Je me réveille enfin et me demande combien de temps j’ai perdu pendant ma léthargie. C’est à cause du soleil, qui me fatigue et m’assomme, si je suis à ce point engourdi. J’écarte les draps et me lève avec lenteur, les muscles perclus et raides, mais parfaitement lucide. Je porte encore mes vêtements de la veille et j’imagine que c’est parce que j’ai pas tout à fait eu le courage de les retirer avant de me mettre au pieu. Je me rappelle pourtant avoir passé la soirée dans mon dortoir à fumer cigarette sur cigarette sans m’adonner à quoi que ce soit d’harassant. Je passe ma main dans mes cheveux, puis sur mes yeux, et me lève sans trop de difficulté. Les volets ne sont pas baissés et la clarté s’éparpille dans toute la pièce. J’ai pas faim. J’ai pas non plus envie de rester indéfiniment sous le jet des douches à ne rien faire si ce n’est penser à la sensation de propreté qui en ressortirait. Alors je réajuste mon sweat sur mes épaules et je quitte la chambrée avant de me diriger à petites foulées vers le stade. Je sais pas bien ce qui m’attire à propos de cet endroit mais le fait est que je m’y rends plus souvent que la plupart des étudiants, y compris ceux qui l’use à des fins sportives et c’est définitivement pas mon cas. J’attrape en cours de route une paire de lunettes noires qui traîne dans l’une de mes poches et la pose sur mon nez. Je m’arrête au milieu du stade, avant de m’allonger dans la moiteur en gémissant. Après quelques minutes d’inertie je tourne la tête vers les gradins et distingue une silhouette installée sur les bancs de pierre. Je pourrais m’y intéresser, mais le paquet de clopes au fond de la poche arrière de mon pantalon m’apparaît clairement plus captivant. J’ondule légèrement de côté sur l’herbe à demi desséchée du lieu et met la main dessus avec la ferme intention de m’en griller une avant toute autre chose.

Je souffle, contrarié. Le fait est que j’ai oublié mon briquet dans ma piaule. Je garde toutefois le cylindre dans ma bouche avant de détendre mes bras le long de mon corps, les yeux à présent fermés sous mes verres teintés. Après quelques minutes de relaxation silencieuse, un contour opaque et ombreux se dévoile de l’autre côté de mes paupières. J’en ouvre une posément et tente de croiser le regard de Dakota dont je discerne mal les traits tant ils sont dans l’ombre que favorisent ses cheveux. Son attitude est cotonneuse et sans aplomb. Je l’imagine sans mal ressusciter d’une quelconque immense fête auxquelles elle se consacre régulièrement. Je suis à la fois fasciné et inquiété par sa nature à la limite de l’excès et m’attend invariablement à ce qu’elle s’écroule sous quelque prétexte que ce soit. Je suis attiré par le désastre et l’infortune qui émane de son anatomie, et ce depuis notre première rencontre. « Dis, t'aurais pas une clope à me passer s'il te plait » elle me demande, de son ton le plus bienséant. J’ôte celle que j’ai coincée entre les lèvres et la lui tend à bout de bras. « On dit plus bonjour sur ta planète ? » J’objecte, en souriant à demi. « T’es toute pâle. » J’ajoute, en pianotant sur la pelouse à ma gauche pour qu’elle s’installe. « Si t’avais un briquet ça nous sauverait la vie à tous les deux. » Je renchéris avec espoir avant de me munir à nouveau de mon paquet de cigarettes pour en agripper une seconde.

La jeune femme était complètement à l'ouest, et encore, heureusement que maintenant elle sait gérer ces gueules de bois, bon en même temps avec le nombre de soirée qu'elle fait par semaine c'est préférable je vous l'accorde. C'est donc tout de même un peu vaseuse qu'elle s'approche de Callum et lui demande une cigarette « On dit plus bonjour sur ta planète ? » J'attrape la clope qu'il me tend et lève la tête légèrement comme pour dire merci, puis avec un instant de retard je viens à analyser sa phrase et répond « Ah ouais, voila, bonjour » Comme si c'était ce qu'elle avait cherché à dire depuis le début « T’es toute pâle. » La blondinette préféra ne pas répondre à cela car en fait ben, elle avait rien à répondre tout simplement. Ouais les lendemains de cuite sa répartie et un peu limitée désolé. « Si t’avais un briquet ça nous sauverait la vie à tous les deux. » Elle s'assit tant bien que mal à côté de lui, persuadé qu'elle ne pourrait jamais se relever d'aussi bas « J'ai toujours du feu sur moi » Elle fouilla donc dans son sac, 2 ou 3 minutes quand elle tomba enfin dessus elle alluma sa cigarette et lui tendit le briquet. Puis tirant une taffe elle regarde ses jambes allongé devant elle et descendit son regard jusqu'à ses pieds « Merde je me suis pété un talon » Ce qui expliquait pourquoi elle avait eu autant de mal à marcher jusqu'ici.

