1. l'érosion de nos habitudes.

Nouveau sms de : Max à Lily. « On se rejoins, comme d'hab ? »

Le premier, c'était Max. Maxence, Maxime, Maxwell, j'en savais trop rien, il tenait à ce que je l'appelle Max et ça m'allait très bien. Je l'ai rencontré dans un café, il s'est assis et on a commencé à discuter. C'était le café de l'hôpital, il était soit patient, soit famille de patient, ou soit il bossait là, quoi qu'il en soit, je ne l'avais jamais vu. Je n'avais pas mon alliance ce jour là, règle d’hygiène oblige, aucun bijoux. On a parlé, on a rit, et puis après un moment il m'a avoué ; « ça faisait longtemps que je n'avais pas passé un aussi bon moment. », je lui adressais un sourire, et il osa, un peu timide -je le voyais dans ses yeux- « puis-je prendre votre numéro ? On pourrait peut-être.. se revoir juste pour un café ? », ses intentions étaient bonnes, et les miennes l'étaient aussi. On s'est revus. Une fois, puis une autre, et une autre.

Nouveau sms de Lily à Will. « Ne m'attends pas pour dîner mon amour, réunion ce soir pour nos patients. J'espère être là pour m'endormir contre toi, je t'aime. »

Je ne sais pas pourquoi, c'était certainement inconscient, mais à chaque fois que je rejoignais Max, je retirais mon alliance et je la rangeais dans mon sac. Du café du matin, et du midi, on est passé à boire un verre chez lui. Juste un verre. Puis on a rit. J'avais l'impression de retrouver en Max le Will que j'avais connu, mais que j'avais perdu en cours de route. J'étais bien, et ça me faisait du bien. Je me sentais importante et présente pour quelqu'un, et j'aimais cette sensation. Un autre verre, et il s'approche pour m'embrasser. Je le laisse faire, je me permet de prolonger. Finalement, nos deux corps ont fini par faire un sur son canapé. Nos respirations fortes, il était posé à présent sur moi, entrain de se reprendre, me regardant avec un sourire. « T'es magnifique ». Je lui accorde un sourire, et je revois Will me dire exactement la même chose, et je le vois, sûrement entrain de m'attendre. Je regarde l'heure : minuit deux. Je lâche un juron, « j'dois y aller, je suis de nuit ce soir », mensonge. Il demande si on va se revoir, je lui dis que oui, et je cours rejoindre mon mari.

Nouveau sms de Lily à Max. « Je te vois bien me prendre sur le plan de travail, à l'heure du repas. »

C'est devenu une habitude. Je voyais Max entre midi et deux, et je retrouvais mon mari le soir. J'étais bien, épanoui, et je mentais un peu aussi. Max ne savait pas que j'étais mariée, et Will ignorait que j'avais un amant. Évidemment que j'aime mon mari, et bien sur, je lui fais l'amour quelques soirs, quand il le veut bien. Je ne dis rien mais je souffre, en silence, un sourire aux lèvres.

Nouveau sms de Max à Lily. « Tu passerais ce soir ? Et si pour une fois tu restais la nuit, que je puisse profiter de ton corps à plusieurs reprises ? »
Nouveau sms de Lily à Will. « On a faillit perdre un de mes patient, il reste en observation. On se partage les nuits avec les collègues, je suis l'infirmière de ce soir. Pas de bêtise, et demain matin je te fais ton petit déjeuné en entrant. Pense à moi. »

