« Bonjour Mme Kniazev, merci d’être venue aussi vite ! » Mme Kniazev avait reçu un coup de fil de la part de la directrice de l’école de sa fille et ne travaillait pas l’après-midi même alors elle avait convenu d’un rendez-vous avec elle puisque la directrice semblait préoccupée par Tamara. « C’est normal, vous aviez l’air préoccupé par ma fille alors je m’inquiète ! » Dit-elle en la regardant avec un air qui montrait que c’était vrai. En réalité ça l’était, mais il y avait aussi le fait que l’image de la famille parfaite était présente dans cette famille depuis des générations. Si bien qu’elle et son mari se préoccupaient plus par leur image que par leur enfant, si bien que la famille parfaite ne l’était pas tant que ça. « Je voulais vous parler de votre fille, ce matin, nous avons donné comme consigne aux élèves de dessiner leur famille pour comprendre leur ressentit sur les membres de leur famille, voir s’ils allaient être créatifs ou non. J’ai été très intrigué par le dessin de Tamara, regardez ! » Dit-elle en tendant le dessin de Tamara. Déjà à cet âge-là, elle était très douée en dessin. Mme Kniazev ouvrit grand la bouche en observant ce qu’elle avait fait : on voyait les trois enfants beaux et proches, même s’ils n’avaient pas exactement le même âge alors que ses parents ressemblaient plus à des monstres qu’autre chose. Si la petite ne pouvait pas s’exprimer sur ce qu’elle ressentait et voyait dans leur famille. Elle était très intelligente pour son âge alors elle comprenait certaines choses que des enfants de son âge n’auraient pas fait. En tout cas, dessinait ses parents de cette manière était pour elle comme une libération et elle n’avait pas vraiment réfléchit, elle avait de suite pensée à ça lors de la consigne énoncée. En tout cas, sa maitresse a cru qu’elle avait besoin de se faire remarquer et que c’était la raison de ce dessin, or c’était faux, avec tout ce qu’elle avait pu voir d’eux, même si c’était ces parents, elle les voyait parfois comme des monstres et la réaction de ses parents allait parfaitement le montrer puisque lorsqu’elles sont rentrées à la demeure Kniazev, elle a eu le droit à une leçon de moral de la part de sa mère comme quoi elle avait sali l’image de la famille, qu’il ne fallait pas qu’elle recommence et quand son père est arrivé cela a été pire. En effet, c’est la première fois qu’elle a reçu un coup de à part de son père : elle avait huit ans. Et malheureusement, cela ne serait pas le dernier car elle n’allait pas rester la parfaite fille qu’ils voulaient avoir. L’ange souhaité allait se transformer bien vite en véritable démon.
 
« Non mais tu ne devrais pas à te laisser faire. Tu te rends compte de ce qu’il t’a fait ? » Comme si elle pouvait l’ignorer ou l’oublier. Quelques heures auparavant, ses parents l’avaient surpris au lit avec son petit ami Aleksei, alors qu’ils étaient censés rentrer tard. Forcément, cela n’avait pas loupé et ils étaient devenus fou et de nombreux coups avaient été donnés sur Aleksei par le paternel et la jeune femme également alors qu’elle essayait de se débattre en leur jurant des noms d’oiseaux. Aleksei avait été jeté à la porte, dans tous les sens du terme et la jeune femme était censée ne plus pouvoir le contacter, mais elle avait réussi à choper le portable de son grand-frère en toute discrétion et elle s’était enfermé quelques parts, loin des oreilles indiscrètes. « Tu crois que c’est la première fois ? Crois moi, j’ai l’habitude, depuis toute petite je vis ça, ça ne me fait plus rien aujourd’hui ! » C’était vrai, à force de subir certaines violences lorsqu’elle faisait une connerie et dieu sait à quel point elle en faisait, elle ne sentait plus la douleur… La douleur physique bien sûr qu’elle la sentait mais la douleur morale de prendre une raclée par ses parents et surtout par son père, elle ne la sentait plus. A force de savoir qu’on est une moins que rien pour ses parents, on le sait et on en prend l’habitude. « Bordel mais c’est un taré ! » Il avait raison. Mr Kniazev était loin du père aimant qu’on aurait pu penser et désormais son petit-ami le savait. Elle ne lui avait jamais dit, elle ne voulait pas que Aleksei risque quelque chose en l’apprenant, sachant qu’il allait forcement vouloir sortir les poings contre son paternel et que son père était trop fort pour lui mais aussi, elle ne voulait pas qu’il la plaigne. Voilà donc ce