Dieu qu'une femme rancunière et cocue pouvait se vouloir tant acharnée. Encore une fois qu'elle le veuille ou non, il avait pris place sur la table basse face au canapé où cette dernière s'était installée. Il voulait lui face et de près. S'asseoir à côté n'aurait eu aucun sens, et surtout la couper dans son activité si palpitante aurait plus difficile. Il l'avait donc écouté, décelant très vite qu'il avait à faire à Kôl prête à cracher son venin, et non plus à la Kôl vulnérable d'il y a quelques jours. Et autant l'avouer, il avait plus de facilités avec la première Kôl étant donné qu'il s'y était vite habitué. Il glissa son index comme marque page à son magasine qu'il lui prit des mains sans gêne comme on le ferait pour une adolescente qui refuse une confrontation. « Arrête Kôl.. » Il déposa le magasine sur la table, à l'envers à la page où elle avait été même s'il doutait du fait qu'elle s'était tenu à son article en le voyant arriver. Il commençait à ne plus trop supporter les allusions à la demoiselle qu'il n'avait pas revu depuis que Campbell c'était imposée d'ailleurs, et ça ne lui faisait un peu ni chaud ni froid. Mais là face à elle il ne savait plus trop quoi dire ou plutôt par où commencer. « Il va bien falloir qu'on en parle.. j'ai mis le temps mais je suis là maintenant. » Dit-il en la regardant. Il avait beaucoup en fait. Il savait qu'il devait lui dire pour la demoiselle mais il ne voulait pas c'était tout juste affreux, et par contre à l'inverse il lui devait des excuses en un sens et ça n'allait pas passer à la trappe. Il contracta la mâchoire quelques secondes par simple réfléxe et finit par dire. « Ecoute je.. je n'ai pas géré, et j'ai peut-être été un peu trop égoïste, et beaucoup trop crétin mais tu n'y as pas été de main morte non plus. » Il n'arrivait à se dire qu'il partageait le même dortoir qu'un homme qui connaissait l'ex Kôl aussi bien que l'actuelle. Et la liste des choses qu'il ne digérait pas était longue.

Il fallait le dire, Isaac venait à se demander si vraiment ils étaient fait pour se comprendre. Il n'avait pas tant voulu être le premier à savoir tout ça quand on y pense, et il en était conscient. C'était bien plus complexe que ça, et poser des mots là-dessus reviendrait à lui dire qu'il aurait aimé que leur relation se soit voulu moins silencieuse. Pourquoi lui faire confiance maintenant, et pas à l'époque où ils avaient été ensemble ?! Là était toute la question. « Arrête avec ça, ça n'a rien à voir.. » Dit-il comme il l'avait fait après qu'elle se soit levé de son siège. Jusque là tout ça se voulait être sans évolution, et il savait qu'il allait de voir en dire un peu plus mais ça lui était compliqué. Il serra les dents, tentant de calmer pour lui dire entre quatre yeux. « Je me fiche pas mal de ne pas avoir été le premier à le savoir Kôl mais.. je partage la même chambre qu'un mec qui sait tout de toi, et je me suis toujours très bien entendu avec Teddy. Ceux sont des mecs que je vois et que je côtoie au quotidien et ils en savaient bien plus que moi sans compter que je n'ai même pas pu soupçonné les sentiments que tu pouvais ressentir quand on était ensemble. » Voyant que le sujet de la blondasse revenait encore et encore, il pauma un instant son regard dans le vide s'assurant aussi inconsciemment qu'ils étaient toujours plus ou moins seul et l'entendait s'improviser maîtresse du temps, il soupira un coup et finit par chopper le magasine pour le balancer derrière lui. Il se passa la main sur la mâchoire qui picotait un peu comme toujours, et finit par dire sans trop la regarder. « Je n'ai pas couché avec elle. » Il laissa l'équivalent d'un silence de même temps que sa réplique avant de relever le regard vers elle. Il était sérieux comme jamais, et ça se voyait, mais au fond de lui il n'assumait pas le fait d'être passé aux aveux. « Je t'ai simplement laissé le croire, rien de plus. » A aucun moment il n'avait dit qu'il avait couché avec elle, et il est vrai que quand Kôl l'avait accusé, il n'y avait pas pensé avant et sans trop savoir pourquoi il n'avait pas nié non plus.

