Samedi soir. Tout le monde se retrouve pour faire la fête, déjà, alors que l'année vient à peine de commencer. Tout le monde se saute dans les bras à longueur de journée, heureux de se retrouver et cette soirée allait être l'occasion de se murger sévèrement la tronche pour fêter ça. Mais moi, je n'avais pas envie de faire comme les autres. Pas la moindre envie, et pas d'humeur à supporter une gueule de bois d'enfer tout le dimanche. Rentrée après tout le monde de vacances, je n'avais pas pu ranger toutes mes affaires, alors j'allais consacrer ma soirée à ça: défaire mes valises, tout bien ranger et me détendre. C'était ça le point positif: personne pour me taper sur les nerfs, j'étais seule pour la soirée. Après une bonne douche, j'avais passé une serviette autour de moi pour aller mettre un peu de musique histoire de ne pas demeurer dans le silence. Je posais mes valises sans aucune gêne sur un lit au hasard, pour ouvrir mes valises et commencer à tout ranger dans mon armoire. Qu'est-ce-que c'était bon de ne pas entendre glousser dans les couloirs et de ne pas voir des tronches détestées dans la même pièce. Ce week-end s'annonçait agréable, les étudiants allaient se reposer, dormir toute la journée pour se remettre de leur soirée.. En fin de compte, le quotidien à la JIU m'avait vraiment manqué.

Je détestais le mois de septembre. Pour deux raisons : les cours reprenaient et l'automne annonçait son arrivée prochaine. Je fourrais mes mains dans mes poches à cause du vent froid qui soufflait ce soir. Il y avait du monde dans les rues, on voyait bien qu'on était samedi. Tout le monde allait en ville, histoire de se détendre, de boire et de faire la fête. Toutefois, je prenais le chemin opposé ce soir. En effet, je retournais sur le campus après avoir marché pendant une bonne heure sur la plage. Je ne me sentais pas d'humeur à faire la fête ; le bruit, les gens, la gueule de bois ... ce soir je ne voulais rien de ça. Après quelques minutes de marche en plus, j'arrivais enfin sur le campus. Je me dirigeais bien évidemment vers la maison des zeus qui ce soir était bien silencieuse. Je fermais la porte derrière moi en souriant, appréciant ce calme et ce silence. J'allais vers le dortoir numéro 2 et m'arrêtais soudain devant la porte. De la musique ... Eh merde ! Moi qui pensais rester seul ce soir. Je poussais un soupir et ouvrais doucement la porte. Lorsque je levais les yeux, je n'eus pas besoin de voir son visage pour savoir de qui il s'agissait : Eleanor. Elle était de dos, et n'avait pas remarqué ma présence. Je levais un sourcil la regardant de haut en bas avant d'afficher un petit sourire. Malgré ce sourire, j'avais quand même espéré tomber sur qui que ce soit mais pas elle. "Je ne te dérange pas j'espère ?" En réalité, même si elle me disait oui, je resterais car je n'avais l'intention d'aller nulle part ailleurs.

Alors que je rangeais tranquillement en écoutant la musique, une voix derrière moi me fit sursauter. Je n'avais même pas entendu la porte s'ouvrir et en faisant un bond, je m'étais tournée pour voir de qui il s'agissait. Je m'exclamais « Nathan ! Tu m'as fais peur !! ». Je posais ma main sur ma poitrine comme pour dire à mon cœur de se calmer, soufflant un peu avant de reprendre avec humour... quelque chose qui n'en était pas vraiment « On vient tout juste de reprendre les cours et tu souhaites déjà ma mort !? ». Reprenant mes esprits, je passais ma main dans mes cheveux, me fichant royalement de ma tenue « Non, non du tout. T'arrives pile au bon moment, tu vas pouvoir te rendre utile », lançais-je en faisant un grand sourire craquant, m'approchant de lui pour lui mettre une pile de vêtement dans les bras « Tout ça, ça va dans cette armoire, là-bas, dans l'étagère tout en bas. Merci ! ». Bah quoi ? J'ai dis MERCI hein, ça va... D'ailleurs, il tomberait surement sur les fesses en entendant cela. Je retournais près de mes valises pour continuer mon rangement, en demandant, amusée « Qu'est-ce-que le petit Shawn fait ici, un samedi soir ? Tu t'es assagi pendant les vacances ou quoi ? ». Ouais, avouez que c'était bizarre de le voir dans le dortoir, un samedi, en début de soirée alors qu'il était un gros fêtard, c'était bien connu... Je me demandais comment allait se passer la soirée, si il n'était que de passage, si nous allions nous battre, et surtout... si j'allais réussir à faire la fille décontractée alors que depuis la soirée au Chambers, tout était... si bizarre entre nous. J'en frissonne rien qu'en y pensant.

