I don't eat, I don't sleep, I do nothing but think of you.
Prenant conscience que, pour la énième fois de la journée, elle avait perdu le fil de ses pensées, Tiphaine lâcha la barre de tractions et se laissa tomber au sol, où elle s'assit en tailleur avec la mine d'un enfant qui n'a pas obtenu ce qu'il désirait... Elle n'avait pas obtenu ce qu’elle voulait, depuis le début de cette foutu journée, et même les jours avant. Elle ne savait plus trop à quand cela remontait, elle ne voulait d'ailleurs pas le savoir, mais cela faisait plusieurs jours qu'elle ne parvenait plus à aligner deux pensées sans se perdre, sans oublier. Ce qu'il lui fallait c'était un punching ball, pas une simple barre de tractions... A moins que quelqu'un se dévoue pour se faire taper dessus, mais elle doutait qu'on accepte de lui servir de défouloir. Elle se releva d'un bond et se dirigea donc vers ce fameux punching ball. Depuis toute petite, elle s’amusait à faire des tractions. En grandissant, elle avait eut encore plus besoin du sport, pour s'échapper, pour se " venger " de la mort de son père sur autre chose que des êtres humains innocents. Oui, Tiphaine avait toujours eu besoin de se défouler et avait évidemment pris soin de vérifier que l'université de jersey était suffisamment sportive pour elle... Alors oui, peut-être aurait-elle dû être Poséidon, mais elle avait tout de même de grosses tendances Hadès. Enfin... Enfilant les gants de boxe, la jeune femme commença à frapper dans le ballon. « Tiphaine... » La jeune femme se stoppa net, son regard clair rivé sur le nouvel arrivant, elle resta comme paralysée un instant. Puis un sourire légèrement flippant étira ses lèvres. La personne en face d'elle ne lui était pas totalement inconnue, mais elle n'avait pas la moindre envie ni de lui parler, ni de l'aider pour quoi que ce soit. « Nan, j'suis occupée, dégage... » Se re-concentrant, elle fit mine de ne pas remarquer que la "sangsue" n'avait toujorus pas bougé. Finalement, excédée par ce comportement de débile, elle se stoppa une nouvelle fois et planta un regard glacial dans le sien. « T'es encore là ? T'as pas compris que moi plus gants de boxe égale gros bobo pour toi si tu déguerpis pas ? » Et voilà le travail, retour à la case départ pour monsieur l'imbécile qui la dérangeait en plein... défoulement. Oui, elle n’allait pas dire entrainement, à quoi s’entraînerait-elle ?

Une demi-heure plus tard, elle s'arrêta enfin et alla se doucher, puis se changer. Ressortant, sa bouteille à la min, Tiphaine ne fit pas attention à la potentielle présence de quelqu'un dans le gymnase. Jusqu'à ce qu'elle le heurte presque de plein fouet, presque. Sawyer. Elle faillait faire tomber sa bouteille d'eau au sol mais la rattrapa à temps, il n'y eut presque rien au sol. Et puis peu importait... Levant les yeux pour mieux le voir, la jeune femme fit quelques pas en arrière. Ayant faillit lui foncer dedans, elle n'était qu'à un pas de lui, et elle détestait cela. En plus du fait de se sentir toute petite. Et faible. Pouvait-elle le considérer comme un ami, ou était-il une simple connaissance, comme au moment où Havel les avait présentés... Elle n'avait jamais su dire si elle l'appréciait vraiment ou s'il n'était qu'un type qu'elle fréquentait parce que son meilleur ami le fréquentait. Désormais, elle savait encore moins, et cela la dérangeait énormément. Sawyer.

Sawyer avait cours comme tout étudiant, même s'il manquait très fréquemment les cours il n'en restait pas moins qu'il avait tout de même d'assez bonnes notes, il faut dire qu'il avait de grandes facilités dans le domaine où il se trouvait et adorait tout ce qu'il pouvait entreprendre. Il décida de sortir enfin de son dortoir, les couloirs étaient déserts, il faut dire qu'à deux heures et quart de l'après midi tous les élèves étaient en cours. Sa matinée se passa vite, effectivement il s'était levée à onze heures, était sortit promener son chien autour de l'université et s'était mis à table à treize heures et durant une heure il avait appelé sa mère, qui le disputait quant au fait qu'il n'aille pas en cours, bien sûr le brunet lui avait fait la promesse d'y aller cette après-midi et donc le voilà dans les couloirs. Il chercha sa salle, frappa et fit un petit sourire à son professeur de français préféré Artémis de son prénom, la sulfureuse Artémis. Il n'avait pas besoin de donner d'excuses de toute manière il fallait déjà s'estimer heureux qu'il eut pointé le bout de son nez. Il se mit sur une table du fond et fit mine d'écouter le cours. La fille qui était sur la table d'à côté n'arrêtait pas de le regarder, lui faire les yeux doux, Sawyer d'un regard lui fit comprendre qu'il fallait qu'elle arrête auquel cas il lui aurait dit à sa manière. L'heure passa assez rapidement même s'il en avait déjà marre d'avoir son postérieur posé sur une chaise dur et ne rien faire, il aurait tant préféré rouler, marcher, courir ou bien même faire un reportage mais non il était voué à son train train quotidien si lamentable. Cependant il ne voulait pas faire ça, rester assis, il demanda à un des ses camarades de classe de lui faire une photocopie des cours de la journée et partit. Il faisait tout le temps ça, au moins ça lui évitait de ne rien faire et d'au moins se bouger au lieu de rester comme un con à écouter les professeurs qui pétaient bien plus haut que leur cul. Il avait envie de se détendre, il partit dans son dortoir où il y trouva Kendall, il lui fit un petit sourire mais n'y prêta plus attention lorsqu'il se changea et se mit en pantalon de survêtement. Il prit dans la foulée son petit chien qui dormait à poings fermés et partit en direction du gymnase, puisque faire de la musculation le détendait un peu. Il ouvrit alors la porte, et fut face à Tiphaine, la belle Tiphaine, elle fit tomber sa bouteille d'eau et Sawyer grimaça. Il mit sa main libre derrière sa tête et se la gratta. Que pouvait-il dire, alors que devant lui se trouver la meilleure amie de son meilleur ami avec qui il avait couché rien que pour se réconforter ? D'ailleurs que représentait-elle à ses yeux ? Il la dévisagea presque, comme s'il avait devant lui un zombie. « Aah t'es là.. » Les seuls mots qu'il trouva à dire, il ne savait décidément pas parler aux femmes le brunet !

