my mind forgets to remind me you're a bad idea

C'était une mauvaise idée, une très très mauvaise idée même. S’attacher à quelqu'un qui pouvait lui faire tant de mal... Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Tiphaine savait qu’elle aurait tout simplement dû se retourner sur lui dans ce fameux couloir et lui crier non. Non, tout simplement. Au lieu de cela, elle l'avait laissé filer, se contentant de l'écouter. Qui ne dit mot consent, pourquoi n'avait-elle rien dit... Face à son miroir, elle terminait de se coiffer en songeant au fait qu'elle était totalement idiote. Après, elle pouvait ne pas aller lui ouvrir... Ouais, c'est ça, très malin. On frappa justement à la porte. Fermant les yeux une seconde, elle inspira un bon coup, vérifia sa tenue - en l’occurrence un jean noir et une chemise blanche, hors de question de s'apprêter magnifiquement pour lui - et se dirigea vers la porte. « Tu serais presque ponctuel », commenta-t-elle avec un vague sourire une fois la porte ouverte sur Spyke. Evidemment, c'était avec lui qu'elle avait... rendez vous ? Dis comme cela, c'était vraiment plus qu'idiot. C'était une véritable catastrophe et il devait penser exactement la même chose. Pourtant, la jeune femme attrapa sa veste et referma la porte avant de s'approcher du mur où il était adossé. « Je peux savoir où on va ? » Prenant soin de ne pas le toucher, elle se mit à marcher à reculons, le regard fixé sur lui en attendant sa réponse.

trying not to love you

L'envie de se mettre une claque monumentale la prit soudain, alors qu’elle se rendait compte qu’elle venait d'avouer indirectement qu’elle l'attendait. En même temps cela pouvait également signifier qu’elle se souvenait simplement qu'il lui avait dit qu'il passerait vers dix-neuf heures... Persuadée qu'il n'irait pas chercher si loin, puisque de toutes manières c’aurait été faux, Tiphaine s'en voulu de s'être ainsi trahie. Mais, tous comptes faits, c'était lui le plus ridicule dans cette histoire: c'est lui qui l'avait invitée - sans trop lui laisser le choix. En bref, leurs comportements détonnaient totalement avec leurs choix de tenue. Ils étaient ridicules. Souriant pour elle-même, elle sourit encore plus amplement face à sa réponse. « Tu serais pas le fils de Hadès en personne par hasard ? » Et Cerbère comme animal de compagnie, c'est qu'elle devenait très drôle. Marchant à reculons, la jeune femme ne vit pas la porte dans son dos et fut rattrapée à temps par Spyke. A choisir, elle aurait préféré heurter la porte plutôt que son torse, c'aurait sans doute était moins douloureux. Sa réflexion lui valut un regard noir de la jeune femme, l'ambiance était déjà au rendez-vous, magnifique. « Roh c'est bon détresse, ça commence bien cette soirée. Arrête de grogner et fais pas cette tête. » Naïa ne tenta pas de se dégager, bien qu'il sert trop fort son poignet et qu’elle ne supporte pas cette attitude. Lorsqu'il la relâcha, elle reprit rapidement possession de son bras, se frottant le poignet comme pour faire refluer le douleur. Sa question lui tira un doux rire moqueur bien qu'il doive s'attendre à une toute autre réaction. Et puis quoi encore ? Face à son expression, elle cessa instantanément de rire. « Quoi, t'es sérieux ? C'est un peu beaucoup le cliché débile si je puis me permettre, on va éviter de tomber là-dedans... » Non mais n'importe quoi, elle n’allait pas venir lui tenir la main, et après il lui donnerait sa veste pour l’empêcher d'avoir froid peut-être ? Pour tout dire, c'était un peu pour évier cela qu’elle avait attrapé sa veste avant de sortir. Cela ne risquait pas d'arriver, elle n'avait jamais froid, mais bon, au cas où... Souriant vaguement, elle balança sa veste sur son épaule et garda son regard fixé sur lui comme pour l'inciter à reprendre la route.

