Il était là, devant elle, aussi droit qu’elle l’avait toujours connu, portant son habituel costume bleu nuit. Cet homme c’était tout simplement sa vie, sa fierté, son oxygène. Pour dire vrai, c’était son père. Son prince charmant particulier, l’image même de la réussite. Il avait hérité d’un empire qu’il avait fait évoluer et prospérer à tel point que la famille pouvait vivre aisément pendant 3 générations consécutives sans avoir besoin de travailler. Joy aurait pu l’admirer et vanter ses mérites durant des heures entières sans être lassée, parce qu’après tout, la famille c’est sacré. Cependant l’heure n’était pas aux éloges et le sérieux de son père n’annonçait rien de bon. S’avançant de sa démarche féline habituelle, la jolie brune vint se placer à la droite de son père. Face à eux s’étendait à perte de vue les cépages très connu donnant naissance au champagne Dom Pérignon. Cette année là étant en effet un millésime, ils allaient pouvoir fabriquer leur merveilleux liquide d’or. Soudain la voix suave de son père brisa le silence tandis qu’une brise d’automne se faufilait dans sa chevelure brune. « Regarde Joy, bientôt les vignes seront à maturité et les vins pourront alors être sélectionnés en vue de l’assemblage. » La jeune femme acquiesça connaissant depuis longtemps le procédé pour parvenir à leurs bouteilles d’exceptions. De ce fait, elle se mit à douter quant au but de son père. Où souhaitait-il en venir exactement ? « Un jour tout ceci sera à toi. » Il se rapprocha d’elle et enroula ses bras autours de ses épaules comme pour l’encourager dans une quête qui allait être difficile. « Promets moi de faire très attention car tu es une jolie fille et ton nom est très réputé. Ne te fais pas avoir par le premier venu… s’il te plait. » Ces derniers mots étaient presque une supplication. En vérité, c’était la peur d’un père de voir un jour sa petite princesse s’envoler. Si seulement il avait su ce qui allait se passer par la suite…


Il faisait beau ce matin là et les rayons du soleil baignaient la chambre de grandes trainées d’or. Aussitôt, un mal de crâne des plus violents s’empara d’elle et Joy eut la douloureuse impression qu’elle venait de se manger une barre de fer. Redressant l’échine, elle s’aperçut qu’elle était totalement nue sous les draps et qu’un bel apollon partageait son lit.
Alors machinalement elle se mit à sourire car il semblerait qu’elle est passée une excellente soirée. La jolie brune regarda l’inconnu dormir durant quelques instants avant de se redresser et de s’étirer délicatement. Cependant un léger détail arrêta net son mouvement. Prenant une grande inspiration, elle s’attarda un peu plus sur le petit bijou doré qui ornait soigneusement son annulaire gauche. 10 secondes. Interminables qui s’étendirent peu à peu dans le temps, comme suspendue à l’infini. Son regard sombre resta ancré sur la bague tandis que sa main droite ne parvenait pas à la toucher, comme si elle redoutait la morsure du métal froid. Ce fut un choc violent qui se répercuta dans tout son corps, se propageant telle une trainée de poudre. Impossible, c’était tout bonnement impossible. Abby Joy-Kaelyn Pérignon ne pouvait pas être mariée à n’importe quel venu… Le souffle coupé, elle secoua vaguement la tête et posa ses yeux sur l’homme qui dormait à ses côtés. Se relevant d’un bond, telle une lionne prise au piège, elle tira tous les draps pour couvrir son corps, réveillant ainsi son « mari ». Au bord de la crise de nerfs, la jolie brune ancra son regard de fauve sur ce dernier avant que sa voix ne perce le silence. « Dormeur, réveille toi ! Il semblerait qu’on ait un ENORME problème ! » Elle ne pouvait s’empêcher de fixer tour à tour l’anneau puis le jeune homme. Lui laissant gentiment quelques instants pour émerger, elle tenta de réunir tous ses souvenirs de la soirée. La seule chose dont elle parvenait à se rappeler était qu’il se nommait Zander-Jay quelque chose avec un nom à consonance européenne. Pour le reste, seulement des tonnes d’alcool, un peu de drogue et du sexe en veux-tu, en voilà. C'est comme ça que tout commença...


« Bonjour chérie oui puisqu'on est toujours marié à ce que je sache, je viendrais pas te chercher j'ai d'autres choses à faire ! Alors fais pas ta gamine et viens, dis à ton avocat de venir si lui tu l'as pas mangé, le miens est encore tout beau, tout vert, je t'avouerais qui pu mais breeef viiiens te fais pas désirer je sais que t'aimes ça, t'aimes aussi jouir mais c'est un autre débat alors viens mon canard. Et ramène aussi les vêtements que j'ai oublié ils me manquent t'sais c'est comme l'orange sans son épluchure, comme le pain sans le nutella, comme la clope sans tabac alors viens putain tu me manques, enfin tes fesses me manquent. Salut caca mou. » Les seuls mots qui lui vinrent à l’esprit furent : Au secours… Elle supprima le message de son répondeur et secoua vivement la tête de droite à gauche. Mais qu’allait elle faire de lui ? Zander c’était tout simplement l’image même du type qu’elle n’avait jamais imaginé avoir pour mari. Il était légèrement gamin sur les bords, grand bavard à ses heures et un peu lourd de temps à autre. Cependant elle devait bien avouer qu’elle avait fini par s’attacher à cet être si particulier.  Il y a des choses qui sortent de toutes raisons et dont personne ne connait les ficelles ou le mécanisme qui permettraient de réparer certains objets. Lorsque le cœur n'obéit plus aux ordres d'un corps, peut-être vaudrait-il mieux l'arrêter, remettre les compteurs à zéro. Elle avait donc décidé de l’accepter tel qu’il était et ne se gênait pas le moins du monde pour passer du bon temps en compagnie de Monsieur Kebler. Bien entendu, la jolie brune n’avait rien dit de ce mariage à sa petite famille parfaite. Hors de question que la fille prodige épouse le premier venu. Dans le plus grand secret, elle avait fait appel à un excellent avocat pour qu’il puisse régler cette affaire de divorce. Cependant et, pour le moment, les deux restent bel et bien mariés…