Depuis bientôt deux semaines, c'était plutôt bizarre entre moi et un gars du campus. Il m'avait vu à la bibliothèque et m'avait filé son numéro. J'avais pas compris au début, et puis ces regards qui devenaient de plus en plus insistant m'ont fait comprendre qu'il voyait plus entre nous. Telle une femme, je l'ai fais courir, j'ai su me faire désirer, forcément. Et un soir, un verre de trop, et il arriva à m'embrasser. Je l'ai arrêté à temps pour ne pas aller plus loin, mais c'est sans compter sur son acharnement. Un Hadès, qui forcément connaissais mon point faible : la drogue. Le vilain chantage qu'il m'avait fais. Comme une débile qui n'a pas eu sa dose depuis deux semaines -comme par hasard, je doutais presque qui l'ai fait exprès-, j'ai foncé dans le piège. Il était, visiblement, bien souvent seul dans son dortoir. Une aubaine pour moi. Ce soir, j'étais prête. J'allais mettre fin à deux semaines de torture, et j'allais avec un plaisir certain prendre mon pied. J'étais entrée rapidement, et il était bien seul. Les choses se sont déroulés plutôt rapidement, et finalement, je n'avais pas pris mon pied. Un sachet plastique rempli de poudre en échange, et me voilà sortie, encore décoiffé, à ajuster mon t-shirt. J'avance rapidement vers mon dortoir, tête baissé. Je prie pour que personne ne me voit.

 « Désolé. » Je ne réponds pas, tant pis. Je lève tout de même la tête, et me voilà face à face avec..  « Kendall ? »  Jaden. Je crois que c'était bien la seule personne que je ne voulais pas croiser, pour une multitude de raison. Le premier reflex que j'ai eu, ce fut de me recoiffer rapidement pour faire comme si de rien. J'arrangeais mon t-shirt, et lui lançais un petit sourire innocent. « Salut. », je ne savais pas trop à quoi je ressemblais, ni même si j'avais juste la tête d'une fille qui se baladais, ou alors vraiment la tête d'une fille qui venait de coucher avec un gars. « Je.. j'suis fatiguée là, j'vais y aller. », j'adorais voir Jaden, en fait, c'était même pire encore que ça. Le voir, ça me faisait du bien. Si on oubliait ma tendance à le chercher sur des sujets sensibles, et la sienne à s'énerver sur ses sujets, on était vraiment parfaits pour s'entendre. Néanmoins pour le coup, le fait d'avoir coucher avec un autre il y a moins d'une heure me mettait dans une position très délicate. Je savais qu'il pouvait s'en rendre compte et s'énerver à n'importe quel moment, je savais aussi que j'avais envie de l'embrasser mais que je n'en ferais rien. Je me mordais la lèvre, je n'aurais pas dis non à dormir contre lui, c'est sur. Au moins, je m'y serais sentie tranquille et protégée. « On se voit demain ? », tentative d'esquive. Peut-être qu'au fond, je voulais qu'il me dise non, qu'il me dise qu'il voulait me voir maintenant.

 « Pour tout te dire, je voulais te voir, ce soir. » Je ne peux m'empêcher de sourire. Il le voit, il le voit et ça m'énerve. Il me regarde, et s'avance. Bon sang, il me tente plus que je ne pense. Et puis finalement, peut-être qu'au fond je voulais moi aussi le voir ?  « Puis, tu ne vas quand même pas me dire que t'es déjà fatiguée hein ? », je souris en coin, il est perspicace. Il n'a l'air de rien remarquer, alors je ne vais pas mettre d'huile sur le feu. « ça dépend.. », je laisse un peu ma phrase en suspens. « Disons que si tu me propose un footing, j'suis extrêmement fatiguée », je lui offre un sourire malin, pleins de sous entendu avant de poursuivre, « mais je suis ouverte à tout autre proposition, du moment que c'est avec toi. », je le regarde, et je commence à avancer, espérant qu'il m’emboîte le pas. Oui, du moment que c'est avec lui. Lui et personne d'autre, le partage n'existe pas chez moi. Jaden est juste à moi, pour moi, et l'imaginer avec une autre fille me rend malade. Je pousse bien au fond de ma poche de jean le sachet rempli de poudre blanche, comme si de rien, et continue de marcher. Je passe parfois mes mains dans mes cheveux, comme pour me recoiffer.

