+ QUE PENSES-TU DE JERSEY ? À la base, j'étais venu m'installer à Jersey pour changer de vie, repartir à zéro... Alors ici ou ailleurs, peu m'importait. Mon choix a dû être vaguement influencé par tout le raffut que l'on faisait autour de l'université. Finalement, je ne regrette pas ma décision parce que je me suis surpris à apprécier Jersey. Je me plais ici et tous mes proches vivent sur cette île. En y réfléchissant bien, je ne vois plus vivre ailleurs alors qu'autrefois, c'était différent. + DEPUIS COMBIEN DE TEMPS VIS-TU ICI? Ça va bientôt faire un an que je suis venu m'installer ici. Au début, l'intégration n'a pas forcément été simple. De plus, j'ai dû faire mes armes en tant que professeur d'université sans appuis extérieurs, sans pouvoir expliquer mes frustrations à qui que ce soit une fois que je rentrais chez moi. Il m'a fallu un certain temps pour m'y faire mais je crois qu'on finit par s'habituer à tout. À présent, je crois que je peux prétendre que je me suis parfaitement intégré parmi les professeurs et les habitants, malgré quelques rumeurs peu flatteuses. + SI TU DEVAIS RÉSUMER TA VIE EN TROIS MOTS: Université, clope et musique, je dirais. L'université, c'est quand même le lieu où je passe le plus clair de mon temps, à fréquenter presque uniquement des étudiants et des professeurs. Depuis que je vis à Jersey, c'est le rythme de vie qui s'est imposé. La clope, quant à elle, a toujours été présente, bien plus que n'importe quelle femme (a). J'ai commencé à treize ans et j'ai jamais su m'arrêter. J'ai toujours une cigarette au bec, à toute heure. Je crois même que ça m'est déjà arrivé de m'endormir en fumant. Heureusement, mon lit n'a jamais flambé ! Et enfin, entre la musique et moi, c'est une longue histoire. J'ai tout abandonné pour vivre ma passion à fond et l'enseigner. Je crois que je deviendrais tout simplement fou sans musique. + TU AIMES/TU N'AIMES PAS J'aime jouer les perfectionnistes, la glace à la cerise, la cigarette, les douches brûlantes, écouter de la musique pour m'endormir, ranger mes bouquins par ordre alphabétique quand je suis anxieux, l'odeur des livres, la sensation des touches de piano, l'eau fraîche, les sons graves, la Tequila. Je déteste le désordre, le bruit de fond, porter des vêtements humides, les étudiants qui s'éclatent à foutre le bordel à mon cours (a), perdre mon calme, les boissons gazeuses, le travail inachevé, corriger les copies, les parfums trop sucrés, l'arrogance. + TES PLUS GRANDES PEURS? Je dirais que ce qui me fait le plus peur, c'est l'abandon, la solitude, c'est de risquer de perdre mes proches. Personne n'est infaillible. Je pourrais commettre une erreur à la con à tout moment, qui aurait des conséquences irréparables ou un accident pourrait avoir avoir lieu sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Après tout, les seules personnes que j'ai perdues, ce sont mes parents et j'ai été incapable de ressentir de la tristesse ou une émotion quelconque. J'ai pas eu le temps de me préparer à l'abandon, quoi. Alors je sais absolument pas comment je réagirai quand je me ramasserai une vraie claque. Je sais pas si je serais assez fort pour encaisser le choc. C'est ça qui me fait peur. + COMMENT VOIS-TU LA POPULARITÉ DE L’UNIVERSITÉ POUR LE BIEN DE L'ÎLE ? J'en sais trop rien, je suis pas un spécialiste en la matière. Personnellement, je crois que tant que l'invasion d'étudiants n'arrache rien au charme de l'île, ce n'est pas vraiment un problème. Néanmoins, peut-être que pour certains, préférant le calme et la paisibilité, tous ces étudiants et leurs fêtes sont un fléau ? Sincèrement, je sais pas. Je baigne dans cette ambiance depuis le début. C'est assez difficile de se faire un avis quand on a pas connu comment c'était « avant ». + EST-CE QUE LES ETUDIANTS FONT PARTIS DE TON QUOTIDIEN? Un peu beaucoup, ouai. Je suis professeur, je vous signale. À moins de démissionner, je pourrais pas les éviter. Je m'entends plutôt bien avec la plupart d'entre eux. Enfin, de mon point de vue, en tout cas. Bien sûr, il y a toujours quelques perturbateurs (mais je dois admettre que ce serait moins divertissant sans eux) ou des étudiants un peu étranges que je n'arriverai jamais à cerner. Je suppose que ça viendra avec l'expérience. + POURQUOI AS-TU CHOISI TON MÉTIER ACTUEL? Autrefois, j'ai fait du droit mais j'ai vraiment détesté ça. Normal, je m'étais contenté de réaliser le souhait de mes parents sans prendre en considérations mes propres envies. Alors, forcément, ça n'a pas duré longtemps. Je me suis rapidement tourné vers la musique, qui a toujours été ma passion. J'ai décidé de l'enseigner parce que je me suis dit que c'était la meilleure façon de vivre grâce à celle-ci sans être contraint de subir le possible échec d'une carrière musicale.

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