IZAIAH ⊱ Il y avait un problème, Izaiah sentait ces choses là même du haut de ses deux ans. Bien installé dans les bras de sa tante tandis que sa cousine Jaliyah dormait dans le landau posé à leurs côtés, il s'agitait tandis que l'infirmière parlait. Sa petite soeur venait de voir le jour et les examens révélaient un problème: infirmité motrice cérébrale. Un peu plus tard, ils apprirent qu'elle était également victime d'un retard mental moyen. Son Quotient Intellectuel était de 45, la moyenne étant 100. Izaiah ne voyait pas pour autant Barbarah différemment, et il l'aimait plus que tout. Dès sa naissance, il prit soin d'elle du mieux qu'il le put. Contrairement à la plupart des enfants, il n'était pas jaloux de l'attention que ses parents lui portaient, et ce alors même qu'ils passaient leur temps à l'avoir dans les bras au vu de son handicap. Elle ne parla jamais énormément, l'apprentissage étant des plus complexe son langage était vraiment basique. S'appliquant et prenant son temps, s’armant de patience, Izaiah lui apprit à lire. Mais c'était inutile puisqu'elle n'en comprenait pas le quart... Impossible de lui apprendre à écrire, l'infirmité motrice cérébrale paralysant ses quatre membres. J'ai oublié de vous mentionner le fait qu'entre temps, leurs parents avaient divorcé, que leur père s'était barré et que leur mère était décédée, emportée par le cancer. Faisons les choses dans l'ordre, tout d'abord le divorce.

Il est parti du jour au lendemain, Barbarah avait un an et Izaiah trois, ils voyaient bien les disputes de leurs parents mais n'avaient pas idée de jusqu’où tout cela irait. Les disputes s'axaient principalement sur le fait que leur mère ne travaille pas et qu'ils manquent cruellement d'argent, mais elle ne pouvait faire autrement avec les enfants, surtout la petite avec ses deux handicaps. Tout les soirs, Izaiah voyait sa mère pleurer et ne pouvait rien faire de plus que l'enlacer afin de lui montrer qu'il était là pour elle. Il était également question du handicap de sa soeur, les parents avaient du mal à gérer cela, leur père n'acceptait pas que sa progéniture soit "imparfaite" comme il osait le dire. Il est donc partit après avoir fait signé les papiers du divorce à sa désormais ex-femme. Il lui a laissé la garde des enfants et, refusant de payer une pension alimentaire et n'en ayant de toutes manières pas les moyens, s'est évanoui dans la nature. Les « Il est où papa ? » étaient courants, mais jamais il n'obtint de réponse.

Leur mère a dû trouver un travail, s’arranger pour faire garder les enfants à moindre prix et s'en est trouvée affaiblie. C'est aux environs de septembre 1993 que le cancer lui a été diagnostiqué. Après huit mois à se battre, elle s'est éteinte un soir d'avril, son petit garçon l'a trouvée sans vie au matin. Il a pleuré toutes les larmes de son corps, a passé des heures recroquevillé sur lui même aux côtés de sa mère et bien qu'il n'ait que quatre ans il avait déjà comprit qu'il ne la reverrait plus après ce jour. Raison pour laquelle il n'a alerté personne. Il avait peur qu'on l'arrache à lui, refusait de ne plus jamais la revoir. Il fallut donc attendre que la jeune femme censée les surveiller Barbarah et lui n'arrive et ne découvre le corps, Izaiah collé à elle. Il fallut batailler pour qu'il accepte de s'en détacher.

Suite à cela, les deux enfants De Moraes furent emmenés chez leur plus proche parent: leur tante. C'est là que, quelques années plus tard, Izaiah démarra l'apprentissage de sa soeur. Il devint rapidement très responsable bien qu'il s'amuse d'un rien, surtout lorsqu'il était en compagnie de Jaliyah, sa cousine, avec laquelle il n'avait que six mois de différence. Jali était un peu méfiante vis à vis de Barbarah, craignant sans doute qu’elle ait trop d'attention de par son constant besoin d'être accompagnée et aidée. Mais le garçon partagea toujorus équitablement son temps entre ses deux sœurs. Car, en effet, il considéra rapidement sa tante comme sa mère et sa cousine comme sa soeur. Il n'en oublia pas ses véritables parents, mais les souvenirs s'estompèrent doucement avec le temps, vingt ans après le décès de sa mère il ne se souvient plus de ses traits que s'il regarde des vieilles photographies...

Sa tante a perdu la vie lorsqu'il avait quinze ans, emportée par un cancer ce qui lui rappela la tragique fin de sa mère et le blessa profondément. Refusant de quitter Brasília, Izaiah demeure dans un orphelinat, protégeant sa soeur de quinze ans et l'emmenant partout avec lui dans son fauteuil roulant. Cependant, Jaliyah lui manquait, le peu de conversation de Barbarah le frustrait et, entre les études supérieures qu'il devrait bientôt entreprendre, son travail de mécanicien, la lutte, les arts martiaux et s'occuper de sa soeur, il ne s'en sortait plus. Âgé de dix-sept ans, il partit à la suite de sa cousine direction l'île de Jersey.

Aujourd'hui, Izaiah Ademir de Moraes est étudiant en relations internationales à la JIU. Bien qu'il ait finalement les moyens de se payer ces études et tout le reste, il a décidé de travailler afin de se rendre utile et de ne pas pratiquer l'oisiveté. Ne s'en sortant plus et sachant qu'elle serait mieux entourée de spécialistes, il a accepté de laisser Barbarah à l’hôpital. Il va la voir tout les jours, gardant le secret sur son existence de peur qu'on s'en prenne à elle pour ses différences.