Il est vrai que Wheeler s'en voulait bien plus à lui-même qu'à la charmante demoiselle. Au fond, il s'en voulait de s'être d'une manière ou d'une autre .. tromper. Pourtant elle lui plaisait, son côté garce l'avait longtemps stimulé justement parce qu'il avait été persuadé qu'il trouverait tout autre chose en la côtoyait. Elle n'était pas transparente, et elle dégageait une prestance folle. C'était pour ces raisons qu'il avait disons craquer au point de se laisser aller à se mettre en couple avec. Lui qui ne passait ce cap que quand il était persuadé que ça en valait la peine, avait vite fini par se brûler les ailes vu la complexité de tout ça. Bizarrement et quelques part, il voyait bien qu'elle avait disons réussi à comprendre ce qu'il disait, ou au moins il était comme sûr qu'elle n'en était pas plus perdue et agacée, et même si il n'avait pas fini là-dessus l'effet de la bombe se voulait trop important pour revenir sur l'autre sujet pour l'instant. Sa main droite remonta jusque sa nuque avant de regagner sa mâchoire pour finir par dire. « J'ai pensé, à tord, que ça rendrait les choses plus simples, et puis je t'ai aperçu en bonne compagnie et j'ai fini par me convaincre que ça valait bien mieux comme ça. » Il la regarda un moment sans trop vouloir placer le fait qu'il l'avait vu avec Teddy et que ça ne l'avait pas laissé insensible, alors même qu'il s'était persuadé qu'ils n'avaient rien à faire ensemble étant donné qu'elle s'était voulu être un glaçon qui ne fondait jamais complètement durant leur relation. Il finit par se relever et lui souffla humblement. « Viens par là. » L'aidant à se lever, il vint à la prendre dans ses bras. Voyant bien qu'elle lâchait prise, il s'en voulait quelque part d'avoir frappé aussi fort dans le jeu de celui qui serait le plus fort et qui ferait le plus mal. Il ne disait pas gagnant et encore moins perdant, mais il n'assumait peut-être pas le fait d'avoir pu lui faire autant de mal sans véritables faits, et par de simples paroles et mensonges.

C'était inexplicable mais il n'avait pas pu mettre des mots sur ce qu'il avait vu. Teddy était le premier mec avec qui il avait véritablement noué une amitié ici, et ce n'était pas rien à ses yeux, lui qui était si loyal et soucieux de ses amis. Par conséquent voir cet ami avec cette ex avec qui il aurait aimé aller plus loin quelque part, ça l'avait refroidi. Il ne savait pas vraiment ce qui les liait, ni ce qui se tramait entre eux, mais même si il avait entendu que c'était plutôt négatif, il préférait mettre ça derrière lui. Sa main vint à ses glisser aux cheveux de la demoiselle et il la garda contre lui quelques secondes en finissant par déposer un baiser à sa tempe. « Arrête, tu n'as pas à t'excuser.. on a pas mal merdé tous les deux ; d'ailleurs je crois bien que je me suis surpassé. » Il sourit légèrement avant de la regarder en se reculant un poil. Il ne voulait pas la voir pleurer, par il ne voulait pas, veuillez bien comprendre pas du tout. Alors oui il essayait à sa manière de détendre l'atmosphère. Il n'arrivait pas à savoir s'il était prêt, ou si même penser à une autre chance pour eux était une bonne idée, mais il ne voulait pas laisser les choses ainsi. Pourtant il était le genre à avoir une boite à ex, et en général il avait du mal à les en sortir ; mais là il voulait saisir l'opportunité qu'elle lui avait offerte de connaître la vraie Kôl. Il finit donc par demander. « Tu as une petite heure devant toi ?! » Le sourire légèrement complice il reprenait naturellement sa réplique d'il y a quelques minutes en espérant ne pas se prendre un vent monumental cette fois. « On pourrait aller manger un bout ensemble.. »

