La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est de la peur elle-même.

Il avait appris la nouvelle le matin même : une fête foraine venait d'ouvrir, ici, à Jersey. Tout le monde savait que les nouvelles se répandaient vite à l'université, quelles qu'elles soient. C'est donc tout naturellement qu'Aaron se rendit le soir même sur les lieux, il faut dire qu'il ne ratait jamais une occasion de s'amuser. Il y avait tellement de choses à faire qu'il ne savait pas par où commencer. Ses yeux se portèrent finalement vers le train fantôme duquel l'on pouvait entendre quelques cris. Un sourire au coin des lèvres, il s'avança dans la file en attendant de pouvoir grimper dans un wagonnet. Il n'y avait pas beaucoup de personnes devant lui, ça serait bientôt son tour alors il n'allait pas faire demi-tour maintenant. De toute façon c'était tout à fait le genre d’attraction qu'il aimait : voir les autres hurler de peur, c'était tout simplement amusant.

La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est de la peur elle-même.

J'ai toujours aimé la fête foraine, le genre d'événement qui me rend folle, qui me donne trop envie de sauter partout, de claquer tout mon argent. Ca rend dingue mes parents d'ailleurs. Les années passent et pourtant, je redeviens une enfant, dès que c'est la fête dans le coin. En général, j'y vais avec Nathan mais là, j'ai envie d'y aller et il n'est pas disponible. Tant pis pour lui, je m'amuserais très bien toute seule. Un vent frais vient caresser mon visage, lorsque je sors, doucement. Bon, ça ne me plaît pas cette histoire là, ça le fait pas. Un soupir s'échappe de mes lèvres, je retourne à l'intérieur. Il vaut mieux que j'enfile une petite veste, si je ne veux pas me retrouver complètement gelée ou malade tiens. Il est hors de question que je me casse la tête. Quand j'arrive sur place, je ne sais pas trop vers quoi me tourner, ça me fait rire parce qu'il y a tout un tas de possibilités et je veux tout faire. Je finis par me tourner vers le train fantôme, je pense bien m'y amuser. Non que cela puisse me faire peur hein. Mais ça m'amuse. La fille n'est pas très grande, ça me fait sourire. Je ne vais pas tarder à passer. Il y a deux places dans les wagons, je ne veux pas y aller seule, ça ne serait pas marrant, du coup, je tente ma chance, n'étant pas timide. Je tapote doucement sur le bras du gars devant moi.  « Eh salut. Ca te dirait qu'on.. Y aille ensemble ? Il y a deux places et je trouve ça triste d'y aller tout seul non ? ». Bon, si ça se trouve, c'est son tripe hein. Et je ne vais pas m'en formaliser, mais je trouverais ça con quoi.

La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est de la peur elle-même.

Plus qu'une personne avant son tour, le voilà qu'il était maintenant entre la lumière et l'obscurité quand il sentit quelque chose ou plutôt quelqu'un qui lui tapota le bras. Se retournant, une jeune blonde lui faisait face, lui demandant si elle pouvait l'accompagner. Étirant ses lèvres, il fit mine de réfléchir avant de lui répondre : " Tu sais ce qui serait triste ? " Il marqua une légère pause, comme pour faire durer le suspens avant de reprendre : " Ce serait de dire non à une jolie fille comme toi... " Une voix le coupa, celle du gars qui s'occupait des files d'attente, lui indiquant qu'il pouvait enfin monter à bord du train. Il sauta dans le premier wagon et se tourna vers la fille, lui faisant signe qu'elle pouvait le rejoindre : " Allez, monte ! " lui dit-il, toujours son petit sourire aux lèvres. Une fois que tout le monde fut installé, un petit bruit de railles se fit entendre et le train commença à démarrer, entendant derrière les cris des personnes pour qui le tour s'achevait. Se tournant vers sa voisine, il lança une remarque pour lancer la conversation : " J'espère que tu ne crois pas aux fantômes... "

La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est de la peur elle-même.

Lorsqu'il me demande si je sais ce qui serait triste, je suis un peu interloquée, je me demande ce qu'il va me répondre et du coup, je ne lui réponds rien, en attendant qu'il me réponde, et voilà qu'il dit que je suis jolie et que c'est me laisser seule qui serait triste, du moins, me dire non quoi. Tiens, l'idée ne me semble pas si mal que ça en faite. Ca me semble plutôt bien, de toute évidence. Et ça me touche, même, si on veut tout savoir. Ca me fait plaisir. Et puis bon, il est franchement mignon hein, alors je ne vois pas pourquoi est-ce que ça pourrait y changer grand chose, oui voilà, et c'est surtout ce qui compte le plus, c'est le plus important, de toute évidence. Oui voilà. Et je n'irais jamais dire le contraire, c'est une évidence. Bon, j'imagine que c'est le genre de chose qu'il dit à tout le monde, je n'en doute pas. Ce n'est pas le genre de réplique qu'un non pro de la drague serait capable de dire hein, je n'ai aucun doute à ce propos, de toute façon.  « Hum.. Voilà qui est charmant. ». Je me décide donc à m'installer doucement à côté de lui, bah oui, ce n'est quand même pas moi qui vais me prendre la tête avec ça quoi, je n'ai aucun doute avec ça, oui voilà. Et les choses me vont très bien comme ça. De toute façon, qu'il soit dragueur ou non, ça ne me dérange absolument pas quoi. Moi, croire aux fantômes ? Ne rêvons pas hein, surtout que c'est le genre de chose qui me gonfle et qui ne m'intéresse absolument pas quoi. Surtout que là dedans, ce n'est que farce et attrapes, ils jouent sur la surprise, sur le fait que l'on ne s'y attende pas et tout ça. Mais bon, ça reste plutôt marrant donc bon !  « Non. Mais ne t'inquiètes pas, je devrais être en mesure de te protéger contre eux ! ». Je me mets doucement à rire. Ca promet d'être encore plus sympa que je le croyais.

La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est de la peur elle-même.

Il laissa échapper un rire aux dernières paroles de la fille avant d'ajouter, toujours en plaisantant : " Voilà qui me rassure, j'étais prêt à descendre du train. " Au même moment ils furent enfin plongés dans le noir et un ricanement retentit, plongeant dans l'ambiance qu'était censée donner cette attraction. Il s'apprêtait à dire quelque chose à sa voisine quand il se rendit compte qu'il ne pouvait pas l'appeler par son prénom puisqu'il ne le connaissait pas. S'approchant de son oreille, il lui glissa : " Et quel nom dois-je crier pour que tu viennes me sauver de ces images fantomatiques ? " Il se replaça et quelque chose lui frôla le bras, tournant légèrement la tête, une sorte de monstre plutôt bien fait s'avança, une lumière verdâtre l'éclairant. Il le détailla et entendit quelques personnes crier derrière, ça faisait son effet. Étirant ses lèvres en un fin sourire il tourna son regard vers la jolie blonde.