S'il y a bien une chose, ou une personne sur qui il ne s'attendait pas à tomber sur aujourd'hui : c'était bien Kôl. Quoique c'était peut être un leurre de dire ça. Les rares fois où ils avaient mangés à l'extérieur elle avait toujours pris les devants en imposant proposant ce restaurant, et autant dire qu'il y avait prit goût le bel Isaac, à force. Alors oui, peut être qu'il était là par provocation ou pas d'ailleurs. Cette jolie demoiselle, lui avait proposé de déjeuner avec lui, et avouons-le il la trouvait plus fade que Kôl-Asp'. C'était indéniable, mais au moins il leur arrivait de rire ensemble. « Kôl ! » Finit-il par dire surpris. Il n'allait pas la virer de là, parce qu'en fait elle n'interrompait rien de bien particulier. Et à l'inverse ce n'était pas non plus le genre de personnes qu'il inviterait à se joindre à eux, non clairement pas. En fait, le jeune homme fit pire sans même s'en rendre compte. « Disons qu'on réapprend vite à apprécier le goût des choses simples. Tu devrais essayer. » Finit-il par dire sans se rendre compte que ça pourrait offenser la demoiselle qu'il avait devant lui. Eh oui en quelque sorte il confirmait les propos de Campbell ou du moins il ne reniait pas la comparaison du thon au caviar. Elle était douée que voulez-vous ! Et c'était même plutôt bien trouvé de sa part, même si pour le coup Isaac voulais simplement dénoncer le fait qu'elle soit perpétuellement compliqué comme nana. Il avait longtemps espéré qu'elle finirait par se lâcher un peu plus mais rien ; pire il n'osait pas se dire qu'elle l'amusait et le stimulait bien plus maintenant ou avant leur relation de couple que pendant. « Va te faire voir Wheeler! » Il n'avait pas rattrapé son coup, et au final il avait échappé à une jolie baffe, mais elle avait quand même fini par fuir maladroitement. Il serra légèrement les dents, perplexe en regardant Kôl.

Kôl allait souvent dans ce restaurant c'était vrai, mais elle y allait aussi avec Isaac lorsqu'ils étaient encore ensemble. C'est vrai qu'elle l'obligeait à y aller, car bien souvent, elle aimait bien commander. Mais Kôl, on l'acceptait comme ça ou on ne l'acceptait pas. Isaac l'avait accepté et d'ailleurs, elle lui en était reconnaissante mais à l'époque où ils formaient encore un couple, elle n'arrivait pas à se lâcher avec lui. Elle l'avait aimé, elle envisageait même d'aller loin avec lui, mais ce n'était pas dans sa nature humaine de montrer ses sentiments. Mais ça, il ne l'avait pas compris et Kôl n'avait pas eu le courage de se battre pour le garder. S'il n'avait pas été foutu de comprendre ça, ce n'était pas de sa faute à elle. Pourquoi tant de rancœur ? Après tout, la jeune femme aurait pu passer à autre chose, mais non, il l'avait trompé. C'était la pire chose qu'on pouvait faire avec elle, la pire trahison qui puisse exister dans un couple. Elle se sentait humiliée, un sentiment qu'elle ne supportait pas. Plutôt que de lui pardonner, comme une gentille fille qu'elle aurait pu être, elle préféra mettre un terme à leur relation et depuis ce temps, son côté vindicatif était à son apogée. Elle s'amusait à le pourrir et elle voulait lui faire regretter d'avoir pu aller voir ailleurs. Kôl était fière de son coup. La fille avec qui il était venait de partir, vexée. La brunette affichait un sourire satisfait et haussa les épaules lorsque cette dernière partit. Sans adresser un autre regard à Isaac, elle s'assit à côté de lui, commandant un verre. « De toute façon tu aurais finis par la tromper, ça n'aurait servi à rien. » Et à ce moment là, elle se tourna face à lui pour lui lancer un regard accusateur et noircit par la colère qu'elle ressentait encore. « T'es fort pour ça, ne l'oublie pas. » Autant dire qu'elle l'avait encore en travers de la gorge.

