the moment to fight

Assise dans son lit d’hôpital à zapper, zapper et zapper encore pour chasser les images de guerre, massacres et autres famines de l’écran de télévision, Tiphaine ressassait encore et encore les images qu’elle gardait de la prise d'otages. Elle n'était pas choquée, traumatisée ou que sais-je, non, elle était dégoûtée. De voir dans quel monde elle vivait, de savoir q'u'il y avait des malades en liberté, partout, même sur cette île si tranquille au premier abord. Nevada Sutton avait ses raisons de s'en prendre à la JIU, c'est vrai, en particulier à la confrérie des Hadès, sa confrérie, mais n'aurait-elle pas pu faire son deuil autrement ? Tous les Hadès n'était pas concernés par la mort du frère de cette fille, juste deux, ou quatre Tiph' ne savait plus trop, Jaliyah et elle n'étaient que très vaguement au courant et même si elles avaient été sur place, même si elles avaient été les tueuses, c'est malheureux à dire mais Nevada n’aurait pas eu le droit de s'en prendre à elles. Au fond, Naïa comprenait, si un jour elle tombait sur le responsable de la mort de son père elle déconnerait à coup sûr et tant pis pour les conséquences, seulement cette fille s'en prenait à tous, et à n'importe qui, sans savoir s'ils avaient la moindre implication dans l'histoire. Rechercher la vengeance, ce n'était pas une vie... Emplie de haine envers cette fille, de douleur, Tiphaine parvenait encore à se dire qu’elle pouvait comprendre, mais c'était contradictoire: elle lui en voulait et elle aurait adoré lui rendre la pareille. Peut-être la douleur et la fatigue mêlées l'empêchaient-elles d'avoir les idées claires... Éteignant la télévision elle se recroquevilla -du moins du mieux qu’elle put étant donné qu'elle avait la jambe plâtrée- sous la couverture - qui ne servait strictement à rien vu son épaisseur ridicule- et s’endormit en deux minutes. Mademoiselle insomniaque était e x t e n u é e. C'est Israel qui la réveilla en frappant doucement à la porte de sa chambre, accompagné de sa fille. Sa fille, elle l'aimait beaucoup, le baby-sitting avec elle était le genre de chose qui vous donne envie d'avoir des enfants, mais désormais il lui serrait impossible de la garder, le temps qu’elle puisse remarcher...