+ QUE PENSES-TU DE JERSEY ? Ce que je pense de Jersey ? Et bien c'est une charmante petite ile, ça me change de tout ce que j'ai pu vivre depuis que je suis née, mais surtout j'espère que ce bout de terre va enfin m'apporter de la stabilité. Après tout c'est comme si j'avais passé ma vie à fuir quelque chose, une force invisible. Ce qui est vachement perturbant pour une enfant. Je n'ai jamais eu la chance de pouvoir souffler, de pouvoir me poser plus de deux ans dans un pays, de pouvoir me faire de vrais amis, de pouvoir apprendre la langue et les coutumes. J'aimerais enfin trouver une maison, un endroit où je me sens bien, c'est pour cette raison que j'espère que ce soit Jersey qui m'offre ce que j'ai toujours voulu, mais si je dois n'être que de passage ici, je finirais forcément par m'en remettre à un moment où à un autre.
+ DEPUIS COMBIEN DE TEMPS VIS-TU ICI? Je suis arrivée il y a à peine trois jours. C'est pour ça que je trouve ça complètement stupide placer autant d'espoir dans une si petite île en si peu de temps. Je m'étais dit l'exacte même chose lorsque j'ai emménagé à Olso. Je me souviens m'être dit C'est le dernier arrêt dans cette course folle. Olso, Norvège, tu seras mon chez moi. pourtant me voilà quelques années plus tard dans une nouvelle ville, en train de repartir de rien. Et si, avant, je n'étais pas complètement seule, il faut maintenant que j'apprenne à vivre seule, à me débrouiller par moi-même puisque je ne suis pas venue avec ma famille, mes frères et ma soeur ou mes parents, je suis seule face à l'inconnu, seule face au monde.
+ SI TU DEVAIS RÉSUMER TA VIE EN TROIS MOTS: Ma vie, en trois mots ? Solitude, découverte, fuite. Je pense que ces trois mots décrivent plutôt bien ma vie.
La solitude, parce que, malgré le fait que, j'ai toujours voyagé avec ma grande famille (Laeticia 29 ans, Léandro 27 ans, Lucas 25 ans, Lorenzo 23 ans et mes parents), je me suis toujours sentie extrêmement seule. J'ai jamais eu de véritable ami(e), j'ai jamais pu et su m'attacher aux gens. Tous sauf une personne qui a quand même réussit à me lâcher. Mais ça ne me dérange pas, de toute manière je suis trop timide pour aller vers les gens et ça me permet de ne pas avoir peur de me faire abandonner.
La découverte parce que j'ai énormément voyagé, ça m'a permis de découvrir énormément de cultures, de modes de vie, de personnes aussi. En somme, ça fait 22 ans que je suis incapable de rester dans le même pays plus longtemps que deux ans, faute à mes parents plus qu'à moi. En tout cas j'ai été ravie de pouvoir visiter la France, l'Italie, l'Autriche, la Slovaquie, la République Tchèque, l'Allemagne, les Pays Bas, l'Anglerre, l'Irlande, la Norvège et la Suède.
Et pour finir, la fuite parce qu'encore une fois je ne suis jamais restée plus de deux ans le même pays, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi on courrait tous les deux ans vers un pays nouveau, plus jeune je pensais que c'était parce que mes parents trouvaient ça marrant de vivre de cette manière-là, mais j'ai compris plus tard que ça n'avait absolument rien avoir avec ça, au contraire je crois bien que ma mère déteste ce mode de vie. Le problème c'est que je ne saurais jamais vraiment pourquoi j'ai eu une telle enfance.
+ TU AIMES/TU N'AIMES PAS N'empêche que, d'avoir une telle vie, ça m'a obligé à ne pas m'attacher aux choses et aux gens. Du coup je déteste rester trop longtemps au même endroit, je m'ennuie très rapidement des lieux, c'est affreux. Mais ça m'a permis de me découvrir une vocation, j'ai adoré passer ma vie à visiter de nouveaux endroits et découvrir de nouvelles cultures c'est pour ça que je fais de la sociologie aujourd'hui. Du coup j'adore les voyages et surtout apprendre. Je suis absolument passionnée par les langues, j'en parle quatre couramment et deux très bien. J'aimerais continuer sur ma lancée, mais ma mère me répète qu'à partir de sept langues on devient fou. J'adore le sport, il me faut toujours mon footing du matin et mes exercices du soir, j'adore le café et je ne peux pas me passer de la cigarette. J'ai besoin de mes moments à moi, j'ai besoin d'être seule. Je déteste être entourée de trop de personnes. Je déteste les photos, n'essayaient pas de savoir pourquoi, je trouve ça simplement inutile. Les souvenirs sont très bien dans sa tête, pas besoin de les partager avec le monde entier. Je déteste la viande, je suis d'ailleurs végétarienne depuis mes treize ans.
+ TES PLUS GRANDES PEURS? J'ai peur de devenir folle, de devenir comme mes parents, d'avoir besoin de nouveaux tout le temps, de détester de voir le même jardin tous les matins. J'ai peur de fuir la vie pendant trop longtemps et de passer à côté de toutes les bonnes choses. J'ai peur d'être abonné, de la manière dont j'ai toujours l'impression d'abandonner ma vie tous les deux ans. J'ai toujours besoin que l'on me montre son affection, on me dit que je suis borderline, mais j'y crois pas, malgré les signes. J'ai aussi peur de faire des crises de spasmophilie, parce que je déteste en faire, tout simplement.
+ QUE REPRÉSENTE LES CONFRÉRIES POUR TOI? Pas grand-chose, à vrai dire. J'ai toujours entendu parler des confréries dans les films, sur internet, et c'était jamais joli à voir. Je m'étais presque jurée de ne jamais en faire partie, chose qui aurait dû être très facile, puisque je n'avais pas dans l'idée de partir à l'université, malgré mon excellence lorsque je prenais mes cours à la maison, oui parce que je ne suis jamais allée en cours, mais mes parents m'ont forcées à aller à l'université. J'ai pas eu le choix et me voilà, vingt-deux ans brisant la promesse que je m'étais faite lorsque j'étais qu'une gamine. Encore ça va, j'suis pas dans l'une de ses confréries qui se croient supérieur à tout le reste de l'école, du moins j'espère pas.
+ ET QUE SERAIS-TU PRÊT(E) À FAIRE POUR TA CONFRÉRIE? Pas grand-chose, je dois l'avouer. Je suis, à la base, d'une nature ultra solitaire, alors le contact humain très peu pour moi. Être avec des gens signifient forcément l'abandon et c'est une chose que j'évite de toutes mes forces depuis toujours. Alors, faire partie d'une confrérie signifie forcément se faire abandonner à un moment ou à un autre. Alors, je ne m'investie que très peu dans les activités de groupes, je suis un peu comme un fantôme. Je suis là, sans être là. Malgré que j'aimerais pouvoir dire que j'ai tout fait pour passer de bonnes années.
+ POURQUOI CETTE CONFRÉRIE ET PAS UNE AUTRE? J'ai choisi d'être dans les poséidons parce que je suis sportive, je fais des études de cheerleading alors c'était presque naturel d'aller dans cette confrérie là. Certes, je suis solitaire, mais je ne veux pas non plus être une paria de la société, j'ai envie de vivre et de surmonter mes peurs. J'ai envie d'être sûre que j'ai fait tout mon possible pour vivre ma vie au maximum. J'ai envie de pouvoir raconter des histoires ultras-embarrassantes à mes petits enfants lorsque l'on sera tous réunis autour d'un bon feu de bois. Et je pense que le mieux pour ça c'est de faire partie d'un groupe.