Ce matin, Isaac attendait un colis, et par conséquent c'est la première chose à laquelle il aspirait après son rituel du samedi matin : footing, douche, petit déjeuner, c'était vérifier son courrier. Il y a vingt ans de cela, un jeune homme dans sa situation détail pour détail se serait certainement déplacé au même endroit pour vérifier si sa petite amie avait daigné lui faire signe de vie, vous savez cette fameuse lettre ! Non de nos jours, les réseaux sociaux avaient tout terrassé. Était-ce pour autant un prétexte pour ne pas manquer de nouvelles ? Pas du tout. Enfin bref, l'heure du midi approchait, et par conséquent il espérait le passage du facteur déjà effectué, c'est dans cette optique-là qu'il se déplaça.. mais apparemment rien. Deux lettres et demi. Oui deux à la bonne adresse, et l'une pour sa jumelle. Il fronça légèrement les sourcils, et tenta de de vérifier l'expéditeur pour se faire une idée mais rien. Il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être. Voilà qui allait l'occuper aujourd'hui, il allait certainement passer un moment avec sa jumelle en cherchant à savoir à quoi correspondait ce courrier. S'apprêtant à quitter les lieux, il aperçu Kendall, ou plutôt Kendie. Surpris ?! Oh oui. Il ne savait pas qu'elle était de retour, et inconsciemment il espérait à plusieurs mètres pouvoir avoir la certitude qu'elle allait mieux mais ce n'était pas évident forcément.

Un autre matin ici, à Jersey. Un autre matin seule, encore. Il fut un temps où tu allais dans n'importe quelle chambre, n'importe quel lit, et ça t'allait. T'aimais ça, même. Aller voir des amis et juste dormir avec eux, parfois plus, même. C'est fini, tout ça. Même tes camarades de chambre, tu connais pas leur noms. Des inconnus, totalement. Tu te sens seule, terriblement seule. Tu ne reconnais plus personne et personne ne te reconnaît. À savoir si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Ce matin, rien de bien excitant à faire, il fallait que tu colle ton nom sur ta boite aux lettres, il parait que c'est plus pratique. Tu t'en foutais, toi. La seule boite à courrier que tu vérifiais, c'était ta boite mail, alors le courrier.. qui utilise encore ça, d'ailleurs ? Passage obligé hélas, te voilà en short de pyjama et en t-shirt au milieu de ce bâtiment. Tu t'embête à défaire ce petit rectangle pour y entrer ton nom dedans, chose pas facile, surtout avec de la mauvaise volonté. Tu cogne sur la boite aux lettres pour que ça rentre, de gré ou de force. Puis, de la manière la moins discrète au monde, tu regarde autour. Dégradation de matériel, ça te connaît bien, et cette fois t'avais promis d'être sage. Ton regard sombre en croise un autre. Isaac. Tu le reconnais immédiatement. Il a changé. Il t'a changé, aussi. C'était de sa faute, tout ça. Sans lui, tout allait bien, bien mieux. Tu détournes le regard, avec presque un sourire triste, et tu vérifie ta boite aux lettres. Le nom y est, c'est bon. T'a plus qu'à t'en aller loin de lui. Être distants, vous savez le faire, ça.

Isaac s'était un temps attardé sur cette vision de Kendie. Elle lui rappelait une période à Jersey très spéciale, bien qu'il n'était pas certain de vouloir y repenser trop longtemps. Pensiez-vous, qu'il avait de quoi être fier ? Vous savez, il a ce côté très attentif, et affectif sans forcément le mettre en avant de manière assumée. Pourtant seule son attache envers Kendie l'avait poussé à prendre les choses en main, et lâchement, il espérait encore aujourd'hui qu'elle n'était pas au courant de ce détail, et ce, qu'elle aille ou non mieux. Qu'elle soit soulagée ou pas d'en avoir fini avec la drogue ou du moins d'avoir essayé de s'en éloigner, il ne voulait qu'elle sache. Elle lui arracha presque un sourire en tapant comme une impatiente née sur cette boîte, et finissait vite par se rendre compte qu'il s'était un peu oublié, au moment où elle croisa son regard pour vite le fuir. « Kendie.. » Il n'arrivait décidément pas à l'appeler par son prénom ! Comme la théorie du fuis moi, je te suis le voulait, il n'avait pas su s'empêcher d'aller vers elle. Se fuir au quotidien avait plus facile certainement, mais là après plusieurs mois il ne savait faire autrement. « .. tu signes ton grand retour, on dirait. » Il n'était pas doué, et ne voulait pas la brusquer, alors il s'était contenté de cette réplique en regardant son nom sur cette boîte au lettres.