I don't eat, I don't sleep, I do nothing but think of you.
Tiphaine songea à sa mère qui lui aurait dit que ce genre de sport un peu brute et sa " méchanceté à l'égard de ses petits camarades " n'étaient pas dignes d'une Carthew. Cela la fit légèrement sourire. Elle qui n'était même pas née Carthew s'était toujours permise des critiques sur les manières de la Blondie par rapport à ce quelle aurait dû faire pour représenter sa chère famille. Que pouvait-elle en savoir ? On aurait pu croire que la mort de l'homme de la maison les aurait rapprochées, vous rêvez ! Petite, Tiphaine avait déjà pleuré pour que sa mère ne l'approche pas, on aurait cru qu'elle tentait de la kidnapper. Adolescente, elle avait toujours tout fait pour ne pas avoir à rester trop longtemps dans la même pièce que sa génitrice. Elles s'étaient toujours comportées comme de quasi-inconnues... Un jour, dans un moment de faiblesse, elle avait pensé à lui téléphoner. Elle avait composé le numéro mais s'était presque instantanément reprise. Non, jamais. Si cela se trouvait, elle avait déjà oublié avoir eut une fille un jour. Tiphaine reprit son ' défoulement '. En sortant des vestiaires après une bonne douche, la jeune femme prit sa bouteille d'eau et ne porta pas la moindre intention sur la salle. Elle avait été seule tout le temps, pourquoi ce serait-elle inquiétée d'une éventuelle présence ? Et puis le monde la dérangeait, elle aurait même pu voir Havel que cela ne lui aurait pas fait vraiment plaisir. Et pourtant...
Levant les yeux, Tiphaine tomba nez à nez avec Sawyer. Elle retint un cri de stupéfaction. Elle en lâcha presque sa bouteille tandis que son coeur loupait un battement, mais elle rattrapa la bouteille, et son coeur reprit une allure naturelle. Ou presque. Remarquant le regard étrange que le beau brun posait sur elle, Naïa passa une main dans ses cheveux en prenant l'air le plus détaché possible. Peine perdue... Sa réflexion la fit grimacer. « Je... ça a l'air de te faire très plaisir. » Elle avait connu mieux comme accueil, pire, aussi, mais là, cela la marqua plus. Bon, d'accord, elle avait couché avec lui pour ensuite se faire jeter, pas la première fois non plus... Elle avait juste pensé qu'Havel choisissait un peu mieux ses fréquentations, elle avait cru avoir suffisamment bien jugé Sawyer , elle aussi. Son sac était au sol, elle esquissa un geste pour le ramasser, puis se redressa d'un coup pour répondre au jeune homme d'un ton hargneux. « T'en fais pas, je ne te dérange pas plus longtemps, comme tu le vois, je m'en allais. » Elle attrapa son sac et le balança sur son épaule, puis passa en évitant soigneusement tout contact avec Sawyer. Elle s'apprêta à franchir la porte sans un regard en arrière.

Sawyer pouvait se montrer comme le pire des imbéciles, le pire des cons et lorsque quelque chose lui déplaisait il avait cette façon si maladroite et blessante qui donnait envie à quiconque l'envie de déguerpir et pourtant il ne changeait pas son comportement, de toute manière il n'en voyait pas l'utilité, sachant que le monde dans lequel il vivait n'était jamais assez bien pour lui et qu'il savait qu'un jour ou l'autre il se tuerait. Maintes et maintes fois il avait imaginé son suicide, d'une overdose, en se jetant sous un train, en sautant du haut d'un toit, d'une balle dans la tête, dans tous les cas il ne manquait pas d'imagination. Lorsqu'il fut devant Tiphaine, il ne sut quoi faire, ni quoi dire à part une phrase débile, prouvant une fois de plus le mépris qu'il pouvait avoir à l'égard des gens et pourtant la pauvre blondinette n'y était pour rien, c'était lui le fautif dans l'histoire. A la base eux, ne se connaissaient que de vue grâce à Havel leur meilleur ami respectif et pourtant ils avaient tout de même réussi à terminer dans le même lit, peut-être qu'ils étaient attirés l'un par l'autre ou peut-être que c'était juste une conquête de plus pour le brunet parmi tant d'autres, mais un problème demeurait. Il l'évitait, n'arrivait plus à la regarder en face, sans faire de gaffe, sans lui lancer son regard noir, si noir qu'il pourrait en faire fuir un tas. La blondinette n'était pas non plus le genre de femmes à se laisser faire, Sawyer aimait ça certes même s'il aurait préféré qu'elle lui laisse la tâche plus simple en partant directement. « Je suis le plus ravi des hommes voyons ! » lança t-il sur un ton méchant et ironique. Tout en partant la belle Hadès lui dit qu'elle s'en allait mais pourtant il ne pouvait pas la laisser partir, comme ça, sans qu'ils aient une explication digne de ce nom. « Bon écoutes voilà, j'te connais pas enfin je t'ai parlé de mes problèmes de Lola, de l'accident, de ce que ne va pas chez moi, de mes envies suicidaires, on a couché ensembles et après ? Tu attendais quoi de moi au juste ? Que je te rappelle ? Te dise que tu me manques, que je t'aime et tout le bla bla ? Bah non j'suis pas ce genre d'homme, peut-être que oui je pense à toi parfois, tu me plais mais ça s'arrête là. Pour deux raisons la première étant que toi et moi sommes trop différents, j'aime souffrir et toi j'pense que t'es pas le genre de femmes à t’infliger ta propre souffrance. Parlons en de cette souffrance si je t'aimais je te ferais souffrir et moi aussi par la même occasion. Je m'attache à personne, même Havel j'ose pas trop m'attacher. Ma soeur si, mais c'est différent parce que Lux est tout ce qu'il me reste alors voilà.. Maintenant Tiphaine ne répond pas à ça, tu peux partir je t'ai dit que ça ne servait à rien qu'on s'parle autant faire comme si l'un pour l'autre nous n'existions pas. Salut.. » Et il tourna les talons.

