Aux encres de amours les navires se déchirent
Tu ne sais pas bien où tu vas, tu divague, tu marche parce que tu en as besoin. Ton cerveau ne répond plus, tu as sans cesse l'impression qu'il va exploser. Tu adorerais le mettre sur pause pendant quelques heures ; juste comme ça, pour tout oublier. Ces derniers temps, tu n'as plus le goût à la musique. Ta musique, ta vie, ta moitié, ton tout, ce que tu aimes bien plus que ta propre vie, est pourtant devenue une corvée. Tu n'as pas la tête à ça et pourtant, c'est ton échappatoire. Alors tu es partie marcher pour t'échapper de ton quotidien, pour t'échapper de ton dortoir, de tes amis, de tout en fin de compte. Tu as besoin de t'échapper. Tu as finalement décider de prendre ton bloc notes, ta guitare et de te poser quelque part. La musique a toujours été un échappatoire et tu ne veux pas que ça se perde ; tu veux que ta musique reste la chose la plus importante dans ta vie.

Tu marche jusqu'aux endroits de Jersey, ces endroits isolés, calmes et tellement paisibles que tu aimes. Ces endroits qu'aucun étudiant de Jersey ne côtoie. Du moins tu l'imagine... Tu n'en sais rien à vrai dire mais tu es persuadée que tu ne croiseras personne. Alors tu marche d'un pas ferme, rapide et arrive très vite à destination. Le phare. Un endroit non-loin de la mer, mer que tu aime tant, mer qui, selon toi, donne toute sa beauté à l'île. Tu entre malgré que l'accès soit interdit à la population et aux touristes. Tu t'en fiche. Ces derniers temps, plus énormément de choses n'a d'importance. A part Isaac. Isaac qui te redonne toujours le sourire quand ça ne va pas, Isaac qui n'hésite pas à te faire rire et à te donner toute la tendresse dont tu as besoin. Il est parfait avec toi alors tu t'en veux de ne pas être à cent pour cent avec lui. Tu t'en veux d'avoir la tête ailleurs. Alors que tu te glisse à l'intérieur du phare, tu aperçois une silhouette masculine. Toi qui rêvais de t'évader, on dirait bien que ton objectif tombe déjà à l'eau. Tu distingue enfin la silhouette. Un blond, une taille supérieure à la tienne, des yeux de braises, tu le reconnais instantanément. Tu ne peux que le reconnaître car tu connais ses traits par cœur. Charles... Il murmure ton prénom. Tu reste de marbre face à lui, tu ne sais plus comment te détacher de cette situation. Tu veux prendre tes jambes à ton cou et t'en aller mais tu ne peux pas, c'est comme si tes jambes étaient fixées au sol. Tu baisse la tête, puis passe une main dans tes cheveux. Tu te lance, un peu perdue parce que tu étais loin de t'imaginer le trouver là. Salut. Aucune lettre, aucun mot ne sort à part ça. Les banalités t'ont toujours sauvées, ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. Tu as envie de t'échapper mais tu ne peux pas, alors tu reste là, le regard fuyant, les mains moites et ta gorge nouée.

ma cellule est dans mon cerveau.
Contrairement à toi, Charles n'essaye pas de fuir, il n'essaye pas de détourner le regard. Toi, tu n'ose même pas le regarder alors que lui... lui te fixe fermement, et n'en démord pas. Tu ne sais pas pourquoi à vrai dire. Tu lui as bien fait comprendre qu'un avenir avec lui n'était pas possible. Ton mensonge avait semblé faire son effet la dernière fois. Et pourtant, à nouveau il te regarde avec ce regard remplis de souffrance, d'incompréhension et ça te fait souffrir. Tu déteste le voir comme ça, ça fait des jours que tu rêve de tout lui dire. N'est-ce pas le moment idéal ? Tu n'en sais rien. Au fond, c'est peut-être mieux qu'il ne sache pas. Et puis, dois-tu lui dire pour Isaac ? Cela n'aurait pas de sens, tu le sais... Mais encore une fois, tu as énormément de mal à lui mentir. Tu te déteste d'être comme ça, alors tu décide qu'aujourd'hui, il est temps de tout lui dire. Tu relève légèrement la tête, son regard toujours fixé sur tes yeux noisettes. Tu te mords la lèvre inférieure, un peu perdue. Tu t'avance, passe à coté de lui et l'invite à venir s'asseoir à tes cotés ; sur les marches du phare. Ta guitare en main, tu la pose sur le sol et cache ton bloc note juste en dessous. S'il y a bien une chose que personne n'a jamais pu lire c'est ça. C'est ton jardin secret, ta part de mystère, tout de toi. Et tu ne veux pas que quelqu'un tombe dessus, ça non. C'est bien trop personnel. Car toutes tes chansons sont le résumé de ta vie et si quelqu'un tombe dessus, c'est comme s'il pouvait lire en toi comme dans un livre ouvert. Et pour toi, il n'y a rien de pire. Les secrets enfuit dans ton cerveau doivent y rester, sinon, ta vie serait sans doute chamboulée. Tu perdrais Isaac, Teddy... même si c'est déjà le cas pour ce dernier. Tu ose enfin le regarder, ses yeux gris te font toujours autant d'effets mais cette fois, tu es certaine qu'il ne se passera rien ; parce que tu es avec Isaac et que tu tiens plus que tout à lui. Tes yeux en disent long sur ce que tu pense malgré que tu tente désespérément de cacher tes sentiments. Il n'y a bien que Teddy pour penser qu'il ne te fait aucun effet. C'est tellement fou, tellement improbable. Mais suite à ton mensonge, c'est la seule chose à laquelle il peut se raccrocher. Ton amnésie. Foutu mensonge. Teddy je... tu marque une pause, tu as perdu le fil de tes idées. Que voulais-tu dire déjà ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus. Face à lui, tu es continuellement perdue. Tu réessaye. Je suis désolée de ne pas t'avoir appelé mais j-j'avais peur. D'un coup d'un seul, tu tourne la tête, tu ne veux pas le voir, tu ne veux pas croiser son regard. Car lui dire que tu as peur, c'est presque comme lui avouer que tu as menti. Tu as peur de tout lui dire, peur de sa réaction, peur de le perdre. Mais c'est déjà le cas, alors qu'as-tu à perdre au final ? Pas grand chose...