Wheeler était un vrai complexé quand il en venait à l'échec, et c'est ainsi qu'il avait prit sa relation avec Kôl. Aujourd'hui, il ne savait toujours pas sur quel pieds danser. Il était toujours attaché c'était certain, et pour cause, il avait beaucoup pensé à ce qu'elle lui avait avoué et ça ne l'avait pas laissé indifférent. Il la comprenait certainement mieux maintenant d'un côté, et de l'autre il avait eu cette jalousie malsaine. Au fond de lui il était persuadé si personne n'avait su pour son passé ici, il n'aurait peut-être pas été dérangé de ne rien savoir. Il avait fini par se sentir un peu comme le dindon de la farce et c'était très désagréable mais à qui devait-il véritablement en vouloir ? Ce ne serait pas légitime d'en vouloir à Kôl, à Teddy et encore moins à Nolàn. Alors il avait été et est encore certainement un poil frustré. La fierté que voulez-vous ! « C'est méchant pour les gays ce que tu viens de dire.. » Il n'allait sûrement pas complexé de tenir une soixantaine de pages d'articles typiquement féminin en main, surtout que c'était l'effet voulu par Kôl, et ce même de manière taquine. Mais de ce côté-là Isaac n'avait aucun problème. Il se savait trop accroc à la femme, et sa réputation était déjà un peu trop faite de ce côté-là. « D'ailleurs tant qu'on en parle, je le fous à la poubelle ou tu le gardes ? » Dit-il en regardant curieusement la page de couverture. Les titres étaient toujours les mêmes au point qu'il aurait pu les deviné sans même les avoir lu. Marchant à ses côtés il rit légèrement à sa réplique avant de finir par dire. « Ah oui ? Et qu'est-ce que j'en ferai hein ? Il te resterait pas une photo de toi en blonde par hasard Ça, ça pourrait être intéressant. »

En entendant Kôl-Asp' lui dire qu'il était malade de jeter un magasine pareil, il fallait avouer qu'elle avait pris le temps machinalement de lire le nom du magasine ; mais très quand elle lui énonça son argument il vint à comprendre où elle voulait en venir. Il lui tendit son magasine en la regardant et lui dit. « Tu marques un point, mais sans prétention aucune, je suis pas sur qu'il te sera d'une grande utilité. » Oui prétentieux un poil. Mais le pire c'était qu'il croyait en ce qu'il disait sans se faire prier. Ils avaient beaucoup de choses à dire, et soyons honnêtes, il craignait que ça ne soit pas aussi palpitant que quand ils passaient leur temps à se lancer des pics. Eh oui avec elle, il n'avait jamais vraiment eu l'occasion de disons discuter sur un thème lambda en le parsemant d'expérience personnelle ou encore de sentiments ou de goûts. En clair, ils avaient eu, quand on y pense, une relation un poil superficielle. Il adorait ça quand ces attentes étaient telles. Mais avec Kôl, il en avait attendu plus. « Autant aller chez le coiffeur et faire un avant/après.. » Il avait reprit un poil son sérieux malgré sa remarque taquine. Comme si l'ambiance s'était un peu refroidi en parlant de la Russie. Il n'en savait pas grand chose, il en était soucieux malgré lui. « J'imagine qu'elle te manque.. » Il décrocha son regard de la demoiselle pour regarder droit devant lui. Il ne le disait jamais vraiment, mais il était souvent reconnaissant d'avoir eu ce qu'il a eu, à savoir une famille en or.