Finalement, Tiphaine avait bien fait de s'énerver sur ce pauvre petit étudiant car, autrement, elle aurait déjà pété un plomb contre Sawyer. Pas que cela ne risque plus d'arriver, mais elle aurait au moins pu lui dire une phrase sans l'insulter, crier, s'énerver. Depuis toujours, la jeune femme avait le sang chaud. Elle ne se laissait pas faire, jamais. Petite, elle se défendait à coup de poings, plus simple, plus efficace. Plus tard, elle se mettait simplement à crier, crachait des insultes, des choses ignobles. C'était suffisamment intimidant, méchant, blessant. En bref, Tiphaine Carthew n'avait jamais eut de mal à se faire respecter, à avoir la paix lorsqu'elle la souhaitait. Une véritable furie lorsque cela lui prenait. Dans sa période droguée, elle était encore pire. Bagarreuse comme pas possible, l'esprit souvent embrumé par l''alcool et la drogue. Folle. Elle ne s'en rappelait pas grand chose. Par chance, j'ai envie de dire, car elle serait déjà tombée en dépression. Toutes les conneries qu'elle avait faites, rattachées à un visage, un seul. Un magnifique visage, mais qui lui brisait le coeur et piétinait les morceaux. Son meilleur ami. L'ancien. Le garçon qu'elle avait toujours connu, là-bas, à Paris. Ses pensées se dissipèrent lorsque la voix de Sawyer retentit, des paroles se voulant blessantes. Il pensait pouvoir lui faire mal en la confortant dans son idée qu'il n'était pas heureux de la voir ? Comme si elle n'avait pas encore compris mais peu importait. Elle ne comptait pas rester. Croisant les bras, Tiphaine répondit, pour la forme. « C'est bien ce que je disais. » Et, bien que ce soit dit sur le ton le plus détaché possible, elle ne put réprimer un éclair de colère dans son regard. Un sourire moqueur passa sur ses lèvres lorsque Sawyer reprit la parole, mais elle le perdit rapidement. Pas le genre de femme à s'infliger sa propre souffrance ? Mais qu'en savait-il ? Que savait-il de sa vie, de sa souffrance, d'elle ? Elle n'en parlait jamais, mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'en souffrait pas, qu'elle n'avait pas souffert. Seulement, elle ne remuait pas le couteau dans la plaie, elle ne s’apitoyait pas sur son sort. Et non, elle ne s'infligeait pas sa souffrance, plus maintenant, car elle l'avait suffisamment fait. Elle ne lui laissa pas le temps de faire un pas de plus, croyait-il réellement s'en sortir comme cela ? Il la connaissait encore moins qu'elle le pensait... « Tu ne sais rien de moi Sawyer, absolument rien. C'est facile de juger, de se dire qu'on est le plus malheureux des hommes et que moi ma vie compte tellement peu par rapport à tous tes problèmes. C'est pas parce que je t'ai écouté sans rien dire, que je ne me suis pas confiée, que je n'ai rien vécu. Et puis merde, j'en ai absolument rien à foutre que tu me rappelles ou non, que tu m'aimes ou pas. Parce que moi je ne t'aime pas, et, même si c'était le cas, je saurai que cela n'en vaut pas la peine. Tu n'en vaux pas la peine, pas maintenant que je vois à quel point tu es... Pathétique. » Elle lui cracha presque ce dernier mot à la figure.

