who ons my heart, is it love or is it art.
NOAM CALDWELL-FOX ⊱ Novembre 1999. La pluie venait bercer la petite fille qui était étendue dans son lit, le regard posé sur le plafond. Âgé de neuf ans, Noam avait hérité de la vie dont tout enfant rêvait, du moins jusqu’à ce soir. La petite fille avait toujours été fière de son père, toujours éprouvée une grande admiration pour lui, malgré le fait qu’il soit très absent de sa vie. La brune était sur le point de s’endormir quand un bruit sourd vint le faire sortir de ses pensées, le bruit d’une porte que l’on défonce, le bruit d’un coup de fusil déchirant l’enveloppe sombre de la nuit. Un frisson venait prendre possession de son corps alors qu’elle se glissait dans une cachette, ses yeux rivés sur la petite fente qui donnait sur sa chambre. Pétrifiée à l’idée de ce qui pouvait se passer en bas, elle ne bougeait pas, apeurée. Difficulté à retenir sa respiration trop bruyante, elle ne bougeait pas et le silence revenait dans la pièce. Seul l’écho de son souffle entre ses lèvres était audible. Incapable de bouger, impossible de dire combien de temps elle est restée à attendre. C’est quand les rayons de soleil venaient traverse sa fenêtre qu’elle se décidait à sortir de cette cachette qui avait été la sienne durant toute la nuit. Son petit corps tremblait de peur alors qu’elle descendait les escaliers. Les yeux fermés, le silence était trop lourd. Son pied nu se posait dans quelque chose de froid, une substance visqueuse et étrange. Ses petits yeux s’ouvraient pour se poser contre le sol. Vision d’horreur qui se dessinait sous ses yeux, son corps basculait, son souffle se coupait et l’image prenait une place bien distincte dans son esprit. Incapable de faire d’autre chose que d’appeler la police, elle pensait que cet acte morbide était un acte de pure vengeance. Son père était réputé pour son travail, pour son habilité à trouver les pistes et mettre les fautifs en prison. Il avait payé pour son sens de la justice trop aiguisé.
La douleur pouvait se manifester sous différente formes. Ca pouvait être un petit pincement, une légère irritation, une douleur lancinante ou une douleur que l'on supportait tous les jours. Et il y avait le genre de douleur qu'on ne pouvait pas ignorer ; une douleur si grande qu'elle bloquait tout en vous et faisait disparaître le reste du monde jusqu'à ce que la seule chose à laquelle on pensait c’était à quel point on souffrait. La façon dont on gérait notre douleur dépendait de nous. La douleur, on l'anesthésiait, on la surmontait ou on l'ignorait ; et pour certains d'entre nous la meilleure façon de gérer la douleur c’était de foncer tête baissée. « Allez Noam, c’est ma tournée, tu ne vas pas partir ! » Elle regardait un instant, Nya qui s’agitait sur son siège. Elle c’est sur, elle n’allait pas rentrer chez elle sur ses deux pieds. Son amie lui tira la chaise et elle reposa ses fesses dessus.
