J'avais passé un début de journée assez mauvais, et bien qu'en temps normal je n'étais pas très agréable, aujourd'hui, c'était encore pire. Je n'avais pas eut mon petit rayon de soleil (pas de message de mon frère pour le moment), ni rien de positif ce matin, chose qui ne m'aidait pas a me calmer. L'heure du déjeuner arrivait enfin, et je mourrais de faim, parfait, peut-être serais-je de meilleure humeur. Quelques frites, une bonne bouteille d'eau bien fraiche, et j'étais en route vers une table, dans un coin, seule pour être tranquille. Mes amis m'avaient fait un signe de tête, sans prendre la peine de venir me voir. Ils savaient pertinemment que si j'allais dans un coin, c'était parce que je n'étais pas de bonne humeur, et donc pas très sociable. Quelqu'un vint à ma table, je levais les yeux alors que j'envoyais des messages. Je la toisais de haut en bas en haussant mes sourcils. Elle commençait déjà à s'asseoir, je tardais trop pour donner ma réponse vous comprenez. Je fis un petit sourire forcé en battant des cils, renforçant mon expression désagréable « Je t'en prie, apparemment j'ai pas vraiment le choix ». Je poussais mon sac qui était là où elle s'asseyait, avant de l'observer en piquant une frite avec ma fourchette. Je ne la fusillais pas du regard mais presque, j'observais ses mimiques en plaçant son plateau et son grand sourire. Je baissais de nouveau la tête, sans me préoccuper de la brunette qui occupait ma table.

J'arquais un sourcil avant de répondre simplement « Eleanor, tu dois déjà me connaître. ». Je posais ma fourchette, pour arrêter de massacrer mes frites. La tête qu'elle tirait me donnait envie de lui rire au nez, elle n'avait pas l'air très à l'aise, et il faut dire que vu mon attitude, elle avait de quoi. Je regardais les gens qui passaient derrière elle, d'un air blasée, et je reportais mon regard sur elle lorsqu'elle m'adressa de nouveau la parole. Je me pinçais les lèvres, un sourire moqueur aux lèvres « Euh... Ouais, non pas vraiment... », comme-ci je m'arrêtais sur les gens comme elle. Mais sa question m'intriguait, je reprenais, fronçant un peu les sourcils « Mais pourquoi je devrais penser ça en faite ? »

« Hmmm... Si, capitaine, plus précisément », oui, j'aimais insister sur le fait que je n'étais pas une simple cheerleader, mais la capitaine. C'est déjà bien assez difficile de le devenir, je me devais de le préciser. Mais bon, c'était de l'histoire ancienne, même si j'ai rapporté pas mal de trophées Je haussais les sourcils « Tu m'ôtes les mots de la bouche », lançais-je avec un petit sourire. Je hochais doucement la tête « Ah oui, pour le coup, venir à ma table quand je suis seule, c'est légèrement suicidaire comme démarche, c'est spécial même. ». Je répondais à un texto tout en ajoutant « T'es une Apollon je pari ? »

Je haussais les épaules lorsqu'elle s'excusa. Je mangeais un petit peu, histoire de ne pas me sentir mal une fois mon prochain cours venu. De toute manière, je pouvais bien me goinfrer, je suis tellement active que je ne peux pas prendre de poids. Je souriais, toujours de manière un peu forcée, mais elle pouvait s'estimer heureuse que je fasse l'effort de lui "sourire" « Trop aimable... Moi, pas tellement, enfin ça dépend des jours, et aujourd'hui... c'est pas le jour, c'est pour ça que je suis seule, tu vois ? ». J'adorais le fait que les gens préfèrent s'éloigner de moi quand je suis de trop mauvaise humeur, ça prouvait bien qu'ils me craignaient et ne voulaient pas me froisser. J'aime le respect, et j'aime qu'on connaisse mon petit rituel de fille nerveuse. Je buvais une gorgée d'eau pour ensuite repousser une mèche de cheveux qui tombait sur mon visage « T'es toute seule, et innocemment tu viens à la table d'une Zeus, la mienne en l’occurrence, t'es bavarde et maladroite. T'es dans ton petit monde tout rose en gros ! ». Oui, les Apollon sont dans leur petit monde, leur bulle, et sont plutôt à l'ouest, même si certains jouent les artistes torturés. Ce sont, avec les Poséidon, ceux qui n'hésitent pourtant pas à venir aborder les gens, pensant qu'ils seront bien accueillit. Hell no, en tout cas, pas avec moi, je suis bien trop sélective.