i need your love, i need your time, when everything is wrong.

Tu ne réfléchis pas et inconsciemment tu l'invite à te rejoindre sur ces marches. Ces marches froides et durs qui traduisent bien ce qu'est votre relation à l'instant présent. Par ta faute seulement. Tu ne sais pas pourquoi tu as menti mais tu l'as fait. Et tu es prête à réparer tes erreurs. Peu importe si tu souffre. Tu le dois bien à Teddy, après tout. Tu es prête à raconter au jeune Callaghan pourquoi tu as menti mais il rétorque et te coupe presque la parole. Tu as peur. Réellement peur alors la moindre petite chose peut te faire rebrousser chemin. Tu écoute ce qu'il a à dire même si son ton paraît dur et presque malsain. Il n'est pas ce Teddy que tu as vu l'autre soir à la plage. Tu le remarque de suite, dans son expression, dans ses paroles, tout de lui est différent. Et malheureusement, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même ; en vouloir à Charles serait stupide. « Mais non, ne t'en fais pas, Sahara, j'imagine bien qu'une fille comme toi ne s'occupe pas d'un type comme moi. Et inversement. » Tu fronce directement les sourcils, comme si tu ne comprenais pas. En même temps, tu as l'impression qu'il te repousse, qu'il ne veut plus de toi. Alors tu hésite encore une fois. Longuement. Peut-être que ce n'est simplement pas le bon moment? Mais y-a-t-il réellement un bon moment? Tu ne penses pas. Écoute Teddy, j-je... ne suis pas celle que tu pense enfin si tu pense quelque chose de moi... dis-tu en posant ton regard sur le sien. Pour la première fois, tu fais durer ce moment. Te remémorant votre dernière soirée passée ensembles. Vos étreintes, vos ébats, ses yeux dans les tiens. Tout était parfait et tu as tout gâché. Maintenant tu as Isaac et tu es bien avec lui mais tu t'en voudras sans doute toute ta vie de ne pas avoir au moins essayé. Qui sait où ça vous aurait mené... « Et de quoi avais-tu peur, hein ? Tu m'as très bien fait comprendre que de toute manière, rien que je ne fasse ne pourrait t'attein... » Il ne termine pas sa phrase, tu ne le lâche pas du regard comme si tu essayais de lire en lui ce qu'il voulait dire. Comment peut-il penser une chose pareil? Tout ce qu'il dit, fait avec toi ou avec quelqu'un d'autre te touche. Tout t'atteint personnellement, en plein cœur quand il s'agit de lui. Ne dis pas ça... tu ne sais pas de quoi tu parles. Ok, il comprendra encore moins ce que tu viens de dire alors tu te lance et te dépêche de répondre avant qu'il ne prenne la parole. S'il prend encore une fois la parole, tu n'y arriveras pas. Écoute... J'ai menti, d'accord. Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait mais tout a été si vite, j'avais peur et j'ai inventé cette histoire d'amnésie... Tu vas sans doute me détester et je le comprendrais. Mais j'avais terriblement peur que tu me brise le cœur. Alors j'ai dit ça pour me protéger. C'est pas une excuse, je sais. Mais saches que ça me bouffe de l'intérieur depuis l'accident... Je devais te le dire. Tu baisse la tête, honteuse. Les larmes roulent sur tes joues comme s'il en pleuvait. Tu ne peux pas t'empêcher de pleurer, c'est plus fort que toi. Tu n'ose même plus le regarder, tu as envie de partir, courir mais ton corps t'en empêche. Tu es paralysée.

