Pour un peu elle s'endormirait la petite Isis. Toujours allongée sur le lit de son jumeau, elle releva à peine la tête quand elle entendit quelqu'un entrer et venir l'embrasser sur le front. Elle n'avait pas besoin de bouger, elle avait reconnu la personne aux bruits de pas venant du couloir. Vous savez c'est comme lorsque vous pouvez reconnaître qui monte les escaliers aux bruits de pas : des plus légers et discret de maman aux plus lourds et bruyants de papa ou l'inverse! Elle sourit en l'écoutant.« Si tu comptais sur un retard de ma part , eh bah c'est raté ! » lui dit-elle en souriant et un peu amusée il faut l'avouer. Elle le laissa aller se changer en vitesse et l'attendit sagement. Isis avait envie de se détendre avant de tout dire à son double. La jeune femme appuya durement sur le lit : il s'enfonçait assez facilement, l'assise était assez molle. Lui vint alors une idée enfantine mais qui marche encore et toujours sur tout le monde. Elle se dépêcha de se relever avant que son jumeau arrive et commença à sauter sur le lit. Elle continua encore et encore en fredonnant la chanson I'm Walking On Sunshine qu'elle appréciait tout particulièrement. Tout en sautant, elle aperçut une silhouette à côté d'elle : Isaac avait fait vite. Elle se laissa tomber sur le lit avec une sourire qui voulait t'as-rien-vu-j'ai-rien-fait et rit. «Non, ça devrait aller, je me suis un peu empiffrer avant de venir ! ». Isis s'assit en indienne sur le lit  en reprenant son sérieux car elle savait pertinemment que les choses sérieuses allaient bientôt arriver. En même temps, c'était le but quand elle est venu ici. Tout ceci était une sorte de préambule à leur conversation. Elle le savait. Il le savait.« Y'a de ça mon jaloux, mais il y a des événements que j'ai eu un peu plus de mal à digérer ces derniers temps. Des événements récents et plus anciens. E j'ai pensé que je devrais t'en parler et arrêter de me refermer sur moi-même en pensant que ça passera tout seul. Mais je voulais pas t'embêter avec tout ça, tu me connais ... ». La jeune femme lui sourit faiblement et lui agrippa le bras tout en se rapprochant, elle lui fit une bisou sur la joue.Puis elle posa son front contre l'épaule de son frère. Isis avait l'habitude de se refermer sur elle-même et de garder ses sentiments pour elle car elle avait peur d'ennuyer les gens avec tout ça. Mais c'est humainement impossible de tout garder enfoui comme ça. Le moral ne peut pas suivre. Pas du tout.

« T'insinues quoi là hein ! » dit-elle avec un peu de malice dans son regard. A chaque fois que Isis avait quelqu'un chose d'important à dire à son frère, elle faisait toujours en sorte qu'ils aient ris avant pour faire passer le lourd sujet comme anodin. Depuis leur enfance, elle le faisait c'était son truc : elle rigolait avant, elle restait sérieuse pendant et quand elle finissait elle lançait une petit blague (qui marchait ou pas selon l'état dans lequel elle était) mais elle avait toujours besoin de dédramatiser la chose.Toujours. «Eh bien, si ! Il m'en faut aujourd'hui, tu comprendras bien vite ... ». Isis se redressa et prit la main de son jumeau tout en poussant un léger soupir. Il est vrai qu'elle était prête à tout lui dire et prête à  n'avoir plus aucun secrets pour lui comme ils en avaient l'habitude. Seulement, maintenant son courage commençait à prendre ses jambes à son cou et à se barrer ! Il fallait qu'elle lui parle de suite si elle ne voulait pas se renfermer de nouveau. C'était un des plus grands problèmes d'Isis. Elle manque cruellement de confiance en elle et donc de confiance en ses décisions même si elles sont pour son bien. Le regard d'Isis se dispersa vers la fenêtre et le soleil qui perçait les arbres, elle se laissait encore quelqes secondes de répit avant "le grand déballage".La jeune femme dirigea alors son regard vers celui de son frère car c'est bien le seul moment où elle daignera encore le regarder avant un passage spécifique de son récit qui ne risque de ne pas plaire à son jumeau. Pas du tout.«Ok, alors je ne sais pas vraiment par quoi commencer : ma relation qui date de Londres ou la fusillade qui s'est passé il y a quelques semaines maintenant. Mais je crois que ne pas parler était une mauvaise idée depuis ce temps-là, j'en suis certaine, je le ressens désormais. ». Isis guetta la réaction d'Isaac lorsqu'elle évoqua la relation qu'elle eut à Londres et qui la dévasta tout simplement. «Autant commencer par le commencement, tu crois pas ? Tu te souviens de... de Jaimie, non ? » dit-elle en se raclant la gorge. Elle savait que son frère n'avait jamais été d'accord avec cette relation et avait deviné qu'elle était mauvaise pour Isis. Il l'avait prévenu et avait tenté de la protéger. Elle l'avait entendu, mais pas écouté.L'amour rend aveugle dit-on ... Il rend sourd aussi.

