+ QUE PENSES-TU DE JERSEY ? C'est un endroit que j'apprécie.  Après tout, c'est moi qui ai décidé d'y vivre, même si c'est par accident en quelque sorte.  C'est très différent de Leeds, moins gris, fiché entre la Grande Bretagne et la France, ce qui confère à l'endroit une atmosphère bien particulière.  A bien y réfléchir, je n'aimerais pas devoir partir.  Je me suis habituée à l'endroit, j'y ai mes habitudes à présent, et je me sens très bien chez moi. De plus la boulangerie qui est dans ma rue fait le meilleur pain que j'ai jamais mangé !  Rien que pour ça Jersey vaut le détour !+ DEPUIS COMBIEN DE TEMPS VIS-TU ICI? Ca fait un peu plus de cinq ans maintenant.  C'est mon père qui m'a élevée, et il a fait ce qu'il a pu le pauvre, mais il est devenu de plus en plus autoritaire au fil des années.  En fait je crois qu'inconsciemment, il me reprochait le départ de ma mère.  Il a sa vision des choses, son entourage doit s'y tenir, et c'est le plus naturellement du monde qu'il a choisi quelles études je devais suivre.  Moi, au début, je n'ai pas vraiment réussi à me rebeller comme il faut, et j'ai fait des études de Kiné, chose que je n'aimais pas du tout.  Je me suis retrouvée avec un métier que je n'aimais pas, alors j'ai commencé à chercher un job, mais dans autre chose.  Comme j'ai une orthographe excellente, que je parle quatre langues, et que je suis très organisée, j'ai répondu à une annonce pour un Job sur l'île de Jersey après avoir fait quelques petits boulots alimentaires.  Contre toute attente, j'ai été engagée, et c'est comme ça que je me suis retrouvée secrétaire de Tony Hernandez. + SI TU DEVAIS RÉSUMER TA VIE EN TROIS MOTS: Rigueur :  Mon père m'a appris à en faire preuve, sans doute même à l'excès.  Pas trop de temps pour s'amuser, mes sorties ont toujours été très limitées non seulement pour me "protéger" du monde extérieur, mais parce que je devais étudier pour réussir ma vie !  Ca a fait de moi quelqu'un d'organisé, ça me sert dans mon travail, c'est déjà ça.  Patience : Il m'en aura fallu, et heureusement que j'en avais !  De mon père je suis passée à Tony, autant dire que c'est un grand écart au niveau des tempéraments, mais l'un comme l'autre me donnent souvent des envies de vacances.  Déceptions :  J'en ai connu beaucoup, et finalement ce sont les gens qui me sont le plus proches qui m'ont le plus déçue.  Maman qui est partie, mon père qui a fini par me dire qu'il ne voulait plus entendre parler de moi parce que je refusais de m'associer avec lui à son cabinet de kinésithérapie,  Tom, mon premier amour, avec qui je rêvais de faire ma vie, de fonder un foyer, et que j'ai un jour surpris avec les jumelles Faraday.  Après tout ça, difficile de faire confiance, difficile de s'autoriser à aimer à nouveau.  L'idée même me fait peur, je me protège d'une nouvelle désillusion, quitte à en oublier de vivre vraiment parfois.  Vais-je pouvoir continuer ainsi longtemps ?  Je l'ignore... + TU AIMES/TU N'AIMES PAS J'aime : le soleil, la pina colada, les chiens, les romans policiers, la bouffe italienne, l'odeur du muguet, les tournesols, la musique rock, les romans policiers, les fruits, les paysages enneigés, boire un chocolat chaud en hiver, installée confortablement face à un feu de cheminée, avoir raison.  Je n'aime pas : Avoir tort, repasser, la bouffe chinoise, la pluie, les emmerdeurs, les conducteurs du dimanche qui ne connaissent pas leur code et vous engueulent parce que vous prenez votre priorité, l'opéra, les ordinateurs avec windaube, qu'on me prive de ma grasse matinée le dimanche (sauf exceptions  ), les émissions politiques, les extrémistes de tous bords, les films avec Chuck Norris + TES PLUS GRANDES PEURS? On va commencer par mes phobies, c'est déjà pas mal.  Donc j'ai une peur bleue des clowns.  Allez savoir pourquoi, moi-même je l'ignore.  Je ne me souviens pas que l'un d'eux m'ait effrayée, mais depuis ma plus tendre enfance, cette phobie est là, bien ancrée.  J'ai également peur des orages, mais ça je sais pourquoi.  A cause d'un orage qui a été classé comme un des plus violents du siècle sur l'Angleterre.  Je me souviens d'une nuit effrayante, avec des bruits de tonnerre assourdissants.  Et puis mon père qui débarque dans ma chambre en hurlant et me jette sur son épaule pour nous sortir de la maison.  J'aurai toujours cette image de mon père en pleurs et du spectacle de notre maison en train d'être réduite en cendres.  J'ai également peur de la solitude, de finir seule.  Et pourtant étrangement j'ai peur de m'engager.  Une vieille histoire d'amour qui m'a fait tellement de mal que j'ai peur de souffrir encore. + COMMENT VOIS-TU LA POPULARITÉ DE L’UNIVERSITÉ POUR LE BIEN DE L'ÎLE ? Très sincèrement c'est le genre de chose dont je me fous complètement.  L'université n'a déjà pas été un bon moment pour moi.  Ca aurait pu, mais comme je n'ai pas pu faire les études que je voulais, c'est un souvenir dont je me passe bien.  Les confréries estudiantines, je trouve ça un peu débile sur les bords.  Et un peu au centre aussi d'ailleurs, et je pense qu'une île comme Jersey aurait tout à gagner à chercher une autre sorte de publicité.  Y'a d'autres richesses ici, on les oublie un peu trop vite à mon goût. + EST-CE QUE LES ETUDIANTS FONT PARTIS DE TON QUOTIDIEN? Non, et heureusement !  J'ai quitté ce monde y'a un bon moment, ça ne me manque pas.  On se fichait pas mal de moi quand j'étais à la fac, parce que j'étais une bosseuse, que je trouvais ridicule de se saouler comme des ronds de chaise juste parce que c'est "fun" d'avoir l'air complètement con sur une photo.  On me disait trop sérieuse et c'était sans doute vrai... Mais ce n'est pas toujours évident de se sentir à l'écart.  Mon sérieux m'a justement permis d'avoir aujourd'hui un poste à responsabilités, et c'est très bien comme ça, tout ce qui concerne l'université est derrière moi. + POURQUOI AS-TU CHOISI TON MÉTIER ACTUEL? Je ne l'ai pas vraiment choisi à vrai dire.  Si j'avais pu, je serais devenue pianiste professionnelle.  J'ai toujours aimé jouer de cet instrument, et j'ai émis le désire d'étudier la musique.  Mon voeu a été exaucé, en partie, parce que j'aurais dû intégrer une académie avec des cours aménagés pour devenir une vraie musicienne, et ça je n'ai pas pu.  Comme je ne voulais pas exercer le métier de mon diplôme, je me suis rabattue sur ce que j'ai pu.  Mais c'est pas si mal, parce que j'aime mon job actuel, et pas uniquement parce que Tony et moi on s'est rapprochés.  J'ai trouvé ma voie, ma vie est entre mes mains, et le défi qui s'annonce n'est pas des moindres : en faire quelque chose qui me rendra vraiment heureuse.