Bizarrement, le jeune homme sentait que Kôl allait s'installer ; et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle avait réussi son coup. Il n'avait pas envie de courir après cette demoiselle, et en même temps il n'avait pas eu l'obligeance de se rendre compte des mots qu'il prononçait. Non en fait dès le moment où il s'était rendu compte de la présence de la demoiselle, il n'avait vu qu'elle et rien d'autre. C'était plus fort que lui, il avait eu envie de lui répondre et c'est ce qu'il avait fait, sauf qu'il s'y était bien plus que mal pris. Il rit légèrement aux deux répliques de la demoiselle, parce qu'il préférait s'en amuser. Avec le temps il aimait qu'elle puisse penser qu'il avait coucher avec cette demoiselle. C'était bizarre mais c'était tant mieux. Il arrivait à lui en vouloir de ne pas lui avoir fait assez confiance quand ils avaient été ensemble, et surtout il arrivait aussi à se faire détester pour ce qu'il n'avait pas fait uniquement parce qu'il avait pu la voir accompagné d'un très bon ami à lui. Elle partageait la chambre de Teddy, et les avoir vu ensemble l'avait vite refroidi. « Tu es peut être la seule que j'ai trompé quand on y pense. T'y as songé à cette option ? » Finit-il par dire à prenant son verre pour en boire une gorgée. Bizarrement sur le coup il avait bien envie d'une cigarette. Mais quelque part elle avait raison. Il aurait fini par la tromper du moins si il avait osé lui promettre quelque chose ce qui n'avait pas été le cas. Il vint à déposer son regard sur elle. Il savait que ça pourrait être blessant mais en même temps il savait aussi que c'était comme ça entre eux.

Isaac se rendait compte qu'il avait été assez cru quelques secondes à peine après avoir prononcé ces mots. Il se trouvait être pas mal égoïste à ce moment-même. Il savait qu'il n'avait pas franchi la limite avec cette demoiselle comme Kôl pouvait le pensait, mais il lui laissait croire ça en se permettant en plus de remuer un peu le couteau dans la plaie. Ce n'était pourtant pas lui en soi, il n'était pas si mesquin et encore moins avec les femmes qui avait pu compté un tant soit peu, mais la vérité c'était qu'il avait pris ça comme un jeu, et qu'il s'y prêtait sans même se rendre compte, du moins jusqu'à ce qu'elle finisse par reprendre la parole. Ça avait eu l'effet du bombe. Ces paroles raisonnaient un instant comme si elle avait eu le malheur de répéter le tout trois, quatre, cinq fois. « Il t'a fallu finir cocue pour te rendre que tu n'étais pas si indifférente que ça ..! qu'est-ce qui va pas chez toi, Kôl ? » Il la regarda pour le coup, il ne cherchait plus à être blessant. Ce n'était plus le même ton, il appuya ses avant-bras contre la table tout en la regardant. Il se sentait désolé de la situation, intimement mais n'en disait rien, et surtout il était intrigué. Il y avait forcément quelque chose qu'il avait loupé en elle. Il avait noté sa phrase, et n'avait pas su réemployer le verbe aimer de peur qu'elle ai gonflé la chose, mais à ce moment-là il était persuadé qu'elle avait eu des sentiments pour lui, sans grande prétention d'ailleurs. Il se rendait simplement compte qu'il suffisait d'un rien pour qu'une relation soit délabrée comme la leur actuellement. Il ne savait pas si il n'avait pas été assez digne de confiance, s'il en avait trop attendu, s'ils s'étaient tout deux trompés en se laissant une chance en tant que couple, il était tout bêtement perdu.