Apparemment, Eleanor n'avait vraiment pas remarqué que j'étais entré, vu comme elle avait sursauté. Je lui avais fait peur ... Mais bon c'est pas non plus comme si elle avait vu un fantôme. Je levais discrètement les yeux au ciel. "Désolé, je ne voulais pas t'effrayer." A sa plaisanterie pas drôle du tout, j'esquissais un petit sourire. Niveau humour, je lui donnais un zéro pointé, ce soir. Quoiqu'il en soit, Eleanor ne semblait pas du tout gênée de se retrouver en serviette devant moi. Eh bien moi aussi, ça ne me dérangeait pas à vrai dire  Je baissais les yeux sur les vêtements qu'elle venait de me remettre. Je levais un sourcil en la fixant. Elle ne croyait quand même pas que ... Je soupirais et me dirigeais vers l'armoire en question. "Je le fais juste parce que je n'ai pas envie de me prendre la tête avec toi ce soir." Je devenais beaucoup trop gentil ces jours-ci. Je me retournais ensuite, les bras croisés, avant de hausser les épaules. "Disons que ce soir, je préfère me reposer ou du moins rester loin de tout le bruit et de tout le monde." Je me dirigeais vers un des lits et m'affalais dessus avant de souffler profondément. "Je ne suis pas aussi fêtard que tu le crois. J'ai mes limites ... D'ailleurs, qu'est ce que tu fais là toi aussi ? Ne me dis surtout pas que c'est uniquement pour ranger tes affaires." Je la regardais avec un air un peu moqueur. A cet instant, j'essayais de lui parler comme si de rien était, comme si rien avait changé. Mais il était certain que la relation qu'on avait, était complètement différente. Mais le problème, était que je n'arrivais pas à mettre la main sur le pourquoi. En présence d'Eleanor, je n'étais plus à l'aise. Tout simplement.

Je fis un petit sourire en l'entendant s'excuser, c'est bon j'avais survécu. Je laissais mon sourire s'élargir en voyant l'air avec lequel il me fixait... C'était juste magique. Je croisais les bras « Une objection, jeune homme ? », puis je pris un petit air satisfait en le voyant ranger la pile de vêtement. Faisant ma maligne, je m'exclamais « Ouaaais et c'est aussi parce que tu peux pas me dire non, comme tout le monde d'ailleurs !! ». C'était la stricte vérité, je vous assure. La preuve, il venait de ranger la pile de fringue, si c'est pas une preuve en béton. J'avais laissé mon regard descendre pour regarder ses fesses. Je le relevais rapidement en le voyant se tourner, rangeant comme-ci de rien n'était. Je riais un peu en entendant la raison de sa présence ici, un samedi soir « Ah ! Bah c'est raté, tu m'en vois navrée mon cher. ». En réalité, je ne l'étais pas vraiment, parce que j'allais pouvoir le faire chier, et ça c'était jouissif. A vrai dire, il fallait que je trouve un moyen de le pousser à bout pour oublier cette gène permanente que je ressens quand je suis avec lui. Je le regardais s'avachir sur un lit avant de terminer de tout ranger, poussant les valises avec mes pieds pour les mettre sous mon lit « Shawny a ses limites ? Alors ça, je pensais pas l'entendre un jour ! », lançais-je d'un air moqueur en me tournant vers lui. J'attrapais un short, et un joli débardeur pour ensuite aller dans la salle de bains, me changer. Je l'écoutais attentivement, laissant pour cela la porte entre-ouverte. Je levais les yeux au ciel en entendant son petit ton moqueur légendaire. J'enfilais mon short, puis mon haut, me coiffais rapidement pour sortir le rejoindre « Bah à vrai dire je comptais t'attendre, allongée sur un lit de pétales de roses, pour passer du temps avec toi... J'étais prête à rester cloitrer toute la soirée pour ça. ». Je pouffais de rire tellement cela semblait absurde en le dévisageant un peu avant de reprendre sérieusement cette fois-ci « Je.. J'ai pas la tête à faire la fête en ce moment... Alors voilà, je restais là pour réfléchir, me reposer, rester loin des cons du campus, au moins le week-end quoi... ». Je me laissais tomber sur le lit juste en face de lui, baissant un peu la musique histoire qu'elle ne soit plus qu'un simple bruit de fond.

