Elle était là, assise dans le fond de la classe, elle ne voulait pas être devant. C’était trop dangereux. Daisy ne se met jamais devant, à part si le cours est fait par une vieille peau absolument pas attirante. En effet, la demoiselle a un problème : elle est fascinée par les professeurs. Déjà qu’en temps normal elle tombe amoureuse pour un rien, alors en plus si c’est un prof’ il suffit d’un regard pour qu’il emplisse ses jours et ses nuits. Cette manie difficile à contrôler lui a déjà coûté une place à Bekeley, elle ne compte pas re-commencer la même erreur. A la base, si elle s’était inscrite aux cours de monsieur Blairwitch, c’était pour pouvoir le reluquer pendant tout une heure, mais cela se révéla une bien mauvaise idée. Bien décidée à ne pas sécher les cours, elle prit la décision de ne plus vraiment écouter, ou de moins de ne plus le regarder. Mais Daisy n’est pas une femme avec une force de conviction très impressionnante, c’est pourquoi aujourd’hui elle craqua, et alla le voir à la fin de l’heure. Elle savait qu’elle s’engageait sur un terrain glissant et regrettait déjà sa décision. Lorsque la sonnerie retentie, les élèves sortirent tous assez vite, pressés de penser à autre chose qu’au cours en cette fin de journée. La demoiselle s’avança vers le bureau du professeur et lui demanda le plus simplement du monde « vous qui être professeur en psychologie, pouvez-vous me dire si l’amour est un sentiment rationnel ? » elle savait très bien que non, ayant déjà vécu pas mal d’expériences qui peuvent le prouver, mais il lui fallait une phrase d’amorce. Mais une phrase d’amorce pour quoi ? Elle l’ignorait totalement, elle avançait dans le flou complet.

Elle aimerait bien le voir plus souvent, elle se rend compte qu’au final il lui manque des fois. Elle s’en veut d’être comme ça. Daisy se jette littéralement dans la gueule du loup en allant lui parler. Elle sait qu’elle n’aurait pas du faire ça, mais elle a été trop faible et n’a pas su résister à son envie. Maintenant il faut qu’elle contrôle tout, mais elle n’en a pas envie, elle veut pas se dire que c’est mal si jamais elle craque pour lui. Elle veut juste que personne ne le sache, même pas lui, sinon ça serait pire. Craquer pour un prof’, enfin plutôt un intervenant occasionnel, ça ne le fait pas vraiment. En plus, elle n’avait pas choisi n’importe quelle question, non, il fallait qu’elle lui parle d’amour. Il lui répondit que l’amour ne dépendait pas de la psychologie mais de la physique, la chimie, et bien d’autres choses qu’il énuméra en rangeant ses affaires. Rien que d’imaginer quelqu’un faire des mélanges chimiques pour créer l’amour la faisait sourire. Elle sait bien que ce n’est pas la chimie qu’on voit en cours, mais ça lui plaisait de penser le contraire. Il ajouta ensuite qu’il devait y aller, mais qu’il n’avait pas pour autant de femme à retrouver. « oh vous savez, j’vous jugerais pas si vous êtes gay ! » elle espérait un peu qu’il le soit, comme ça, elle passerait à autre chose. « moi aussi je parle beaucoup en général, et j’aime bien les gens qui parlent. J’supporte pas quand personne parle, ça m’énerve. » elle baissa la tête légèrement honteuse « vous allez me prendre pour une folle. » elle l’était un peu certes, mais Daisy n’aimait pas que les gens s’éloignent d’elle parce qu’elle est bizarre.