Sawyer était là, il la regardait. Il venait de lui dire des horreurs en ce moment il fallait croire que c'était son trip, qu'il adorait faire du mal aux autres. Delilah était passée, Sahara, Eleanor et maintenant Tiphaine. Maintenant comment ça allait finir ? Ils allaient de nouveau terminer dans le même lit ou au contraire se disputer et s’injurier jusqu'à ce que mort s'en suive ? « Oui c'est facile de juger, et je le fais si aisément. Bah alors je t'écoute si ta vie est aussi merdique que la mienne. Mais non je rêve trop en te demandant cela, puisque visiblement « je n'en vaux pas la peine, pas maintenant que tu vois que je suis...Pathétique » Oui c'est ça. » Il avait prononcé sa phrase sur le même ton, en se moquant littéralement d'elle et de ce qu'elle pouvait bien penser de lui. Depuis longtemps le jeune Bringstone ne se souciait plus de ce que les gens pouvaient penser de lui, du moment qu'il s'aimait comme il était, du moment qu'il avait assez de souffrance en lui tout allait pour le mieux. Et sa souffrance le faisait devenir quelqu'un d'odieux, tellement méchant qu'il s'en prenait à tout le monde. Tout le monde ? Sauf sa soeur cadette a qui il vouait un culte, à croire qu'il l'aimait plus que tout au monde, mais dans la vie et pour lui il n'y avait plus qu'elle, même Havel ne serait jamais à la hauteur et cela même s'ils étaient très amis. Ce dernier terme pouvait-il aussi être employé en vue des liens entre le deux jeunes Hadès en train de se déchirer de vulgarités ? Noam, de son deuxième prénom ne voulait pas s'arrêtait là il voulait aller encore plus loin dans sa sournoiserie et méchanceté. « Tu veux pas qu'on se mette ensembles juste pour essayer ? Je promets de ne plus être aussi con. » Bien sûr tout ceci n'était qu'une pure et simple manipulation, de toute manière il ne pouvait pas tomber amoureux et surtout du pimbêche comme Naïa. D'ailleurs après mûres réflexions, il trouvait ce prénom si mignon, il lui faisait penser à Nala dans le Roi Lion

Oh, d'accord, il ne trouvait rien de mieux que de citer ses paroles ? Il semblerait que Tiphaine soit plus forte que lui à ce jeu là, tant mieux. Il s’exerçait sans doute plus, mais elle avait toujours eut de la répartie et un tempérament plutôt fort. Qu'ils s'injurient jusqu'à être trop fatigués pour continuer lui semblait la meilleur option, elle ne comptait pas se retrouver à nouveau dans le même lit que lui. Ni la même pièce dès qu'elle en aurait fini avec cette conversation. « C'est exactement ça, oui. Et ça t'amuse de faire du mal aux autres, c'est la seule chose que tu fasses correctement. T'as l'impression que plus tu blesses les autres, moins tu souffres ? Laisse-moi te dire que c'est totalement faux. C'est pareil. Excepté pour ceux qui souffrent par ta faute. Mais peut-être que c'est ça ton problème finalement, tu supportes pas que les autres soient heureux. Tout le monde doit souffrir autant que toi... Ou peut-être que t'as un réel truc mental. Dans tout les cas, ça ne fonctionne pas avec moi. » Après tout, ce n'était qu'un demi-mensonge. D'habitude, cela ne fonctionnait pas sur elle. Là, c'était Sawyer, et c'était différent sans qu’elle comprenne pourquoi. Étais-ce parce qu’elle l'a... Non. Ce verbe était rayé de son vocabulaire depuis un moment déjà. Impossible. La suite lui tira un sourire indescriptible. Elle hésita à jouer la fille crédule et folle amoureuse ou à rester sur ses positions, c'est à dire à faire exactement comme lui, se moquer et être méchante. Elle aurait pu faire les deux, parce que, au fond, elle avait été une jeune femme folle amoureuse, elle avait cru à sa belle historie d’amour avec Jayden. Elle savait comment faire. Mais elle était beaucoup plus forte dans la méchanceté. On est pas Hadès pour rien. Elle savait trouver le point sensible et appuyer dessus, remuer le couteau dans la plaie. Elle décida de ne pas passer pour une idiote, il se moquait déjà suffisamment d'elle comme cela. « Parce que en plus tu me prends pour une idiote ! Ta promesse était déjà brisée avant que tu la prononce, je vois pas comment on peut te faire confiance. C'est peut-être pour ça que, justement, personne ne te fait confiance. Tu devrais y réfléchir, ça rendra peut-être ta malheureuse petite vie meilleure. » finit-elle, ironique. Très franchement, elle aurait pu tomber amoureuse de Sawyer. Ils étaient un peu pareils, au fond, même si elle évitait de passer sa colère due à la souffrance sur la première personne qui passait. Naïa s'emportait souvent, c'est vrai, mais pas contre ses amis. Elle savait quand ses crises de colère se déclencheraient, elle évitait tout contact avec eux pour leur épargner cela. Pas lui. Il faisait plus de mal aux gens qui l'aimaient qu'aux inconnus. Pas quelle l'aime, non, mais qu'est-ce que vous allez chercher vous aussi !?

Spoiler:

Non mais Sawyer était comme ça, toujours méchant sournois, n'ayant aucune pité pour faire endurer de la souffrance aux autres. Il aurait même été capable de commettre un meurtre un jour ou l'autre. Sans scrupule, il aimait se nourrir du malheur des autres, et s'il y avait autant de tension avec la blondinette c'était peut-être parce que justement il ne la détestait pas, et qu'il aurait préféré être amis avec elle et bien plus, en réalité ce n'était qu'une couverture qu'il se donnait. Personne ne savait qui il était en dessous, sauf sa soeur et peut-être Sahara. Sahara.. Ce prénom lui brulait la bouche entière tant il avait du mal à repenser à elle après ce qu'il s'était passé l'autre fois. Il détruisait tout ce qu'il touchait. « Oui ça m'amuse, j'aime faire souffrir tu sais alors chacun ses délires ! Non pas du tout, tu ne me suis pas du tout là, tu sais pas pourquoi je fais ça tu ne me connais pas ! J'ai pas de truc mental comme tu le dis, sinon je serais dans un hôpital psychiatrique ma pauvre ! D'ailleurs pendant des années je suis allée voir un psy' je sais ce que c'est t'as rien a m'apprendre ! Vas-y perd un être cher, ne trouve plus goût à la vie et on en reparlera pfff » Il s'était retenu de l'insulter, lui qui avait l'habitude d'être toujours ingrat il ne s'était pas montré de la sorte. La proposition qu'il lui avait faite était effectivement une pure et simple manipulation dont lui seul pouvait avoir l'habitude et dont lui seul aimait faire des gens l'un de ses pantins que ça en devenait presque maladif. Il savait parfaitement qu'elle ne céderait pas, de toute manière elle n'était pas des plus dociles, et la jeune Hadès sortait très fréquemment ses crocs, si seulement elle pourrait un jour mordre Sawyer lors de leurs prochains ébats « Non, loin de moi l'idée de te prendre pour une idiote, tu l'es déjà et ça sans moi chérie. » sournoisement il s'approcha d'elle, lui caressa la joue tendrement et lui murmura au coin de l'oreille « Mais réfléchis-y Carthew tu pourrais faire de ma vie un bonheur » Il lui fit un baiser sur la joue, lui effleura une dernière fois le menton et se pointa de nouveau devant elle, les bras croisés, l'air très confiant.