qui expliquait tout. Il s’était toujours demandé pourquoi elle lui enviait sa vie alors qu’il était pauvre, que son père était un chômeur et que sa mère avait du mal à joindre les deux bouts pour rapporter de l’argent à sa famille, maintenant il comprenait, elle avait beau être riche, elle vivait avec des parents complètement tarés, essayant de laisser penser les autres qu’ils étaient la parfaite famille que tout le monde rêvait d’avoir. La blague ! « Tu l’as dit, franchement, je t’avoue que j’ai envie de me barrer. Tout arrêter et tout recommencer à zéro quelque part loin de mes parents, quitte à quitter le pays pour vivre en paix. » C’était un rêve qu’elle avait depuis des années, tout plaquait et commencer une meilleure vie ailleurs, elle en avait d’ailleurs parlé avec son frère, Diezel, mais elle s’était toujours dit que ce n’était qu’une illusion et que ce rêve ne se concrétiserait jamais. Mais il faut croire qu’il ne faut jamais dire jamais « Partons ! Toi et moi ailleurs je ne sais pas où mais tant qu’on est ensemble c’est le principal non ? » Et voilà qu’elle avait fait son égoïste et qu’elle l’avait écouté au pied de la lettre et en partant un jour, sans le moindre mot, laissant juste ses placards vides, le rejoignant juste à l’aéroport alors qu’il avait de faux passeports pour elle, lui était majeur et ne fuyait pas des personnes assez reconnues en ville. Et c’est ainsi qu’elle a laissé sa vie de côté, laissant se quelques amis, ses faux amis qui n’étaient que les enfants des autres familles réputés et qu’elle ne pouvait décidément supporter, ses parents, ses études d’histoire de l’art et ses frères… Et c’est sans doute la seule chose qu’elle regrette, de les avoir laissés avec ces monstres… 

« Tu me quittes ? Tes sérieux là ? Après tout ce que j’ai fait pour toi ? » La nouvelle était arrivée comme ça, comme si c’était un simple sujet pour lancer la conversation durant un diner familial. Il lui avait dit sa volonté de rompre comme il lui aurait pu lui dire qu’il s’était renversé son café le matin même. En tout cas, elle ne s’y attendait pas à celle-là. « Tout est différent ces derniers temps, on ne se parle plus à part pour s’engueuler, on ne couche plus ensemble, une route s’est installé, j’en ai bien l’impression et on est trop jeune pour vivre comme un vieux couple. » En même temps, s’il ne faisait même pas l’effort d’arranger les choses, c’était sûr que ce n’était pas gagné. « Donne-nous une seconde chance bébé, s’il te plait ! » Dit-elle en approchant sa main de la sienne pour lui prendre mais Aleksei retira la sienne aussitôt. « J’en ai pas envie et puis… Je vois une autre femme depuis quelques semaines. » Voilà qui expliquait tout, pourquoi il voulait la quitter sans la moindre hésitation, pourquoi il était aussi distant avec elle depuis. Une gifle vint atterrir sur sa joue alors qu’elle commençait à l’insulter de tous les noms en Russe. Lorsque la jeune femme s’énerve, c’est très régulièrement en Russe qu’elle prononce ses insultes. « Dégages » fini-t-elle par dire et Aleksei lui dit simplement « Je suis chez moi, le bail est à mon nom et c’est moi qui paye le loyer et les charges. Si quelqu’un doit partir, c’est toi ». Alors non seulement il la quittait pour une autre mais en plus il la foutait à la porte. C’était vraiment le pire des salauds et encore, mot est bien trop faible. Et c’est ainsi qu’elle pris ses affaires et qu’elle parti. Elle se retrouvait totalement sans rien, sans toit, sans argent et sans travail. Il faut dire que trouver du job lorsqu’on est jeune, non diplômée, sans la moindre expérience professionnelle et étrangère, c’est sûr que ce n’était pas évident. Et c’est comme ça que sa vie de débauche commença…  

« Excusez-moi, vous n’avez pas du feu ? » demanda-t-elle finalement à un jeune homme qui passait par là. Elle vit bien entendu son regard insistant sur elle et sur ses courbes avantageuses mais elle n’y fit pas attention, elle s’en fichait même si elle aurait très bien pu lui en foutre une et que dire de sa phrase après lui avoir tendu son briquet et qu’elle était en train d’allumer sa cigarette : « C’est combien tes tarifs ma jolie ? » La jeune femme avala sa fumée de travers et le regarda de haut en bas. C’était quoi son problème à lui, il la prenait pour une pute et en quel honneur au juste ? « C’est quoi votre problème ? Ca y est, une fille sexy s’approche de