Je suis loin d’être déconcerté face à son manque d’éloquence, je la connais. Même au mieux de sa forme, elle s’est jamais vraiment montrée très civilisée, mais c’est ainsi que je l’affectionne. Hargneuse, et renfrognée. Derrière tout ça je parviens presque à déceler la personne qu’elle était avant, et je peux mesurer à quel point celle-ci est distante de qui elle est aujourd’hui. « Ah ouais, voila, bonjour. » Elle siffle, amère, comme si le fait d’extraire une courtoisie de sa bouche lui brûlait les gencives. Je la regarde s’effondrer périlleusement à mes côtés et continue de la dévisager tandis qu’elle fouille son sac pendant ce qui me semble être une éternité. « J'ai toujours du feu sur moi. » Elle me dit, assurée. Je m’élève à moitié sur mes coudes après avoir planté ma cigarette au coin de mes lèvres serrées l’une contre l’autre. Elle trouve enfin son briquet et allume la sienne d’un geste expérimenté avant de me passer l’objet sans même me regarder. Je me renverse, cette fois-ci sur un seul coude et entreprend de mettre le feu à ma clope. Je pose le briquet dans l’herbe et exhale. « Merde je me suis pété un talon. » Elle dit, et je commence à parcourir ses jambes des yeux avant de m’arrêter sur ses godasses qui ont visiblement connu des jours meilleurs. La gauche est toute éraflée et il manque effectivement le talon à la droite. « Souvenir de la veille. » Je raille, le sourire aux lèvres. « T’as passé la nuit ici ou quoi ? » Je demande, assimilant soudainement la situation.

Prim était épuisé et ses yeux se fermait tous seul c'est pour cela qu'elle décida de ne pas s'allonger dans l'herbe mais de s'y asseoir simplement car sinon seulement cinq minutes aurait suffit à ce qu'elle s'endorme. Après avoir passé son briquet elle ne fit même pas attention à s'il le lui rendait ou pas puisqu'elle venait de voir qu'elle avait pourrit l'une de ses paires d'escarpins préféré, boh elle était plus a sa prêt. « Souvenir de la veille. » Veille dont elle ne se rappelais absolument pas, et cela la frustrais beaucoup, en principe elle se souvient toujours de ses soirées même si elle finit ivre morte, c'est obligée la quelqu'un l'avait fait fumé, autrement elle ne voyait pas comment elle aurait pu finir aussi morte « T’as passé la nuit ici ou quoi ? » Ah non pas de questions, pas de questions sa va l'agacer « J'en sais rien moi tout ce que je sais c'est que je me suis réveillée ici, c'est tout » La jeune femme le regarda et l'épia de haut en bas avant de dire en fronçant les sourcils « Et toi tu fous quoi allonger dans l'herbe, tu te prends pour un chien ? » Bah quoi c'est vrai, en plus l'herbe est encore humide et Dakota déteste cela, c'est bien parce qu'elle est fatiguée et qu'elle ne sait pas ou aller qu'elle l'a rejoint.

Je remarque que quelque chose la contrarie au-delà du fait qu’elle ait massacré sa paire de chaussures à talons. Elle semble troublée, légèrement absente. Je me dis que sa soirée n’a probablement pas aussi bien tourné que les précédentes, et quelque chose en moi se réjouit, se délecte de son évidente décadence. « J'en sais rien moi tout ce que je sais c'est que je me suis réveillée ici, c'est tout. » Elle persifle à mon encontre. Et je pense, tant mieux Prim, c’est le début du non-être, du vide, du zéro. Faussement indulgent, j’affiche une mine soucieuse tandis qu’elle se met enfin à faire réellement attention à ma présence. « Et toi tu fous quoi allonger dans l'herbe, tu te prends pour un chien ? » Elle demande, provocante. « Je profite du soleil. » Je lance innocemment. J’ajoute intérieurement « et je m’apprête à jouir pleinement de ta défaillance. » Je lui souris, puis ébouriffe furtivement ses cheveux, sachant à quel point ce geste est susceptible de la mettre en rogne. Je m’attends presque à ce qu’elle m’envoie une gifle dans l’instant et c’est pourquoi je décide de prendre les devants, brusquement habité de perversité. Je souffle une bouffée de fumée et garde ma cigarette entre les doigts d’une main. De l’autre, j’atteins le haut de sa cuisse et l’effleure doucement, en l’observant à travers mes lunettes noires. « Tu devrais apprendre à te détendre. » Je dis, empressé de la mettre le plus mal à l’aise possible.

« Je profite du soleil. » Dakota le regarda alors avec des yeux d'éberlue , non mais sérieusement, qui profite du soleil, allongé dans l'herbe à une heure pareil, c'est juste pas possible. Elle à cette heure-ci normalement elle est encore allongé dans son lit et dors à point fermé, et si quelqu'un ose la réveillé il se prendra normalement une gifle phénoménale. Elle secoua donc la tête à sa remarque et ne répondit rien. Elle enleva finalement ses chaussures et les rapprocha d'elle pour bien les regarder, bon bah elle n'avait plus qu'à les jeter, elle les lança donc au loin avant qu'elle ne le fusille du regard lorsqu'il toucha ses cheveux « Bouge, laisse mes cheveux ! » Bon elle était pas encore trop en rogne mais fatigué il n'allait surement pas falloir longtemps avant qu'elle n'explose. Et apparemment c'était ce qu'il cherchait, recevoir de la fumée dans la figure, surtout quand elle est à peine réveillé ce n'était vraiment pas une bonne idée. Et monsieur décida de s'amuser encore un peu en effleurant le haut de sa cuisse, d'un réflexe rapide elle attrapa sa main et lui dit en le regardant « Tu joue a quoi la Callum ! Tu garde tes mains sur toi ok »