Il sent la honte lui brûler l'échine, et c'est douloureux. Très douloureux. Il se sent presque nauséeux tant il a honte de lui. Il a fallu que Kôl le stoppe, que ça soit elle qui lui ouvre les yeux pour qu'il arrête. Pour qu'il se rende compte qu'il allait faire peut-être une des plus grosses conneries de sa vie. Il déglutit. Il n'ose même pas la regarder. Il a chaud, il se sent mal. « Je le savais, si j'avais pas pensé à elle, moi, t'aurais couché avec moi sans remord, sans pensé à elle. Et me dis pas que moi j'aurais été capable de faire pareil, je te vois arriver. Moi j'ai été capable de m'arrêter contrairement à toi. » Il ne la contredit même pas. N'a-t-elle pas raison ? Si, peut-être. Certes il n'est pas le seul à avoir des tords, mais il en est le principal acteur en tout cas. Il ne la regarde toujours pas, pris de remords qui rendent sa gorge nouée. Il respire fort, comme si ça allait faire passer son malaise. « Elle est vraiment amoureuse de toi, alors soit t'arrêtes tes conneries de draguer tout ce qui bouge et tu te poses avec elle, ou tu l'oublies. T'inquiètes pas, je serai là et crois moi qu'elle t'oubliera très vite, la même vitesse à laquelle vous êtes bêtement tombés amoureux. » Il entend ses paroles résonner dans sa tête, et il la tourne vers elle, fronçant légèrement les sourcils. Elle est vraiment amoureuse de toi... Il sent une drôle de chaleur l'envahir. Non, elle ne lui a jamais vraiment dit clairement, noir sur blanc. Lui non plus, d'ailleurs. (...) vous êtes bêtement tombés amoureux... Alors est-ce si simple à voir ? Si simple mais alors ne devrait-il pas se l'avouer lui aussi ? Ça doit crever les yeux. Il serre les dents, la voit se rhabiller et remet correctement sa chemise avant de s'asseoir à même le sol. Comme un enfant, il se balance légèrement d'avant en arrière, toujours muet. Enfin, il relève ses yeux clairs vers elle. « Je... Je suis désolé. Tu peux le dire hein, j'suis qu'une ordure et j'imagine bien que oui, tu l'aideras à vite m'oublier, je sais. » murmure-t-il doucement, baissant peu à peu les yeux. La mâchoire douloureuse à force de trop serrer ses dents, il soupire alors doucement, passant la main dans sa nuque. C'est là que ressort la si basse estime qu'il a pour lui-même, malgré l'apparence qu'il montre. « Mais ça n'arrivera pas. » affirme-t-il alors soudain, se relevant, avec l'impression d'endosser le rôle d'un personnage important dans un film. Il s'approche d'elle, et attrape ses mains. « J'vais lui dire. Lui dire que j'l'aime aussi. Que... que je gâcherai pas ça. Encore moins avec sa meilleure amie. – il esquisse un léger sourire amusé – Et... Je sais que tu te demandes sûrement comment elle fait pour rester avec un type comme moi, que tu me détestes sûrement autant que pendant ces longues semaines, mais j'aimerais rester en bons termes, parce que tu comptes énormément pour elle, parce que c'est important. Tant que tu m'provoques pas trop, j'pense que t'as remarqué que j'avais légèrement du mal à... à garder en vue les règles, les limites, surtout quand tu es là. » Il attend patiemment sa réaction, tentant d'avaler lui-même ce qu'il vient de dire. Il a dit qu'il l'aimait. C'est sans doute la première fois qu'il le dit aussi clairement. Il lui a dit qu'il avait du mal à lui résister, également. Mais qu'il ne voulait pas perdre tous contacts avec elle, parce qu'il est conscient de l'importance qu'elle a aux yeux de Candace. Et que – mais ça, il ne l'a pas dit – il faudrait bien que le petit ait une marraine aussi timbrée que Kôl, non ?

Qu'aurait fait Kôl si elle avait couché avec Charles ? Elle aurait des remords jusqu'à la fin de sa vie, s'en voulant d'avoir pu faire ça à sa meilleure amie. Candace était amoureuse de Charles et bien que Kôl ne comprenait pas comment on pouvait s'enticher d'un homme qui n'avait pas un penchant uniquement pour les femmes, elle n'avait pas à lui faire ça. C'est pour ça que Kôl venait de mettre fin à ce désir brûlant au fond des deux jeunes. Ce n'était sûrement pas l'envie qui manquait à la brunette de coucher avec Charles, mais c'était sa meilleure amie. Bien que Kôl était une garce, jamais elle ne serait capable de trahir la seule fille qui tenait à cœur à Kôl. La plupart de ses amies, si on pouvait appeler ça comme ça, traînaient seulement avec Campbell pour sa popularité ou pour argent. Quand on était proche de Kôl, ce n'était pas les soirées qui manquaient avec l'alcool qui coulait à flot, les convives n'avaient rien à payer. Pour résumer, à part Candace, on était avec Kôl souvent par intérêt. Campbell écoutait patiemment Charles et elle ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir. « Je te déteste d'être aussi... Désirable. La seule chose pour laquelle je ne suis pas encore tombée sous ton charme c'est parce que ma meilleure amie est amoureuse de toi. La meilleure chose à faire, c'est qu'il ne faudrait pas qu'on reste tous les deux, seuls, dans une pièce, comme tu as pu le remarquer aussi, j'ai du mal à me contrôler quand tu es là. » Voilà qui était dit. Ils ressentaient tous les deux la même chose et jamais Kôl n'irait répéter cet incident à Candace, la brunette avait autant à y perdre que Charles dans cette histoire.