Levant ses mains en l'air comme le ferait un innocent pour clamer ... son innocence justement, il fut légèrement trahi par une once de sourire qui se pointa à ses lèvres. Il n'insinuait rien, ou pas. Il avait tenté de la titiller un peu pour souligner le ridicule de la situation quand au fond il n'y trouvait rien de ridicule, bien au contraire. Il aimait la voir ainsi et tant qu'elle chantait walking on sunshine, c'est que ça n'allait pas si mal. Quoique, peut-être que les apparences étaient trompeuses. Il n'avait dès lors pas répondu quand elle vint à lui confier qu'il comprendra bien assez vite. Perplexe, il sentait que l'ambiance walking on sunshine n'était pas de mise pour toute la journée. Pire, il annonçait le coucher de soleil bien trop aujourd'hui, le tout sans rien savoir ! Quoique à sa question, ses doutes n'étaient que confirmés ! Il n'avait pas envie de lui en vouloir d'avoir attendu avant de se confier. La dernière chose qu'il voulait c'était de la grisaille autour d'eux. Il en avait bien assez avec d'autres, et elle restait son pilier, son mur porteur. Mais le plus dur à entendre n'était pas tant l'épisode fusillade étant donné qu'il avait senti l'impact sur elle, mais en l'entendant parler de « l'autre » il se rendait bien compte qu'elle y pensait encore malgré son arrivée à Jersey, malgré Maëlys, malgré ce nouveau chapitre de sa vie. « Kitty.. » Sa mâchoire se contracta, et pire c'était visible tant il serrait les dents. Il lui montrait qu'il allait légèrement finir impatient. Il craignait le pire. « .. tu es en train de me demander si je m'en souviens. Abrège. » Comment pouvait-il l'oublier ?! C'était impensable. Il aurait aimé que Kitty l'oublie, ah ça oui ! « Ne me dis pas qu'il t'a suivi.. » Rien que d'y penser il craignait le pire. Isaac n'avait jamais douté du fait que sa sœur en ait été amoureuse, mais dieu que cette relation le mettait hors de lui ! Il a toujours voulu faire en sorte qu'Isis puisse se débrouiller sans lui, sans pour autant renoncer à leur lien si précieux. Ce lien qu'il n'avait pas avec ces deux autres sœurs forcément... mais ne pas s’immiscer au milieu de cette relation chaotique où elle souffrait plus qu'autre chose lui avait trop difficile, et surtout elle retombait beaucoup trop facilement dedans, alors après avoir réussi à l'avoir près de lui, loin de Londres alors la rupture qu'il n'avait pas provoqué cette fois, il ne supporterait pas que cet ingrat revienne à leur vie.

Quand elle l'entendit l'appeler par son surnom, elle lui prit la main en souriant et soupira un grand coup. Cette conversation ne sera que quelques minutes de tristesse et de souffrance avant, elle l'espère, un renouveau dans sa vie.«Non, il n'est pas revenu et j'en suis bien contente »Comment aurait-elle réagi s'il était revenu ? Aucune idée, mais elle a en aucun cas envie de savoir cela, elle est très bien comme cela. Loin de lui. «Tu ne supporteras certainement pas d'entendre ce que je vais te dire dans les minutes qui vont suivre mais j'en ai besoin pour avancer. Besoin de t'en parler car je ne supporte pas de te cacher des choses comme cela ! Donc, j'vais tout te dire et s'il te plaît, ne me coupe pas ... d'accord ? » Elle regardait son jumeau à la recherche du regard bienveillant et protecteur qu'elle lui connaissait si bien. Elle recevait le sourire qu'elle attendait de sa part. Isis prit une grande inspiration et se lança une bonne fois pour toute. « Alors, tout allait bien au début, on s'aimait et même si je sais que tu n'étais pas d'accord avec cette relation, je n'avais pas à me plaindre. Mais un soir ... » Isis s'arrêta un instant.Les larmes lui montaient aux yeux, elle se concentra et continua son récit, en évitant désormais le plus possible le regarde de son frère. « il était parti faire la fête avec ses amis et quand il est rentré à l'appartement, il étaitcomplètement ivre. Il faisait tomber tout sur son passage, il criait, il frappait dans les mur et .. j'ai voulu l'aider, l'arrêter mais il ne s'est pas arrêté, et il m'a agrippé les bras très très fort que ça a marqué ma peau, j'en avais des bleus. D'où la raison de mes tee-shirts à manche longues que j'ai porté très souvent pendant un certain temps. Et je ne sentais plus mes bras, mais je ne pouvais rien faire non plus, il n'était pas lui-même, il m'hurlait dessus en me traitant de tout les noms possibles et imaginables en m'accusant de m'être tapé une dizaine de garçon différents. Mais le truc ... » Isis s'était totalement effondré lors de son récit, il était possible que son frère n'en ai capté que la moitié à travers les sanglots qui la submergeait. Elle releva la tête pour le regard, pour affronter ce regard dans lequel elle ne voulait pas voir de la déception, de la colère ou de même de la honte envers elle.« Le truc c'est que le lendemain il redevenait celui que je connaissais. Mais ce n'était pas un événement qui s'est déroulé une seule fois. Plusieurs fois, il revenait ivre. Tu te souviens de la fois où nos parents t'ont appelé car j'étais rentré en pleurs et avec les vêtements déchirés et je leur avait dit que je m'étais faite agressée. Et bien, rien n'était vrai. C'était lui. Il était rentrée ivre d'une soirée et il voulait me forcer à faire des choses que je ne voulais pas faire. Alors il a commencé à agripper mon bras et à m'empêcher de bouger de toute sa force. Mais, j'ai pas la même force moi et j'arrivai pas à m'en sortir. Heureusement, il a glissé et j'en ai profité pour me sauver ... Cette nuit fut un déclic pour moi.» Elle le regardait tant bien que mal, elle se sentait sale et honteuse.« J'ai tellement eu peur cette nuit-là, j'ai ouvert les yeux trop tard .. J'suis tellement désolée, Isaac.»

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