la pièce se divise promptement en trois actes. trois actes tout aussi sombres que dépourvu d'humanité et de bonté. il est inutile de vous avertir que les lignes qui vont suivre seront d'une atrocité longue et palpable. oubliez toute votre logique, effacez tous vos sentiments, videz vous et savourez le malheureux destin de notre protagoniste. vivez sa misère, ressentez sa souffrance, méfiez vous de ses ennemis. vous ne dormirez plus jamais sur vos deux oreilles après avoir lu, ou même parcouru ce texte.

le premier acte se situe dans un logement lugubre, étouffant et dure plusieurs années. en scène ? un homme de quarante, ou peut-être cinquante ans. grisonnant, et empestant l'alcool à des kilomètres à la ronde. il fume un long joint et étouffe tout soupçon de vie qui l'entoure avec la fumée dense et âpre qu'il s'amuse à recracher après ses sinistres taffes. face à lui, un garçon. une dizaine d'année. son teint blanc le rend si pur et innocent qu'il faudrait perdre la raison pour oser reprocher quelque chose à ce gosse. à son plus grand regret, l'homme qui se trouve dans la même pièce que lui, a perdu la raison depuis des années, de très longues années d'ivresses, d'aventures nocturnes. ils sont père et fils, et ils sont unis à jamais par les liens du sang. oui, leur sang : parlons-en.. leur sang est aussi impur qu'un pot d'échappement. n'oubliez pas de vous laver les mains à chaque fois que vous les effleurez, ils portent la poisse et le vice à la fois. qui sait, c'est peut-être contagieux. les deux hommes portent le même nom, fitzgerald. papa vient de sortir de taule pour la sixième fois. maman est partie en enfer rejoindre les autres membres de la famille fitzgerald. fitzgerald, ce nom écorchant, ce nom qui sonne si faux. fitzgerald. fitzgerald. les fameux fitzgerald. ils sont l'allégorie même du pêché. oh mes amis, en vous croyiez plus vilain, vous ne l'êtes pas si vous avez la certitude que leur sang ne circule pas dans vos veines. n'ayez crainte, il paraît qu'ils s'accouplent entre eux. de vrais porcs.

le petit gamin s'appelle priam. il est allongé sur le parquet poussiéreux, grinçant et froid et joue avec ses simples doigts pendant que papa est confortablement installé sur son canapé en cuir rouge devant les chaînes pornographiques qu'il a réussi à décoder grâce à son pote mackenzy. tout le monde l'appelle bush. ça se prononce " beu - che ". bush vend de la cam, bush baise des bonnes chiennes, bush peut te fournir en armes, en mattos. bush, c'est le roi de jersey. c'est le roi du vice. le regardez pas dans les yeux, vous risquez de perdre votre foi. c'est peut-être incroyable à dire, mais bush aime sincèrement son fils. il s'en occupe pas, il ne lui a jamais considéré un seul instant de sa vie et il l'appelle souvent liam au lieu de priam, mais il tient énormément à ce môme. après tout, qui prendra la relève de ses trafics ? car oui, bush n'est pas invincible. c'est un putain de caïd, mais il reste humain. qui ne succomberait pas à un coup de couteau de la gorge ou une balle dans le crâne ? le milieu est malsain. le milieu est dangereux. ne faites pas les surpris, ce n'est pas un secret, tout le monde sait ça. bush regarde son fils. longtemps. longuement. priam ne fait guère attention aux regards persistants de son papa. il rote quelques mots pour bafouiller finalement le prénom exact de son fils. priam ? ce dernier est surpris. agréablement surpris. il sourit doucement à son père en lui portant son intention. t'as quel âge maintenant ? onze ans. glisse-t-il. il est temps que tu deviennes un homme. oh nan les amis, ne rêvez pas, papa ne va pas apprendre à son fiston comment faire l'amour. ce qu'il va lui apprendre, lui servira tout autrement. bush se lève difficilement et c'est après quelques secondes de disparition dans sa chambre, qu'il y ressort, une valise à la main. priam est intrigué. il arque un sourcil et accourt vers son papa pour l'aider à porter cette valise qui semble très lourde. si c'est pas mignon. hop, posée sur la table basse, les deux hommes prennent place sur la banquette matelassée. pas sur le divan en cuir rouge, celui-ci est réservé à bush et personne n'a le droit de s'y asseoir, personne. il a déjà arraché un doigt à son meilleur ami qui feintait une envie de s'asseoir dessus. autant dire qu'il ne faut pas contrarier un fitzgerald. bush ouvre tardivement la valise en métal et c'est un priam tout effaré qu'il retrouve à la vue de ce que la malle contient. des armes en folies. des fusils en tout genre. des balles, et même des billets. comme dans les films, comme dans les jeux vidéos. bush coupe la télé, la chiennasse qui se fait prendre hurle trop fort. priam ne comprend pas pourquoi son papa a toutes ses armes. il ne se doute naturellement pas que cette valise n'est qu'un échantillon de son stock personnel. il est si naïf ce priam. c'est qu'un môme quoi. vas-y, prends en un ! sers toi ! priam tend rapidement sa main et pioche l'un des premiers flingues. oh très bon choix. colt 1911. un vieux flingue qui a permis à son père de tuer plus d'un type. c'est définitivement dans le sang. bush n'est pas conscient qu'il est en train de mettre en place sa futur fin. bush le charge. bush tire un coup dans une cannette de bière. même bourré, même défoncé, même excité comme le sale chien en rut qu'il est, sa précision reste fine et intacte. priam est tout excité et c'est pendant des heures et des heures, des journées, des mois et mêmes des années qu'il s'adonnera à tous ses sombres et cruels enseignements qui l'enjouent tellement. pauvre priam. le voilà perdu. rouler des oinch. vendre. tirer. ça s'apprend et le petit apprend très vite, peut-être même trop vite..