Il va bien falloir qu'un jour je m'évade.
Tu es désespérément froid et injuste, tu le sais, mais c'est pour te protéger. Tu veux pas chuter une nouvelle fois. Comme si c'était une drogue – elle est ta drogue – et qu'en bon toxico tu te refuses d'y toucher de nouveau. Une seule fois aura suffit. Il faut que tu sois fort maintenant. Aussi fort que les autres le croient. Aussi fort que t'es loin de l'être en réalité. Bien sûr que tu la repousses. T'essaies tant bien que mal depuis des jours et des jours de l'oublier, de rayer son nom de ta putain de mémoire traître, mais tu as son nom sur les lèvres dans tes rêves et ton coeur qui saigne sous son poignard. T'arrives pourtant pas à lui en vouloir. C'pas sa faute, cette histoire de mémoire. L'accident oui. De ta faute à toi. Aucun mea culpa. « Écoute Teddy, j-je... ne suis pas celle que tu pense enfin si tu pense quelque chose de moi... » Tu ne tournes même pas la tête vers elle. Tu ne comprends pas et ne cherches pas à comprendre, dans un effort lassé ou paresseux peut-être. Mais tu sens son regard sur toi et tu vrilles alors tes prunelles aux siennes, comme par obligation, même si tu ne peux ensuite plus t'en détacher. T'as l'impression qu'elle te repasse le film de votre nuit. Qu'elle t'envoie l'odeur de ses cheveux dans le sable, qu'elle te remémore le goût de ses lèvres douces et charnues au contact des tiennes dans cette danse interminable. T'as l'impression qu'elle se souvient. Tu rêves mon gars... Soupirant, tu détournes de nouveau le regard, tirant sur ta clope. « Ne dis pas ça... tu ne sais pas de quoi tu parles. » Là c'est toi qui ne comprends plus rien. Alors comme ça, ça l'atteindrait ? Et pourquoi ça ? Dans sa tête, n'es-tu pas seulement le mec léger et simplet, le don juan de ces dames, celui dont la chambre est toujours occupée par une divine créature de dieu, celui que rien n'atteint et qui est là, presque à pleurer à ses genoux ? T'en sais rien. Tu veux pas savoir ce que t'es pour elle parce que c'est sûrement un truc négatif, du style le type lourd qui essaie de l'avoir dans son lit. « Écoute... J'ai menti, d'accord. Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait mais tout a été si vite, j'avais peur et j'ai inventé cette histoire d'amnésie... Tu vas sans doute me détester et je le comprendrais. Mais j'avais terriblement peur que tu me brise le cœur. Alors j'ai dit ça pour me protéger. C'est pas une excuse, je sais. Mais saches que ça me bouffe de l'intérieur depuis l'accident... Je devais te le dire. » D'abord il y a le silence. La surprise. L'incompréhension qui se peint sur ton visage comme sur une oeuvre de Picasso – avec donc aussi peu de correction. Tu la regardes, tu ne vois rien d'autre que son visage que tu contemples sans le voir vraiment pourtant. Les mots résonnent. Oui, d'abord le silence.