Bon, il n’est pas gay et non, ça ne la rassure pas ! Elle flippe encore plus, parce que là c’est sur, elle se connaît, elle va vraiment craquer pour lui. Si Daisy ne veut pas penser à lui, elle n’a qu’à l’imaginer avec un caractère horrible et qu’il n’est sympa que par courtoisie. Elle sait très bien que ça ne marchera pas, elle est sure que c’est un type bien. Parfois, elle se déteste vraiment, elle se demande pourquoi faut-il que ceux qui l’attire soient des gens qui lui sont interdits, en l’occurrence, les profs ou tout autre adulte du campus. Elle aussi est une adulte, mais il y a des règles qui font que malgré cela, elle ne peut pas faire que plus que de serrer la main d’un prof’. Il a l’air de la comprendre, de ne pas la prendre pour une dingue. Il doit faire parti de ceux qui rentrent dans ses délires. En général, malgré sa joie et son optimiste, elle fait fuir les gens parce qu’elle est, comment dire, un peu délurée, et même beaucoup en fait. Elle lui souriait, elle le trouvait sympa et absolument charmant. Elle est d’accord avec lui, à rester là, les femmes de ménage vont les virer avec un coup de balai dans les fesses, chose que Daisy aimerait bien éviter. Il lui proposa d’aller se parler devant le campus. Elle fit une sorte de grimace. « euh…Croyez bien que j’adorerais dire oui. Sauf que…la dernière fois que j’ai parlé à un homme dans votre genre en dehors du campus, j’me suis faite virer de l’université, de Berkeley. Oui, ça doit s’voir avec mon accent, mais j’suis américaine, de Los Angeles. » elle se mordilla la lèvre, elle parlait trop, mais c’était plus fort qu’elle. « au fait moi c’est Daisy, au cas où ça vous intéresserait. » dit-elle en lui tendant sa main.

Ils sont sûrement sévères à Berkeley, c’est sur mais elle n’a pas raconté toute l’histoire. Elle a oublié de préciser qu’elle n’avait pas que discuté, mais qu’elle avait eu aussi une liaison avec son professeur. De façon déontologique, c’est pas top quand même. Elle se disait que cette fois elle ne l’avait pas rencontré en manquant de le renverser, donc peut être qu’ils seraient juste des connaissances au final ou au mieux des amis, mais rien de plus. Même si au fond d’elle, Daisy espérait déjà plus. Elle savait qu’elle était folle de penser ça mais elle le trouvait craquant, blond aux yeux bleus un sourire irrésistible. Pourquoi fallait-il que tous les « profs » pour qui elle craque soit aussi sexy ! Elle tentait de sortir cette idée de la tête, il fallait qu’elle l’imagine avec un sac en papier sur la tête, ça passerait peut être mieux. Enfin bref. Il se présenta comme étant Absolem, il venait de lui dire son prénom, elle sourit en remarquant cela. « oh Absolem comme dans Alice aux pays des merveilles, j’adore ce livre, film, dessin animé, c’est trop chou ! » dire chou devant lui n’était sûrement pas la meilleure chose à faire, mais elle s’en fichait à présent. Elle est spontanée, naturelle, joyeuse, elle ne va pas essayer de se faire passer pour une femme distante et froide, elle n’y arriverait pas de toute façon. Il lui proposa ensuite un café en disant que c’était innocent. « j’peux pas dire non à ça de toute façon. » dit-elle souriant. Elle n’avait pas envie de dire non. Elle remettait bien son sac sur son épaule tout en se mordillant la lèvre, elle hésitait à lui poser une question. « euh…vous avez quel âge ? Si c’est pas trop indiscret hein ! J’vous rassure j’demande pas ça à tout le monde, c’est juste que j’suis curieuse donc voilà. »

Il venait de lui dire qu’elle était mignonne, enfin pas vraiment, il avait dit que son prénom était mignon, et que du coup, ça lui allait bien, mais ça en revenait au même. A l’intérieur, Daisy sautait littéralement de joie, mais à l’extérieur elle affichait juste un sourire ravi. Elle sourit tout le temps, et en général, c’est assez communicatif. En fait, elle avait du mal à réaliser ce qu’il venait de lui dire, et de la façon dont il l’avait dit. Elle mettrait sûrement un temps à s’en remettre, cette nuit elle penserait à lui, elle en est sure, ça ne peut pas être autrement, surtout après ce qu’il lui a dit. Mais bon, il faudrait peut être qu’elle le connaisse un peu mieux avant d’imaginer quoi que ce soit. Ils sortirent du campus pour se diriger vers le café qui se trouvait non loin de là. Absolem lui dit ensuite qu’elle pouvait le tutoyer, parce que là il avait l’impression d’être vieux. Ca ne le dérangeait pas plus que ça de le tutoyer. Certaines personnes auraient trouvé ça dérangeant, mais pas elle. Daisy a l’habitude de côtoyer des hommes plus âgé qu’elle. D’ailleurs elle est sure qu’il ne pas franchement plus vieux qu’elle. Il lui ouvre la porte et elle sourit à cette attention. Jusque là, elle le trouver parfait, elle n’a rien à lui reprocher. Il a vingt-six ans, ils n’ont que cinq ans d’écart, ce n’est pas énorme. « mais t’es jeune ! » dit-elle limite en criant. « j’ai vingt-et-un ans, en fait on a que cinq d’écart. Ouai t’es vu un peu, j’suis fortiche en maths. » dit-elle en rigolant.

