ENFANCE •
Les cris fusent dans la maison. La petite anglaise de cinq ans est assise au bord de son lit, le regard vide. Elle a déjà de jolies boucles rousses et des traits fins. Son visage est pâle et ses yeux remplis de larmes. Elle pose ses mains sur ses genoux et fond en larmes. La lumière est éteinte, il fait noir et il n’y a que le reflet du lampadaire extérieur qui éclaire un peu la chambre. Soudain une silhouette entre dans la chambre, c’est son père. Il semble hors de lui. Lorsqu’il s’approche de sa petite fille, une voix féminine pleine de sanglots résonne dans la maison. « Arrête je t’en supplie. » La fillette, maintenant habituée, se recroqueville au milieu de son lit pour ne pas affronter le regard noir de l’homme. Elle sait ce qui va lui arriver. C’est toujours comme ça. Elle pleure encore comme si pleurer allait changer quelque chose. Mais elle sait très bien que non. L’homme ne change pas sa façon de faire : il attrape sa ceinture et frappe de toutes ses forces sur la petite anglaise qui se crispe et continue de pleurer en priant pour que ça soit bientôt terminé. Elle ignore pourquoi on la maltraite ainsi. Si elle le demandait, il la tuerait, c’est sûr. Elle se laisse faire et fait comme si de rien était. Alors qu’il frappe sur la fillette depuis au moins cinq bonnes minutes, la voix féminine résonne une nouvelle fois. « Je t’ai dit d’arrêter. » La mère de famille vient se poster devant la porte, un révolver à la main. Elle a le regard noir et méchant alors que des larmes coulent encore le long de ses joues. Il ne l’écoute pas, il continue de plus belle. Elle ouvre le feu et l’abat sans scrupule. Elle le tue. Il s’écroule sur le sol au milieu d’une flaque de sang. La petite fille, encore assourdie par le bruit, lève le visage vers sa mère et peine à bouger à cause des coups qu’elle vient de recevoir. Cette dernière lâche son arme qui tombe au sol dans un bruit qui résonne dans toute la maison et éclate en sanglots. Les secours arrivent ainsi que la police. Sa mère est placée en détention provisoire jusqu’au procès durant lequel elle écopera de vingt ans d’emprisonnement. Quant à la fillette, des amis de ses parents l’accueillent chez elle. C’est le début d’une vie.

ADOLESCENCE •
« Hey Philips ! » Adossée sur un des nombreux arbres du parc en train de finaliser l’un de ses dessins, l’anglaise tourne la tête et arque un sourcil en voyant le jeune garçon qui vient de la saluer. Il s’assoit à côté d’elle avec un large sourire. « Comment tu connais mon nom ? » fait-elle en baissant le regard pour continuer son dessin, comme s’il n’était pas là.  « Tout le monde le connait. Il paraît que t’es forte au basket, on se fait un match un de ces quatre ? » Elle hausse les épaules alors qu’il essaye de chercher son regard. Pourtant, même si elle sent son regard sur elle, elle ne lève pas la tête et continue de dessiner. « Tu dessines super bien. Je m’appelle Jordan, et toi ? Je connais ton nom mais j’ai jamais entendu ton prénom. » Elle lève le regard mais sans le regarder et fait une mine agacée. « Philips suffira. » Puis elle retourne à son occupation avant d’ajouter simplement. « Tu peux me laisser ? J’aime bien être seule quand je dessine. » Elle tente de prendre un ton autoritaire et sûr. Pourtant il refuse. Cet inconnu refuse de la laisser tranquille. Il l’observe depuis déjà quelques mois, un peu comme tous les autres lycéens. En fait, elle les intrigue parce qu’elle n’est pas très bavarde et qu’elle est tout le temps seul. Si les autres s’en contrefichent, Jordan lui, a décelé sa tristesse et aimerait l’aider. Il deviendra son ami, son confident. Elle lui parlera de ses parents, de son père et de tout ce qu’il s’est passé. Ce sera la première fois qu’elle se confie. Il l’aidera à s’ouvrir aux autres, à avoir des amis et à apprendre à être comme elle est aujourd’hui. Si vous lui demandez qui est Jordan, elle vous répondez que c’est son ange gardien.

JERSEY •
La rousse arrive devant le grand bâtiment qu’est l’université de Jersey. Elle souffle un peu pour essayer de faire redescendre la pression et de décide à entrer quelques minutes plus tard. Le claquement de ses talons résonne dans le grand couloir alors qu’elle arrive devant le bureau du principal. Elle frappe un coup et la porte s’ouvre directement. Elle essaye de fuir son regard mais lui adresse un sourire poli alors qu’il l’invite à entrer. Pendant une demi-heure, elle lui parle d’elle, justifie sa passion pour le sport et son admiration pour cette université. Elle parle de ses années lycée, de sa famille d’accueil et aussi de ses goûts. « Bienvenue ici, mademoiselle Philips. » finit-il par dire avec un large sourire.