you're the kind of reckless that should send me running

En apercevant un semblant de sourire passer brièvement sur les lèvres de Spyke, la jeune femme ne put réprimer son propre sourire. Alors qu'il lui serait le poignet bien plus fort que nécessaire, Tiphaine demeurait muette, aussi bien par stupeur que par fierté. Il était exclu qu'elle lui demande de la lâcher, exclu qu'elle ait de nouveau l'air faible face à lui. Lorsqu'il la relâcha enfin, elle le fusilla du regard sans mot dire à ce sujet, et il détourna le regard. Cela lui coûtait quoi un désolé de t'avoir fait mal ? La soirée commençait bien s'il lui arrachait le bras. « Bah c'est toi qui veut je te prenne la main chéri. Ça me dit déjà qu'on va dans un endroit avec des portes. », ne put-elle s’empêcher de faire remarquer avec un joli sourire avant de se détourner. Elle fit un bond en avant lorsqu'il la poussa dans le creux des reins et posa son regard clair sur lui. Elle détestait qu'on lui fasse cela, au moins maintenant il le saurait. Ses réflexions lui firent lever les yeux au ciel, si elle y mettait du sien ? Elle, vraiment ? Qui est-ce qui se démenait pour lui tirer ne serais-ce qu'un minuscule petite sourire, qui est-ce qui demeurait souriante et ne faisait pas remarquer qu'il aurait pu être un minimum plus communicatif ? Ne se départant pas de son calme, elle se stoppa et pivota vers lui. « Bon, si tu arrêtes de jouer à l'ours mal léché et que tu me fais juste une fois un joli sourire je te jure que je fais en sorte de te supporter. » Exigeante ? Pas du tout, c'était le minimum après l'avoir invitée pour passer un bonne soirée. Elle ne lui demandait pas la lune, juste d'être, si pas sympathique, au moins supportable. Elle se remit à marcher mais, à peine quelques secondes plus tard, prit la parole, sans prendre le peine de le regarder. « Purée dis-moi où on va, j'aime pas les surprises. »

let me inside, let me get close to you

Tiphaine ne put s’empêcher de sourire face à sa réponse, voilà qu'il se mettait à la taquiner, et c'était presque drôle. Elle perdit finalement son sourire en songeant qu'il avait peut-être été aussi souriant et bavard qu’elle à une époque. Elle c'était plutôt l'inverse, elle avait toujours été hautaine et n'ayant besoin de personne et, après sa cure de désintoxication, elle était arrivée à Jersey et, s'éloignant de ses soucis, replongeait quasiment en enfance, à l'époque où son père était encore en vie et la faisait rire et sourire tout le temps. Secouant doucement la tête comme pour sortir de ses pensées, elle répliqua avec son air boudeur qui la faisait ressembler à une enfant. « C'est vexant. » Inclinant à son tour la tête, elle le fixa en haussant un sourcil. Finalement, elle haussa les épaules et se détourna, répondant sans le regarder. « Je faisais simplement remarquer que c'est pas vraiment moi qui ne fait pas d'efforts. Et puis fais comme si j'avais rien dit... De toutes manières c'est ce que tu vas faire. » Pour tout dire, elle était un peu... déçue qu'il le prenne ainsi. Naïa souhaitait simplement passer une bonne soirée et, contrairement à ce qu'il semblait penser, l'inviter ne suffisait pas, et il fallait y mettre du sien. Tous les deux. Elle avait l'impression d'être carrément un poids pour lui, du genre le boulet de service trop bavard qu'il regrettait déjà d'avoir invité rien que lorsqu'elle avait ouvert la porte... Ses cheveux dansant dans le vent, elle marchait toujours à côté de Spyke en évitant soigneusement de le regarder et de le toucher mais, quelques secondes plus tard, n'y tenant plus, elle redemandait où ils allaient. « Tu apprendras que je ne suis pas toutes les filles. » Loin de là, il n'avait plus qu'à s'accrocher s'il s'attendait à une gentille petite fille totalement gaga. Elle avait remarqué, malgré qu'il l'ait camouflé derrière la colère, une note de mélancolie, tournant la tête vers lui, elle posa son regard clair sur lui, bien qu'il fixe l'horizon et n'ait pas l'air décidé à la regarder. « Je suis désolée, d'accord ? J'aurai pas dû le dire comme ça. Et puis qu'est-ce que je ferais là si je ne te supportais pas ? » Avant qu'il ne puisse réagir, la jeune femme se pencha vers lui et l'embrassa doucement sur la jeu, avant de se reculer, faisant comme si de rien était, pour regarder la rue et, suivant son regard, repérer le lieu où ils se rendaient. « Le cinéma, vraiment ? » Son regard pétillait, preuve que cela lui faisait réellement plaisir. Elle retint de justesse un "c'est trop mignon" histoire de ne pas le faire fuir. ne voyant pas trop où il pouvait l'emmener d'autre, elle reprit sa marche sans l'attendre et, arrivée devant le cinéma, pivota vers lui. « Tu sais déjà ce qu'on va voir je suppose ? » Pour le coup, elle préférait avoir la surprise de ce que lui aurait choisi. Contradictoire ? Pas le moins du monde...