Qu'on se le dise Isaac avait toujours vu Kôl comme une demoiselle des plus fortes caractériellement parlant. Elle avait un côté hautain, distant ; qui avouons-le l'avait intrigué et attiré. En soit il n'était jamais attiré par les garces, et c'est bien pour ça qu'elle l'avait attiré. Il avait été persuadé qu'elle était tout sauf ça. C'était un peu un grand point commun des zeus. On ne sait jamais vraiment qui ils sont pleinement jusqu'à les connaître vraiment ; et l'ironie du sort semblait vouloir qu'Isaac n'apprenne à connaître Campbell qu'après leur rupture. « C'est vrai que ça semble délicat.. » Il plissa les sourcils en regardant au loin, et sa pensée alla quelques secondes à ses proches forcément. Il ne l'expliquait pas mais quand il pensait à eux il se sentait au mieux de sa forme, comme apaisé. « .. mais ça pourrait être une bonne chose. Ce que je veux dire c'est que tu ne peux pas éternellement restée seule. » Au fond de lui, il savait qu'il n'avait pas été à la hauteur quelque part. Pourquoi ? Qu'avait-il raté, il était incapable de le dire. Ou peut-être n'étaient-il pas restés ensemble assez longtemps ?! En tous les cas il savait qu'elle méritait de se libérer de ce point psychiquement aussi. Il marchait donc avec elle, avant de relever la tête vers l'itinéraire menant à l'établissement favori de Kôl au loin et lui dit le sourire léger en coin. « J'espère pas que tu ne boycottes pas l'Tico depuis la dernière fois ? » Dit-il un peu comme pour lui proposer d'y aller, cette fois ensemble.

Quand il y repensait, il trouvait ça totalement fou. Non seulement le fait que si jeune elle ait tant vécu semblait poignant mais en plus de cela l'impact que ça avait sur leur relation en était encore plus étonnant. Il en venait à se dire que c'était malgré elle un secret beaucoup trop dur à entretenir et à garder pour soit. C'est dans ces moments-là qu'il n'était pas difficile de voir l'authenticité de cette demoiselle. « A mi-chemin dans ce cas.. pourquoi pas la Suisse tiens ? » Isaac se voulait être le con de service, très souvent optimiste. Il disait souvent des choses censées, qu'il pensait vraiment mais il avait un complexe fou. C'était ainsi. Il avait ce besoin, dans soixante dix pour cent, des cas de se couvrir de cette pudeur en s'armant d'humour pour parler des choses qui semblaient essentielles, ces choses qui touchaient à l'intime, ces choses qui le touchait tout simplement. Alors oui, l'idée qu'il mettait en avant c'était qu'elle revoit sa mère, et l'exemple de la Suisse cité pour son côté neutre si connu n'était pas anodin mais ça lui était sorti tout naturellement. Il savait qu'une fois qu'il arrivait à décrocher un sourire à la personne en face la conversation en était beaucoup plus détendu. « C'est pas demain la veille que ça arrivera ça! Je commence à y avoir mes habitudes.. » Dit-il en jetant un regard à la demoiselle et rapidement il se sentit de préciser qu'en parlant d'habitude il ne parlait pas de café prit en compagnie de cette demoiselle que Kôl semblait avoir dans sa ligne de mire. « Rien à voir avec la dernière fois qu'on s'y ait vus hein.. ne te méprends pas ; d'ailleurs je n'ai plus vraiment de nouvelles depuis la réplique du thon en boite. T'as tapé plutôt fort sur ce coup-là. » Il avait taper assez fort aussi en appuyant les dires de la demoiselle.

Isaac avait ce sentiment d'enfin apprendre à connaître Kôl. C'était très étrange. N'importe quel ex de Wheeler vous dira qu'il a tendance à les fuir après une rupture. Il ne se voyait jamais tisser des liens amicaux ou autre avec une ex. C'était juste inconcevable ou du moins difficilement. Il était tellement prévoyant dans son genre, et surtout quand il ne voyait pas l'intérêt à quelque chose il ne s'y attardait jamais, et ce, sans grande prétention. Mais avec Kôl ça semblait être différent. Un peu comme si il était passé à côté de quelque chose. Ce quelque chose, qui s'offrait à lui aujourd'hui et qu'il ne pouvait refuser. Il l'écoutait donc et lui dit après un rire léger. « Et tu arrives à en rire en plus ! C'est plutôt bon signe. » Il la regarda un instant. C'était plus fort que lui, il n'osait pas vraiment aller plus en profondeur dans la conversation ainsi en mouvement. Et en même temps était-il vraiment légitime ?! Il s'était tellement habitué à ce qu'elle soit fermé qu'il était persuadé que lui laisser le contrôle de cette conversation était la meilleure des combinaisons possibles. « Cela dit ton dernier argument ne tient pas vraiment la route. » Dit-il après l'avoir laissé entré dans le restaurant pour la suivre ensuite. Le temps était une excuse, du moins semblait l'être. « Autrement dit, tu es dix fois plus belle tu peux le dire comme aussi. » Dit-il en prenant place avec elle. Il avait toujours aimé le côté hautain de Kôl et ne s'en était pas caché au début de leur relation, et il est vrai que la comparaison ne l'avait pas étonné du tout ce jour-là. Elle exagérait peut-être un peu, mais elle était plutôt fade, contrairement à Kôl qui était totalement l'inverse. « Et pourquoi ce mensonge ?! » Dit-il intrigué. Elle avait été tellement naturel en lui disant qu'elle n'avait rien conservé, qu'il était surpris de voir qu'en fait c'était un petit mensonge. Il avait bien entendu le prénom de Tamara, mais n'y ajouta de bien particulier. Il est vrai qu'il la connaissait, mais ce n'était pas l'objet de la conversation.