Spoiler:

Cela n'avait pas de sens, cette conversation ne rimait à rien et pourtant Tiphaine avait l'impression d'en apprendre plus en une phrase qui lui était jetée à la figure que dans un discours courtois. Peut-être étais-ce la seule manière de communiquer avec Sawyer, crier, s'insulter. Peut-être étais-ce, la seule façon pour que les choses sortent, car c'était beaucoup plus simple de hurler que de s'expliquer simplement. Car parler amenait de toutes manières à des cris... En plus d'être incroyablement troublée par sa présence, elle s'en voulait d'être incapable de lui parler, elle détestait mentir à Havel en lui disant que tout allait bien et qu'elle était distante avec Sawyer simplement parce qu'il ne lui arrivait pas à la cheville et, pour finir, elle pensait constamment à Sasha. De quoi mettre le bazar dans sa tête et lui donner envie de tout foutre en l'air. « J'AI PERDU MON PÈRE SAWYER ! J'étais juste à côté de lui et je m'en suis sortie sans la moindre égratignure alors qu'il est mort ! Je fais des cauchemars toutes les nuits, j'ai noyé mon chagrin dans l'alcool, la drogue et pire encore. Alors t'as rien à m'apprendre non plus. » Comment réduire à néant des mois de secret. Qu'il fasse la moindre réflexion désobligeante et elle ne serait plus maître de ses actes. Se forçant à respirer calmement malgré la colère qui menaçait de la submerger et les larmes lui montant aux yeux, elle planta son regard clair dans celui de Sawyer. La proposition avait fait accélérer son pouls mais Naïa serra les dents face à sa réaction. « L'idiote te dit vas te faire foutre, mon ange. » Et pourtant, elle frissonna à son contact. Se mordant violemment l’intérieur de la joue pour s'empêcher de lâcher une réplique désagréable dont le ton sans doute incertain aurait trahi son trouble, la jeune femme se concentra sur sa respiration devenue presque haletante tandis que les battements de son coeur s’espaçaient.« Ah, vraiment ? Mais tu ne me mérites pas, Bringstone. » Son regard était glacial, sa voix totalement contrôlée, mais elle bouillait de l'intérieur. Il n'y avait plus qu'à espérer que cela ne se remarque pas...

Spoiler:

Sawyer était parfois sans coeur, sans scrupule à croire qu'en plus de son malheur il aimait se nourrir de celui des autres, à croire que pour lui cette Tiphaine n'était qu'une trainée qui restait avec lui simplement parce qu'ils avaient un ami en commun, mais pour lui ce n'était pas une raison valable pour l'apprécier, surtout que la jeune femme avait tout d'une personne que Sawyer prenait un malin plaisir à détester, voire même à haïr. Elle était belle, avait du répondant et souffrait autant que lui, qualités que Sawyer appréciait, qu'il tentait de détecter pour les retourner contre elle, et il allait y arriver même s'il fallait qu'il emploie les grands moyens, les grands mots et faire pleurer la blondinette, il n'avait peur de rien et ce n'était pas un vulgaire obstacle qui allait l'en empêcher. Il arqua un sourcil et lui répondit ne se sentant pas du tout coupable « On a un point commun en plus dans ce cas. » Il lui fit un clin d'oeil, assez fier de remarquer qu'effectivement ils avaient tous les deux vu un être cher perdre la vie devant leurs yeux et noyaient leur chagrin dans l'alcool et la drogue, donc deux points communs, et non pas un le temps de cette réflexion et Sawyer coupa la blondinette avant qu'elle ne lui réponde « Je rectifie, deux points communs. » Elle allait très certainement lui demander lesquels et il serait ravie de les lui dire. Il ne fit pas attention à la remarque de l'idiote, elle s'insultait elle même il faut dire cependant il répondit à la seconde alors qu'il avait sentit cette vague de chaleur le traverser alors qu'il l'avait effleurée. « Tu as raison, je ne mérite personne, mais toi tu n'es pas personne. » Un sourire s'échappa des lèvres du jeune homme.

