Shot through the heart and you're to blame  You give love a bad name 

Les yeux fermés et allongé sur mon lit, je profitais pleinement de la musique. J'aimais bien me détendre comme ça et ne penser à rien l'espace de quelques instants. Mais bien sûr, les problèmes reviennent toujours plus vite qu'on ne le pense. Quelqu'un me retira mon écouteur droit, me faisant pousser un soupir d'agacement. « Tu ne m'entends pas depuis tout à l'heure ? » J'ouvre les yeux pour observer le sourire taquin de ma soeur. Elle ne m'agace pas, bien au contraire même, c'est celle que je réussis à supporter le plus. Seulement, elle venait de me faire quitter mon petit cocon de solitude. Enfin, je pouvais lui pardonner. En fait, je pouvais tout lui pardonner à Maryssa. Je l'adorais plus que tout, même si je ne lui montrais pas forcément. On ne pouvait pas dire que j'étais très doué niveau sentiment. J'enlève mon deuxième écouteur, éteint mon mp3 et me relève sur mon lit alors qu'elle s'assoit en face de moi. Sur son bras gauche, je remarque une marque. J'attrape alors son bras pour voir ça de plus près et lève des yeux interrogateur vers elle « Qui t'a fait ça Maryssa ? » « P... Personne, je te jure ! Je suis juste tombé tout à l'heure et j'ai dû me cogner le bras sans faire exprès. » Je n'étais pas sûr que ce soit vrai, mais je ne pouvais que la croire. Ça faisait déjà plusieurs fois que je la voyais avec des marques et si l'on ajoutais à cela toutes les fois où je suis rentré et que Papa et elle étaient dans une situation étrange, ça commençait à devenir louche. Honnêtement, j'avais comme l'impression que quelque chose de mauvais se passait entre les deux seuls membres de ma famille, mais je ne pouvais que croire ma soeur qui me disait toujours que tout allait bien. Et puis, même si mes doutes s'avéraient fondés, qu'est-ce que je pourrais bien faire ? Je me souviens de cette fois où Maman est parti et qu'il m'a violemment giflé. Je me souviens de ce regard effrayant qui hante parfois mes cauchemars. Je ne pouvais rien faire contre lui, j'avais trop peur. Peur d'empirer la situation, si elle existait bien sûr, et que le fait d'agir empire ce qui se passait sur Maryssa. Non, il y avait trop d'enjeux pour que je parle alors je me taisais comme tout le monde dans cette maison. Est-ce que ça faisait de moi un mauvais frère ? Sans aucun doute, je devais être le pire de tous. Moi qui m'était promis de a protéger en plus, on ne pouvait pas dire que je tenais mes promesses. « Si tu le dis... Bon et sinon, tu voulais quelque chose ? » Elle me sourit naturellement et avec cet air attendrissant que je ne lui connaissais que trop bien « Est-ce qu'il faut vraiment une raison pour passer un peu de temps avec son frère ? » Je me suis mis à lui sourire en retour. Elle n'avait pas tort après tout, nos petits moments se faisaient de plus en plus rare. Nous avons donc passé le reste de la soirée à discuter, à se chamailler et à rigoler. Heureusement que je l'avais Maryssa.