Et voilà que je rejoins Max, mentant à outrance à mon mari. La nuit est là, bonne, longue, dans le lit de Max, et c'est l'une des meilleures nuits depuis énormément de temps. On s'accorde une pause, on se reprend, on se sourit, on se découvre avec moins de fougue et plus de tendresse. « T'es mariée Lily.. », je fronce les sourcils. « Mens pas, je le sais », il sourit, bizarrement. « Tu passe entre deux heures, tu reste jamais dormir.. ça fait bientôt quatre mois et t'es jamais restée plus de deux heures, sauf ce soir.. d'ailleurs, tu lui as dit quoi ? », j'ai peur. Je me dis que tout ça était finalement peut-être un piège de Will pour mettre ma fidélité à l'épreuve. Finalement il se tourne et sort une photo de sa table de chevet. Je le reconnais lui, et une autre femme. Il sourit tristement. « Elle est dans le coma, depuis un peu plus de sept mois maintenant. », il me regarde, comme s'il m'interrogeait du regard, comme s'il attendait ma réaction. « J'suis un homme, c'est normal d'être en manque à un certain moment », il rit un peu, « et puis ça allait plus trop entre nous.. et là, j'attends qu'elle se réveille. ». J'aurais pensé à tout, sauf à une femme dans le coma. En fait, nous étions tout deux mariés, sauf qu'il avait un peu plus de temps libre que moi. Il caresse mon visage, passe une main dans mes cheveux. « Allez raconte, qu'est-ce qu'il t'a fais ? », j'ai pas envie d'en parler, je ne veux pas finalement me dire que ce soir j'aurais mieux fait d'être dans les bras de Will plutôt que de Max. Mais après tout, et puisque Max m'a raconté.. « On était si proches.. et on avait tellement de points communs, on est fait l'un pour l'autre, mais.. je crois qu'il est plus fait pour moi que moi pour lui. », je souris. « On s'est mariés, et peu de temps après il a.. j'sais pas ce qui s'est passé dans sa tête », je haussais les épaules, « il a du se rendre compte que je n'étais pas une femme si incroyable, ou si belle qu'il le pensait, je sais pas.. mais j'ai commencé à avoir l'impression de vivre avec.. le fantôme de mon mari, son ombre, un reflet. » je soupire un peu, « il est là, il me voit mais ne me regarde pas, il m'entends mais ne m'écoute pas, et il m'apprécie.. mais je sais pas s'il m'aime encore.. ». Max avait l'air compréhensif, et il m'a pris dans ses bras. Max c'était le Will que j'avais perdu, le Will qui était présent, pas juste là. Celui qui me regardait, vraiment, qui remarquait le moindre changement, non pas celui qui m'adresse à peine un regard. C'était celui qui buvait mes paroles, plutôt que de simplement les entendre sans prendre la peine de les écouter. Quelque part, je retrouvais le Will qui m'aimait, bien qu'il soit divisé en deux personnes : Will et Max.

Nouveau sms de Max à Lily. « Mauvaise nouvelle, on peut se voir ? ».

Je m'attendais à beaucoup de chose, et je pensais même qu'il avait rencontrer une autre femme, et qu'il voulait qu'on se voit moins. En fait je m'attendais à pas mal de chose qui comprenait une autre femme dans sa vie, et j'ai été bien surprise. « Clara est morte.. » il m'annonce ça avec les yeux triste, même si dans le fond de ses yeux, on voyait bien qu'il s'y attendait, qu'il s'y préparait. « Je m'en vais Lily, je pars. En France, en Angleterre, ou même en Espagne, peu m'importe. J'ai envie de commencer une nouvelle vie, et il y a bien trop de souvenir ici. », il me prends dans ses bras, et j'ai une boule au ventre. J'ai envie de lui hurler que moi je suis là, qu'il est pas seul, et que du moment qu'on peut se voir tout ira bien, mais il était décidé à partir, et deux semaines il n'y avait plus personne.

Nouveau sms de Lily à Will. « Salut mon cœur.. j'ai.. je viens d'apprendre la mort d'un patient que..que j'appréciais, et je me sens pas très bien ce soir. Je vais certainement rentrée plus tôt, est-ce que tu sera à la maison ? Dis moi que tu sera là à m'attendre.. »

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2. ton doux caractère et mes yeux grands ouverts.

Notre histoire, c'est l'histoire banale d'un homme et d'une femme. Je lisais, et il est venu m'aborder. Je me suis toujours demander pourquoi. Si c'était pour le livre, ou alors si c'était pour moi. Si c'était parce que le livre lui plaisait vraiment, ou alors si c'était parce qu'il me trouvait mignonne. Sans réelle réponse, j'en ai conclue que c'était un peu des deux. Je suis pas une reine de beauté, mais si j'étais vraiment affreuse il n'aurait jamais fais de commentaire sur le livre.

Nouveau sms de Lily à Will. « J'ai eu une promotion ! Je change de service, faut fêter ça ! Ce soir j'amène le champagne, et après on fait l'amour. Prépare toi, je vais te fatiguer ! »
Nouveau sms de Will à Lily. « Fatigue moi autant que tu veux. »

Ce même soir, il m'a demandé en mariage. Ça a été le plus beau jour de ma vie. La plus belle nuit aussi. J'étais tellement heureuse. Je suis tombée folle amoureuse de lui dès nos premiers instants, je ne jurais ensuite que par lui, et savoir qu'il voulait faire de moi sa femme, c'était incroyable. Pour une fois dans ma vie, je me sentais à ma place. Pas adoptée parce que je suis le seul bébé, ni même rejetée parce que je ne conviens pas à l'attente de quelqu'un, mais juste à ma place. Au bon endroit, et au bon moment.