Spoiler:

Si elle s'était attendue à cela... Tiphaine posa son regard clair sur son interlocuteur, ce soudain changement d'attitude la déstabilisait complètement, plus encore que toutes les piques qu'il avait pu lui lancer auparavant. Elle comprenait mieux la situation lorsqu'ils se disputaient. Le fait qu'ils aient tous deux perdu un être cher et en souffrent encore semblait apaiser Sawyer, comme si cela pouvait les rapprocher. Elle n'était pas de cet avis et, de nature méfiante, ne pouvait se résoudre à lui faire subitement confiance tout cela parce qu'il lui prenait l'envie de baisser le ton. Elle était méfiante, peut-être même trop, mais c'est comme cela qu’elle s'en était toujours sortie. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour répondre, bien qu'elle ne sache pas du tout quoi dire, il reprit, la stupéfiant encore plus. « Quoi ? Je... lesquels ? » Prévisible. C'état plus que prévisible, mais c'était sortit tout seul. Elle ne se sentait même plus l'envie de rester sur ses gardes, totalement prise au dépourvu. Mais son côté paranoïaque, développé à cause de tout ce qu’elle avait vécu, lui soufflait de rester prudente. Frissonnant lorsqu'il lui caressa la joue, elle demeura sur la défensive, le regardant comme elle aurait regardé un serpent en sachant pertinemment qu'il pouvait la mordre à tout instant. Mais sa réponse lui ôta toute envie de se montrer désagréable. Peut-être étais-ce justement ce qu'il attendait, peut-être pas. Peu importait, elle connaissait la douleur, cela ne lui faisait plus peur. « Ça donne quoi en français ? », demanda-t-elle, se détendant imperceptiblement, relâchant ses épaules. Peut-être étais-ce le pas de trop, direct dans la gueule du loup, mais elle n'en avait rien à faire. Après tout, elle avait plus à gagner qu'à perdre...

Sawyer ne reculait devant rien, et était prêt à tout pour écraser les autres et les traiter comme de vulgaires insectes qu'il aimerait piétiner encore et encore jusqu'à ne plus avoir de force. Et il donnait toute la force de ses mots pour infliger à Tiphaine de la douleur, se fichant un peu des conséquences et surtout si entre eux c'était plus un jeu que des mots sincères. Effectivement lui pensait chacun des mots qu'il disait, mais qu'en état-il d'elle ? cette dernière avait des réactions pour le moins spéciales qui n'échappaient pas à Sawyer qui analysait chacun de ses faits et gestes. Comme la stupéfaction au timbre de sa voix quand il lui avoua les points communs qu'ils avaient, et il prit un plaisir sournois à lui répondre « Oui tu as perdu ton frère, j'ai perdu ma soeur. Tu sombres dans l'alcool et les autres substances illicites et je fais de même. Ce n'est pas pour rien qu'on est chez les Hadès. Oh ! Mais attends cela nous fait un troisième point commun, nous sommes plus proches que nous le pensons amour. » Il crachait son venin, et chacun de ses mots faisaient des échos dans la pièce, comme si le diable avait pris forme en lui. Sawyer était méchant, sûrement le plus méchant des Hadès.. Il se rendit compte que sa phrase n'avait pas de sens, et qu'il fallait être vraiment intelligent -ce qui n'était visiblement pas le cas de la Carthew- pour la comprendre, mais il n'avait pas l'envie de répéter et quand l'envie n'était pas là il s'en allait. Le Bringstone haussa des épaules tourna les talons et lui dit alors qu'il sortait du gymnase contraint de revenir plus tard faire du sport « A bientôt mon amour. »

C'était elle ou la conversation devait vraiment bizarre ? Dans le genre je te dis un truc gentil puis un truc méchant et on fini par ne plus rien y comprendre... Mais il était clair que Sawyer ne faisait que s'amuser. Du moins, à sa manière, c'est à dire en lui faisant du mal, évidemment. Pour le coup, c'était raté. Elle avait vécu dix-sept ans sans son père alors qu'on lui en parle ne la blessait plus, elle avait l’habitude. Bien qu'il lui manque toujours énormément et qu’elle n'accepte pas sa mort... C'est plutôt le plaisir malsain qu'il prenait à tenter de l’atteindre par les mots. Des mots qui ne lui faisaient rien, des mots auxquels elle ne prêtait pas la moindre attention. Ils, et il, ne le méritaient pas. C'est son dernier mot qui la fit réagir. Amour. C'est affreux ce qu'il pouvait être détestable parfois... « Excuses-moi si je ne suis pas transportée de joie à cette idée. Et arrêtes de m'appeler comme ça. » Déjà, cela sonnait totalement faux dans sa bouche. Ensuite elle ne supportait pas qu'on l'appelle ainsi, cela lui rappelait trop les trois années passées à faire toutes sortes de conneries après sa fugue. Ils restaient tout deux plantés là, à se regarder dans le blanc des yeux, jusqu’à ce que le jeune homme tourne les talons. Elle aurait dû s'y attendre, pourtant cela la dérangeait. La surprenait presque. Elle eut envie de lui dire qu'elle ne le savait pas du genre à fuir les confrontations, se ravisa. Pas pour ne pas le mettre en colère, elle se fichait bien de cela, il pouvait même la frapper que cela ne lui faisait absolument pas peur, mais car elle n'avait pas, plus, envie de se disputer avec lui. Elle avait eut sa dose. Elle en avait plus que marre de monsieur Bringstone qui se prenait pour le plus malheureux, le plus à plaindre et qui se la jouait grand méchant. Pourtant, un mot, un seul, son prénom, franchit la barrière de ses lèvres. « Sawyer... ? »