« Kendie.. » Il avait beau être pas tellement près, il l'était assez pour que tu entende ça. Ah, ça. Tu t'étais forcé à l'oublier. Kendie, ce surnom que seul lui te donnait. Il fut un temps où ça t'aurais fais sourire, mais aujourd'hui c'est l'effet inverse que ça fait. T'a pas envie de le voir, lui et sa pitié déconcertante dans les yeux, lui et sa fausse amitié, lui et sa copine, même. T'avais eu mal, très mal, et il était la première personne sur ta liste rouge. Il s'approche, grosse erreur. « .. tu signes ton grand retour, on dirait. » tes yeux se fixe sur lui, sur son visage. « Kendall. » pas Kendie. T'es froide, trop froide. Beaucoup plus encore que ce que tu pensais. « et j'veux plus te voir. Laisse moi tranquille cette fois et occupe toi un peu de tes affaires, viens pas te mêler des miennes. » je ne pouvais pas lui dire que je n'allais pas lui en vouloir. Je lui en voulais, parce que même si j'avais mis de la distance entre nous, celle qui l'a mise lui, était réelle. J'ai du partir loin de tout ce que j'aimais, tout ça parce qu'il a trouvé bon d'appeler mon père et de lui dire que mon remède à ma tristesse était la drogue.

Isaac osait prétendre qu'il ne savait rien de son séjour en désintox, et surtout il osait se dire qu'elle n'était pas au courant de ce fameux détail. Il avait appelé le père de Kendall, sans même se demander pourquoi il le faisait. Une chose était certaine, la distance qu'il avait mis entre eux pour préserver son couple l'avait comme empêché d'être présent pour elle d'une autre manière. Il y tenait à cette bouille, à ce petit bout de femme ; et c'est peut-être pas pour ça qu'il a été aussi loin en contactant le paternel de cette dernière. Elle semblait vouloir l'atteindre, et lui refusant ce surnom affectueux de manière si froide, elle relevait son objectif haut la main. « Tu t'enfonçais Wooldrige.. » Oui il ne comptait pas l'appeler Kendall. Il avait l'impression de l'avoir perdu complètement, mais il s'en fichait pas mal. Tout ce qu'il l'importait c'était savoir comment cette cure avait influencé son train de vie. Après il a mis les distances, le premier n'est-ce pas. « Si c'était à refaire, je n'y réfléchirai pas à deux fois pour autant, tu le sais. » Oui il n'allait pas s'excuser d'avoir fait ce qui ne lui plaisait pas.

« Tu t'enfonçais Wooldrige.. » Tu le regarde et secoue la tête, roulant des yeux. « j'allais bien ! », bon d'accord, c'était un mensonge. Tu savais bien que ça te bousillait de l'intérieur, mais l'effet que ça avait sur ton moral était tel que tu te moquais bien des autres effets autour. « Si c'était à refaire, je n'y réfléchirai pas à deux fois pour autant, tu le sais. » Tu le regarde, plus énervée qu'autre chose. T'a envie de lui mentir, de lui dire que là bas il t'était arrivé les pires horreurs, mais la colère prends trop vite le dessus, et tes bras se plaque à son torse en le poussant avec le peu de force matinale que tu possédais. « parce que ça t'amuse ?! » ouais, la colère est bien trop présente maintenant, et toi qui déteste montrer comment tu te sens réellement, pour cette fois, tu n'arrives pas à tenir. « tu m'a éloigné de tout ceux que j'aimais! Et t'en es fier en plus ! » tu soupire, t'essaie de rendre à ton cerveau un peu de bonne conscience, lui faire comprendre qu'il doit contrôler tes sentiments maintenant avant de commettre une erreur. « j'pensais que la distance entre nous était assez.. apparemment, c'était pas assez pour toi. » erreur. Tu avais cette voix triste. Ouais, tu tiens encore à lui, même après tout ça.  

