❝ My life, my life makes me wanna run away there’s no place to go ❞" ... Le jour du printemps, on se dit que c'est une date merveilleuse pour naître. On a l'impression que la fleur qui vient de venir au monde sera heureuse tout les vingt et un mars et qu'elle aura le sentiment d'être fêtée par tous. Je m'appelle Alec Alexsey Grey, et je n'ai jamais aimé le printemps." Les points qu'obtint Alec pour cette rédaction furent les meilleurs de la classe, et sans doute de toutes les classes de la même année. Mais le commentaire du professeur prouva que cet homme était tout à fait à l'ouest, qu'il ne comprenait rien. " ... Très inventif, bravo " Où voyait-il l'invention? D'où sortait-il qu'Alec était heureux et avait écrit le contraire de son véritable vécu ? Sa mère était morte et il n'avait même pas réagi à la nouvelle. Sa soeur était cloîtrée dans sa chambre à longueur de journée, rabattant la capuche de son sweat sur sa tête comme pour dire "n'approchez pas" et son père... Puisque, avant, il n'avait pas besoin de s'occuper d'eux, il se portait à merveille. Mais, aujourd’hui, c'était moins drôle. Par chance, Alec prenait tout le coup, le plus souvent sans broncher, attendant que cela passe. Par chance car, ainsi, sa soeur n'avait rien à craindre. Et puis elle était trop jeune, trop déprimée et trop faible. Elle n'aurait pas supporté. Plus tard, lorsqu'il eut environ seize ans, Alec su qu'elle n'y échapperait plus. Elle avait l'âge qu'il avait à la mort de leur mère, et au début des coups. Alors il s'arrangea pour faire enrager son père, qui resta concentré sur lui, évitant ainsi les bastonnades à sa soeur. Il ripostait, de plus en plus fort, de plus en plus souvent. Il ne se laissait plus simplement frapper comme si il n'y avait rien de plus normal.

❝ Je ne veux pas prier d'être protégé des dangers, mais de pouvoir les affronter.❞« C'est quoi ça ? Non mais tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu veux la tuer ?! » Alec venait de rentrer de sa longue journée de cours, il avait l'intention de se reposer, de dormir, profitant de la paix momentanée que son père lui avait accordé. Mais, apparemment, c'était déjà terminé. Eileen avait un morceau de verre enfoncé dans le bars et des débris de bouteille gisaient dans toute la pièce. Son frère était accroupi à côté d'elle, le regard rivé sur leur père, ce malade qui répétait sans cesse qu'il ne visait pas son bars mais son visage. Excédé, Alec se redressa et expédia son poing dans le visage de son père. Il ne lui laissa pas le temps de répliquer, lui envoyant un coup de genoux dans le ventre. Plié en deux, l'homme, âgé maintenant d'une quarantaine d'années, se vit asséner des coups de pied qui le firent basculer sur le carrelage. Le jeune homme releva sa petite soeur, avec tant de douceur qu'on n'eut jamais cru à ce qu'il venait de faire à son père. Il prépara leurs affaires et il disparurent. Par la suite, ils emménagèrent dans un petit appartement et Eileen dût porter un plâtre durant quelque mois. Alec abandonna ses études, plongeant directement dans la vie active pour subvenir aux besoin de la jeune fille.

❝ You and I, we had it all. I wonder why, I let it fall. I don’t know why, I make this hard for you. ❞Chaque chose a une fin, même les meilleures. Surtout les meilleures. Mais Alec refusait que celle-ci touche à sa fin. Ils avaient fait du chemin pour en arriver là, pourquoi n'auraient-ils pas pu revenir sur leurs pas ? Se dire que ces dernières semaines n'étaient que cauchemar, que cette vie n'existait pas et n'existerait jamais. Parce qu'ils s'aimaient, et que c'était plus fort que tout. Mais ils en étaient arrivés à un point tellement fort, quelque chose qui donnait l'impression que plus rien n'était possible, que leur vie se résumerait toujours à des échanges rapides et inutiles. Des phrases vides, ne signifiant rien par rapport à tout ce qu'ils auraient voulu, pu et dû exprimer. Alec avait un nombre incalculable de chose à dire, mais dès que son regard se posait sur le ventre de Noa, il semblait oublier, ne plus vraiment savoir. Il était perdu, et tout cela par sa faute... Cette histoire, il en était l'origine. Au départ, Noa était comme une soeur, déjà la personne la plus importante de sa vie. Et, même si ses sentiments à son égard avaient évolués, il en venait à se demander si ce n'était pas mieux avant. Avant l'accident plus accident redevenu un peu accident avec la présence du bébé. C'était quelque chose de difficilement qualifiable, parce que, en y réfléchissant, il aurait parfaitement pu accepter ce bébé, il aurait pu la croire directement, se dire que oui, elle allait avoir un enfant. Son enfant. Mais, une fois de plus, il y avait comme un bloquage. Peut-être n'était-il pas fait pour la vie de famille. Ou bien il avait peur, tout simplement... Il se protégeait comme il pouvait de ce qui devait arriver. Comportement idiot, si c'était vraiment cela. Risquer de perdre l'amour de sa vie par peur d'un enfant ? Non, il ne pouvait pas. Levant les yeux, le jeune homme aperçu Noa, de dos, qui regardait par la fenêtre. Les seules fois où il pouvait se résoudre à aller lui parler, à s'expliquer, à s'excuser surtout, il retombait sur son ventre, et le malaise reprenait de plus belle. D'habitude, il se serait levé et serait allé la prendre dans ses bras, lui répétant à quel point il l'aimait. Mais dès qu'il l'aurait enlacée, il aurait repris conscience qu'elle était enceinte, de lui ou de quelqu'un d'autre. Il aurait voulu être certain que cet enfant était de lui, cela aurait déjà été un bon point. Il aurait plus facilement accepté la chose. Mais pourquoi ne pas lui en avoir parlé plus tôt ? Enceinte de quatre mois, elle aurait bien eut le temps de le prévenir avant qu'il ne l'apprenne seul. « Je... dois y aller. » Le regard que la jeune femme posa sur lui fendit le coeur, encore une fois, mais il s'efforça de l'oublier, sachant à l'avance qu'il en serait incapable. Mais qui ne tente rien n'a rien... Il se leva et embrassa doucement le Noa sur le front, se demandant encore et toujours combien de temps il tiendrait ainsi.