Nouveau sms de Lily à Will. « Les autres infirmières n'arrêtent pas de me dire que tu t'es pas foutu de moi avec cette bague, et ça m'amuse. Même un anneau en plastique m'aurais convenue, puisque c'est avec toi. »

Je souhaitais que la journée passe rapidement pour le retrouver le soir, et le soir je voulais que la nuit passe rapidement pour me réveiller près de lui. Il est beau, et malgré quelques disputes, comme dans tous les couples, on est vraiment fait l'un pour l'autre. Je me disais que c'était une chance d'être tombé sur le bon à un si jeune âge, et j'en remerciais le seigneur chaque jour. On était si bien.

3. Il avait enfoui quelque chose en lui, très profondément, une chose dont il avait déjà été conscient mais qu'il avait choisi d’oublier.

Puis sans prévenir, je l'ai senti partir. On dit « loin des yeux, loin du cœur », et parfois, des couples sont encore plus proches qu'avant avec un peu de distance. Nous, ça a été l'inverse. On était proche, très proche physiquement, mais nos cœurs étaient loin l'un de l'autre. Jour après jour il m’échappait. Il partait un peu plus, la distance se creusait encore et encore, et j'avais beau tenter de le retenir, ça ne marchait pas. Je ne le reconnaissais pas, il était devenu une sorte de fantôme, quelqu'un qui est là, mais qui pense ailleurs. J'ai cru qu'il déprimait, qu'il se rendait compte que je n'étais pas si bien, que finalement je n'étais pas la femme de sa vie. J'ai pendant un moment pensé qu'il avait une maîtresse, qu'il voyait quelqu'un. Je l'imaginais grande, blonde, belle, et j'en pleurais parfois le soir, ou sur le chemin du travail. L'idée qu'il y ai quelqu'un d'autre, qu'il y ai une étrangère dans notre vie de couple me rendait malade. L'idée même que mon couple n'était pas si parfait que je le pensais me rendait folle. Bien sur, nous avons la même entente, bien sur nous avons les mêmes moments qu'on apprécie tant ensemble, nous avons encore une relation forte, mais nous n'avons plus le même amour.

Jamais je n'aurais cru que cette maîtresse s'était installé dans sa tête, dans son cœur. Jamais je n'aurais cru qu'elle ait toujours été là, présente, repliée, cachée, quelque part dans son esprit. Jamais je n'aurais cru que l'étrangère dans la vie d'un couple était moi.

4. L'évasion de l'amour évasif.

L'amour que je lui portais était toujours présent, je l'aimais encore, mais je ne me sentais pas aimé. J'ai perdu ma place, je ne me sentais pas là où je devais être. J'en souffrais. J'en souffre. Il était comme mes parents biologiques, prêt à me jeter parce que je ne suis pas à sa convenance. Il était comme mes parents adoptifs, décidant de me garder parce que je suis là, et maintenant qu'il s'est engagé, ce serait bête de faire marche arrière. Je me sentais mal, j'en devenais malade. Je rentrais le plus tard possible à la maison, je n'aimais pas ma vie. Je n'étais plus personne pour lui, ou j'étais quelqu'un, mais un peu moins qu'avant. Puis j'ai rencontré Max, et je me suis de nouveau sentie mieux. Je me suis sentie utile et présente pour quelqu'un, je me suis sentie être quelqu'un.
Après le départ de Max, j'ai fais comme j'ai pu pour aller bien, et ensuite j'ai fais comme j'ai pu pour aller mieux. Puis j'ai rencontrer un autre homme, marié lui aussi. Puis un autre. Finalement, j'arrive à me sentir mieux, parce que ces hommes, eux, me désirent. Ils ont envie de moi, ils ont envie de me voir, et même si ce n'est que du sexe, pendant l'espace d'un instant, je me sens aimée, je me sens voulue.
À mes yeux, je ne trompe pas Will. Le jour où je le tromperais, ce sera lorsque je tomberais de nouveau amoureuse d'un autre, là, à ce moment là, je le tromperais. D'une manière ou d'une autre, l'un comme l'autre, nous nous trompons, et l'un comme l'autre, nous ignorons la tromperie de notre douce moitié.

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