vous et vous la prenez pour une pute tellement cela ne vous arrive pas souvent que des femmes viennent pour autre chose que du fric ? Ou bien c’est parce que je suis Russe et que vous croyez à tous ses clichés à la con ? » Bah quoi, elle n’allait pas se laisser traiter de pute sans réagir, ça serait mal la connaitre. Ce n’est pas parce qu’elle vit plus ou moins dans la rue qu’elle a perdue son caractère insupportable, bien au contraire. Vivre dans la rue est dur alors il ne fallait pas se laisser faire sinon elle se serait sans doute fait avoir à de trop nombreuses reprises. Après avoir levé son majeur en direction du type, elle entreprit le fait de partir mais elle entendit « Non, c’est juste que vous avez l’air paumé et que j’ai beaucoup d’argent à dépenser. Alors je peux vous proposer bien plus qu’une partie de jambe en l’air » dit-il en sortant une petite liasse de billets. Petite certes, mais qui représentait beaucoup pour une femme sans argent. Alors, étonnement, ses principes de ne pas coucher pour de l’argent fut vite remplacé par l’envie de retoucher à des billets verts. C’est donc comme ça qu’elle a commencé son métier dont elle ne devait pas en être très fière, mais elle s’en fichait et lorsqu’on lui posait la question, elle était honnête : oui elle couchait pour de l’argent et cela l’avait sorti de ses galères. En effet, ses clients payaient beaucoup pour une partie de jambe en l’air et parfois, quelques-uns revenaient même alors elle avait réussi à avoir assez d’argent pour se payer son loyer de son nouvel appartement. Entre faire le trottoir ou bien vivre dessus, elle avait vite choisis.  

Cela faisait depuis sa dernière dispute avec Aleksei, soit quelques années qu’elle n’avait pas prononcé le moindre mot en Russe et même si c’était ses racines, ce n’était pas plus mal car cela lui rappelait de trop mauvais souvenirs. D’ailleurs, elle avait même perdue légèrement son accent et même si on pouvait deviner qu’elle n’était pas Anglaise, certaines personnes se demandaient d’où elle venait. Mais très vite, elle du reparler en Russe et elle comprit aussitôt que sa langue de base, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Pourquoi avait-elle dû reparler en russe ? Tout simplement parce qu’elle avait reçu un fameux coup de fil : « Allo Tamara ? » Immédiatement, elle reconnut la voix de sa mère, malgré toutes ses années et son premier réflexe fut de lui raccrocher au nez, bien trop surprise et choqué à la fois. Pourquoi l’appelait-elle ? Et surtout, comment avait-elle eu son numéro alors qu’elle avait tout fait pour ne pas qu’on la retrouve. Tant de questions sans réponses faisaient qu’elle était complètement dans ses pensées alors que de nouveaux son téléphone se mit à vibrer « Je n’ai rien à vous dire mère ! » Dit-elle en russe alors qu’elle avait un ton assez froid. Elle n’avait pas repris contact lorsqu’elle s’était retrouvée dans la rue, ce n’était pas aujourd’hui que son envie aller changer. Pourtant, ce fut le cas après près d’une heure de conversation où elle avait senti que sa mère avait été honnête lorsqu’elle lui disait que… elle voulait la revoir et que soi-disant son père également. La bonne blague. En tout cas elle avait perçu de l’honnêteté dans sa voix, à moins que ce ne soit que l’image qu’elle voulait donner, comme d’habitude. Mais pourtant, elle accepta, soit elle tombait complètement dans le panneau, soit sa famille lui avait manqué… Disons que c’était un peu des deux, surtout ses frères qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps et puis, ses parents restent ses parents. C’est pourquoi, elle prit la décision de reprendre contact en dehors du téléphone, même si jusqu’à maintenant elle n’avait eu que sa mère, elle ne savait même pas si ses frères le savaient. En tout cas, apprenant qu’ils étaient à Jersey, elle prit la décision de faire une demande d’inscription à l’université de l’ile en option l’histoire de l’art, c’était peut-être l’occasion de reprendre ses études et puis elle avait assez économisé avec l’argent qu’elle s’était faite avec les hommes et les femmes qui voulaient de ses services qu’elle pouvait se le permettre. C’est pour cela qu’elle est venue vivre à Jersey : arrêtant son métier, reprenant ses études, dans l’optique de retrouver sa famille, briseuse de cœur, qui ne fait confiance en personne et qui est une garce, elle est belle la vie !  

