Qu’est-ce que je fais à l’université ? Je ferai mieux d’être chez moi à dormir, me reposer, au lieu de perdre du temps et de l’argent ici. D’accord j’adore la photographie, mais qui voudra de moi par la suite ? C’est vrai, expérience professionnelle : j’ai vendu mon corps contre de l’argent à des mecs. Qui voudrait de ça ? Puis je ne suis même pas sûr d’arriver à sortir de cette spirale un jour ou l’autre. Après tout j’ai des dettes pharaoniques à éponger. Des fois je me demande si je m’en sortirai un jour, si un jour je pourrais devenir ce grand photographe de mode que je rêve tant d’être. Là, je me balade vers le stade du campus, j’ai sorti mon appareil photo. D’accord il est un peu merdique, il fait largement moins de belles photos que les appareils de certains, mais quoiqu’il arrive je n’ai pas le budget pour me payer mieux que ça. J’ai déjà eu un peu de mal à le payer celui-là. Je prends des photos de petits détails sympas qui passent souvent inaperçu. J’aime bien aussi ce genre de photo. Ces petits détails, ces instants. Oui j’aime ça. J’aime beaucoup moins la bande qui m’a rejoint. Je les connais. Ils ne m’aiment pas. Je leur aie rien fait mais ils ne m’aiment pas. Je me prends des insultes homophobes dans la figure, et j’encaisse et j’encaisse sans broncher. Ils s’amusent à me prendre pour un bouc émissaire, à me faire tourner en bourrique. Ils finissent même par attraper mon appareil photo. Je n’ai qu’une peur c’est qu’ils le brisent. J’aurai du mal à m’en payer un autre, puis ce n’est pas prévu dans mon budget. Déjà que Noreen et Sean sont privés de beaucoup de choses, je ne peux pas les priver de tout non plus. Ma mâchoire se met à trembler. Je sais que je ne dois pas me montrer faible, mais pourtant jeter un simple appareil photo peut couter pour moi une fortune. Je tente de me battre mais c’est peine perdu à 4 contre 1. Je vais perdre mon appareil photo et ma raison de venir en cours, et ca me dégoute.

Je me faisais juste insulter traiter de sale gay, de suceur. Je pense que c’est des jeunes qui ont découvert où je bosse. Même peut être qui sont venu au club après tout on sait jamais, le soir quand je me déshabille, je ne vois pas tous les mecs qui fantasment sur mon corps et dieu merci, parce qu’il y en a certain je suis sûr que c’est des vieux pervers qui me donneraient très vite envie de vomir. Enfin d’ailleurs il y en a de ces vieux pervers que je retrouve ensuite dans ma chambre de passe. J’essaie de m’imaginer ailleurs quand un de ces mecs arrivent, le pire c’est qu’ils aiment prendre le temps et poser leurs grosses grasses mains un peu partout, bref ils me donnent envie de vomir.
Puis j’ai appris à encaisser les coups à me taire je n’ai pas le même caractère que Casey, lui il aurait répliqué. Non, c’est plutôt que je ne lâche pas des yeux mon appareil photo. Ils jouent avec entre eux, non pas à se prendre en photo, mais plutôt à se le lancer. Je redoute le moment où il va toucher le sol.
Un autre mec arrive, je ne pense pas le connaitre. Qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui pour mériter ça ? La journée n’a pas fini d’être merdique apparemment.
Un des gars lui répond.

« Non on ne fait que commencer, pourquoi ? Tu veux te joindre à nous ? »