« Si c’est toi qui payes, je ne vais pas me priver. » ça devait bien faire entre deux heures et deux heures et demi qu’elles étaient là. C’est samedi, c’est le week end, où est-ce qu’elles devraient se trouver, si ce n’était dans un bar. Il y en avait déjà une qui avait déserté pour partir avec un militaire bien foutu. Noam finissait le verre de tequila et mordu dans le citron. C’était devenu une habitude, se retrouver dans les bars entre potes. Elles se voyaient la semaine, en cours, mais ça n’avait rien à voir. Aussi étonnant que ça puisse paraître, elles n’étaient pas tellement des trouble-fêtes en cours. La blonde était particulièrement assidue, ne manquant jamais une occasion de s’intéresser à ce qui l’entourait, voulant réussir sa dernière année d’étude. Sauf le week-end. Mais personne n’avait à les juger, elles étaient jeunes, elles voulaient juste en profiter tant qu’elles le pouvaient. Quoi que, elle était sans doute la plus chanceuse du groupe. Les autres avaient encore un semblant de pression due à leurs parents. Elle non. Petit à petit, elle s’était faite à sa mort. Elle était passée par la phase tristesse, celle où elle était en colère contre le monde entier et puis il y a un jour où elle s’est réellement rendue compte que c’était fini. Elle avait gardé quelques photos dans un coin mais le mieux était de ne pas y penser. Ça lui permettait d’avancer, au moins. Par contre, sa mère avait fait tout l’inverse. Noam savait, à l’époque que ça allait être dur pour sa génitrice comme pour elle. Elle avait pu compter sur elle, à chaque fois qu’elle en avait eu besoin. Devant sa fille, la mère faisait bonne figure mais la blonde savait très bien qu’une fois seule, elle laissait libre cours à ses larmes. Sortir était devenu pour la petite, un moyen d’échapper à tout ça. Elle s’était enfilée encore un verre avant de décoller du bar. L’air frais lui fit du bien. Elle était presque arrivée chez elle lorsque son portable sonna. Elle pensait que c’était un de ses amis et qu’elle avait du oublier quelque chose au bar. Mais c’était un numéro inconnu. Elle ignorait qui pouvait l’appeler au beau milieu de la nuit.
« Est-ce que vous êtes bien Mademoiselle Caldwell-Fox ? » Elle lui répondit à la va-vite, cherchant surtout à savoir ce qu’il me voulait. On l’appelle à trois heures du matin mais ça n’a pas l’air de le déranger plus que ça.
« Je suis une des secrétaires de l’hôpital, je vous appelle car votre mère a fait une tentative de suicide et qu’elle a été admise dans nos services. » Après ça, Noam a arrêté de l’écouter, et en toute hâte, elle lui raccrocha au nez. Elle finissait le trajet jusque chez elle et récupéra sa voiture avant de filer à l’hôpital. Elle savait, au fond d’elle, que sa mère n’allait pas bien mais jamais elle n’aurait imaginé qu’elle était prête à se suicider. Quand la brune arriva dans sa chambre, elle dormait. Ou en tout cas, elle somnolait.
« Tu comptais m’abandonner ? Juste comme ça ou bien tu avais prévu de me laisser une lettre ? » Elle la vit fermer les yeux. Elle lui devait des explications, qu’elle les lui donne maintenant ou dans trois jours, elle s’en moquait. Ça faisait quatre jours que sa mère était là, ils attendaient d’être sûrs qu’elle allait mieux pour la laisser partir. La jeune femme buvait son café silencieusement ; au même moment, sa mère prit place à côté d’elle. Elle lui jeta un coup d’œil avant de fixer son regard devant elle. Cette fois-ci, la brune n’avait pas envie de faire la conversation toute seule et sa mère l’avait compris.
« J’ai besoin d’air Noam. J’ai attendu que tu grandisses, en me répétant que ça irait mieux mais rien n’y fait. Maintenant, tu es une adulte et tu n’as plus besoin de moi pour faire ta vie. Mais je ne peux plus rester ici, c’est trop dur pour moi. » Elle continua encore comme ça pendant cinq minutes. La jeune femme se contentait de l’écouter, les larmes aux yeux. La mort de son père les avait toutes les deux affectées, mais d’une manière différente. Maintenant sa mère veut partir en Angleterre, elles avaient de la famille là-bas. Noam se rappelait les avoir vu une ou deux fois, mais rien d’extraordinaire. Quelques mois plus tard, sa fille allait la rejoindre là-bas, fuyant sa ville après un déboire amoureux.
« Bordel Noam, qu’est-ce que tu fiches à Jersey. » C’est vrai qu’après quatre ans loin d’ici, revenir et espérer passer inaperçu, ça serait trop demander. Le quartier où elle habite est proie à de multiples ragots en tous genres que quelques vieilles commères aiment faire circuler. Noam était sûre que sa venue allait faire parler.