Puis il y a la colère. Elle t'a menti. Du début à la fin. Cette histoire de perte de mémoire est fausse, c'est bien ça ? Pourquoi a-t-elle fait ça ? Pourquoi a-t-elle inventé pareille chose ? Comment a-t-elle pu rester insensible face à ta détresse ? « Comment as-tu pu... » Tu ne termines même pas ta phrase et te lèves d'un seul bond sans lui jeter un seul regard. Comme un lion en cage, tu fais quelques pas de foulées énervées et nerveuses. Arrivé à l'autre bout de la "pièce" principale du phare, tu frappes dans le mur. Bon, dans ta chambre, ça fait moins mal que cette roche dure, froide, et ton poignet semble te brûler de l'intérieur mais ça ne détourne même pas ta douleur à toi. Mentale et physique à la fois, t'as l'impression qu'elle te paralyse. Tu fais volte face, à l'autre bout de la pièce, le dos contre ce mur inégal et frippé, comme si tu voulais être le plus loin possible d'elle. « Comment t'as pu faire ça ? Inventer un truc pareil ! Bordel Sahara, j'pensais vraiment que t'avais tout oublié moi ! Ça a été... horrible ! Vraiment horrible, de me dire que t'avais oublié ce moment, alors que je me souvenais de chaque détail avec une acuité surdéveloppée. Je me suis senti si seul pendant ces semaines où je devais me convaincre que tu gardais encore de moi cette image néfaste construite sur ma réputation ! Putain comment j'ai pu être si con.. » murmures-tu pour finir, le regard hargneux, les poings serrés. Tu souffles bruyamment, t'as envie de chialer comme un gosse mais tu ne veux pas perdre ta colère car elle cèdera la place à la faiblesse, et c'est mal. Tu ne dois pas être faible. Tu te l'aies interdit, tu te souviens ? J'avais terriblement peur que tu me brises le coeur a-t-elle dit. Mais comment aurais-tu pu faire une chose pareille ? N'imagine-t-elle donc pas ce qu'elle représente pour toi ? Vraisemblablement non. Puisqu'elle avait peur de n'être qu'un jouet dans ton enclos. Mais là, tu te sens trahi. Tout ça n'était que comédie. Une comédie dont elle était le réalisateur et toi le personnage secondaire, comédien à ton insu, sans avoir nulle conscience du scénario. Tu repenses encore à ses mots. En deux ans, t'es rarement sorti avec une fille. Alors briser un coeur..? « Bien sûr, je comprends, Isaac n'a pas un profil de briseur de coeur, lui. Il est tellement mieux, tellement plus gentil, plus calme, moins égoïste, moins imprévisible, bien mieux, quoi. » Et tournes la lame dans la plaie. Au moins, tu lui dis clairement que t'es au courant pour eux. Et tes mots sont vrais et tu les penses sincèrement. Isaac, un de tes meilleurs potes. Il est tellement mieux que toi. Regarde-toi, Callahan.. Le regard sombre et pluvieux, tu tires sur ta clope mais t'y brûles presque les lèvres. Tu la jettes au sol et l'écrases avec rage. Ton poing te brûle encore, t'espères juste qu'il n'est pas cassé.

Le silence. La colère. Et maintenant, la culpabilité. Tu relèves enfin tes yeux vers elle. Tu vois les larmes qui roulent sur ses joues. T'as causé son accident, t'aurais pu la tuer, et maintenant tu l'enfonces ? Bien, Charles, bien.. penses-tu en ton fort intérieur. Un monstre. Voilà ce que tu es. Ta colère s'envole. Evaporée. La voir pleurer ainsi – à cause de tes mots, n'est-ce pas ? – te troue encore plus le coeur, creusant à la pioche ce trou déjà béant. Un monstre. N'est-ce pas été dur pour elle aussi ? N'a-t-elle pas souffert de ce mensonge ? Si. Certainement. C'est sûr, même. Et si elle a fait ça, si elle avait peur, c'est qu'elle avait peut-être des sentiments.. ? Tu refuses d'y penser. Ni de penser à ce que toi tu peux éprouver. T'es le trahi mais vous êtes deux victimes. Un monstre. Tu regrettes soudain tes mots, ta colère qui te prend toujours par surprise et tu brises la distance entre vous de pas rapides et maladroits. Tu t'assois de nouveau à côté d'elle, tout près, cherchant son regard. Tu attrapes sa tête pour la prendre dans tes bras, pour la poser contre ton torse et pouvoir la serrer contre toi. « E-Excuse-moi je voulais pas dire tout ça, j'suis qu'un imbécile et je.. je me suis emporté. J'ai juste eu tellement de mal à accepter que t'avais tout oublié, que t'avais pu effacer de ta mémoire ce moment dont je me souviendrais toujours.. » Tu la décolles un peu de toi, pour pouvoir planter ton regard dans le sien, tes mains encadrant son doux visage. Tes yeux brillent, et une larme roule doucement sur ta joue avec la lenteur d'un escargot. Tu t'en fiches. Elle a tout vu au moins de toi. Tu constates votre proximité troublante mais ne t'éloignes pas. Tu as tellement peur qu'elle t'en veuilles de tes mots précédents que tu penses même plus au fait que ça devrait être toi qui lui en veut. Lentement, te refusant de descendre tes yeux vers ses lèvres même si ça te tente horriblement, tu caresses sa joue d'un geste tendre. De cette même douceur que lorsque vous avez couché ensemble.

set fire to the rain + teddy & sahara.