Se retrouver face à elle était un bon moyen pour régler leurs comptes comme si jamais ça ne se finirait ; mais aujourd'hui ça avait pris une dimension tout autre. Elle avait eu le malheur de parler trop fort, et il avait le malheur d'y croire, bien qu'il osait se dire qu'elle avait peut être un peu gonflé la chose, ou pas d'ailleurs. Il n'avait jamais été question de sentiments entre quand ils sortaient ensemble. Ils n'en parlaient dans les souvenirs du jeune homme. Et à chaque début de relations, en général ce n'est pas le genre de choses qui posera problème un mec, pourtant il avait eu aussi des sentiments pour elle ; mais ce qui était perturbant à ce moment-là, c'était tout simplement qu'il n'avait pas tant entendu parler de ce problème de confiance qu'elle énonçait. Non pour lui, elle avait été froide sans trop vouloir lui donner même des choses toutes simples. Et apparemment il aurait du mieux creuser, ou tout simplement s'armer de patience, ce qu'il n'avait pas fait. « Tu te sentais encombrante ? Non, parce qu'ironiquement tu as plutôt été tout sauf encombrante. Et par 'tout' je veux dire totalement l'inverse, Kôl. » C'était un fait. Il aimait partager même un semblant de complicité avec la demoiselle avec qui il sortait. Eh oui, si tout le monde s'amusait à le voir comme chaud lapin, et un genre serial tombeur, il était clairement beaucoup plus que ça. Il savait qu'il aurait pu avoir Kôl d'une autre manière que en décidant de se mettre en couple avec, mais ce choix avait important à ses yeux, et aujourd'hui il le prenait plus comme un échec. Il ne supportait pas cette idée-là mais il avait l'impression de ne pas avoir été à la hauteur, ou de ne pas avoir mériter qu'elle s'ouvre un peu plus à lui. Et puis sans savoir pourquoi il lui en voulait quelque part au point que se faire détester pour une tromperie qui n'a jamais eu lieu ne l'avait pas dérangé.

Forcément Wheeler s'attendait à tout sauf à cela. Il voyait qu'elle allait se lancer dans un monologue ou du moins une petite tirade mais il n'en attendait pas autant et surtout en aucun cas il n'en avait soupçonné la nature. Comme de la part de tout cœur brisé, il aurait été disposé à entendre ce qu'on entend dans la bouche de beaucoup : mon ex m'a trompé et j'ai peur de souffrir à nouveau ; je n'étais pas prêt(e) à trop m'investir dans cette relation (...) ; enfin bref le blabla habituel. Au lieu de ça il y avait eu ces mots qu'elle venait de prononcer. « J'ai besoin d'une clope. » Dit-il de manière inattendu. Pour le coup, il n'y avait pas à en dire ça venait tout droit du cœur. Il était comme dirait-on sur le derrière pour ne pas être plus sec et cru. On pouvait le dire, Isaac se retrouvé tout juste un poil largué au milieu de tout ces dires. Il fit signe au serveur qui passait pour qu'on lui apporte un paquet de cigarettes. Même sans en fumer une, il savait qu'il se sentirait déjà mieux en se disant qu'il allait pouvoir s'en allumer à tout moment. Il déposa à nouveau ses avant-bras sur la table, et la regarda comme si il réfléchissait à ce qu'il allait dire, alors que pas du tout. « Tu ne me dirais pas tout ça si tu n'avais pas confiance en moi.. t'as conscience de ça Kôl ? » Il avait ce ton neutre. Il ne lui en voulait pas, et ne la jugeait pas. Au fond de lui, il ressentait beaucoup trop de choses en même temps. Il était inquiet pour elle parce que oui elle avait compté, et elle comptait encore pour lui, et par conséquent il avait l'impression d'avoir loupé une partie d'elle ; d'un autre côté il s'en voulait à lui-même pensant ne pas avoir été à la hauteur ; et il arrivait même à se demander ce qui avait la vraie elle, et ce qui avait fait partie de cette nouvelle identité. Où était la frontière ?