'cause i see, sparks fly whenever you smile

Pour tout dire, Tiphaine ne savait pas elle-même ce qu'elle attendait exactement de lui. Elle avait envie qu'il lui sourit sincèrement mais en avait assez d'attendre qu'il se décrispe. Elle voulait qu'il s'ouvre à elle, qu'il parle, qu'il montre un peu d'intérêt pour ce qu'elle racontait, participe à la conversation... Sa réflexion lui tira un sourire et elle se rapprocha pour répondre. La surprendre ? C'était tout ce qu'elle attendait de lui. Au fond, voilà ce qu’elle voulait: qu'il la surprenne. « Alors surprends-moi, je n’attends que ça. », répliqua-t-elle en souriant, comme pour répondre au sourire qui, bien que non présent sur son visage, brillait dans les yeux de Spyke. Sa réponse la laissa perplexe, elle pencha la tête en le regardant dans les yeux, y cherchant une quelconque trace de moquerie. Rien. « Je le prends comment ? », demanda-t-elle comme pour s'assurer qu'il ne se moquait pas d'elle. Après tout, elle ne pouvait pas être certaine qu'il la complimentait, c'était même un peu inespéré. Lorsqu’elle l'embrassa sur la joue, elle ne s'attendait pas le moins du monde à cette réaction. Il plongea son regard dans le sien pour la toute première fois, semblant s'y accrocher comme à une bouée de sauvetage dans un océan déchaîné. Elle n'osait pas détourner le regard. Non, elle n'en avait pas la moindre envie... C'est pourquoi elle fut presque déçue lorsqu'il baissa la tête. Faisant mine de n’avoir rien remarqué, elle répondit avec entrain tout en marchant près de lui sans pour autant le toucher. Et pourtant, qu'est-ce qu’elle avait envie, besoin, de ce contact... « Ça tombe bien, j'aime, non, j'adore le cinéma. Il y a tellement de beaux films, je pourrais passer ma vie à en regarder que je n'aurai jamais fini...  », fit-elle d'un air passionné. On en venait à se demander pourquoi elle ne faisait pas des études de cinéma. Se tournant vers Spyke, elle sourit en levant les yeux au ciel. « Désolée, j'arrêtes, je parle trop. » Au moins, maintenant, il savait à quoi s’attendre s'il comptait la ré-inviter - sait-on jamais. Dans le genre bavard, il n'y avait pas pire, Naïa avait toujours quelque chose à dire, un commentaire à faire, une anecdote à raconter. Cela pouvait en devenir sérieusement agaçant, elle en avait conscience, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Surtout lorsqu’elle allait mal, dans ces moments-là elle devenait un véritable moulin à paroles, débitant des phrases à toute vitesse pour en recommencer une nouvelle deux secondes plus tard. Histoire de faire semblant d'aller parfaitement bien, mais peu étaient dupes. Alors qu'ils pénétraient dans le cinéma, elle ne put retenir un léger sourire à sa réponse, à nouveau presque déçue qu'il ne relâche sa taille. « Of course. » Prenant conscience qu'elle avait répondu en anglais, elle lui adressa un clin d'oeil sans prendre la peine d'expliquer - ni de traduire, c'était de l'anglais basique. Elle ne voulait pas se lancer dans de grandes explications au sujet de ses origines pour finalement se rendre compte qu’elle faisait un monologue idiot auquel il ne répondrait sans doute pas. Peut-être, au contraire, cela l’intéresserait-il beaucoup, mais elle en doutait sérieusement.

