On est en effet quelques jours seulement après « l'incident ». Ben oui, selon le Callaghan, ça a tout l'air d'un accident, d'une erreur, de quelque chose qui n'aurait jamais dû arriver. Jamais Ô grand jamais ses lèvres n'auraient dû se retrouver scotchées à celles de Jules, une sorte de meilleur ami depuis tant d'années maintenant, son petit protégé, son Jules quoi, le Jules de la famille. Non, jamais cela n'aurait dû arriver et Charles se demande encore comment cela a pu se produire. L'alcool ? Ouais, bof bof comme excuse, il n'est pas du genre à être bourré avec trois bières quoi. Dormant à poings fermés, au chaud sous sa couverture, le jeune Zeus profite tranquillement de sa nuit/matinée dans sa chambre, ne se doutant même pas de ce qu'il se trame. Bientôt, il va falloir qu'il mette des cadenas sur sa porte et sur les fenêtres. Bref. Commençant à émerger alors qu'il sent des doigts fins pianoter sur son dos, il sourit. Sûrement sa conquête de la nuit, même s'il ne garde aucun souvenir d'être sorti. Mais bon, ça ne serait pas vraiment la première fois, et ça ne le dérange pas tant qu'il s'agit d'une belle créature auprès de qui il s'assurera ne jamais plus la revoir dans son lit. C'est une règle d'or.

Il se retourne alors, les yeux clos, comme un gosse qui ne voudrait pas se lever le matin. Il fait un petit sourire, et là... ouvre ses yeux. Ses yeux qui se rivent dans ceux, beaucoup plus sombres et pourtant brillants d'une malice particulière, de Jules. Il y a tout de même un instant où il se demande si c'est une belle blonde, mais non non, il reconnait bien trop les traits du jeune Leprince. Bien trop, oui, justement. « Salut toi .» Comme foudroyé par un électrochoc, il se décale d'une roulade sur le côté... oubliant qu'il était déjà sur le côté. Résultat des courses, la chute est courte mais en atterrissant au sol, Charles grogne et se relève, torse-nu et constatant que Jules est presque sous la couette. Il se demande alors s'ils ont... Non, impossible ! Ça, il s'en souviendrait, n'est-ce pas ? Le dévisageant comme un criminel, il le fusille du regard. Tu fous quoi ici, BORDEL ? Soupirant, il s'apprête à lui hurler dessus comme un dingue, mais se rappelle qu'il y a sûrement sa jumelle dans la chambre à côté ainsi que leurs autres colocataires et qu'il n'aimerait vraiment pas que Nathan, Kôl ou Candace vienne voir ce qu'il se passe. Surtout pas quand Jules est là, dans son lit, comme si de rien n'était. Il ne devine pas que le dortoir est vide. Se calmant alors instantanément, il soupire et grimpe sur le lit en se mettant en tailleur. Là, sur le coup, il est envahit de pensées contradictoires. Il a autant envie de le prendre dans ses bras que de lui arracher la tête, lui et son sourire si adorable. Il peut pas être plus chiant plutôt ? Ouais, histoire que ça ne le fasse pas culpabiliser de le repousser comme une vieille chaussette. La vérité c'est que là, Charles est bel et bien incapable de le repousser correctement. Et ça le tue. Il inspire à fond et rive son regard dans celui de celui qu'il a embrassé mais avec qui ça n'aurait jamais dû arriver. Bon Jules, t'as intérêt à me dire depuis quand t'es là, qui t'as fait entrer, et ce que tu veux, sinon j'te jette à la porte. Ses paroles auraient pu être lancées méchamment, mais sa voix est presque douce comme une invitation. Il s'auto-flagellerait bien pour ne pas réussir à lui parler comme à un chien. Mais la vérité, c'est que Jules est bien plus qu'un chien. Et c'est peut-être justement ça le soucis. Il passe une main dans ses cheveux bruns et ébouriffés, se frottant les yeux pour se réveiller un peu. Ou du moins essayer.