Elle était sure que ce n’était pas une bonne idée de venir ici avec lui de discuter, de parler de leur âge. Mais à présent, elle ne dépendait plus de rien, son cerveau ne voulait plus fonctionner correctement, son cœur décidait pour elle. Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi sentimentale ? Et qu’elle craque aussi facilement ! Elle tente de penser à autre chose qu’au type assis en face d’elle, mais c’est difficile, pourquoi faut-il que ses yeux soient aussi beaux ? « oui, on s’en fou ! » c’est pas l’âge qui compte. Il lui fait un clin d’œil et elle se sent littéralement fondre comme neige au soleil. Elle espère ne pas avoir l’air d’une groupie qui voit son idole en chair et en os. Mais elle ne peut pas résister. Elle ferme les yeux et secoue la tête, il faut qu’elle arrête de penser à lui et à ça, même s’il est assis juste en face. Il lui demanda ensuite si elle était d’accord pour qu’il offre leurs consommations. Daisy se demanda si c’était un test, elle ne voulait pas ruiner ce moment à cause d’une mauvaise réponse. Elle ne savait pas quoi dire, et comme à chaque fois qu’elle ne sait pas quoi dire, elle dit tout ce qui lui passe par la tête. « bah je sais pas. Si je dis que je veux payer je vais passer pour une fille généreuse mais ensuite on va partir dans un débat parce que tu veux jouer les gentleman en m’offrant mon verre. Et si je dis que j’accepte, je passe pour une radine qui saisit la moindre occasion de ne pas payer. Je parle même du fait que chacun paye sa part, sinon on a pas fini. Donc fait comme tu le sens, mais sache que j’suis pas radine ! » dit-elle en souriant avant de faire une grimace et d’ajouter presque en chuchotant « tu dois penser que je suis folle. » bon elle l’est un peu mais bon.

Contrairement à pas mal de monde, il ne la regarde pas bizarrement, pas comme une dégénéré foldingue qui vient d’une autre planète. Même si Daisy est une fille très joyeuse et sympathique, elle effraie un peu les gens parfois car elle parle de trop, elle parle de trucs bizarres aussi et elle est un peu bizarre. Parfois, elle se sent à peu près autant à sa place sur terre que Lune Lovegood dans Harry Potter qui semble vivre sur une autre planète. Il l’invite, et Daisy trouve ça sympa. Il la trouve un peu folle, mais ça n’a pas l’air de le déranger ce qui fait encore plus sourire Daisy. Il se rapproche d’elle et plonge ses yeux dans les siens. Elle sent son estomac se nouer et son cœur battre plus rapidement. « Mais je suis d'avis que seuls les fous nous font avancer. Et puis je le suis moi aussi. Alors on s'est bien trouvés, non ? » dit-il tout simplement. Elle a un sourire gêné puis elle baisse son regard. Pourquoi faut-il que ce mec fasse des interventions à l’université, qu’il ait cinq ans de plus ? Même si elle se fiche de l’âge, ce n’est pas le cas de tout le monde. En général elle sort avec des hommes plus vieux qu’elle et Daisy remarque bien les regards qui se posent sur elle. La demoiselle espère que si elle trouve l’homme assis en face d’elle si…parfait, c’est uniquement parce que son cœur d’artichaut fait des siennes. « oui, sûrement. » répondit-elle en souriant à nouveau. Par la suite, ils trinquent à leur rencontre. « oui à notre rencontre…enfin…ça fait pas bizarre de dire ça ? » demande-t-elle avant d’ajouter. « nan parce qu’en général dans les films ils disent ça et à la fin ça fini en mariage. » de un elle raconte n’importe quoi qui va sûrement le faire fuir et de deux elle a des références cinématographiques qui laissent un peu à désirer.