Isaac savait pertinemment qu'elle essayait inconsciemment de se convaincre de ce joli petit mensonge quand lui n'y croyait pas du tout. Au contraire, il savait que ça ne tournait pas rond, ou du moins il savait qu'elle était enfouie dans cet engrenage. Incapable de lui donner trop de temps aux vues de la distance qu'il avait mit entre eux, il n'avait pas tant pu lui montrer qu'il se souciait d'elle. Il avait été lâche en choisissant la solution de facilité, la solution radicale, en espérant en plus qu'elle ne l'apprendrait pas. « Si tu les aimais vraiment, tu n'auras pas de mal à les retrouver maintenant ; et encore moins s'ils t'aimaient en retour. » Il n'arrivait pas à savoir si il était déçu de ses retrouvailles, ou s'il était simplement déçu du fait qu'elle ait appris la vérité. Il aurait que cela reste sous silence à jamais. Il ne l'avait pas fait pour qu'elle lui en soit reconnaissante, loin de là : sa réaction l'importait peu d'ailleurs. Il s'était donc laissé bousculer légèrement par Kendie. Il n'avait jamais eu le sentiment de la connaître autant jusqu'à cette fameuse distance entre eux. Il avait stagné, faisant un simple demi-pas en arrière. « Ne mélange pas tout, ça n'a rien à voir et tu le sais. »  Il était peut-être de mauvaise foi. Il ne regrettait probablement rien, mais son jeu avec Kendie n'aurait été qu'un frein à son histoire avec Sahara. Kendie serait vite devenu une tentation, ou du moins une source de conflits. Si aujourd'hui son histoire avec Sahara semblait s'essouffler, il osait se dire qu'il ne regrettait rien.

« Si tu les aimais vraiment, tu n'auras pas de mal à les retrouver maintenant ; et encore moins s'ils t'aimaient en retour. » Tu souris tristement. T'a envie de lui cracher au visage, de lui hurler des horreurs, de lui dire la vérité. Ta vérité. T'avais trop honte pour les revoir, trop honte de ce qu'il t'a fait. Comment tu pouvais disparaître et revenir comme ça, du jour au lendemain ? C'est pas le genre de chose qu'on fait aux gens qu'on aime. On leur envoie des nouvelles, à ces gens là, chose qu'il t'avait été impossible de faire puisque forcément, tu n'avais pas le droit au téléphone ni à rien de tout ça. Des lettres ? Bien sur. Qui lit les lettres de nos jours ? Sauf bien évidemment monsieur Wheeler. Les gens qui t'aiment en retour.. t'a envie de le frapper. Qui t'aime en retour ? Personne. T'étais juste la fille avec qui on s'amusait, celle avec qui on couchait, celle avec qui on se droguait. Tu n'a jamais été la fille qu'on aimait, jamais. Même la personne qui t'a envoyé en cure n'a pas osé prendre des nouvelles. S'ils t'aiment en retour.. connerie. « Ne mélange pas tout, ça n'a rien à voir et tu le sais. »  Tu secoue la tête. Tu sais rien du tout. Tu le connais plus, ce type en face de toi. Est-ce que tu l'a déjà connu, au moins une fois ? Il faisait peut-être juste semblant. Il jouait, ouais. Toi aussi, tu jouais. Sauf que derrière ton jeu, il y avait de l'amitié. « Tu vois du monde autour de moi, là ? Dis moi, qui se soucie réellement de moi ? », tu lui envoie un sourire, pire que dégueulasse, pire que faux. «Tu sais quoi ? J'regrette de t'avoir connu. J'aurais voulu ne jamais te rencontrer. » si seulement tu avais un génie enfermé dans une sorte de théière. Tu ne regrettais pas tes moments avec lui, non. Tu voulais juste qu'il te laisse tranquille, parce que là, devant toi, il te faisait mal, c'est tout. Alors tu voulais lui faire mal. Tu sais que c'est raté, mais tu espère encore. « Laisse moi tranquille Isaac, c'est tout ce que je te demande. Fais comme si on s'était jamais connu, c'est tout. Tu peux bien faire ça, après m'avoir envoyée dans l'pire endroit qui existe, non ? »

