Et comment as-tu réussis à t'en sortir toi ? » Demande-t-elle en se reculant à nouveau de quelques pas pour lui faire face, arborant une mine bouleversée.

Tamara était vraiment bouleversée par tout ce qu’elle venait d’apprendre et elle s’en voulait énormément, de lui en avoir voulu dans le passé, d’avoir eu certaines pensées qu’elle n’aurait pas dû alors qu’elle vivait des choses affreuses. C’était vraiment horrible et elle s’en voulait, point ! « Oui mais je m’en veux de t’en avoir voulu, j’aurais dû deviner ! » Tamara aurait dû savoir que son manque de contact avait été causé par quelque chose de grave, elle aurait dû le faire. Alors elle s’en voulait et ne pouvait y faire attention. Alors, elle lui avait raconté aussi ce qu’elle avait vécu, ce qu’elle n’avait parlé à personne, mis à part des personnes qui la connaissait de l’époque où elle vivait à Londres. Kol était la seule à pouvoir l’écouter et dont elle voulait vraiment en parler. C’était sa meilleure amie après tout. Elle lui parlait donc de son ex et du fait qu’elle avait fait le trottoir par la suite, sa meilleure amie devait sans doute être la seule à ne pas la juger pour ce point. Elle pensait qu’ils étaient heureux, elle pensait qu’ils n’auraient pas ce genre de problème. Qu’il la trompe, cela avait été déjà impardonnable mais en prime, il l’avait foutu à la porte, comme si elle n’avait jamais compté pour lui, comme si elle n’était pas importante. « Je le pensais aussi, mais bref, je veux pas parler de ce connard… J’ai arrêté en venant ici, j’ai réussi à économiser en venant ici… » Elle avait tout arrêté et était venu reprendre ses études d’histoire de l’art à Jersey après que sa mère ait reprit contact avec elle, heureusement elle n’avait pas eu à demander à ses parents d’argent pour venir et elle avait pu prendre un billet d’avion librement. Il faut dire que ses clients n’étaient pas les alcooliques du coin de la rue, elle avait réussi à se faire un nom, bien que c’était un pseudo, et elle avait des clients assez fortunés alors elle n’avait pas non plus était à plaindre tout comme Kôl, qui avait été obligé. C’est sans doute pour cela qu’elle s’en voulait un minimum, bien qu’elle s’était retrouvé à la rue, elle avait choisi elle-même de se prostituer, contrairement à Kol qui s’était fait enlever puis elle avait été dans l’obligation de le faire. Alors, leur histoire était complètement différente tout de même. « Tu ne veux pas qu’on aille se boire un truc dans le café du coin ? » Demanda-t-elle, avec un petit sourire, elle était contente de retrouver sa meilleure amie et si elles voulaient discuter, elle ne voulait pas que ce soit au milieu du chemin, devant tout le monde.

Elle lui en avait voulu et maintenant elle s’en voulait elle-même de lui en avoir voulu, oui c’est compliqué tout ça mais vous arrivez à suivre ? Le simple fait d’avoir eu des pensées négatif avait pour effet de se dégouter. Alors que sa meilleure amie vivait un enfer, elle était occupée à lui en vouloir de ne pas avoir gardé contact. « Oui, c’est sûr que je n’aurais pas pu imaginer ce que tu as vécut, mais j’aurais dû me douter que si tu n’étais pas venu me voir comme prévu, c’était pour quelque chose d’anormal ! » Après tout, avant qu’elles n’arrêtent de se parler, elles étaient si proche et avaient tellement hâte de se revoir loin, très loin même de la Russie que Tamara avait fui pour ne plus voir ses parents dont elle n’avait jamais été proche et par conséquent ces deux frères dont elle était pourtant proche. Alors, avec du recul, Tam’ se disait qu’elle aurait dû se douter que ce n’était pas normal. Mais bon, de toute façon il fallait arrêter d’y penser, elles se faisaient plus de mal qu’autre chose. Lorsque Kol lui proposa de l’aider financièrement si elle avait des problèmes, elle lui regarda genre ‘C’est ça oui !’ dans le sens où n’avait pas besoin d’aide et surtout, elle ne voulait pas qu’on l’aide, elle voulait se débrouiller toute seule, point ! Mais bon, elle était quand même adorable de demander. « Il faut croire qu’on a plus de point commun qu’on ne le pensait, le simple fait d’être ultra sexy ne nous suffisait pas ! » Dit-elle en rigolant, elle aussi voulait rire et penser à rien d’autre que ses retrouvailles avec sa Kol, sa meilleure amie qu’elle était contente de retrouver. Elles avaient surement des tas de truc à se raconter nettement plus intéressant que leur enfer passé.