 « D'ailleurs, qu'est-ce qui t'as autant fatigué ? » Je fis une moue, tout en réfléchissant. Merde, une excuse, vite. Sur le coup, j'ai rien trouvé. Rien du tout. Je lui offrait un sourire, et fit ce que je fais dans ses cas là, je joue, encore et encore. « Et si on parlait de ce qui va me fatiguer ? », je souris, joueuse. « Ou plutôt de celui qui va me fatiguer. », je lui fis un regard plutôt amusé, le pointant surtout lui dans ma phrase pleine de sous entendu. Je n'oubliais pas que Jaden était ma première fois, et j'oubliais encore moins que depuis, je n'avais pas couché avec lui de nouveau. Je me demandais surtout comment ça allait être si ça allait arriver. Je savais qu'un mot de travers et c'en était fini de moi. Je savais qu'une simple allusion à ce qui s'était passé juste avant de le croiser allait le rendre fou. Je marchais encore vers mon dortoir, et illumination soudaine. Parfois j'oublie que je ne suis pas seule dans cette chambre. « aaaaah, mon dortoir est pas vide ce soir. », je soupire et grimace, puis finalement me plaque au mur, et me laisse glisser lentement au sol, un long soupire se faisant entendre. « ça te tente de squatter le couloir avec moi ? », je ne voulais pas le laisser, pas si tôt. Je voulais certes aller prendre ma dose et aller au lit tranquille, mais je voulais aussi et surtout passer un peu de temps avec lui.

 « Depuis le temps que t'attends ça. » Je ris un peu et le regarde en haussant un sourcil. « Ah c'est moi qui attend ça ? », je souris et le bouscule gentiment. Je ne suis jamais contre ce genre de proposition, néanmoins quand ça concerne Jaden, j'étais un peu plus réticente. Non pas qu'il me plaît pas, c'est même l'inverse, mais je sais pas, j'ai peur de où ça nous mènera, je crève déjà de jalousie de le voir avec une autre alors que nous ne sommes qu'amis, alors si on couche ensemble, j'ose même pas imaginer comment je serais. Finalement je m’assois contre le mur, au sol, et il fait de même. Il s'allonge et prends mes jambes pour un coussin. Je souris et glisse une main dans ses cheveux, jouant un peu avec.  « Là, c'est parfait. Bon par contre, t'aurais pu vider tes poches. C'est pas trop confortable, ni très classe une poche remplie de mouchoirs. » Je souris comme si de rien. «  Ah, ouais », j'aurais pu inventé un truc, l'ajouter à la suite, dire que j'avais été malade ou une connerie du genre, mais rien de tout ça. Je continuais avec ma main dans ses cheveux, et je le regardais. Et je le trouvais beau.
Soudain, du bout du couloir j'entends mon nom qui est crié. Un homme se dirige vers nous et me tend mon soutiens-gorge, en me disant que je l'avais oublié. J'attrape mon sous-vêtement et le cache derrière mon dos rapidement, comme si Jaden n'allait rien voir, comme s'il allait pas m'en vouloir. Je le regarde et secoue la tête. « Nan c'est pas.. c'est pas vraiment ce que tu pense, j'te le promet. », même si je ne sais pas ce que tu pense.  

Je regarde Jaden, et j'ai peur. Pas peur de ce qu'il va me faire, non, mais plutôt de ce qu'il peut faire tout simplement. Pas à moi, mais à lui, oui à n'importe qui qui oserait passer dans ce couloir. Je ne savais comment le contrôler, et dans mes moments, il était hors de contrôle. « non bien sûr, tu lui avais juste emprunté ça pour la journée, évidemment ! » Je le regarde, et je ne sais pas quoi répondre. Je pouvais sortir des mensonges à la pelle, tous crédibles, tous probable, et dans la seconde qui suivait, mais face à Jaden, ça devenait plus compliqué. Je le regarde se lever, et je ne sais pas bouger, j'attends que ça se passe. Partir en courant ? C'est une option, mais je ne veux pas le laisser comme ça, dans cet état. Je pourrais m'en aller, courir et éviter cette colère qui le ronge de l'intérieur, mais quelque chose me retiens : mon attachement pour lui. Son poing rencontre le mur, et je sursaute. Ça me réveil presque de cet état de paralysie. « j'en peux plus Kendall, pourquoi tu me fais ça ?! » Je le regarde, et je me lève. Je ne sais pas si je peux, si je dois l'approcher. Finalement je me décide et approche lentement et vraiment doucement, et je pose ma main sur son épaule. Je pourrais envenimer la chose, mais je me sens déjà assez mal comme ça. On passait un bon moment, et ces moments étaient rares, donc doublement plus appréciable. « J'y peux rien.. j'fais pas exprès.. », ma voix était douce, j'essayais de faire du mieux que je peux. Si seulement j'avais la moindre idée sur comment le calmer. « J'voulais pas ça.. crois-moi.. j'le voulais pas.. », je tente de me rapprocher. Non, je n'ai pas peur de ce qu'il peut me faire.