A l'évidence, tu étais le seul autour d'elle à cet instant précis, du moins si l'on prenait sa remarque au premier degrés. Cela étant dit, malgré les distances que tu avais mis entre vous, tu n'avais jamais eu dans l'idée de la renier comme elle le voulait aujourd'hui. Alors oui, si Woodridge voulait te blesser, elle y arrivait finalement. Tu avais donc instinctivement lever les bras comme pour on le fait pour clamer son innocence, et tu avais deux pas en arrière. « Comme tu voudras, Kendie.. » Oui tu semblais lui dire que si ce n'était que ça qu'elle voulait tu pouvais le lui donner. Certes tu ne le faisait pas à de bon coeur, mais tu espérais qu'avec le temps ces envies changeraient, et ce n'était pas le cas, tu restais le genre de personnes qui ne s'imposaient pas à qui ne le veut pas. « .. en attendant, t'auras pas de mal à retrouver 'tes amis', rien à changer pour eux, si c'est ça qui t'inquiète. On y plonge plus facilement, qu'on en ressort.. t'es bien placée pour le savoir. » Tu savais que dans le fond les amis dont elle parlait n'en était qu'à moitié, et que si vraiment elle voulait rester clean, elle aura du mal à s'y faire mais comme tu le disais replonger était facile. Dans le fond tu aurais aimé savoir comment elle allait aujourd'hui, si elle luttait pour maintenir si ses efforts ou si tout allait soudainement mieux. Elle ne semblait pas vraiment dans cette optique là, à moins qu'elle ne veuille pas te le montrer pour faire culpabiliser. Cela étant dit, ton seul regret aujourd'hui était qu'elle ait appris la vérité.

« Comme tu voudras, Kendie.. » Bien évidemment, tu ne voulais pas ça. Tu sais pas vraiment ce que tu voulais, peut-être qu'il s'excuse, qu'il t'explique. Pourquoi il t'a fais ça, pourquoi il t'a envoyé loin. Tu voulais tous les détails, tout, chaque instant. Jusqu'à ses plus intimes pensées. Et puis t'aurais voulu savoir des choses sur lui ensuite, comment il va, ce qu'il fait en ce moment, tout ça quand ta colère sera partie, parce que pour le moment c'est compliqué. « .. en attendant, t'auras pas de mal à retrouver 'tes amis', rien à changer pour eux, si c'est ça qui t'inquiète. On y plonge plus facilement, qu'on en ressort.. t'es bien placée pour le savoir. » Là, tu as envie de le frapper. Un rire nerveux sort de tes lèvres, « mais pour qui tu te prends ? », il t'envoie là dedans et il te juge ? T'a vraiment l'impression que c'est ça. Et l'envie de le taper est encore plus présente quand tu sais toutes les choses affreuses qu'il t'a faite, mais tu le peux pas. Non, tu ne peux pas, parce que c'est lui. C'est Isaac. Tu secoue la tête, « j'ai pas d'amis. », non, toi, t'a tout, sauf ça. T'a des gens avec qui fumer, d'autres avec qui baiser, mais des amis ? Le seul survivant était peut-être Isaac, mais c'en est plus un depuis longtemps, celui là. Tu te sens bien seule dans ton petit monde, désormais. Non, tu l'a pas voulu, c'est Isaac qu'il l'a voulu pour toi. Tu tourne les talons et te dirige vers ta chambre. T'a plus envie de le voir, et tu souhaite réellement qu'on lui vomisse dessus.

(désolée du temps ;_; j'serais plus rapide à l'avenir   )