Mais si la conversation devenait bizarre, c'était parce que Saywer était bizarre. Bizarre en tous points. Pour son comportement, ses réactions et même ses paroles. Tiphaine ne le connaissait pas, personne ne le connaissait et ne pouvait anticiper ses réactions, même pas lui. Et lui exposer leurs points communs, il adorait ça, cela changerait peut-être l'opinion néfaste qu'elle pouvait avoir à son égard et Sawyer en lui donnant des petits surnoms faisait tout pour lui faire comprendre ses réelles intentions, ce qui ne plaisait pas à la demoiselle puisqu'elle lui fit une remarque. Remarque qu'il n'écouta pas, il était déjà ailleurs, dans ses pensées les plus profondes, ayant tourné les talons. Et au moment où il passa la porte elle l'appela. Elle était donc tellement débile pour ne pas comprendre que leur conversation était terminée et qu'il préférait partir plutôt que de rester avec elle, alors qu'elle venait de gâcher sa journée et surtout son envie de faire du sport ? Mais il se retourna malgré toutes ses pensées négatives « Quoi ? qu'est ce que tu me veux cette fois ? » Il lui avait parlé avec énervement et méchanceté, son ton habituel en effet. Mais avec elle comment changer de ton alors qu'elle l'exaspérait au plus haut point, et qu'il n'avait qu'une seule envie la frapper et la bouger un peu pour qu'elle comprenne qu'il la détestait. Bien sûr qu'il la détestait, s'il lui avait fait des avances c'était uniquement pour cette raison, il voulait la faire souffrir du mieux qu'il le pouvait. Et vous pouvez le dire, Sawyer n'est pas quelqu'un de net, il est même sournois.

Si avoir envie de tuer quelqu'un est déjà un crime en soit, elle risquait fort de se voir condamnée. Tiphaine ne parvenait pas à comprendre comment elle avait pu penser une seule seconde qu'il y avait quoi que ce soit de bon en lui. Comment avait-elle pu être suffisamment idiote pour se dire qu'après avoir accidentellement - en quelques sortes - couché ensemble ils pourraient juste passer l'éponge et s'apprécier pour autre chose que le fait d'avoir un ou deux amis en commun. Peut-être était-il si froid et affreusement détestable avec elle pour masquer le fait qu'au fond il l'aimait bien. Parce que, de son côté, c'était le cas. Elle ne l'aurait avoué poru rien au monde, mais c'était le cas. La question lui tira un sourire totalement dépourvu de joie. Ce qu'elle lui voulait encore ? Encore, il osait employer ce mot alors que c'était sa faute s'ils s'étaient mis à parler, c'était lui qui avait engagé la conversation. Bon, elle avait répondu alors qu'il lui avait dit de ne pas le faire, mais comment aurait-elle pu demeurer muette face à ce qu'il lui avait lancé à la figure ? Cela la conforta dans ce qu'elle voulait lui dire, bien qu'une toute petite partie d'elle veuille la persuader du contraire. « Juste te dire que je te déteste, mon ange. » Sur ce, elle passa à côté de lui, le frôlant accidentellement au passage, et fit une sortie théâtrale en claquant la porte.

En fait oui, peut-être que Sawyer aimait bien Tiphaine que la haine qu'il éprouvait pour elle signifiait autre chose, mais s'il l'avouait, s'il lui disait le fond de sa pensée, il en prendrait un coup sur son estime et son orgueil alors autant être méchant avec elle, lui dire des méchancetés à la tête comme il l'avait toujours fait et ignorer cet accident, cette nuit où ils avaient malencontreusement et malheureusement coucher ensembles. Il n'y avait malgré tout pas de regrets à avoir. Elle l'appela, de son air si peu aimable et méchant il lui demanda ce qu'elle pouvait lui vouloir. Et cette fois il en prit plein la tête, elle lui dit ce que lui aurait pu dire, prenant le même ton que lui, le même regard, on aurait cru à son double et pourtant elle était si différente de lui, il savait que ça sonnait faux, mais quand il s'en rendit compte il était trop tard, elle était déjà partie, elle avait claqué la porte et l'avait laissé planté là comme un débile. Mais ça n'allait pas se passer comme ça, il fallait qu'il la rattrape et la fasse enrager encore plus du moins c'est ce qu'il disait puisqu'en réalité il voulait le faire par envie. Il sortit de la salle de sport, courut dans le couloir et la rattrapa. Il lui attrapa le bras, la retourna et plaqua ses lèvres contre celles de la belle blonde. Ce baiser signifiait peut-être des excuses, ou bien même qu'il regrettait un minimum ses actes et qu'au fond il pourrait être ami avec elle, même si cette pensée lui faisait mal.. Il continua le baiser encore un instant puis ôta ses lèvres de celles de Tiphaine et lui dit « Je te déteste aussi mon amour. »

i hate everything about you, why do i love you ?

Après avoir claqué la porte, Tiphaine hésita un quart de seconde. Elle ne savait pas vraiment quoi faire maintenant, et puis elle était fatiguée, vexée, perdue et surtout assez en colère. Elle hésita à se laisser tomber par terre, adossée à un mur, mais décida finalement de rejoindre son dortoir pour se blottir dans son lit. Elle marchait d'un pas décidé et ne se retourna pas en entendant un bruit de course dans son dos, ne s'imaginant pas une seule seconde que Sawyer la poursuivrait. Ne se doutant pas le moins du monde qu'il pourrait faire quelque chose d'aussi surprenant, et la suite était encore plus improbable. Lorsqu'on lui saisit le bras, Naïa voulut lâcher une réplique désagréable et blessante mais n'en eut même pas le temps. Elle entraperçu à peine Sawyer lorsqu'il la fit se retourner avant de plaquer ses lèvres contre les siennes. De stupeur, elle lâcha son sac qui vint s'écraser lourdement au sol. Pourtant, elle n'esquissa pas le moindre geste pour le repousser, elle se prit même à répondre à son baiser, ce qui la retournait totalement. Son coeur cognait follement contre sa poitrine, c'était pire que lorsqu’ils avaient couché ensemble comme s'il lui avait fallut se disputer avec lui et lui dire le détester pour ressentir quelque chose de réel. Elle ne put réprimer un vague sourire, qui disparut aussi rapidement qu'il était venu, face aux paroles de Sawyer lorsqu'il se détacha d'elle. Ce n'était plus très sincère tout ça... « Tu es conscient que tu rends les choses extrêmement compliquées ? » Ou au contraire très simple, elle avait du mal à savoir.

