« Et merde alors ! » Je poussais un long soupir avant de lever les yeux au ciel. Mon portable venait de me lâcher, la batterie était à plat. Une fois de plus ! J'oubliais tout le temps de le recharger et c'est quand j'en avais le plus besoin, que ce genre de chose m'arrivait. Je jetais un rapide coup d’œil autour de moi ; de toute façon, il allait bientôt faire nuit donc je n'avais qu'à rester sur le campus une bonne fois pour toute. J'étais censée rejoindre une amie, mais la motivation n'était pas au rendez-vous. Ce n'était pas grave, je prétendrais que j'avais une sale gastro et ça passerait sans souci... Bref, je repris donc le chemin vers la maison des hadès. Il n'y avait pas beaucoup de monde qui trainait dehors à cette heure-ci sur le campus, certains se trouvaient en ville, d'autres glandaient dans leurs chambres. J'entrais dans le bâtiment en espérant ne pas trouver beaucoup de monde dans la salle commune. Il y avait certaines personnes de ma confrérie dont je ne supportais pas la présence. Donc, moins je les voyais et mieux je me portais. A mon grand bonheur, il y avait pratiquement personne ; juste une personne était installée sur un des canapés. Je m'approchais en penchant légèrement la tête avant de sourire. C'était Blazzim. Il n'avait pas remarqué ma présence donc je m'approchais doucement par derrière et arrivée à sa hauteur, je lui chuchotais à l'oreille. « Alors comme ça, on se fait chier tout seul un dimanche soir ? »

« On aimerait bien que tu lui donnes le maximum d’amour possible. » Pardon, quoi, hein ? C’était le nouveau sujet à la mode quand les parents adoptifs de Blazzim l’appelaient : la petite blonde. Âme condamnée à la pauvreté comme on eût cru celle de Blazzim, il paraît qu’elle croisait les doigts pour accéder au monde synthétisé qu’est celui de la richesse, d’ailleurs, on disait même qu’elle voulait devenir mannequin. Non, elle n’avait que cinq ans, elle devait probablement vouloir devenir médecin, ou princesse, mais sûrement pas mannequin, quand on est pauvre, on veut pas devenir mannequin…  Il avait pas d’amour à donner à cette petite fille, sa sœur a déjà tout pris. Assis seul sur le canapé de la salle commune, fixant la télévision éteinte et hésitant à remettre son téléphone sur son oreille, il soupire dispersé par l’idée de trouver un prénom adéquat à son chat, parce que ça devenait assez lourd de l’appeler « le chat ». « Alors comme ça, on se fait chier tout seul un dimanche soir ? » Il sursaute presque, sourit doucement en un souffle. C’est Alyssa, non mais qui ça pourrait être d’autre, à passer dans son dos comme ça. Il reprend son téléphone, le met sur son oreille, entend des allôs désespérés, puis se décide enfin : « Ah ça… J’crois pas que ce soit possible. » Puis il raccroche, on peut dire qu’il est pas très reconnaissant, un peu jaloux, un peu vexé. Il souffle un bon coup et tourne doucement sa tête vers la jolie brune. « Alors comme ça on cherche quelqu’un à faire chier un dimanche soir ? » Il commence à chercher quelque chose à fumer dans ses poches, y a rien, merde. Il lève les yeux au ciel, l’air faussement penseur et commence à se dire qu’il ferait sûrement mieux de pas fumer,  comme Brittany l’a dit. « En fait… J’cherche un prénom à ce chat et j’en ai déjà marre. » Manière plus complexe de signifier qu’il voudrait passer à autre chose.

J'aimais bien prendre les gens par surprise. Je l'avoue, il m'arrivait d'être vraiment très chiante car la majorité des gens ne trouvait pas ça drôle. Mais c'était ma nature, je n'y pouvais rien. Blazzim venait de raccrocher son téléphone. Je levais un sourcil perplexe, il avait profité de ma présence pour se défiler avec la personne au bout du fil. Le lâcheur ! Toutefois, je ne relevais pas. Je regardais le jeune homme avant de sourire. Je rentrais dans son jeu. « Tu sais bien que c'est mon passe-temps favoris et toi tu es ma cible préférée. » Le dimanche n'était certainement pas le jour que je préférais de la semaine, et ce depuis mon plus jeune âge. C'est ce genre de jour où j'avais juste envie de rester dans mon lit et de ne voir personne. 'Faut croire que ma sociabilité se faisait la malle le dimanche. Je faisais le tour avant de m'installer sur le canapé près de Blazzim. Je le regardais un instant avant de rire. « A voir ta tête on croirait que c'est la chose la plus sérieuse du monde. » Je n'avais jamais eu d'animal de compagnie. Ce n'était pas que je n'en avais jamais eu envie, mais il aurait d'abord fallu que je sois capable de m'occuper de moi-même avant de vouloir prendre en main la vie d'un autre être vivant. Je n'étais pas la mieux placée pour aider mon ami pour le coup. Je fis quand même mine de réfléchir. « Que dirais-tu de Milo ? Mm ... Ou bien Marley ? Ah ouais Marley ça le fait trop ! » Manquerait plus que la musique reggae et les rastas... J'observais le beau brun pendant un court instant. Je ne l'avais pas trop vu cette semaine, je l'avais juste croisé quelques fois en coup de vent. « Dis-moi, t'as fait quoi de beau cette semaine ? Pas trop de bêtise ? »