Je suis Grazyna Mignonnette Zadig Lowinski Saint d'Emery, princesse du royaume de Pologne ayant demeuré jusqu'à présent dans la château de père à Varsovie. Vous me direz mais qu'est-ce qu'elle raconte celle là ? En Pologne c'est une république. Et je vous répondrais que je n'ai pas fumé de joint, et que je sais ce que je dis, simplement père règne en attendant que la royauté se pointe, il peut attendre longtemps je vous le dis. Mais maintenant je vais vous raconter mon histoire et comment je suis arrivée à Jersey.

C'était un six décembre 1993, cela faisait neuf mois que je couvais dans le ventre de mère avec mon jumeau et j'ai enfin décidé de pointer le bout de mon nez. Je sortis la première, mon frère le deuxième mais malheureusement mourut sur le coup, et se fut donc pour cette raison que mon second prénom fut Zadig, mon premier étant Grazyna. J'ai bien vécu la mort de mon jumeau, je ne l'avais connu que dans le ventre de ma mère, mais cela ne m'avait pas trop manqué, au moins j'étais la dernière de la famille et tout l'attention se porterait sur moi. D'ailleurs c'est ce qu'il se passa. Père cédait à tous mes caprices.
A deux ans, je voulais une robe de princesse faite sur mesure pour moi je l'ai eue.
A cinq ans, je voulais un poney je l'ai eu.
A sept ans je voulais un hamster je l'ai eu.
A dix ans, je voulais deux chiens je les ai eus.
A douze ans je voulais un appartement à moi seule dans le château je l'ai eu.
Et j'en passe, mais j'ai eu tout ce que je voulais mais mon aîné pas tellement, lui à chaque fois qu'il demandait quelque chose c'était une réponse négative, alors que moi parfois je n'avais pas besoin de demander que déjà j'avais tout en un claquement de doigt. Mon enfance a été des plus parfaites, même si j'étais un enfant assez rebelle, menant d'ailleurs mes dames de chambre à la baquette et surtout en bourrique, j'étais une vraie petite teigne, et bien que je ne sois pas une fille parfaite derrière mon statut de princesse, jamais je n'ai été punie et à l'heure d'aujourd'hui j'aurais sûrement aimé.
Je me souviens de ce jour où père donnait un diner avec les marquis, et tout le tralala habituel lors des réceptions chez la famille royale. Pour l'occasion mère avait décidé que je mettrais une robe rose claire, avec mes sandalettes ocre et mes longs et beaux cheveux blonds attachés en un chignon plus que magnifique, j'avais quinze ans à l'époque. Effectivement même à cet âge là j'aimais bien mettre des robes, mais dans la vie de tous les jours c'était jean, T-Shirt pas de robes juste pour les moments spéciaux. Enfin bref. Se fut ce jour là où je compris que tout ce cirque n'était pas pour moi.
Le major-d'hommes avait élevé la voix parmi tous les brouhahas. Il avait d'abord appelé père, mère, mon frère et moi le meilleur pour la fin. Notre famille descendait les marches du grand escalier qui menait à l'étage, et tous les regards étaient posés, sur nous, nous ne devions pas sourire, nous ne devions pas laisser paraitre nos émotions simplement demeurait neutre, et dans mon cas c'était impossible.. Toutes les petites filles me regardaient avec de grands yeux, elles auraient aimé être à ma place, pouvoir lever la tête haute, dévisager les gens avec un air supérieur  et ne jamais sourire. Je le faisais certes, mais seulement quand père me disait était derrière moi à vérifier mes moindres faits et gestes. Et comme chaque réception tout le monde se ressemblait dans la grande salle, aux murs blancs avec un seul grand tableau de la famille, de grands canapés ocres, des grandes tables faisant toute la longueur de la pièce et le magnifique lustre en cristal de grand-mère qui prenait tout le plafond faisant la splendeur de la salle. Tout le monde buvait le meilleur champagne de Pologne, se goinfrait d'amuse-gueules et tout cela dans une entente parfaite. Puis s'en suivait le repas, avec une soupe, du poisson, une entrée, deux plats principaux et trois déserts. Entre chaque plat il n'y avait aucune pause pour danser, mais c'était bien sûr après les trois déserts que le spectacle avait lieu. Pour ouvrir le bal, je devais danser avec père et mon frère avec mère, c'était une valse à chaque fois et grâce à de nombreux cours acharnés, j'excellais dans cette danse, même si elle durait cinq minutes entières.
Et c'est là que je le vis, Arthur Caius Archibald de la Roche. Je ne sais plus de quel pays il était le prince, nous ne parlions jamais de ça. Ce jour là il m'avait invitée à danser, comme toutes les autres fois d'ailleurs, sauf que là c'était différent, son attitude était différente, son sourire était différent tout était différent. Il avait dix-sept ans et moi quinze à l'époque et pourtant nous nous aimions, mais père m'avait interdit une quelconque idylle avec lui, c'était l'ennemi. Père et moi n'étions pas d'accord sur les principes, jamais. Arthur m'avait salué, m'avait pris la main et y avait déposé un léger et chaud baiser sur la main. Me prenant par la taille m'amenant toujours plus à lui, nous virevoltions au son harmonieux de l'orchestre. Il s'était penché au creux de mon oreille et m'avait dit « Je vais refuser. » Un sourire, puis un clin d'oeil et il me quitta. Je savais parfaitement ce que voulait dire cette phrase, il allait refuser son statut de prince et de reprendre la suite de son père  lors de son dix-huitième anniversaire, il n'allait pas faire le serment, il avait perdu la tête ! Je ne le revis plus de la soirée, et plus jamais d'ailleurs, il m'envoyait de temps en temps des lettres, m'expliquant ce qu'il faisait mais jamais il ne me disait où il était, je savais qu'il avait recommencé une nouvelle vie, sans moi, celle qui était son âme soeur.