Tes mots sont lourds. Lourds de conséquences et tu le sais. Cela risque d'influencer ta relation avec Isaac et surtout avec Teddy. Tu ne veux en perdre aucun des deux et pourtant, cette relation partagée te semble impossible. Tu es si bien avec Isaac mais dès que le jeune Callaghan se retrouve devant toi, tu es perdue. Tu ne sais plus où tu en es, tu en souffre et tu fais sans doute souffrir beaucoup d'autres gens autour de toi. À commencer par Charles. À qui tu as menti sans trop savoir pourquoi. Tu explique cela comme de la peur mais au fond, tu sais que c'est bien plus que ça. Ça remonte à bien plus longtemps. En apprenant à connaître le jeune homme, tu as de suite remarqué qu'il n'était pas comme tu le pensais. Il n'est pas cet homme à femmes qui couche sans sentiments comme il peut le laisser paraître. Non, toi tu as vu bien plus en lui. Des choses que les autres ne peuvent pas voir. Et pourtant, encore aujourd'hui, tu ne peux t'empêcher de penser qu'il y a peut-être une petite part, aussi infime soit-elle, comme ça en lui. Tu sais qu'il entretient des relations très particulières avec les femmes et tu ne supportes pas ça. La jalousie est ton plus gros défaut même quand quelque chose ne t'appartient pas. Tu es jalouse en amitié comme en amour. Tu ne l'explique pas mais tu es depuis toujours comme ça. Tu passes une main dans tes cheveux, anxieuse, redoutant sa réponse, sa réaction suite à tes révélations. Tu as peur qu'il s'en aille, peur qu'il te laisse à tout jamais. Peur tout simplement. Et puis, la réaction de Charles est au-dessus de tout ce que tu pensais. Il s'emporte, s'en va plus loin, crie. Il a le droit et tu ne comprends même pas qu'il ne soit pas parti en courant. Tu fais fuir tous les gens que tu aimes et tu aimes Charles, au plus profond de toi. Amour ou simplement affection ? Tu n'en sais trop rien. « Comment as-tu pu... » Tu ne réponds pas. Il faut qu'il déballe tout ce qu'il a sur le cœur, tu le sais. Mais encore faut-il qu'il ait envie d'en dire plus. Tu n'ose même pas croiser son regard. Tu poses tes yeux sur tes mains, tes doigts jouant entre eux. Tu jette un rapide coup d’œil à l'ensemble du phare tout en évitant le regard du beau blond. Et puis, comme tu t'en doutais, il déballe tout ce qu'il a sur le cœur. Des choses qui te font terriblement souffrir mais qui paraissent tellement vraies. Il a raison et tu le sais, c'est ça le pire. « Comment t'as pu faire ça ? Inventer un truc pareil ! Bordel Sahara, j'pensais vraiment que t'avais tout oublié moi ! Ça a été... horrible ! Vraiment horrible, de me dire que t'avais oublié ce moment, alors que je me souvenais de chaque détail avec une acuité surdéveloppée. Je me suis senti si seul pendant ces semaines où je devais me convaincre que tu gardais encore de moi cette image néfaste construite sur ma réputation ! Putain comment j'ai pu être si con.. » Tu ne sais même pas par où commencer pour t'excuser. Oh oui tu veux t'excuser. Mais tu ne pourras malheureusement pas réparer toutes tes bêtises. Peut-être faut-il simplement t'avouer vaincue ? Laisser partir Teddy. Oublier tout ce que vous avez vécu ensemble et tirer un trait sur le passé ? Tu n'en sais rien. Tu ne veux pas le perdre, ça tu en es certaine. Je sais Teddy. Tu n'imagines pas à quel point je me sens stupide mais... Tu ne parviens même pas à continuer, tu ne trouves pas d'explications à ton geste. Mise à part la part mais ça serait bien trop compliqué à expliquer au jeune homme. Et tu lui as fait assez de mal comme ça. Tu ne veux pas faire pire que ça n'est déjà. Alors tu préfère te taire et le laisser parler. Mais quand il aborde un sujet sensible, tu lui lance un regard noir. Isaac. Que peut-il bien avoir là-dedans? Et puis de toute façon, comment est-il au courant? Toi aussi tu as appris pour sa relation avec Candace alors tu pourrais lui lancer à la figure cette relation cachée mais tu ne dis rien. Tu ne pense qu'à une chose : Isaac. Isaac n'a rien à voir là-dedans, il a toujours été présent pour moi. Nous étions amis bien avant que je ne devienne ton amie Charles... Tu le foudroie du regard car tu ne veux pas aborder ce sujet avec lui. Puis tu regrette de suite ton geste, tu ne peux que le regarder avec tendresse. Voilà ce que tu ressens pour lui. Beaucoup de tendresse. Énormément de tendresse.



