Un paradoxe. Voilà ce qu'est Callaghan. Un vrai paradoxe à lui tout seul. Voyez-vous, le jeune Parisien est un littéraire. Il écrit. Dans le journalisme, il trouve l'appui certain où il peut laisser libre court à son imagination, même si généralement, c'est seul face à une feuille en pleine nuit qu'il laisse sa plume exister réellement. Mais ce dont il a besoin au même titre qu'écrire c'est tout simplement : le danger. L'adrénaline. N'être vivant que lorsqu'on frôle la mort. Une religion, chez le jeune Callaghan. Son sac à dos sur les épaules, il quitte le bâtiment des Zeus tranquillement. Détendu, il se fiche des regards intrigués qui se retournent sur son passage. Il se met à marcher, sous le beau soleil de ce début d'après-midi à Jersey. Il adore cette île. Certes, Paris lui manque. Mais bon, il fait avec quoi. Et puis, l'avantage d'avoir un grand-père directeur de l'université, c'est qu'il peut lui demander un peu n'importe quoi. Comme utiliser son jet privé pour faire Jersey-Paris. Il marche un bon bout de temps, une bonne condition physique, avant de venir à son endroit favori pour grimper : une petite piste dégagée, prenant pied au milieu des arbres, à l'écart du sentier. Mais alors qu'il s'y approche, il distingue une silhouette et soupire. Même là il ne peut pas être seul... Il s'approche néanmoins, le regard au sol. Au pire, il grimpera après, ou avant, mais il veut grimper là. Ouais, il est têtu, le petit. Vous venez faire de l'escalade ici ? Contre son gré – il prévoyait de jouer à l'asociale – il relève les yeux vers le garçon. Fin, pâle, une classe qu'il ne peut nier et des cheveux blonds, il lui semble l'avoir déjà vu, mais Charles ne s'attarde pas sur cette impression tout d'abord. Il s'arrête à quelques mètres, hoche la tête, et lui répond en regardant le ciel. Ouais. Je grimpe toujours ici. fit-il pourtant d'une voix presque enjouée. Même lui n'arrive pas vraiment à se cerner, ça devient affolant. On se connait, non ? C'est là que Teddy se permet de l'observer mieux encore. Il fronce un peu les sourcils, détaillant les traits de son visage. N'est-ce pas ce type des Hadès qu'il croise, souvent seul, ou parfois entouré de types dans son genre ? Enfin, "dans son genre"... c'est vague. Ça veut dire, des Hadès quoi. Charles ne s'est jamais très bien entendu avec eux, mais il n'enferme personne dans ces confréries. Il est ouvert à tout, comme on dit. Il passe une main dans ses cheveux bruns, remontant ses lunettes sur sa tête pour mieux observer « l'inconnu » qui n'en est pas tant un que ça. Il a une mémoire photographique, et bien qu'il croise plus souvent des gens qui le connaissent lui mais pas l'inverse, cette fois, il se souvient du prénom du jeune homme face à lui. Hum... Diezel, c'est bien ça ? demande-t-il, sachant pourtant qu'il ne se trompe pas. Il se rapproche un peu. Drôlement sociable finalement. Et moi c'est Charles-Théodore, au cas-où. Mais on m'appelle Teddy. Si tu veux, on peut grimper ensemble, ça sera toujours plus sympa.. Plus tard, il se demandera ce qui lui passait par la tête au moment où il a proposé cela.

vers les cimes vertigineuses.
Enchanté, j'imagine... Bon ok, ça ne va pas être super facile de faire ami-ami avec lui, Charles l'a compris. À la base, il ne voulait pas, mais bon, faut bien faire avec, non ? Attendre, il n'aime pas beaucoup et il ne se voit pas attendre deux heures que l'autre commence à grimper et à prendre de l'avance. Ouais, pourquoi pas. Ah, ben voilà ! Satisfait, Charles lui décroche un sourire puis se penche à son tour. Ce n'est pas vraiment un pro de l'escalade, il en fait juste quelques fois, voilà tout. Mais il ne peut pas non plus dire qu'il s'y connait à fond et que son matériel est le meilleur. Au contraire, celui-ci appartient à son grand-père alors autant dire qu'il date un peu. Il ne remarque même pas le regard du Hadès sur lui, sortant tranquillement ses cordages et son harnais. Ça fait longtemps, que tu grimpes ? Il ne s'attendait pas à le voir parler et relève donc brusquement les yeux vers lui. Mais ledit Diezel ne le regarde même pas. Ce qui n'empêche pas Charles d'en profiter pour le détailler alors. Peut-être l'effort va révéler son corps musclé... Presque lui-même choqué d'avoir de telles pensées, il écarquille les yeux avant de détourner le regard. Euuuh non pas tant que ça. Depuis mon arrivée ici en fait, donc deux ans. Il enfile son harnais et y accroche deux mousquetons ainsi qu'un troisième, au cas-où. Il enroule sa corde en un noeud de huit serré, prêt donc à s'assurer tout seul. Il n'a pas peur du vide. Il n'a ni le vertige ni la peur paralysante de tomber. Et toi ? demande-t-il alors, en se tournant cette fois-ci vers le beau Hadès, l'observant de son regard gris clair. Finalement, il désigne la roche d'un mouvement de tête. Tu passes devant ou j'y vais moi ? demande-t-il tout naturellement, simple question d'organisation. Il faut bien qu'il y en ait un qui montes en premier, non ?