« Bah écoute, on se lasse vite de l’Angleterre et l'île me manquait » Naya Lannister, la petite rebelle de la famille Lannister était là, les yeux écarquillés. Elle ne pensait pas que Noam allait revenir après ce que son frère lui avait fait.
« Et donc, tu restes… pour toujours » dit-elle d’un ton hésitant.
« Oui, comme si je n’étais jamais partie » Pendant quelques minutes, Naya se demanda si la fille en face d’elle n’était pas droguée ou bourrée mais elle se souvint que Noam ne buvait quasiment jamais alors aujourd'hui, ça serait impossible pour elle.
Comme si elle n’était jamais partie. Les deux protagonistes savaient que c’était impossible, que leur trio était fichu, mort, que leur amitié ne serait plus jamais comme avant.
« Et…tu vas venir vivre chez ton beau-père ? » Noam explosa d’un rire cristallin
« Non, je veux de l’indépendance et puis, il est toujours bourré à partir de midi, tu le sais bien ». Il n’était sobre que pendant la matinée et encore, ses propos ne sont presque jamais cohérents. Et depuis le départ de sa mère, il y a quatre ans, monsieur Lagos avait fait une dépression et plusieurs tentatives de suicides, les médecins disent qu‘il ne s‘en remettra peut-être jamais.
« Dis Naya, Christopher va bien? » La question qui fâche. Christopher et Noam. Noam et Christopher. Avant, c’était une évidence. Ils ont été ensemble au lycée, et après, puis elle est tombée enceinte et tout ce qu’il lui a dit c’était un
« Tiens, prends cet argent et avorte » Noam n’a pas supporté sa réaction, de plus, tout le quartier était au courant qu’elle était enceinte et sans être mariée. Elle ne pouvait pas faire confiance à son beau-père, alors elle est partie en Angleterre rejoindre sa mère où elle a accouché, fait adopté l’enfant.
« Christopher va… très bien. Enfin c’est mon frère, mais on est plus si proche que ça » La réaction de Christopher l’avait mit dans un état second et pendant presque un an, ils ne se sont pas parlés. Maintenant, ils se parlent par monosyllabes mais ils ne se font plus de confidences, n’ont plus de délires ensemble, leurs goûts en changer. Avant, il y avait le trio de choc: Noam, Naya et Christopher. Ils étaient toujours ensembles tout les trois, faisaient tout ensemble, se racontaient tout. Tout le monde pensait qu’ils allaient être amis pour la vie. Ils étaient d’ailleurs partis pour l’être jusqu’au scandale de l’enfant.
Plus si proche que ça? Christopher et Naya étaient jumeaux, mais avant tout meilleurs amis depuis toujours, ils ne se sont jamais détestés. Robbyn se demandait bien pourquoi il y avait tout d’un coup un froid entre les jumeaux Lannister.
« Ecoute, pour le moment je cherche une colocataire donc il faut que je continue à scotcher ces annonces partout mais si tu me donnes ton numéro, je pourrais t’appeler et on pourra discuter…comme avant » Naya eut alors un éclaire dans les yeux
« Et si je me proposais pour être ta colocataire ? » Les Lannister n’ont jamais aimé Noam. Déjà quand elle sortait avec Christopher, ils faisaient un effort mais lorsqu’ils ont appris qu’il l’avait mis enceinte, ils l’ont complètement dénigré. Si maintenant, elle leur enlève leur fille, ils vont la haïr à vie.
« Avec plaisir, c’est mieux de partager un appart’ avec une fille qu’on connait » Et voilà comment tout commença, ou plutôt recommença. Naya trouva judicieux de ne pas parler à Christopher du retour de Noam car il n’a jamais vraiment tourné la page comme il veut si bien le montrer et puis, elle ne veut pas faire souffrir Noam en lui montrant l’épave vivante qu’est devenu Chris.