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C'était le 5 décembre 2011 à quatre heures du matin que mon réveil sonna, en vitesse je me leva enfila un jean slim, un T-Shirt et un Sweet. Je pris mon MP3, mon portable, et le sac que j'avais préparé la veille. Sans faire aucun bruit je traversa le château, tout le monde dormait encore et je ne comptais voir personne, bien décidé à partir, j'avais laissé une lettre sur la porte :
Mère, Père,
Si vous êtes affolés parce que je ne suis pas dans mon lit ne vous inquiétez pas, c'est parce que je suis partie, à quatre heures du matin. J'ai pris un avion pour du renouveau, pour partir d'ici, de ce château, de tout. Seul Romuald est au courant de tout, ne lui en voulez pas c'est moi la fautive. Je pars, car j'en ai marre de tout, la vie de château et tout ce qu'il s'en suit. Frère à fait serment mais je ne le ferais pas. Pleurez, partez à ma recherche mais là où je suis ne vous ne me retrouverez pas. Ne m'en voulez pas, je vous aime.
Grazyna, votre fille.
Et me voilà, dix-huit ans avec seulement mille euros pour vivre ma vie entière. J'avais pris un avion direction Paris, et je dus me débrouiller seule pour atteindre le lieu de rendez-vous, sous l'arc de Triomphe. Je dus attendre longtemps, mais il arriva, posa ses lèvres sur les miennes, m'enlaça et me dit « ooh zadig, comme tu m'as manqué, si tu savais le nombre de fois où j'ai pensé à toi, à tes lèvres roses, à tes pommettes rouges, tes yeux bleus, tu es un arc-en ciel à toi seule. » Je lui avais souris, l'avait pris dans mes bras en le serrant, sentant son doux parfum, sa chaleur pendant quelques minutes qui me parurent une éternité. Il avait relevé ma tête m'embrassa brièvement et me dit « Je dois partir, maintenant. Demain, attends moi là même heure. » J'ouvris et ferma la bouche « Mais..Arthur je suis venue uniquement pour toi. M'abandonne pas. » Une larme coula sur ma joue, une larme brulante comme si elle m'arrachait la peau, il l'essuya et tenta de me rassurer « Ne pleure pas mon bébé. Je dois rejoindre, ma femme et mon fils. Je t'aime, à demain. » Il m'embrassa, me caressa la joue et me quitta une fois de plus. Pour la nuit je me trouva un hôtel hors de prix, pour lui.
Le lendemain, il vint à moi. Et je compris que tout ceci était voué à l'échec, il avait sa vie toute tracée la mienne était le fruit de mon destin. Je devais lui expliquer, que nous deux ce n'était pas possible, avec peine et douleur je lui fis mes adieux plus que douloureux.
Je ne trouvais qu'une solution afin d'espérer vivre à Paris, il n'était pas question que je retourne au château je me rendis chez une tante éloignée avec qui j'aimais correspondre par le biais d'internet, je ne l'avais vu qu'une fois et pourtant lors de nos retrouvailles j'avais l'impression de toujours l'avoir connue.
Pendant près d'un an j'ai vécu avec elle : elle me mit dans un lycée privé, j'y passa mon bac et je l'eus avec mention. Je fis un an d'études en droit mais cette vie n'était pas faite pour moi alors je décida de reprendre mon envol, partir loin de tout cela, à Jersey, j'avais vu la brochure de leur université et je quitta ma tante, elle me comprenait et savait que presque deux ainsi avec elle c'était déjà trop pour moi, surtout que mes parents ne me lâchaient pas et avaient compris eux aussi, enfin à moitié.. Ma tante bien qu'elle soit éloignée aurait bien pu être une femme bien plus proche que ma propre mère.

Je suis Grazyna Zadig Lowinski, ancienne princesse de Pologne, actuelle universitaire à la JIU de l'île fleurie.