Tu as toujours été le gars qui est présent, le gars qui donne jamais à moitié. Il est vrai qu'avec Kendie tu as été incroyablement maladroit ! Mais tu le savais cette nana avait été pour toi une attraction spéciale. Elle n'avait été une distraction. Non c'était plus que cela. Tout le monde aurait tendance à appeler ça une amitié un peu trop câline. Tu n'y croyais pas. Tu n'y avais jamais cru. Tu ne t'es jamais proclamé ami d'une demoiselle sans retenues, sauf peut-être Valentina, dont tu n'avais d'ailleurs plus de nouvelles mais nier l’ambiguïté que votre relation avait prise avec le temps serait se la jouer hypocrite, et tu savais que tes sentiments pour Sahara t'avais poussé à prendre cette distance. Maladroit, oui et pas qu'un peu, pourtant tu n'as pour autant pas sur te retenir de te dire que se débarrasser de ses addictions la rendrait plus 'elle'. « .. potentiellement pour le seul c*nnard qui ait daigné espérer te voir enfin la tête hors du trou ! » Tu ne regrettais. Encore une fois : tu ne regrettais pas et surtout tu n'allais pas t'en excuser. Tu n'allais pas t'excuser d'avoir voulu qu'elle soit moins seule, et qu'elle ne découvre jamais ce contact que tu as eu avec son père. Tu lui avais répondu spontanément sans trop pouvoir retenir tes mots, et soudainement tu lui en voulais presque sans trop savoir pourquoi. Tu te donnes beaucoup Wheeler, tu le sais. Après Sahara, le départ de tes amis les plus proches, et maintenant Kendie, tu n'avais pas tellement de retour, pas ces derniers temps. Tu n'avais rien dit en l'entendant dire qu'elle n'avait pas d'amis. Il n'y avait qu'elle pour en juger mais tu restais persuadé que si personne n'a vraiment su vouloir la sortir de son mal-être, c'est qu'effectivement, elle n'en avait peut-être pas. « C'est ça ! Fuit Kendie ! Tu n'as jamais vraiment voulu d'amis, il est peut-être là ton problème ! » Tu la provoquais inconsciemment parce que tu savais que si elle te tournait le dos maintenant, tu n'allais pas lui courir après.

Tu hésites. Tu as envie, réellement, de lui mettre ton poings en plein visage mais quelque chose te retiens. Ce qu'il pensera de toi. Même si c'est caché bien au fond, tu tiens à lui, bien plus qu'à n'importe qui d'autre ici. Il a été ton complice, pire que ça même, il a été une sorte de moitié à tes yeux. Cette lueur dans ses yeux quand vous faisiez des conneries, cet amusement qu'il avait, que vous aviez. Tout ça, c'est loin maintenant. La colère a remplacé tous ses sentiments, être seule et loin de lui, voilà la pire chose qu'il a pu te faire. Il se prends pour qui, alors ? « .. potentiellement pour le seul c*nnard qui ait daigné espérer te voir enfin la tête hors du trou ! » Un rire bref t'échappe. Un rire nerveux. Si ça avait été le cas, il s'en serait pris autrement. Si ça avait été vrai, il aurait pas exposé tes vilains secrets à tes parents. Il a fait en sorte que tes parents soient déçus de toi, et toi, tu as remis ça sur le dos d'un mensonge comme à ton habitude. Un mensonge que tes parents ont cru. Tu as dis que tu avais commencé à cause d'un garçon que tu aimais, mais qu'à présent il était parti. Une pauvre fille naïve trop prise par l'amour, voilà l'histoire que tu leur avais servit. Du faux. Tu as tourné les talons, trop pressée de fuir. Fuir quoi, alors ? Lui ? Ou bien la colère et la tristesse qu'il provoque chez toi ? « C'est ça ! Fuit Kendie ! Tu n'as jamais vraiment voulu d'amis, il est peut-être là ton problème ! » la phrase de trop, et les clefs de ta chambre et donc aussi de ta boite aux lettres volent jusqu'à lui avec une violence inespérée. Ta colère est partie avec les clefs, et tu soupires, comme soulagée. Tu souris, presque par provocation, parce que tu lui en veux encore de t'avoir fait ça. « oh, tu voulais réellement me voir la tête en dehors du trou ? », tu t'avances de nouveau vers lui, parce que tes clefs n'allaient pas être ici indéfiniment. « t'était la seule personne que je pensais assez proche de moi, j'pensais réellement que t'était le seul à t'en faire pour moi pendant.. tout ce temps de vide, où j'essayais de me « soigner » », un autre sourire, pas hypocrite, juste joueur. « si t'avais vraiment été un ami, comme tu le dis, tu serais venu me voir, t'aurais essayer de m'aider, toi, avant d'appeler mon père. Mais tu ne l'a pas fais, alors permet moi de douter. » tu arrive à son niveau et ramasse tes clefs, te relevant lentement, toute proche de lui. « Tu sais c'est quoi le comble ? » un sourire triste, cette fois. Triste, et franc. Tu t'approches encore, tu pourrais presque sentir son souffle contre le tiens, et tes yeux s'amusent entre ses lèvres et ses yeux. « C'est que tous les jours je pensais à toi, et c'est ça qui m'aidait à tenir. » si t'avais su que c'était lui qui t'y avait envoyé. Naïve.