La liberté, enfin ! Mais à quel prix ? Certes j'avais enfin réussi à quitter cette fichue maison de l'horreur, seulement, j'avais laissé ma petite soeur à l'arrière qui elle semblait souffrir bien plus que moi là-bas. Cette université, même si elle me plaisait un peu, était de toute façon mon premier choix. Malgré tout, je savais que ma culpabilité me rongerait et c'est ce qui est arrivé. Lorsque je quittais le lycée, j'étais encore un garçon plein de rêve, de joie de vivre et qui savait s'amuser de tout et de rien. Depuis que je suis à Jersey, depuis que mon être même me ronge de l'intérieur petit à petit, j'ai bien changé. J'ai toujours été un peu solitaire, mais c'est encore bien pire maintenant. De plus, je me suis mis à devenir une sorte de rebelle et à me ficher de tout ce que l'on nomme des règles ou ce genre de choses. Je ne voulais même plus m'attacher un peu trop aux gens, même si au fond, c'est par peur de ne pas être capable de les protéger. Protéger ceux qui me sont chers est un besoin chez moi et voir à quel point j'y ai échoué ne me donne pas envie d'avoir tant d'êtres chers au final. Mais le pire, c'est qu'à cause de ça et de mon père, on peut dire que je suis devenu un sacré connard. Je ne parlais aux gens que s'ils pouvaient m'être utiles et j'étais devenu maître dans l'art de la manipulation. Je savais utiliser mes beaux yeux et quelques sourires charmeurs pour obtenir tout ce que je voulais. Alors qu'au fond, je voyais tous les êtres humains en général comme des pourritures bloquées de justesse par ce que l'on appelle la morale. Tout comme mon père par exemple. Des baffes ? Oh oui, je m'en suis pris pas mal, mais ça ne m'importe absolument pas. Oui, que les gens me détestent ou blesser les gens ne me dérangeait pas du tout. Il n'y avait que ma propre personne qui m'importait. Je n'étais pas là pour la popularité ou je ne sais quoi comme ces prétentieux de Zeus. Seulement, grâce à mon sourire et à mes yeux charmants, on pouvait me pardonner assez facilement. Encore une preuve que l'homme est stupide au final. On se fait berné si facilement que c'en est presque drôle. Quant à l'amour, personnellement, je n'ai jamais eu vraiment d'avis dessus. Je suis sorti avec certaines personnes durant mes années oui, du moins, j'ai couché avec plusieurs personnes. Je ne dis pas que l'amour ou quoi n'existe pas. Je sais juste que ça se termine forcément à un moment ou un autre du coup, à quoi bon tenter sa chance étant donné qu'on en connait déjà la finalité ? Et puis, étant donné ma vision que j'ai des autres, il faut vraiment quelqu'un d'exceptionnel pour réussir à faire palpiter mon coeur autrement qu'avec la simple excitation que l'on éprouve lors de frottements entre deux corps.


« Maryssa Clark... » Je n'y croyais pas, pourtant, c'était écrit noir sur blanc juste en face de moi. Je le savais pourtant, j'étais allé la voir pour son anniversaire et je lui ai offert ce cadeau. Mais j'avais totalement oublié qu'elle était en droit de venir à Jersey désormais et de s'éloigner loin du monstre qui nous éduqué. J'étais heureux, tellement heureux de savoir que je pourrais la revoir bien plus souvent. J'étais heureux aussi que, si ma théorie à propos de mon père et d'elle était vrai, elle ne vive plus avec ce monstre qui lui pourrira sa vie. Elle allait enfin pouvoir être heureuse à son tour. Seulement, après ce sentiment de joie qui laissait paraître un sourire béat sur mes lèvres, vint un autre sentiment. Un sentiment de honte, mais aussi de peur. Premièrement, je devais me rattraper pour l'avoir laissé tomber et m'être éloignée d'elle. De plus, j'avais vraiment changé depuis mon arrivée à Jersey et elle ne savait pas à quel point. Je devais être bien loin de l'image du gentil frère qu'elle avait de moi auparavant. Je savais qu'elle serait très déçue si elle découvrait ce que je suis devenu ici et je ne voulais surtout pas la décevoir. Changer, oui, je devais changer encore. Cette fois, j'avais une raison de changer, j'avais un être cher à protéger. Il était maintenant clair que je devrais faire des efforts parce que ça ne serait pas si simple de redevenir celui que j'étais. J'avais même l'impression que c'était impossible. Mais pour ma soeur, pour Maryssa, j'étais prêt à essayer. Et puis, qui sait, je me suis dis que j'aurais peut-être d'autres raisons qui me pousseront à changer. L'arrivée de Maryssa sonnait pour moi comme une lumière au bout d'un long tunnel sombre. Si elle ne pouvait me faire changer, je ne sais pas qui le pourrais. Au moins, j'étais déterminé, c'était un bon début. Un nouveau Lucas était sur le point d'arriver, mais malgré tout, je sentais déjà que je n'avais pas fini de me prendre des baffes.