En effet, pour moi qui avais eu envie de rester seul ce soir, c'était raté. Je me contentais de hausser les épaules. Était-ce pour autant affligeant ? Certes je me trouvais en présence d'Eleanor et je n'étais pas très a l'aise. Mais la compagnie de la jeune femme ne me déplaisait pas trop, bien au contraire et ce malgré tout. Eleanor était comme qui dirait, distrayante. Je m'adossais contre la tête du lit et la suivais du regard. "Tu devrais arrêter avec ce surnom ridicule. T'as été très mal inspirée pour le coup." Shawny ? Et puis quoi encore ... C'est Shawn, point. Lorsqu'Eleanor sortit de la salle de bain, elle avait troqué sa serviette avec un short et un débardeur. Je la reluquais sans gêne même si je préférais la tenue précédente  J'éclatais de rire en entendant sa réponse, un rire franc comme il m'en arrivait rarement ces derniers temps. "Il faut avouer que c'est raté. Et puis je ne te connaissais pas l'âme d'une romantique. Y'a encore beaucoup de choses que j'ignore à ton sujet alors" Cette idée de pétale de rose, et tout le tralala, avait du mal à s'imposer dans mon esprit. Je secouais la tête et tournais la tête vers la jeune blonde. "C'est à croire que tu trouves toujours un moyen pour te fourrer là où je me trouve le samedi soir." Cette petite plaisanterie avait fini par me mettre moi même un peu mal à l'aise, me faisant repenser à la soirée de Chambers. Je changeais donc de sujet. "Alors cet été t'as fait de nouvelles rencontres ? ... Est-ce qu'il y a un pauvre homme qui a accepté de souffrir avec toi ?" Non, je ne voulais pas dire qu'Eleanor était une complication pour tous ses petit-amis. Je ne faisais que la charrier ... Ou pas.

Je haussais les épaules en entendant sa remarque. Je répondais sur un ton qui se voulait légèrement moqueur, m’apprêtant à rire de son nom « Faut dire que Shawn c'est pas... », je grimaçais un peu, puis je secouais un peu la tête, préférant me taire. Je venais de me souvenir vaguement de notre conversation sur nos prénoms alors que nous rentrions au campus, la nuit où... où rien. Je restais donc silencieuse. En sortant de la salle de bains, j'avais fait un trait d'humour et son rire fut communicatif. Je riais un peu « Ohh oui, beaucoup de choses. Je suis un océan de secrets, et de mystères mon cher Nathan. Même si on se croise jusqu'à la fin de nos jours, je trouverais le moyen de te surprendre ! », j'avais prit un air mystérieux et très sérieux. On ne sait jamais tout sur la Callaghan, et à vrai dire, on ne sait rien d'elle, même si on pense que c'est le cas . Alors que je m'installais tranquillement sur mon lit, j'ajoutais en frimant un peu « Et il y a pire que de se retrouver avec une Eleanor Callaghan en mini-short, si je peux me permettre... ». Quoi, c'est vrai... Oh ! Je l'écoutais attentivement (chose étonnante) et je baissais un peu la tête, gênée.. Sentant que c'était réciproque, je m'exclamais en prenant un air de garce, histoire de dissiper cette gêne difficilement supportable « Bah ! Tu sembles oublier qu'un de mes passe-temps favoris, c'est de te casser tes délires et t'emmerder ». Je lui jetais ensuite un escarpin « Ca, c'est pour le sous-entendu désagréable. ». Je fis un sourire mauvais, qui se voulait faux, pour le coup... Je n'avais pas envie de lui sourire, ni d'être méchante. Je le fixais et comme-ci je ne lui avais rien balancé à la tronche, je reprenais « ET pour ton info, j'ai fais beaucoup de rencontres, mais personne n'était à la hauteur . Et toi alors ? Dis moi tout, que j'me marre un coup !! ». C'était étrange... On se retrouvait à parler normalement, se taclant mais moins violemment.

Décidément, Eleanor n'était pas très fan de mon prénom ... Dommage pour elle car malgré tout, Shawn était bien plus sexy qu'Eleanor. Bref, je n'allais pas m'attarder sur ce sujet une fois de plus. Je lui laissais le dernier mot, ce qui ne devait certainement pas lui déplaire.
Ce que j'appréciais beaucoup dans la compagnie d'Eleanor, c'est qu'elle me faisait rire, même lorsque ça n'était pas son intention. Je la regardais en souriant. "Tu as de la chance alors. J'aime être surpris." Je lui faisais un clin d’œil. Cette situation était quand même assez insolite : je taquinais cette jeune femme que je ne pouvais même pas saquer quelques temps plus tôt. J'avais rattrapé de justesse la chaussure qu'elle m'avait jeté. "Bah crève moi un œil tant que t'y es !" J'avais pris un air faussement choqué, qui devait paraitre un peu stupide vu que je n'arrivais pas vraiment à garder mon sérieux.
La question que j'avais posé à Eleanor pouvait paraître peu sérieuse mais sa réponse m'intéressait quand même beaucoup. Je l'écoutais attentivement avant de sourire. "Personne n'était à la hauteur ? ... T'aurais pas un peu pris le melon toi ?" Je me levais ensuite et me dirigeais vers la commode où je rangeais mes affaires. Je prenais un tee-shirt de rechange. Je retirais le mien avant d'enfiler celui-ci. "Bah moi aussi j'ai fait quelques rencontres à vrai dire. Mais rien de sérieux. Disons que ... je ne sais pas me poser. La stabilité, ça n'a jamais été mon truc." Je me retournais vers Eleanor et haussais les épaules. Je la regardais un court instant avant d'éclater de rire. "Est-ce que tu rends compte ? Ça veut dire qu'en un été, on n'a pas évolué dans notre privé, toujours à la case départ. On fait pitié." C'était une triste vérité. Tris mais vraie.

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