Il fallait toujours qu'il fasse quelque chose. N'importe quoi. Lorsqu'il était chez sa mère, il passait son temps à faire les cent pas, d'abord assis puis debout la seconde d'après, demandant toujours à faire quelque chose, souhaitant qu’elle ait quelque chose à lui faire faire, la harcelant jusqu'à ce qu’elle lui trouve une occupation ou qu'elle lui dise d'aller se défouler ailleurs. Winter était, justement, en compagnie de la charmante mais très caractérielle madame Forks. Elle ne supportait pas de le voir faire les cent pas, dans le salon, la cuisine, en tournant autour d'elle, épiant le moindre de ses faits et gestes, touchant à tout et goûtant chaque ingrédient qu’elle rajoutait à son plat. Elle lui jeta un regard noir et il lui sourit largement. Juste avant qu'elle ne lui ordonne d'aller voir ailleurs. Ce n'est pas pour autant qu'elle ne réclama pas son bisou et il lui colla un baiser bien baveux sur la joue afin qu’elle le laisse tranquille. Un « Je t'aime aussi maman ! » en réponse à son indignation et il filait. Un coup d'oeil à sa montre lui apprit qu'il était près de quatorze heures, le temps de retourner à l'université et de passer par son dortoir pour attraper son sac de sport, il atteignait le gymnase à quatorze heures trente. Changé en deux temps trois mouvements le jeune homme commença par une série de tractions, avant de se laisser retomber au sol pour des pompes. Il venait de se mettre aux poids lorsque Serena s'avança vers lui en sautillant. Manquant de s'écraser la cage thoracique avec l'altère qu'il hissait au dessus de sa tête avec un peu de mal, il la reposa et s'assit pour accueillir sa meilleure amie. « Hey Nena ! » Accueillant sa bise avec le sourire, il haussa les épaules à sa question, l'air de dire "évidemment". « La forme, comme tu vois...  En même temps je pense pas pouvoir dire qu'il y a un jour dans ma vie où j'ai pas eu la forme. » Merci à l'hyperactivité pour cela ! Il s'allongea à nouveau et se saisit de son altère à deux mains. « Et toi honey, ça va ? » Honey, ma puce, darling, il passait un peu par tout et n'importe quoi pour la nommer. Il la suivit du regard lorsqu'elle alla s'installer sur les gradins, avant de continuer sa musculation tout en sentant son regard se faire un peu insistant. Il se leva après cinq petites minutes et la rejoint, sa bouteille à la main, pour s'asseoir à l'envers sur le banc en dessous du sien et planter son regard dans le sien avec un large sourire. Il but longuement, puis se leva aussi en forme que s'il n'avait encore rien fait de la journée. « Ça te dérange si je continue encore un peu ? Après on fait ce que tu veux. » Il lui adressa un clin d'oeil en attendant sa réponse.

Pour tout dire, Winter se posait des questions sur sa relation avec Serena. En particulier depuis qu'une amie lui avait assuré que leur amitié était des plus étrange. Étrange n'était pas forcément péjoratif, il faut dire, et puis depuis quand est-ce qu'il écoutait ce qu'on lui disait ? Souriant comme un gamin, il explosa littéralement de rire lorsqu’elle l'imita entrain de s’exercer. « Une chance, je n'ai jamais de problème. » Pourquoi se compliquer la vie ainsi ? Bien sûr qu'il allait bien, il avait toute les raisons d'être en forme et heureux. Sans pour autant oublier ce qu'il avait fièrement annoncé à son père deux jours à peine avant qu'il ne l'abandonne. Cette pensée lui fit serrer les dents et il la chassa de son esprit au plus vite, afin de porter toute son attention sur la jeune femme à qui il retourna sa question, ravi de la voir si pétillante. Ils étaient pareils sur ce point, la danse pour elle et toutes sortes de sports pour lui, cela les rendait heureux. « Je vois ça, tu es rayonnante Nena ! » D'autant plus lorsqu’elle faisait sa petite danse de la joie, qui lui tira un nouveau sourire. Encouragé par la musique qu'avait lancée Serena, le jeune homme se défoula encore quelques cinq minutes avant de la rejoindre sur les gradins. C'est là qu'il remarqua qu'il ne restait plus qu'eux deux dans le gymnase, chose qui le fit rire intérieurement. Il devait vraiment passer pour un taré à s'entrainer constamment, jour et nuit. Même si les locaux de l'université n'étaient pas ouverts de nuit, il trouvait toujours bien quelque chsoe à faire les nuits où il ne trouvait pas le sommeil. Comme par exemple aller courir des kilomètres, seul ou accompagné de son pitbull, au Reg's Garden. Face à la moue tristounette de sa meilleure amie, il pencha la tête sur le côté avec un air intrigué. Son attitude de désespoir le fit rire, lui qui adorait cela ! Et puis l'idée n'était pas mauvaise, cela pouvait l'aider à se perfectionner dans la danse. Après tout, là est le but de chaque athlète: se perfectionner, encore et encore. « Moh, allez, fais moi un joli sourire, c'est pas si terrible ! Moi j'adore ça les abdos ! Bon, d'accord, j'adore un peu tout ce qui touche au sport... » Il finit par lui demander si cela l'ennuyait qu'il continue sa musculation encore un peu, et esquissa un énième sourire à sa réponse. En effet, il avait besoin de se dépenser. Et évidemment qu'il était motivé, un peu comme tout le temps. Cela lui était propre, ce n'était pas seulement un symptôme du TDAH, c'était quelque chsoe de profondément encré en lui qui lui donnait cette envie de toujorus faire plus, beaucoup plus, et de se dépasser. Tout en s’amusant toujorus follement, ce qui faisait son compte. « Exactement, prends exemple ma jolie, je suis constamment motivé pour tout ! » Il bugua un court instant lorsqu'elle releva son débardeur, et soupira imperceptiblement quand elle s'arrêta à hauteur de ses abdominaux. « Bah voilà, j'ai trouvé ce qu'on va faire ! » s'exclama-t-il avec un large sourire, qui s'élargit encore face à la mine dépitée de Serena. Faisant volte face, Winter sauta des gradins et tira un tapis au milieu de la salle avant de retirer son t-shirt, commençant sérieusement à étouffer, et de pivoter vers la jeune femme pour l'appeler. « Be brave, avec moi ce sera fastoche et amusant qui plus est ! Promis, t'auras pas des abdos de mec. En plus faut profiter du fait qu'on a le gymnase rien que pour nous. »