« Et tu t’appelles comment au fait ? J’ai oublié de te demander ? » Qu’est-ce que ça pouvait lui faire ? Tamara l’ignorait et honnêtement, elle s’en foutait complètement. Qu’elle s’appelle July, Georgette ou même Tom, qu’est-ce que ça changeait ? Mais bon, son nouveau voisin de table semblait attendre la réponse alors le regardant bizarrement, « Tamara Kniazev ! » Dit-elle simplement, sans même lui retourner la question, ce n’était pas comme si elle comptait le voir en dehors que dans cette salle d’histoire de l’art alors que le prof était parti chercher un truc alors que tous les étudiants étaient en amphithéâtre d’histoire de l’art, leur matière principale pour la plupart. Mais il semblait complètement s’en foutre car elle le vit éclater de rire et lancer à un gars, plutôt mignon, il faut bien l’avouer, plus loin « Hey Ben, devines quoi ! La nouvelle a le même nom que le vampire ! » Et c’est ainsi que l’autre gars éclata de rire. Tamara se redressa sur sa chaise les regardant bizarrement, ne comprenant vraiment rien. Non mais c’était quoi ça ? Et ce surnom ? « Le vampire ? » Demanda-t-elle, faisant style d’être très intéressé et avait envie de rire alors que ce n’était pas le cas : elle voulait savoir mais était loin d’avoir envie de rire là. Le gars lui dit alors, comme s’il allait lui confier le scoop du siècle, on aurait dit une vraie gonzesse à la Desperate Housewife « C’est un type de l’université, il a le même nom que toi et il a tué ses parents et son frère. A ce qu’il parait il a foutu le feu, un gros taré ! » La jeune femme resta sur le cul. Des Kniazev, ça ne couraient pas les rues, surtout pas à Jersey et elle savait que sa famille était ici, ou plutôt il faut croire que c’était plutôt ‘étaient’ puisqu’ils étaient morts, sauf son frère, enfin elle ne savait même pas lequel mais là n’étaient pas la question. Son visage était totalement crispé, totalement dans ses pensées alors que le prof entra dans l’amphithéâtre et continua son cours qu’elle n’était même plus en mesure d’écouter la moindre phrase. Sa famille avait toujours été un sujet tabou mais malgré tout, tout au fond elle tenait à elle alors ça faisait du mal à entendre. Elle était d’ailleurs venue ici pour les revoir, trop tard il faut croire car à peine elle venait de débarquer et voilà qu’elle apprenait en quelques sorte leur mort et pas seulement des parents Kniazev, l’un de ses deux frères était mort aussi… et l’autre les avait tué. Enfin ce dernier point, elle avait du mal à y croire. Et pourtant, lorsqu’elle posait discrètement des questions aux gens, tous lui confirmait la chose alors elle a commencé à y croire aussi, apprenant vite que c’était Diezel que tout le monde accusait, à tort ou non. Alors la jeune femme a continué sa vie sur l’ile, sans même aller voir son frère alors qu’ils étaient proches, alors qu’elle l’avait abandonné il y a des années sans lui dire quand elle partirait, pas même un au revoir. Mais peut-être qu’ils se retrouveront par le plus grand des hasards… En tout cas, la jeune femme est très secrète, personne ne connait son histoire, ils savent juste qu’elle est une femme assez… libérée on va dire… d’où son surement de la garce, puisqu’elle couche à droite et à gauche, même avec les hommes et les femmes en couple, elle n’a pas de limite la charmante Tam. Et ça la fait bien rire il fait l’avouer.