Pourquoi aujourd’hui était bel et bien la première question qu’il lui venait à l’esprit. La seconde c’était sûrement qui d’autres était au courant. Mais bien plus que cela il se voulait au fond de lui conscient qu’elle tentait de le faire culpabiliser, ou du moins qu’elle essayait de le rendre mal ; mais cette fois-ci il décelait bien le fait que ça n’avait rien à voir avec ce stupide jeu qui consistait à se faire mal mutuellement. Non c’était plus profond et c’était égoïste. Lui, comme elle, ils semblaient être tout deux totalement égoïstes. Cela dit, l’effet qu’elle voulait provoquer en lui, semblait être inévitable même si il ne le montrait pas par des mots. La clope sûrement suffit à appuyer son état à ce moment précis. Seulement il ne culpabilisait pas pour les raisons qu’elle avançait loin de là. C’était plus fort que ça et encore plus perturbant. Il regarda au loin sans rien dire. Parler de l'épisode tromperie reviendrait à dire la vérité et il ne s'en sentait pas prêt. « D’autres sont au courant alors.. ? » Il se doutait que sa meilleure amie la sulfureuse blondie pourrait être au courant, du moins c'était la première personne à laquelle il pensait. Il récupéra le paquet de cigarette qu’on vint lui donner, et remonta le briquet de sa poche pour finir par le déposer sur la table. Il ne le disait pas mais il était suspicieux. Quelque part il avait peur que quelqu’un de moins légitime que lui soit au courant. Pourtant pour lui c’était clair. Ils n’avaient pas été ensemble pendant des années, seulement quelques mois, mais elle venait de lui confier qu’elle l’avait aimé et surtout il se demandait, si c’était aussi simple de le dire aujourd’hui, pourquoi ne pas l’avoir confié durant leur relation surtout si elle s’était attachée à lui comme elle le disait. Cela dit lui se voulait bien plus égoïste à ce moment-là. Il n’arrivait pas à céder et à dire qu’il n’en avait rien fait avec la demoiselle qui venait de partir. Après ouvert le paquet, il s'en prit comme si c'était la seule chose dont il avait besoin.

Avouons-le, Wheeler était un poil jaloux. Quand elle citait tous ces noms, il les comptait presque. Il comprenait pour Candace mais semblait totalement largué face aux autres. Et puis même si il adorait Charles, il ne comprenait pas pourquoi lui était dans cette fameuse liste. Entendre le nom de ce dernier, malgré la justification qui s'en était suivi ne l'avait pas laissé indifférent. Pourquoi ? Parce qu'il n'aimait pas mélanger ses relations amicales masculines avec ses ex et autre. Et puis il les avait vu ensemble peu après leur rupture, et c'était le détail qui l'avait poussé à la laisse croire qu'il l'avait trompé d'ailleurs. Il y avait le nom d'un de ces colocataires aussi, celui de la jolie russe Kniazev qu'il ne supportait pas en apparence. Enfin tout sauf lui, et il avait cette soudaine impression d'avoir été mis de côté. Pas parce qu'il avait été le petit-ami ; mais bien parce qu'il avait été le petit-ami auquel elle n'avait pas réussi à s'ouvrir, celui qu'elle avait aimé sans oser le lui dire, et celui à qui elle déballait ça bien après la rupture. Le tout rendait la chose complexe. Le passé, les sentiments, la crainte de le perdre, il n'avait jamais rien entendu de tout ça. « Le problème n'est même pas là Kôl.. Ces aveux ceux sont des choses que je n'ai même pas su ou que je n'ai même pas pu soupçonner en toi. On était ensemble et d'autres en savaient bien plus que moi ; et je n'parle pas uniquement de ton passé. » Disait celui qui avait fini par tout avouer à Candace en lui promettant de ne rien dire. Il savait que dire qu'il ne l'avait pas trompé ne résoudrait rien. Elle souffrirait moins peut-être, elle en sortirait plus fière puisqu'elle se serait débarrassé de ce sentiment résultant du fait d'avoir été cocue mais non sa fierté était là, au fond de lui il craignait qu'il d'être passé à côté d'une belle histoire, et pire il craignait de la voir trop prématurément open avec d'autres. En somme, il avait l'impression d'avoir échouer et il avait toujours dû mal face à l'échec. Il fumait sa clope, et souffla un coup avant de la regarder. « J'imagine que tu n'as plus aucun contact avec tes proches ? » Dit-il en la regardant. Il avait toujours vu Kôl comme une garce, une femme forte au cœur bien camouflé. C'était ce qui l'avait séduit, même si il n'avait pas réussi à briser cette carapace et maintenant il comprenait mieux.

