Une heure et vingt minutes d'avion. Partis aux environ de vingt heures, ils arriveraient sur l'île a une heure encore assez raisonnable. Ensuite, le temps de récupérer les valises et de rentrer, il serait environ dix heures du soir quand Winter rejoindrait Joséphine. Il avait, malgré tout, profité de ces deux jours et demi à Paris en compagnie de Serena. Il avait même réussi à rester en place durant la représentation de danse de sa meilleure amie, et plusieurs heures pour peindre la Tour Eiffel. Sur le pont des Arts il avait évidemment cédé à la tentation d'accrocher un cadenas et d'en jeter la clé dans la Seine. Épuisé par sa journée, l'attente à l'aéroport et, d'avance, par les retrouvailles potentiellement musclées avec sa petite amie, il s'endormit une petite demi-heure sur le vol. Les cinquante minutes restantes furent consacrées à la discussion, le visionnage des nombreuses, photographies et l'écoute de musique afin de demeurer éveillé. L'avion n'ayant pas de retard, il atterrissaient à l'aéroport de Jersey à vingt et une heures et vingt minutes. Valises récupérées et contrôles passés, es deux amis hélèrent un taxi qui les ramena à l'université. Raccompagnant Nena à son dortoir, le jeune hockeyeur la prit dans ses bras, lui souhaitant bonne nuit et la remerciant pour ce superbe week-end avant de s'éloigner direction la maison des Hadès. Il n'était pas certain d'y trouver Jo, mais il espérait qu’elle soit présente. Et seule, si possible, car bien qu'il adore Coleen il n'avait pas la moindre envie de s'expliquer devant elle. Parvenu devant le dortoir, il hésita. Ce n'était pas le moment de e dégonfler, poussant la porte il aperçut la jeune femme sur son lit et referma la porte sans pour autant s'éloigner de l'entrée. « Hey... » Belle entrée en matière, de quoi se prendre un énormissime blanc. Il s'éclaircit la gorge et s'approcha un peu. La tête baissée sur sur sac de voyage, il le désigna avec un vague et passager sourire. « Je t'ai ramené quelque chose... » "Quelque chose", pour ne pas dire qu'il avait dévalisé les boutiques de souvenirs de la capitale française pendant que Serena faisait sa répétition générale. Sa valise contenait donc un t-shirt I ♥ Paris, une mini Tour Eiffel, un bracelet, un coussin et un mug sur lesquels étaient représentés les paysages parisiens, une peluche, un porte clés et un sac. C'était, effectivement, une façon de se faire pardonner. Un peu stupide, certes, mais il avait un peu de mal avec les disputes et donc les excuses. Soupirant, il releva la tête et, laissant son sac de voyage sur le sol, il vint s'asseoir sur le lit de Joséphine. « Je suis désolé de ne pas être venu te voir avant mon départ. Je savais pas quoi faire, vu ta réaction quand je te l'ai annoncé j'avais peur qu'on reste sur une dispute pendant trois jours. Au final c'est quand même le cas... Et je suis désolé de ne pas t'avoir consultée avant de décider de partir avec Serena. Et de ne pas t'avoir suivie l'autre jour quand je te l'ai annoncé. Et que tu penses qu'il puisse y avoir quoi que ce soit entre nous alors que je t'aime plus que tout... » Cela faisait beaucoup de désolation, constata-t-il en se mordant nerveusement la lèvre, jouant avec ses doigts comme un enfant inquiet après l'aveu de sa bêtise.