Lorsque Sawyer posa les lèvres de la belle blonde contre les siennes, il eut des papillons dans le ventre et ses battements de coeur se firent plus rapides et plus forts. Il n'éprouverait jamais de l'amour pour elle, il la détestait même, alors pourquoi tout cet attachement pour elle ? Et pourquoi l'avait-il embrassé alors que quelques minutes auparavant il aurait été prêt à la frapper jusqu'à sang. Lunatique, voilà comment il était. Le fait le plus fou était qu'elle de son côté ne le repoussait pas, peut-être qu'elle aimait bien les lèvres de Sawyer, il faut dire ce dernier aimait beaucoup celle de la demoiselle. Cette dernière mit fin à leur baiser qui avait duré longtemps pour des gens qui se haïssent, et il remarqua de suite le sourire de Tiphaine qui disparut aussi vite qu'il était apparut. Et la question qu'elle lui posa demeura longtemps dans son esprit, la tourna dans tous les sens afin de donner la meilleure réponse qu'il soit. « Mais la vie est compliquée et il faut tout faire pour qu'elle le soit encore plus ! » lui répondit-il simplement, mettant de côté son air narquois et méchant. Il lui donna un bref baiser mais qui était tout aussi tendre et reprit « Et donc pour te répondre j'en suis conscient, mais le danger ne m'a jamais fait peur. Mais toi tu as peur des choses dangereuses Tiphaine ? » Sawyer l’avait appelé par son prénom, chose qu'il ne faisait jamais puisqu'il n'appelait que les gens qu'il appréciait un minimum par le prénom. Était-ce alors parce qu'il y avait autre chose que de la haine entre eux ?

The way you move is like a full on rainstorm and I'm a house of cards

Les papillons dans le ventre dès qu'il la touchait, la brusque accélération des battements de son coeur quand il la regardait, le fait que son nom hante son esprit et son coeur, la crainte qu'il lui arrive quelque chose, avoir l'impression que la vie sans lui est impossible, Tiphaine ne s’imaginait pas ressentir cela à nouveau. Pas aussi fort, du moins. Mais elle sentait que c'était ce qui était en train d'arriver. Cela plus qu'autre chose lui faisait peur, elle craignait de s’attacher à lui pour finir par être abandonnée, pour se rendre compte qu'il se jouait encore et toujours d'elle... Mais même cette peur ne parvenait pas à la persuader de se détacher de lui. Pire encore, elle répondit à son baiser, qui dura encore longtemps, jusqu'à ce que la raison prenne le pas sur la folie dans son esprit et la persuade de quitter les lèvres de Sawyer. Malgré sa crainte de marcher droit dans un piège odieux, elle demeura presque collée contre le jeune homme pour lui demander s'il se rendait compte à quel point les choses devenaient compliquées. Pour tout dire, cela arrangeait peut-être plus que cela ne compliquait. Ou bien c'était pareil. Au fond, dans un couple c'est pareil, on se dispute avant de revenir s'embrasser longuement et passionnément. Ils étaient un peu le pire de ce que représente un couple, tous les deux... Alors qu'elle était plongée dans ses réflexion, il semblait réfléchir à sa question. Tout compte fait, elle était du même avis. Elle n'eut pas l'occasion d’approuver, leurs lèvres se trouvèrent de nouveau, plus brièvement mais tout aussi tendrement, si pas plus. Son coeur cognait comme un fou mais elle ne savait pas ce qu’elle ressentait. Elle venait de lui dire qu’elle le détestait et, sur le coup, elle le pensait clairement. Il s'était montré odieux et, n'ayant pas l'habitude d'être traitée comme une moins que rien, elle avait réagit au quart de tour, blessée et profondément insultée. Oui, elle n'avait pas perdu ses habitudes de petite princesse à son petit papa très riche. Certaines choses ne s'oublient pas et elle ne supportait pas qu'on la bafoue de la sorte. Alors elle ne savait pas si c'était de l'amour ou tout simplement l'étonnement mêlé au sentiment que produit tout baiser, même non voulu, d'un personne aussi... attirante. Oui, d’accord, Sawyer était séduisant, plus que cela, et, en plus de ça, elle savait à quoi il ressemblait sans ses vêtements. Alors il y avait de quoi être chamboulée, non ? Lorsqu'il reprit, elle ne put s'empêcher de sourire, c'était une vraie question ? S'approchant - si c'était possible puisqu'ils étaient déjà suffisamment collés l'un à l'autre -, elle répliqua « Pas le moins du monde, tu devrais savoir que rien ne m'effraie. » C'était peut-être un peu prétentieux, c'est vrai, mais depuis qu'elle avait frôlé la mort à à peine quatre ans avant de finir droguée et très peu fréquentable, elle n'avait plus peur de rien. La mort, la torture, rien. Elle était insensible à la peur et, n'ayant plus de famille pour laquelle s’inquiéter, elle ne craignait plus rien pour personne. Cessant de réfléchir et de se poser des questions, elle captura à nouveau les lèvres de Sawyer, le forçant à reculer jusqu'au mur contre lequel elle le plaqua sans relâcher ses lèvres, caressant ses cheveux.