« Moi je m'en remets toujours, mais pas les gens que j’amoche pendant mes mauvais jours. », répondis-je simplement. Je la dévisageais lorsqu'elle me répondit ainsi, je ricanais doucement « Oula, oula, mais t'emballes pas ma grande... ». Je levais les yeux au ciel en reprenant « C'est sur, j'ignore les petits malheurs que tu as vécu, j'ai déjà assez de boulot pour gérer les miens, alors si en plus je dois me préoccuper de la vie de ceux qui viennent me parler, j'ai pas fini. ». Je soupirais bruyamment en rangeant mon téléphone « Je ne peux que te féliciter de vouloir trouver ta voie seule, sans te laisser embrouiller par les autres. ». Au moins, elle faisait preuve d'intelligence la brunette, même si ce n'est pas très flagrant en apparence. Je ne déteste pas tous les Apollons mais il faut dire que certains sont des crétins persuadés de pouvoir s'en sortir alors qu'ils n'ont aucun talent... L'originalité est la clé en art, et certains semblent l'ignorer.

J'arquais un sourcil, prenant un air peu convaincu « Mouais. Connaître les problèmes des autres n'apporte rien. En tout cas, c'est ce que moi je pense. Tant mieux si des gens estiment que c'est important de tout connaître des autres, et de feindre la compassion en entendant leurs petits malheurs. Il en faut des gens comme eux. ». Il n'y avait qu'avec quelques rares personnes que je jouais la confidente, car pour beaucoup, je ne ressentais aucune empathie, pas de compassion, rien. Je m'en fichais royalement. Et je ne suis pas une fille avec une curiosité malsaine, qui gratte les plaies des gens qui ont souffert. Je préfère trouver d'autres points faibles que leurs histoires passées et autre. Je prenais ma bouteille d'eau en main, jouant avec le bouchon, avant de reprendre suite à ses propos « Quand quelqu'un a été ton modèle quand tu étais plus jeune, il le restera toujours. Dans la vie, on marche toujours dans les pas de quelqu'un, sans forcément s'en rendre compte ». Sauf moi. Dis donc, je sors de belles phrases aujourd'hui, l'Apollon m'inspire. Je demandais ensuite, naturellement, comme-ci je posais une question anodine « Parents absents je suppose ? »

Enora était une jeune femme particulière. Particulière dans la mesure où elle m'énervait et m'intéressait en même temps. Je ne savais pas si elle valait vraiment la peine que je passe mon heure de déjeuner à lui parler, mais j'aimais croire qu'elle le méritait. Son visage et ses mimiques m'agaçaient, mais son audace et son côté fille qui insiste sans arrêt me plait bien. Bon, on repassera pour le côté collante, mais personne n'est parfait ! Sauf moi . Je mangeais un peu, écoutant la jeune femme sans même la regarder. Après avoir avalé ma bouchée, je relevais la tête, détendant un peu mon visage et ma moue désagréable « T'as perdu tes parents, c'est ça ? », avais-je demandé de manière un peu sèche, en haussant un sourcil. Je devinais un point commun entre nous, sachant pertinemment quelle allait être sa réponse. Cependant, j'allais avoir du mal à la jouer compatissante, ou quoi que ce soit, étant donné que je n'avais pleuré la mort de mes parents que parce que j'avais imaginé la scène de leur mort, et que ça m'avait choquée de les imaginer morts. Mais à part ça... Je ne pleurais pas mes parents, jamais, et je ne pensais que très rarement à eux.