Remarquant que Spyke semblait se rembrunir face à son sourire, Tiphaine se détourna tout en conservant une attitude positive, surtout ne pas plonger du côté pessimiste et déprimant qu’elle avait hérité de sa mère, demeurer joyeuse comme son père et se dire que tout peut s'arranger avec un joli sourire et un peu d'espoir. En un sens, c'était vrai. Alors qu'elle se retournait vers lui pour lui demander comment elle devait prendre sa réflexion, son coeur s'emballa à mesure qu'il se rapprochait. Il était si proche qu’elle n’aurait eut qu'à s'avancer un peu pour l'embrasser. Cela lui traversa l'esprit mais elle ne fit rien. « Si ça te fait plaisir... » sourit-elle, bien trop proche de lui. Elle recula d'un pas, flanchant la première. Peut-être venait-elle de rater son test, tant pis. Parce que oui, il lui plaisait. Et, s'il le lui demandait, elle n'hésiterait pas à lui dire qu'en effet, s'il se rapprochait de nouveau, elle l'embrasserait. Les conséquences ? Absolument rien à faire, il pouvait bien la repousser que cela lui était égal. En le voyant sourire, elle ne put s'empêcher de sourire également, riant même un peu quand il baissa la tête. Elle était persuadée que, tout comme elle, il avait été tenté de se laisser aller, d'au moins tenter de voir si cela pouvait fonctionner entre eux. Un simple baiser, ce n'était rien... Chassant cette idée de son esprit, Naïa se remit à marcher, le devançant un peu. Une fois à l'entrée du cinéma, elle se lança dans une tirade qui, arrivée au bout, lui sembla très inintéressante. Elle parlait trop, vraiment. Qu'est-ce qu'elle détestait devenir un poids. Elle avait l'impression d'être un boulet. Elle sourit néanmoins à sa question. « Si c'en était une, ça fonctionnerait à merveille. Mais c'est naturel, malheureusement pour toi. En plus je fais souvent des commentaires pendant les films, alors si j'arrête mes petites réflexions pendant un moment c'est soit que je pleure, soit que je me suis endormie. » Qu’elle pleure était plus probable, Tiphaine était quelqu'un de sensible malgré les airs qu’elle pouvait se donner. Et cela surtout pour les films, elle était très émotive lorsque des personnages auxquels elle s'était attachée mourrait. Elle pouvait avoir vu les films des centaines de fois, elle pleurait à chaque visionnage. « Plus que bilingue si tu veux tout savoir. » En effet, elle parlait couramment quatre langues et en connaissait six ou sept en tout, plus quelques bases dans un certain nombre de langues des quatre coins du monde puisqu'elle voyageait un peu partout depuis qu'elle était toute petite. Mais cela, elle ne le lui dit pas. Elle préférait ne pas se remettre à monologuer sur sa petite vie dont elle n'aimait pourtant même pas parler. Quelle idiote ! Entrés dans le cinéma, elle ne se dégagea pas lorsqu'il repassa son bras autour de sa taille. Pour tout dire elle le remarqua à peine, prenant peu à peu conscience qu'ils allaient être assis l'un à côté de l'autre durant plus de deux heures dans une salle sombre, très, trop, proches l'un de l'autre... Secouant la tête comme pour chasser ces pensées, elle réfléchit un instant. « Pourquoi pas... » Elle observa une fraction de seconde les autres titres de films, puis son regard revint se poser sur Spyke. « Va pour Wolverine. » Avec le beau Hugh Jackman, il risquait de voler la vedette à Spyke...