Le silence retombe. Tu ne dis pas un mot, lui non plus. Vous préférez sans doute laisser passer un petit peu de temps pour digérer tout ça. C'est sans doute la première fois que Teddy a des mots si durs envers toi mais tu le mérite bien. Tu t'attendais à quoi ? Tu es la seule fautive dans cette histoire. C'est pas étonnant que Charles ait été se consoler auprès de Candace. Même si tu sais qu'il y a plus entre eux deux, mais tu ignores quoi. Et à vrai dire, il vaut peut-être mieux que tu ne saches pas. Tu hésite à te lever, pour t'en aller, le laisser seul et simplement sortir de sa vie mais il reprend la parole. « E-Excuse-moi je voulais pas dire tout ça, j'suis qu'un imbécile et je.. je me suis emporté. J'ai juste eu tellement de mal à accepter que t'avais tout oublié, que t'avais pu effacer de ta mémoire ce moment dont je me souviendrais toujours.. » Des paroles qui sont bien au-dessus des tes attentes. Tu n'imaginais pas qu'il reprendrait son calme et soit si gentil avec toi... Non en fait, tu imaginais qu'il te laisse tomber et que tu ne le revois plus jamais. Qu'il mette fin à votre relation. Mais non. Encore une fois, Teddy te surprend au plus haut point. Une fois de plus, tu remarque de suite que ce n'est pas le briseur de cœur dont tout le monde parle, au fond, même s'il ne le montre pas, il est quelqu'un de bien. Au grand cœur, toujours là pour les autres et qui sait pardonner. C'est ça que tu vois en lui. De la bonté. Et tu ne peux t'empêcher de lui sourire. Puis ton sourire te pousses à faire une chose que tu n'aurais sans doute pas du faire. Tu poses ta main sur sa joue et vient coller tes lèvres contre les siennes. Une larme roule sur ta joue. Une larme à la fois heureuse, de ne pas le perdre, et une autre larme de peine, suite à toutes les paroles que le jeune Callaghan a pu te dire. Tu mets fin au baiser quelques secondes plus tard, repensant à Isaac avec qui tu as construis quelque chose de magique. Que tu ne voudrais perdre pour rien au monde. Pardon j-je... je voulais juste te prouver que je n'avais rien oublié et que je me souviendrais toujours de le semblant de "nous" qui a pu exister par le passé. Oui, tu avais pensé un instant, construire une relation avec Teddy. Tu avais déjà pensé à vous deux, tous les deux. Mais à présent, ce n'est plus qu'un souvenir. Vous avez fait votre vie de votre côté et tu ne veux pas gâcher la sienne. Tu n'es pas un imbécile, au contraire, tu es quelqu'un de bien qui mérite quelqu'un de bien. Je suis persuadée que tu trouveras la personne qu'il te faut. Tu ne le lâche pas du regard, noyant ton regard dans le sien.

« On n'a jamais été amis, Sahara. » Tu n'es pas d'accord. Au départ, tu n'aimais pas l'image que Charles montrait de lui, tu détestais ça même. Mais après, en apprenant à faire sa connaissance, tu t'es rendue compte qu'il était bien plus qu'il ne le faisait paraître. C'est un gars intelligent et tu le sais. C'est comme ça qu'il est devenu ton ami. Tout d'abord, vous avez beaucoup discuté. Certes, il y avait cette ambiguïté, un peu comme avec Isaac, mais tu le considérais comme un ami. Tu osais te confier à lui sans crainte et tu te sentais en confiance à ses côtés. Pour toi, c'est ça un ami. Oui après les sentiments se sont installés et ont, sans doute, tout gâcher. Mais tu ne regrette rien toi non plus. Tu as longtemps considéré Teddy comme ton ami avant de penser autre chose de lui. Après, tu as envisagé quelque chose avec lui mais ça ne fut que pour une courte durée, malheureusement. Et dans le fond, peut-être, qu'heureusement ça n'a pas duré très longtemps. Tout simplement car vous n'êtes peut-être pas fait l'un pour l'autre et sans ça, tu n'aurais sans doute jamais rien tenté avec Isaac. Maintenant, tu es sûre d'avoir pris les bonnes décisions. Du moins, presque certaine. Ce baiser était une mauvaise idée mais tu considère plutôt ça comme un baiser d'adieu. Moi je t'ai considéré comme un ami Teddy. Quand j'ai appris à te connaître, tu étais avant tout un ami et non un amant... Et j'espère qu'on pourra toujours l'être après tout ça. Tu es sincère. Tu ne veux pas faire un trait sur lui, tu veux pouvoir le voir de temps à autres, avoir de ses nouvelles, profiter de vos moments de complicité. Mais sans toute l'ambiguïté qu'il y avait avant. Tu ne sais pas si c'est possible mais tu as envie d'essayer. De toute façon, tu n'es pas prête à mettre ta relation amoureuse avec Isaac en péril, alors tu ne feras plus rien de puéril. Dixit la fille qui vient d'embrasser le mec qui lui plaît.