l'acte deux est le plus court. mais comme on le dit si souvent, les plaisanteries les plus courtes, sont souvent les meilleures. supposons que la vie de priam est comparable à une plaisanterie. une blague salace, tirée d'un humour profondément et irrévocablement noir. vous l'avez compris, priam apprend à devenir bush bis. et autant dire qu'il se fait de plus en plus à l'idée de diriger un jour le cercle mafieux de son papounet chéri. il n'a pas peur du sang, il se forge à la souffrance. bush est un parfait professeur. il lui apprend tout, absolument tout. le métier n'a plus aucun secret pour son fils. il semblerait que le vieux fitzgerald ne connaisse pas l'expression " un jour, l'élève dépassera le maître ", mais peu importe. il en est ainsi. priam grandit, comme tous les garçons de son âge. il étudie à l'école et il s'en sort plutôt bien pour dire qu'il ne passe pas énormément de temps à faire des ses devoirs ! priam est une tombe. muet, silencieux. il ne dit rien, et ne dévoile absolument rien sur ses activités extrascolaires. il garde ce secret pour lui-même, et c'est bien plus excitant ainsi. le beau priam braque des épiceries, vole de l'essence, cambriole ses meilleurs amis, et il en tire un max de blé. oh, si seulement vous pouviez le voir.. il est toujours fringué au top.. sa chevelure noire trône parfaitement sur son visage blanchit d'innocence. ses deux yeux bleus.. c'est un délice de s'y perdre. il est sublime.. il tient son gun, tire dans le vide à la recherche d'adrénaline. il veut s'amuser, c'est un joueur. le danger ? il n'en a plus peur ; il est le danger.

ce gamin est épanoui. qui pourrait se douter une seule seconde qu'il a déjà tenu une arme ? qu'il a déjà fumé des centaines de oinch ? personne, personne ne peut imaginer ne serait-ce qu'une parcelle de sa double vie. il manipule tout le monde, et il adore ça. ça l'excite tellement..

priam est libre. libre d'agir. libre de penser. il ne recule devant rien. il ne se refuse rien. il se croît invincible, - un brin d'arrogance peut-être. il n'a jamais réellement affronter la mort. papa lui raconte souvent des histoire de représailles, de tueries, de boucheries mais rien n'effraie le petit gars, rien. il n'est pas conscient de la violence qui rôde dans ce milieu. il reste bien naïf mais peu importe, il ne se pose pas plus de questions. ho les mains, peaux de lapins, la maîtresse est en maillot de bain clame-t-il en braquant son gun sur le crâne d'un épicier. une cagoule sur la tête, il est méconnaissable. il lui suffit de quelques minutes pour remplir son sac à dos de biffton. c'est vraiment ça la vie ? il n'en sait même rien. il se pose plus de question. il est jeune, et terriblement con.

les amis, nous voilà, au dernier acte de la pièce. il est de loin le plus incroyable. méfiez-vous, ne le lisez pas si vous êtes mineurs ou sensibles, ce n'est qu'un conseil. priam est bien trop heureux. il doit payer. la roue tourne, nan ? il ne pouvait pas se la jouer gangster tout sa vie sans avoir à régler de véritables affaires de gangster. fermez les yeux, bouchez vous les oreilles..