Tu avais évité le trousseau de clés de peu, et plutôt que de les ramasser tu restais yeux rivés sur elle. Elle, qui se dirigeait vers toi, d'un pas déterminé, à deux doigts de te cracher son venin en pleine tronche. Tu l'avais écouté d'une traite sans pouvoir aligner deux mots. Ton intuition ne t'avais pas trompé, elle ne t'avait pas tout. Elle en avait beaucoup sur le cœur, et toi misérable tu avais tant pensé bien faire de la manière la plus lâche possible ! Tu avais été lâche sur ce coup-là. Ta mâchoire se contractait, tu ne voulais pas culpabiliser d'avoir fait ce qui te semblait juste, et pourtant elle te disait des choses qui ne pouvait qu'éveiller cette culpabilité. « On m'avait promis que tu n'en saurais rien. Tu n'étais pas censé l'apprendre. » Avais-tu dit, presque coupable. Pourtant c'était totalement ton envie. Qu'elle ne sache rien de tout ça, ce qui évitait bien des péripéties mais apparemment daddy Woolridge n'avait pas tant su tenir sa promesse. Tu n'arrivais pas à savoir si Kendie s'était montré trop indiscrète, ou si son père n'était tout simplement homme de parole. Du moins sur ce coup, il ne l'a pas été. Cela étant dit, face à elle tu n'étais que troublé. Elle avait ce pouvoir en elle, et même en te détestant, en t'accusant elle arrivait à jouer de ce petit truc, que tu avais tant voulu fuir, ce petit truc que tu tenais tant à cacher, à nier. Tu l'avais fuit pour préserver ton histoire avec Sahara, tout en t'assurant du fait qu'elle irait mieux, et le moins qu'on puisse c'est qu'aujourd'hui tu n'as ni l'une ni l'autre. Ton histoire avec Sahara n'existait plus, et ton amitié avec Kendie, ou plutôt la confiance non assumée qui s'était installée entre vous semblait ruinée. « T'es allé au bout du programme.. au moins ? » Ton regard se voulait fuyant au loin, perplexe. Tu fuyais ses dires si sincères et accusateurs mais tu avais comme besoin de digérer la chose, et surtout tu voulais absolument tirer un minimum de positif là-dedans. Tu en avais besoin, il fallait que tu te dises que tout ça n'avait pas été fait pour rien, même si à l'évidence elle ne semblait pas aussi bien dans ses baskets que ce que tu aurais espéré.

Tu n'allais pas te laisser faire quand même. Il n'allait pas prendre le dessus, jamais. Quand bien même il t'a mis dans cet enfer, tu allais être plus forte. Montre lui donc que tu n'es pas abattue par tout ça, même si au fond, tu l'es. « On m'avait promis que tu n'en saurais rien. Tu n'étais pas censé l'apprendre. » tu souris, d'une manière tellement hypocrite que n'importe qui aurait pu s'en rendre compte. « et ça excuse quoi ça ? Tu vas me dire que c'est pas de ta faute parce que j'aurais jamais rien du savoir ? » Tu soupire, plutôt exaspérée. « qu'est-ce qui aurait changé, de toute façon ? » tu secoue la tête, « on aurait pas été plus proche que ça, que je le sache ou non. » c'était vrai. Il avait Sahara, il avait une copine et toi tu n'avais rien. Même pas un ami à qui emprunter l'épaule pour pleurer quelques larmes. « T'es allé au bout du programme.. au moins ? » Tu fronces les sourcils. « sérieusement ? » forcément, il fallait qu'il se sente mieux dans sa tête. Moins coupable, qu'il se dise qu'il n'avait rien fais de mal, que j'allais bien, que ce n'était pas vain. Je me recule. « ouais, j'y touche plus. T'es content ? T'a fais ta bonne action ? », je tourne les talons, prête à partir.