Jamais Kôl ne pensait pouvoir à nouveau avoir une relation qu'on pourrait qualifier de "normale" avec Isaac. Il y a quelques jours de ça, il ne fallait pas oublier que Kôl entrait dans le Tico et qu'elle y avait aperçu le jeune Wheeler en compagnie de la blondasse avec laquelle Kôl croyait s'être fait cocue. Qui aurait pu penser qu'ils seraient là, maintenant, en train de discuter du passé de Kôl ? Pas même elle. Ils parlent d'une éventuelle possibilité pour Kôl de revoir sa mère. Elle en a envie, ne serait-ce que pour lui dire que elle, elle va bien, pour lui dire que malgré ce qu'elle a subit à cause de son abrutit de mari, elle est toujours là. Mais pour le moment, elle ne se sent pas prête pour la revoir, ce serait faire revenir des tas de souvenirs que Kôl n'était pas prête à affronter seule. Alors oui, elle essayait d'en rire, pour détendre l'atmosphère comme Isaac le faisait. « Tu sais pas toi hein, c'est des malades en Russie. » Dit-elle, sur le ton de la plaisanterie. Elle-même ne croit pas vraiment non plus cet argument si peu plausible ou alors, il faudrait être vraiment malade pour faire ce qu'elle avait prédit. Finalement, Isaac et Kôl s'installent à une table. Kôl est flattée de savoir que Wheeler est d'accord sur le fait que cette blondasse était dix fois plus l'aide que la brunette. En effet, c'est un fait. Kôl ne voulait pas être tant prétentieuse mais elle a besoin d'entendre ça venant de la part d'Isaac, ça la rassure un peu. « En même temps, c'est pas difficile de faire mieux, avec ses rajouts dégoûtants et sa coloration blonde pétasse qui se barre en couilles. » Ajoute-t-elle tout naturellement en haussant les épaules. Puis Kôl s'était souvenue en route qu'elle avait tout de même gardé une photo de ses 18 ans, avec Tamara. Sur le coup, Kôl a peur qu'Isaac prenne mal ce petit mensonge, en soit ce n'est peut-être pas grave, mais vu qu'ils sont dans la phase où ils se disent toute la vérité, ça peut être mal pris. « En réalité j'ai tellement l'habitude de dire que je n'ai plus aucun souvenir de Russie que lorsque tu m'as demandé une photo de moi j'ai automatiquement répondu non. Mais pour me faire pardonner, je t'autorise à te moquer de moi sans que représailles ne s'en suivent. » Dit-elle avant de sortir la photo de son sac et de la lui glisser sur la table. Kôl a tellement honte de la tête qu'elle a pu avoir, les cheveux plaqués, blonds qui tiraient vers le roux quand elle était au soleil, avec cette tête de gamine qui semblait sortir du couvent, mon Dieu, une horreur.