C'était de loin une des clopes les plus reposantes qu'il ait pu consommer ou du moins entamer. Il ne l'expliquait pas tant que ça, mais cette situation avait eu le don de le mettre un poil sur les nerfs. Un joli cocktail d'émotions comme un brin de colère, une pointe de jalousie, une pincée de regrets, un effet de surprise non négligeable. Enfin tout ce qu'il y a plus indéfini en somme. Il avait beau se dire que s'il ne l'avait pas provoqué avec la demoiselle disparue il y a peu, peut-être que les choses iraient mieux. Quoique l'idée c'était bien plus de se dire que s'il ne l'avait pas vu avec Charles tout juste après leur rupture, aujourd'hui tout serait sûrement différent. Et puis égoïstement, il se disait aussi que si elle avait pu s'ouvrir à lui plus facilement peut-être qu'aujourd'hui ils seraient encore ensemble, et encore mieux ensemble qu'au premier jour ? Tout était confus, mais même si il ne le disait jamais, il avait au fond la crainte de pas avoir su mériter la confiance de la demoiselle. C'était là que résidait pour lui une grande partie de tout ça. L'échec le rendait malade, et en parler lui était comme impossible à ce moment-là. Il était comme anesthésié, abasourdi. Il se racla légèrement la gorge, et finit par dire en se grattant légèrement la nuque. « Je crois bien que j'aurai préféré ne pas tout savoir finalement. » Bonté divine. Il avait tout entendu mais ne retenait que Nolàn et Charles. Le secret de son pote, il ne pensait pas en être au courant, mais ne soulevait pas ce point. Mais encore une fois tout se compliquait et c'était dur. Mais le pire c'était son colocataire. Sur les trottoirs bon sang ! Il se cala au fond de sa chaise en faisait attention à ne jamais lui balancer sa fumée en pleine face. « Tu t'es confié de plein gré .. par vengeance ; et le moins qu'on puisse dire c'est que ça fonctionne. » Il la regarda, observa le silence un temps. Il ne parlait pas d'une once de culpabilité naissante en lui. Elle allait sûrement le comprendre comme ça, mais non il ne culpabilisait pas, du moins pas pour la tromperie inexistante. Mais le détail Nolàn, le détail Charles enfin le tout devenait assez déroutant. « Si vraiment ton père avait le choix, je me gênerai pas pour te dire que ce n'est qu'un crétin. » Il le pensait, et comme il lui arrivait souvent de dire ce qu'il pensait, il le fit sur le coup. Il comprenait pas comment on peut lâcher sa fille comme ça. Il était forcément curieux de savoir comment elle vivait avec tout ça, mais il n'était plus légitime à présent pour ce genre de choses. Il écrasa sa clope après avoir décroché son regard de la demoiselle.

Isaac disait ce qu'il pensait, il fallait l'avouer. Et pour le coup, bien que depuis le début, elle l'eût surprise avec ces révélations les unes plus chaotiques que les autres, et surtout plus surprenantes les unes que les autres, il décela vite une réaction de Kôl qui ne l'étonnait pas. Il aurait dû s'y attendre. D'ailleurs c'était pour ça qu'il finissait un peu de marbre face à tout ça. Au fond de lui, tout se bousculait. Il était partagé entre l'envie de se dire que peut-être ils étaient passé à côté de quelque chose tous les deux, et en même temps ils se disaient que tout ça n'avait pas de sens. Il ressentait tout ça comme un monumentale échec tout en trouvant le moyen de passer son temps à se dire 'et si ?' alors que pourtant ce n'était pas lui tout ça. Il avait toujours eu tendance à tourner la page, et dire c'est du passé. D'ailleurs c'est ce qu'il avait fait avec Kôl en se disant ça n'a pas marché, pas de regrets. Et là tout changeait, elle le bousculait sans même en voir les effets puisque tout était en lui. Pour le coup, c'est lui qui était transparent. Il montrait sa colère puisque très impulsif, mais une fois un poil vulnérable, tenté par la culpabilité on ne voyait plus rien en lui. « Arrête Kôl, ça n'a rien à voir... » C'était vrai. Mais ça demandait à être développé, ce qu'il ne faisait pas ! Il avait préféré le silence, et de toute manière il voyait bien que la demoiselle avait son idée en tête : partir, comme elle avait fait partir l'autre. Tout ça par sa faute à lui, ce qu'il assumait. Eh oui, la preuve, il n'était pas foutu de la rattraper. Il serra les dents comme pour se retenir de laisser partir sa jambe contre la table, et aussi pour se retenir de lui courir. Il aurait dû le faire, mais il n'avait rien fait. Pour une fois, il ne faisait pas ça pour qu'elle le déteste, mais uniquement parce qu'il se sentait sous tension, nerveux, perdu.