another day for you and me in paradise.
En plus il se marre. Il va lui exploser sa petite tête d'ange là, il va lui faire manger ses cheveux, il va... bah il va rien lui faire du tout, parce qu'il est incapable de faire du mal à Jules. Injustice. Calme toi Charles. RELAX. Il fronce les sourcils, pas vraiment satisfait de voir comment Jules ose lui parler alors qu'il vient lui de venir le réveiller de façon assez brutales. Enfin non, il était doux hein mais... mais il lui a fait une peur bleue ! C'est moi, Charles. Jules ! Tu te souviens ? Celui que tu connais depuis tes 16 ans et que tu as emmené ici. Ton ami, bordel ! Arrête de me traiter comme si j'étais un inconnu ou comme si j'avais changé ! Charles a détourné le regard. Un ami. Oui, c'est bel et bien vrai. Jules est même plus qu'un ami, il est SON ami. Celui qu'il s'est juré de protéger coûte que coûte en l'emmenant ici. Il ne sait pas quoi dire et du coup, il ne dit rien. Il passe une main pour ébouriffer ses cheveux déjà pourtant en fouillis, cherchant une excuse pour s'éclipser hors du dortoir et ainsi échapper au blondinet. Mais on dirait que celui le connait que trop bien puisqu'il a, vraisemblablement, déjà prévu le coup. Pour te répondre, je ... tu sais ce que je veux. Je veux qu'on arrête de se comporter comme deux gosses de 5 ans et demi, et que l'on commence à agir en tant que jeunes hommes responsables et matures. Je veux en parler. Merde. Il fuit cette discussion depuis... depuis sans doute trop longtemps. Et vraisemblablement, ce matin, il n'y échappera pas. Il s'assoit sur son lit, osant alors relever les yeux vers ceux de Jules. Je t'écoute. Bah oui, Charles, il ne sait pas quoi dire face à ça. C'était pas voulu, et ça le sera jamais ! Quoique.. Bon la conscience, tu vas la fermer. Oui il se parle à lui-même dans sa tête, ils sont plusieurs c'est pas facile. Tu sais très bien que ... que c'était compliqué avec Eleanor et que ... j'avais besoin de quelqu'un. Tu étais là Charles et je t'en remercie. A vrai dire, tu as toujours été là pour moi et je ne parviendrai jamais à te remercier assez. Et puis ... ce moment est arrivé où ... j'en avais envie et ... j'ai osé ... et puis ... les choses se sont accélérées et ... Sa voix est tremblante et ça lui fend le coeur. Il avale sa salive avec une certaine nervosité. Il ramène la couette sur lui comme pour cacher son torse-nu, bien que ça ne serve strictement à rien. Il inspire à fond. Jules... commence-t-il. Mais celui-ci ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit. Charles! S'il te plait, cesse de nier le fait que tu n'en voulais pas . Tu en avais aussi envie, n'est-ce pas ? Avoue-le, au moins !

Charles réprime un léger frisson et laisse tomber un silence gêné après ça. Il ne sait pas quoi répondre, parce que Charles n'est pas un menteur. Mais qu'il ne veut pas dire que Jules a raison, quand bien même cela serait la vérité. Entre Kôl qui s'aperçoit de son attirance pour les mecs, Jules qui vient remuer le couteau dans la plaie... écoute, on avait un peu bu, ok ? C'était pas voulu. Pas pour moi en tout cas. Il se lève du lit, faisant les cents pas. Il se mord la lèvre, très fort. Il sait qu'en disant ça, il est en train de faire du mal à Jules et l'idée lui est rapidement insupportable. Il se prend la tête dans les mains. Bordel, bien sûr qu'il en avait envie. Sinon, il ne se serait pas laissé faire. Il sent un nouveau frisson lui ébranler l'échine et reviens alors sur le lit, s'asseyant tout près de Jules, cherchant son regard. Jules, je suis hétéro, tu comprends ? Il faut pas.. il faut jamais refaire ça, c'est bon ni pour moi... ni pour toi et ton amour pour Lea ! Ça rime à rien. Je suis hétéro, répète-t-il, plus pour s'en convaincre qu'autre chose. Mais le problème est là : il n'y croit pas du tout. Et la présence de Jules ne l'aide en rien, car ses yeux louchent rapidement sur ses lèvres avant de remonter, une chaleur cuisante – la honte peut-être ? ou autre chose... – l'envahissant. Il se lève de nouveau après un léger sourire plutôt raté. Bon voilà, y a rien d'autre à dire. Il se gratte le menton. J'vais me doucher, hmm... la porte est ouverte j'pense, sors sans faire de bruit s'il te plait. Et après un dernier regard, il se glisse dans sa salle de bain personnelle, celle reliée à sa chambre à lui. Il se regarde dans le miroir et inspire à fond, se balançant de l'eau glacée sur le visage comme si ça allait l'aider à effacer les souvenirs de Jules et lui en train de s'embrasser. Il laisse tomber alors son boxer et son short au sol, entrant dans la cabine de douche sans remarquer qu'il n'a même pas fermé la porte à clé...