Malheureusement Isaac étant assez curieux de nature, et ouvert au monde qu'il l'entoure, savait bien que la Russie avait un côté bipolaire, et que tous les clichés qu'on y accordaient n'étaient pas non plus un mythe. Les mafias russes, la vodka, le grand froid. Enfin comme beaucoup il en avait une image un peu toute faite ; seulement cela ne voulait pas dire qu'il suspectait tout personne russe face à lui d'être liée à tout ça. Non en aucun cas, il n'avait pu suspecté ce côté controversé de la demoiselle. Et pourtant il en avait partagé des moments avec elle en quelques mois ! Un léger rire amusé s'échappa du fond de sa gorge et il se contenta de s'installer. « J'ai comme l'impression que tu pourrais continuer à la descendre pendant tout le repas, sans grandes difficultés. » L'impression avait-il dit ? Non en fait il en était persuadé. C'est d'ailleurs à ce moment précis qu'il se rendait compte que finalement il en savait des choses sur elle. Et la faille paraissait claire comme de l'eau de roche. Il tenait à elle, et c'est la seule raison pour laquelle il avait pu avoir ce petit côté en plus. Sans cela, après la rupture, la haine aurait été inexistante, et seule l'ignorance aurait été maîtresse de leur lien. Mais non se faire la guerre, se chamailler, et mettre sur table tous les mensonges avaient aidé à ce que ça aille mieux. Aujourd'hui il en savait bien plus sur elle en l'espace de deux tête à tête, qu'en quelques mois de relations. Il prit donc la photo en main, persuadé qu'il n'y aurait sûrement pas de quoi se moquer, et lui dit. « Ça te va plutôt bien le blond finalement » Il avait regardé Kôl sur la photo, puis Tamara, et très vite Kôl à nouveau. Il l'avait charrié puisqu'il avait été très surpris d'entendre qu'elle avait été blonde par le passé mais finalement ça lui allait très bien, et il est vrai que la photo elle faisait toute suite jeune fille, et clairement prostituée et pire à cet âge-là, on le souhaitait à personne. Il lui retendit la photo, le sourire léger aux lèvres, et bien qu'il s'apprêtait à ajouter quelque chose, il profita de la présence du serveur pour inviter Kôl à commander ce qu'elle voulait et en faire de même ensuite.

Et si Kôl se confie maintenant, c'est parce qu'elle regrette de ne pas l'avoir fait avant. Elle n'ose pas le lui dire clairement, elle ne trouve pas le courage encore de lui dire qu'elle est désolée d'avoir été si froide envers lui quand ils étaient ensemble. Maintenant, elle est si naturelle avec lui que c'est déconcertant, surtout pour Isaac. Il est en couple, elle ne lui dit rien, il rompt, elle lui avoue tout. Qu'est-ce qu'il ne tourne pas rond chez Kôl pour agir comme ça ? Son comportement la désespère et elle est en train de se rendre compte qu'à cause de ce qu'elle a pu faire comme erreurs avec Wheeler, elle le perd. Elle le sent, il a bien dû rencontrer une autre personne mais elle garde tout de même au fond d'elle un mince espoir que tout redevienne comme avant entre eux. « Moi ?! » S'exclame-t-elle, prenant un air faussement choqué. « Tu dois faire erreur, ce n'est absolument pas mon genre de descendre une personne qui après tout, ne m'a rien fait. Enfin si, elle te draguait sous mon nez quand même. » Finit-elle. Kôl ne peut pas s'empêcher de montrer qu'elle est jalouse et ce, encore maintenant. La brunette montre la fameuse photo qu'Isaac attendait et à ce moment, elle ne sait plus où se mettre. Ce sont ses craintes qui se révèlent au grand jour, sous les yeux d'Isaac. Elle, il y a plus de 3 ans, prostituée. Elle a honte de cette période de sa vie et c'est pour cette raison qu'elle range la photo dans son sac dès qu'Isaac la lui tend. On peut lire désormais sur son visage qu'elle est gênée mais elle tente de camoufler ce sentiment en esquissant un sourire qui se veut peut-être forcé à l'égard du serveur qui arrive prendre leur commande. « Une limonade s'il vous plaît. » Elle laisse un temps pour qu'Isaac commande sa boisson et reprend, naturellement. « Et maintenant, je peux te poser des questions ou t'as encore besoin de savoir des choses sur moi ? » Demande-t-elle, un sourire malicieux au bout des lèvres. Ben oui après tout chacun son tour.