Il s'est emporté, toi aussi, et puis ? Tu ne sais pas bien ce qu'il va se passer à présent. Tu lui souhaite de trouver quelqu'un de bien et sa réponse t'étonne. Parle-t-il de Candace ? Tu ne pensais pas que c'était si sérieux entre eux. Mais après tout, ça n'est plus ton affaire, tu n'as plus à t'en soucier. Même si au fond, ça te fait un petit pincement au cœur de l'imaginer avec elle. Alors tu rayes cette image de ta tête et plonge à nouveau tes yeux dans les siens. Tu tente de prendre un ton des plus naturels et lui demande, Ah bon? Je la connais? Tu essaye de paraître la plus normale possible, pour ne rien laisser paraître. Au fond, tu ne veux pas lui montrer que ça te fait encore un petit quelque chose. Ce n'est pas un sujet facile pour toi mais si Charles est heureux avec elle, alors tant mieux. Et c'est sans doute ce qu'il veut également pour toi et Isaac. Du moins, tu l'espère. Oui tu espère que ta relation amoureuse n'a pas entaché leur amitié. Parce que tu sais que Teddy compte beaucoup pour Isaac alors tu ne voudrais pas avoir gâché ça. Tu n'ose même pas posé la question à vrai dire, te sentant beaucoup trop coupable. C'était tombé sur Isaac, un des meilleurs amis de Teddy. Mais tu n'y pouvais rien après tout. L'amour c'est ça, ça vous tombe dessus sans prévenir. Et oui, Isaac était arrivé sans prévenir et pas un instant tu n'avais imaginé que votre relation évoluerait à ce point-là. Tu souris au jeune homme lorsqu'il mentionne ne rien regretter. Toi non plus, tu ne regrette rien. Il délie ses mains des tiennes et tu les ramène sur tes genoux. Tu observe Teddy, longuement. Tu as l'impression d'être des semaines en arrière, durant vos longs moments de complicité et d'amitié. Oui pour toi, c'était de l'amitié. Au de-là de l'amour. Puisque ça n'a pas marché, c'est que ça devait finir comme ça. Moi non plus, et je ne regretterai jamais ce qu'il s'est passé entre nous. Sauf peut-être le fait de ne pas avoir donné une chance à ce "vous" qui a existé le temps de quelques instant.

« Eh bien.. Si pour toi on l'a été avant ça, j'imagine qu'on peut dire qu'on l'est encore aujourd'hui. Qu'en dis-tu ? » T'es un peu hésitante quant à sa sincérité. Peut-être que pour lui ça n'est tout simplement pas possible de lier ex amant et amitié ? Tu n'en sais rien et à vrai dire, tu ne sais pas non plus si tu en seras capable. Mais après tout, qu'est-ce que ça vous coûte d'essayer ? Pas grand chose. Au fond, vous n'y perdriez rien du tout puisqu'il ne vous reste déjà plus grand chose. Sauf peut-être le souvenir de ce que vous avez été durant quelques minutes durant cette nuit-là, sur la plage... Cette nuit-là restera gravée dans ta mémoire et tu n'oublieras jamais les moments que vous avez passé tous les deux. Même si ça fut assez bref, tu n'oublieras pas. Jamais. Pourquoi ? Parce que Teddy a beaucoup compté pour toi et que c'est toujours le cas même si maintenant, il a quelqu'un et toi aussi. Isaac est toujours si parfait avec toi, tu ne veux pas gâcher ce qu'il y a entre vous. Mais tu ne veux pas non plus rayer le jeune Callaghan de ta vie. Oui, si ça te vas, ça me va. Je ne veux pas te perdre Teddy... dis-tu sincèrement. Si lui n'y croit pas, alors t'y croiras pour vous deux. Peu importe si votre amitié marche à sens unique, tu ne veux pas dire au revoir au jeune homme. Tu lui souris quand il te sourit. Tu aimes ça, voir son sourire, ses fossettes qui se montrent un peu plus à chaque fois qu'il laisse apparaître un sourire. Tu aimes ça quand tu vois ses yeux briller. Et même si aujourd'hui, t'as pas pu en voir beaucoup, le simple fait qu'il ait souri, te redonne le sourire à toi aussi.