A ces mots, Winter fit une moue peu convaincue. Ce ne devait pas être un tel problème. En tant qu'enfant unique il n'était certes pas des mieux placés pour juger mais ce qu'il savait très bien c'est qu'il avait toujours regretté d'être tout seul. Du moins, enfant, car aujourd'hui il ne s'en portait pas plus mal, et il considérait déjà Jo comme sa soeur, jumelle qui plus est. « Arrête, ça doit pas être si terrible... » Il sourit à ses courbettes, et à ses danke, jamais il ne s'habituerait à l'entendre parler allemand. Tout comme elle le regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes lorsqu'il lui parlait irlandais et qu’elle ne comprenait pas un mot. Heureusement, il avait quand même des bases d'allemand. Lorsqu’ils abordèrent le sujet des abdominaux, elle se décomposa totalement tandis qu'il était des plus enthousiastes. Effectivement, il lui en fallait très peu pour être heureux, un peu de sport et il était déjà bien content. C'étai sa drogue, que voulez-vous, il valait mieux cela qu'autre chose... Le sourire forcé de Nena le fit éclater de rire. « Je pratique une dizaine de sports différents par semaine, une deuxième ne peut pas te tuer ! » Sans oublier qu'il s’entraînait doublement pour le hockey, à quelque jours d'un match important qu'il avait la ferme intention de remporter. Il n'était pas là pour plaisanter, une fois sur le terrain il était le mec le plus concentré du monde, le plus déterminé, et le plus mauvais perdant. Une défaite était, à ses yeux, inenvisageable. Il jouait pour gagner, ça avait toujours été le cas, il détestait perdre. « Je serai ton prof particulier ! », sourit-il en plaisantant à moitié lorsqu’elle soupira qu’elle n'était pas motivée. Sautant des gradins, il installa le un tapis de sport et retira son t-shirt qu'il envoya dans la direction de Serena, qu'il loupa de peu. Le malheureux t-shirt demeura donc sur un banc. Il ne remarqua même pas qu’elle l'avait reluqué pendant cinq bonnes minutes ! « Amusant, si pas pour toi pour moi bien ! » Et même très amusant. Il sourit, victorieux, et prit des airs de conquérant. « A la bonne heure, j'aurai pas hésité à te traîner jusqu'ici. » Il en était bien capable, là était le pire... Il la regarda s'asseoir, souriant à nouveau face au manque total d'enthousiasme dont elle faisait preuve. «  Soit on le fait à deux, soit je te montre et tu fais ça comme une grande tandis que je vérifie que tu risques pas de te faire mal... »

« Je vais prendre ça comme un compliment, c'est cool d'être moi ! », fit Winter avec un large sourire. Il y avait une part de vérité dans cette affirmation, il avait un caractère facile et ne se prenait pas souvent la tête. Easy-going, comme on disait chez lui. Mais, d'un autre côté, il pouvait être quelqu'un d'affreusement torturé. Observant Serena en souriant face à ses tentatives pour esquiver la corvée d’abdominaux qui, lui, l'enchantait tant, puis en remarquant qu'elle faisait semblant d'être follement enthousiasmée par l'idée. La suite lui arracha un léger rire et il secoua doucement la tête de droite à gauche avec un air faussement désespéré sur le visage. « Ça se sent, et puis je te connais trop bien. Mais ça fonctionne pas avec moi, tu sais que je suis parfaitement i n c o r r u p t i b l e ! » Véridique, jamaiiiiiiiiiis il ne craquerait, même pas devant sa Nena ayant habituellement les pleins pouvoirs sur lui. C'est fou comme elle se débrouillait toujours pour se le mettre dans la poche, il ne lui avait encore jamais rien refusé. Jusqu'à aujourd'hui, mais lorsqu'il s'agissait de sport il était intransigeant, c'était connu... Haussant les épaules et acquiesçant à sa demande, il s'allongea sur le dos, entremêlant leurs pieds afin qu'ils soient stable et s'apprêtant à se lancer dans une série d'abdominaux. Voyant que Serena se redressait, il posa son regard sur elle et sourit. « Ok d'accord, doucement promis. » Windy attendit qu'elle se remette en position et démarra la séance d'entrainement, bientôt rejoint par Serena sur laquelle il calqua son rythme afin de tenir sa promesse. « Alors, c'est si affreux que ça ? » demanda-t-il lorsqu'ils se retrouvèrent face à face pour la dixième fois. Bon, il devait être le seul taré du coin qui, lorsqu'on lui donnait des abdominaux à faire en punition, sautait de joie, mais à eux deux c'était déjà plus amusant...