A peine sorti de l'avion, l'unique but de Winter était de rejoindre au plus vite la maison des Hadès. Il avait eu plusieurs jours pour préparer ce qu'il dirait, se mettre en situation et anticiper les réactions de Joséphine et donc ses propres arguments. Malgré qu'il se soit occupé, amusé, qu'il ait beaucoup visité et que Serena se soit attelée à lui changer les idées, elle était constamment demeurée dans son esprit. Mais, arrivé dans le dortoir numéro cinq, une fois face à elle, il ne se souvenait plus de ce qu'il avait pensé dire, de tout ce long monologue qu'il s'était imaginé faire lorsqu'il serait de retour à Jersey. Au fond, cela n'avait pas tellement d'importance, ce qu'il avait voulut lui dire il le pensait, et il le penserait toujours, de sorte qu'il trouverait bien les mots pour le dire, même si cela devait sonner mois bien que lorsqu'il s'était imaginé le présenter. L'important se trouvait dans le fait qu'il était parfaitement sincère. La soudaine froideur dont Jo fit preuve lui tira un léger soupir qu'il étouffa. « Fais pas ça... » Autant dire que le Poséidon ne s'attendait pas à cela. Elle qui venait juste de sourire... La suite souleva le fameux problème déjà mis et remis sur le tapis. Il baissa les yeux pour suivre son geste lorsqu'elle lui prit la main. Il espérait plus mais il pouvait comprendre, étant donné sa réaction lorsqu'il lui avait annoncé son départ prochain pour Paris avec Serena il savait que lui expliquer qu'elle avait tort de prendre les choses de cette manière ne serait pas aisé. Il comprenait qu'elle puisse être jalouse et il savait très bien que se comparer aux autres est une réaction humaine. Il ne le faisait pas vraiment, il faut dire qu'il n'était pas un être humain normalement constitué. Loin de là ! Mais, quoi qu'il en soit, il était prêt à lui montrer, de quelque façon que ce soit et autant de fois qu'il le faudrait, que c'était elle qu'il avait choisi et qu'il savait ce qu'il voulait. Relevant les yeux, il lui sourit légèrement, plantant son regard dans le sien par la même occasion. « Toi aussi tu as énormément de qualités, Jo. Arrêtes de constamment te comparer aux autres, Serena est quelqu'un de bien et je l'adore mais ce n'est pas pour autant qu'il y a quelque chose entre elle et moi... Je ne suis pas attiré par Nena, tout comme je ne le suis pas par Coleen, Riley, Zondra ou Jaliyah. Ce sont des amies, au même titre que Zander. C'est toi que j'aime et ça ne changera pas, s'il faut encore que je le prouve je le ferai... » Ainsi les choses étaient claires, c'était tout ce qu'il voulait qu'elle sache, désormais il n'attendait plus que sa réaction. L'envie de la prendre dans ses bras après trois jours loin de l'île et deux sans se voir bien qu'ils vivent sur le même campus à cause de cette "dispute", si on peut appeler cela ainsi alors qu'il n'y avait pas véritablement eu d'échange verbale, était forte mais il préférait ne pas s'avancer et la laisser briser l'espace qu'ils s'étaient imposés.

« Comment ça encore ? », Winter secoua doucement l'air de dire que ce n'était pas important. Ce n'était pas important, il n'était question que du soir où il lui avait plusieurs fois assuré qu'il l'aimait, et des nombreuses fois entre ce jour-là et aujourd'hui où il l'avait répété. Attendant une quelconque autre réaction, espérant qu’elle ne resterait pas simplement sur cette question qui, à vrai dire, était une riposte légèrement décevante, il sourit lorsque Joséphine se rapprocha. Malgré le fait que ce soit elle qui ait déclenché la dispute de par sa jalousie envers Serena, il ne lui en voulait pas et se considérait comme responsable. Oui, bon, il se sentait trèèès rapidement coupable, que voulez-vous. « C'est de ma faute, j'aurai dû t'en parler plus tôt. » Ce n'était pas totalement faux, s'il le lui avait immédiatement dit, ou plutôt s'il avait commencé par lui demander si cela lui posait un problème, ce qu'ils considéraient à peu près comme une dispute ne serait pas arrivé. Ou du moins cela n'aurait pas pris pareilles dimensions pour si peu. Refermant ses bras sur Jo lorsqu'elle finit de se rapprocher et se blottit contre lui, il bailla suite à la fatigue accumulée durant ces trois jours de voyage puis répondit en souriant. « Tu m'as manqué aussi... Tu veux voir ce que je t'ai ramené ? » Changeant subitement de sujet car il n'était toujours pas très à l'aise avec cela, Winter attendit sa réponse pour bouger. Qui sait, peut-être n'en avait-elle pas envie, eut-être que tout ce qui touchait à Paris la révulsait totalement à cause du fait qu'il y était allé en compagnie de Serena. Cela ennuyait le jeune homme de pouvoir avoir pareilles idées, mais la quasi-rivalité entre les deux jeunes femmes à son propos était plus vaste qu'il ne le pensait, il avait pu le comprendre cinq jours plus tôt...

Plutôt content qu'elle réagisse ainsi et semble oublier sa rancœur, Winter lui adressa un large sourire. Il savait pertinemment que la jalousie n'allait que dans un sens, que Serena ne ressentait pas les choses ainsi, bien au contraire, elle voyait leur relation d'un très bon œil et, lorsqu'il ne savait plus comment réagir face à ce tout nouveau sentiment qui s'était immiscé parmi les autres à l'égard de Joséphine, c'est sa meilleure amie qui lui avait dit que se laisser aller et de ne pas lutter contre ça. Comme d'habitude, c'est elle qui avait eu raison. Peut-être étais-ce le genre de chsoe à partager avec Jo, histoire qu'elle comprenne qu’elle n'avait rien à craindre de Nena, que, contrairement à ce qu'elle pouvait penser, la jeune femme le rapprochait d'elle. Il lui dirait, mais pas de suite, ce n'était sans doute pas l'idée du siècle que de réintégrer la jeune ballerine dans leur conversation alors que les choses se calmaient enfin... Répondant à ce baiser inattendu, il accepta tacitement sa proposition caché dans la question. Il avait oublié toute fatigue, et jusqu'à l'idée d'épuisement.