Votre conversation dérive finalement sur le sujet Candace. Du moins, si c'est d'elle qu'il parle. Tu n'en sais rien mais tu l'imagine. T'aurais plutôt pensé qu'avec elle, c'était rien de plus qu'un coup d'un soir. Mais tu te trompais, une fois de plus. Mais avec la réputation qu'à Candace, pouvais-tu imaginer autre chose? Non, tu ne peux pas t'empêcher de te fier à la réputation de quelqu'un même après avoir eu la preuve contraire avec Teddy. Bah oui, tu t'es fié à sa réputation et en fait, il était tout le contraire de ce qu'il laissait paraître. Alors peut-être que c'est également valable pour Candace. Tu ne la connais pas plus que ça alors tu ne relève pas quand il dit qu'il ne sait pas si tu la connais. Tu n'as pas vraiment envie d'avoir les détails de leur relation. Et t'imagine que c'est pareil pour Charles qui ne voudrait sans doute pas savoir ce qu'il se passe entre son meilleur ami et toi. « Je regrette quand même ce qu'il ne s'est pas passé entre nous. » Tu baisse la tête. Toi aussi tu regrette par moment. Et puis à certains moments, tu te dis que si tu t'étais engagée avec lui, tu n'aurais sans doute rien fait avec Isaac. Mais oui, tu aurais voulu que ça dure un peu plus entre vous, faut croire que le destin a tout fait pour vous repousser, faut croire que vous n'étiez pas fait l'un pour l'autre au fond. Tu es quelqu'un qui pense que si deux personnes doivent finir ensembles mais que tous les repousses, elles finiront bien par finir ensembles un jour. Tu as toujours pensé comme ça et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. Mais est-ce que tu es vraiment prédestinée à être avec Charles à un moment dans ta vie ? Ça, tu n'en as aucune idée. Et tu en as un peu marre de penser à ton futur sans arrêt. Moi aussi... Et malheureusement, on ne saura jamais ce qui ce serait passé s'il n'y avait pas eu l'accident et tout le reste... Tout le reste est plus facile à dire que ton mensonge. Alors, tu préfère éviter le sujet et rester assez vague dans tes propos. Finalement, Teddy t'invite à sortir et mentionne que tu ferais bien de prendre le soleil. Tu rigole. Bah oui écoutes, je travaille sans cesse en studio, c'est un peu difficile pour prendre le soleil. Mais oui allons-y, j'ai envie de respirer de l'air frais. Tu lui souris enfin et prends la sortie, suivie du jeune homme. Une fois sortie, tu sens les rayons du soleil se glisser sur ton visage et profite de ces quelques instants jusqu'à ce que Teddy arrive à ta hauteur. Tu le suis de près, le laissant te guider. Tu as toujours aimé ça, le mystère...

le cœur d'une femme est un océan de secrets.
Oui, aller de l'avant c'est ce que tu sais faire de mieux. Et même si parfois le passé revient en pleine face, tu préfère penser au futur. C'est ta devise maintenant, le futur. Parfois, tu te dis qu'il vaudrait mieux vivre au jour le jour comme tu le fais si bien avec Isaac mais ton naturel revient au galop. Tu ne peux pas t'empêcher de tout planifier, tu es comme ça : perfectionniste. Alors oui, arrêter de penser à ta bêtise est sans doute la meilleure chose à faire. Arrêter de te torturer de l'intérieur parce que tu as tout gâcher avec Teddy : tu dois le faire. Même si tu as beaucoup de mal à te pardonner, tu dois y arriver. Tu ne supporte pas l'idée de l'avoir fait souffrir mais c'est trop tard et tu le sais. « Viens par là. » Tu l'observe puis tu sens sa main se glisser dans la tienne. Tu souris. Tu ne lui lâche pas. Ce n'est qu'une main après tout, tu ne fais rien de mal du moins tu essaye de t'en convaincre. Mais après votre baiser est-ce vraiment "qu'une main" ? Tu l'espère. Parce que tu ne veux pas tout gâcher une fois de plus. Vous vous retrouvez très vite à l'autre bout du phare, face à la mer. Oui c'est magnifique. Tu n'étais jamais venue ici contrairement au jeune Callaghan qui apparemment, à l'air de bien connaître les lieux. C'est magnifique. Tu viens souvent ici ? demandes-tu, intriguée. Bah oui, quand on le voit comme ça, on ne s'imagine pas qu'au fond, c'est un grand romantique. C'est sans doute parce qu'il s'obstine à le cacher mais en apprenant à le connaître, toi tu l'as tout de suite remarqué. Tu souris et profite des rayons du soleil qui s'installe sur ton visage. Tu fermes les yeux durant quelques instants et c'est la voix de Teddy qui te ramène sur terre. Tu étais totalement perdue dans tes pensées, le calme et la fraîcheur te font souvent cet effet là. « Il faut que je te dise quelque chose. » Tu ouvres les yeux et fronce légèrement les sourcils. Tu tourne la tête vers lui et plonge ton regard dans le sien. Tu ne sais pas du tout ce qu'il va te dire, tu n'en as aucune idée mais tu déteste quand les gens sortent cette phrase, ça ne fini jamais bien. Je t'écoute. Dis-tu en t’efforçant de sourire. Après tout, ça n'est peut-être rien de bien grave ni d'important. Tu laisse ton regard s'échapper vers la mer durant quelques instants oubliant presque que le jeune homme voulait te dire quelque chose.