Chapitre one.
A la maison Hastings, avec sa famille.

« Ruth ! Dépêche-toi, bon dieu ! » s'écria Coline, sa sœur. Sa voix stridente vint habiter les couloirs, remonter l'escalier et plonger la maison dans une atmosphère glaciale. Quelques minutes s'écoulèrent avant que Ruth ne décide de rejoindre le salon, où sa sœur l'attendait avec un regard accusateur. « Il a bon dos ce pauvre Dieu. » , répondit Ruth tout en dévoilant sa silhouette féminine et son sourire harmonieux. « Put... Ruth ! C'est une messe, pas un défilé de mode. T'as l'intention de te faire le prêtre ou quoi ? » « Tu es d'une vulgarité ma sœur » dit-elle en ajustant sa coiffure face au miroir du salon. « Je considère que c'est un hommage, même une preuve de respect, que de s'apprêter pour aller à l’Église. J'suis un peu comme ces cochons qu'on sacrifiait dans l'Antiquité. Tu vois ? » ajouta-t-elle souriante. Ruth, pétillante et pleine d’entrain, la démarche énergique, se présenta dans le hall à ses parents, tournant sur elle même pour faire voler sa robe. « Une vraie déesse » dit son père, la regardant avec fierté et amour. « Merci, Daddy ! J'ai hérité de tes gènes. » répondit-elle, tout dans l'exagération, avec une pointe d'hypocrisie. Coline, exaspérée par sa sœur, arriva quelques secondes plus tard. « Te voilà enfin ! Allons-y, nous sommes déjà en retard » lui reprocha le père Hasting sous l’œil malicieux de Ruth. Coline se tue, enfila sagement son manteau et se dirigea vers la voiture.

Coline était une très belle femme. Grande et d'une sagesse infime, elle avait appris à connaître le monde par elle-même. Sans doute la moins croyante de la famille. Pourtant, elle était un exemple de perfection. Grande littéraire, elle connaissait les règles de grammaires et d'orthographes sur le bout des doigts et se dirigeait vers une brillante carrière de pharmacie, tandis que, parallèlement, elle brillait en Athlétisme..

Chapitre two.
Quelques jours après son entrée au campus.

« Ruth ! Je t'ai cherché partout » lui dit Coline, trouvant sa petite sœur recroquevillée dans un coin du campus. [Durs furent les débuts de Ruth. Elle fut, d'abord, rejetée par la confrérie Zeus, puis par tous les autres élèves. Sa fausse perfection ne faisait aucun effet ici. Elle était réduit, simplement, à une prude croyante, une fille sans intérêt. ] Ruth releva les yeux vers sa compréhensive sœur. Cette brillante représentante de la confrérie Zeus, ainsi que l'incarnation des valeurs Hastings. Elle voulut la rejeter. Cette sympathie excessive l'irritait. « Hé ! Ruth ! On joue pas aux rois du silence là. Sinon j'm'en vais et j'te laisse seule. ». Coline semblait désemparée. Elle savait que la grande fierté de Ruth ne pourrait que la blesser en dehors du cocon familial. Elle attendit quelques instants. Ruth resta muette. Elle fit demi-tour et entreprit de partir ! « Put... Coline ! Attend ! » « Tu es d'une vulgarité ma sœur » lui dit Coline, ricanant, tout en se retournant. Ruth esquissa un sourire. Coline s'approcha et lui dit : « Tu me fais confiance ? J'ai un plan pour t'intégrer ! »
Ruth et Coline parlèrent un long moment. Coline entreprit de passer plus de temps avec Ruth. Il faut dire que sa notoriété était faîte et que le simple fait de traîner avec elle permettait de se faire accepter plus rapidement.

Chapitre three.
Dans un dortoir du campus, avec Spencer.

Allongée tout contre Spencer, une de ses amies de la confrérie Hadès, Ruth contemplait le plafond orné d'un blanc pur. Elle y regardait la lumière venir et repartir, danser, faire son chemin, pour de nouveau disparaître. Le silence était roi. Les yeux de Ruth, peu à peu, entreprirent de se fermer. Spencer se releva brusquement et bouscula le visage de Ruth. A la recherche de sensations, Spencer attendit que Ruth se place face à elle pour la défier du regard. Ruth commença à s'inquiéter. Le visage de Spencer ne présageait que des ennuis. Rapidement et sèchement, Spencer lui dit : «Action ou vérité ?». Ruth reprit ses aises. Elle était d'un naturel très joueuse et fut directement enthousiaste à l'idée de jouer à ce jeu. Elle répondit très vite et spontanément « Action ! ». Aussi vite et brève que fut la réponse de Ruth, Spencer lui dit : «Embrasse-moi !». Le visage de Ruth se décomposa. " Embrasser une fille est un péché, embrasser une fille est un péché, embrasser une fille est un péché " se répétait-elle frénétiquement, comme pour se convaincre. Son visage fit un brusque mouvement de recul, comme un cheval exprimant un refus. Elle semblait soudainement sauvage et extrêmement vulnérable même si ce faux sourire restait toujours gravé sur ses lèvres. Mais Spencer, avec insistance, ajouta d'un ton convainquant, presque comme un ordre « Allez ma soeur ! C'est juste un jeu. T'iras au confess après et on en parle plus ? ». Ruth se torturait de l'intérieur, comme une auto-flagellation. Cependant, Ruth était une très mauvaise perdante. Soudainement, dans un moment d'impulsivité, presque téméraire, elle se jeta maladroitement sur Spencer, comme pour en finir plus vite. Dans ce mouvement, elle renversa Spencer contre le lit, se retrouvant dans un rôle dominateur pas très convainquant. Rapidement, dans la précipitation, elle embrassa Spencer. Elle prolongea même ce baiser quelques instants. Puis, elle se dégagea de l'étreinte de Spencer. Elle avait ce regard fier et diabolique qui disait "tu ne m'aurais pas Spence. Pas cette fois.". Sans un mot, sans un signe, elle quitta le dortoir pour rejoindre avec précipitation sa confrérie.

Chapitre four.
Au cinéma, avec Travis.

«Tu plaisantes ?» dit Travis avec arrogance. Son rire moqueur et ses yeux hautains viennent directement heurter la fierté de Ruth. Cette dernière, orgueilleuse, plongea ses yeux déterminés dans ceux du jeune hommes. «T'as vraiment cru que j'allais te payer le ciné ? Non mais, tu vis dans quelle monde Ruth ? ». Il leva les yeux au ciel devant la naïveté de la petite Hastings. Ruth, vexée, s'entoura d'une carapace souriante. L'expression de son visage suffisait à exprimer ce qu'elle pensait et souhaitait dire.. «Non mais tu sais combien ça coute ? J'suis d'jà bien gentil de t'y accompagner.» rétorqua de nouveau Travis. Ruth se redressa dignement. Elle ne décollait pas son regard de celui de Travis. « T'as voulu un rendez-vous ? Désormais tu mets le prix. » lui dit-elle déterminée. Elle s'approcha lentement de lui pour le troubler et glissa sa main dans le cou de Travis, descendant sensuellement sur le torse, ou plutôt sur la chemise du jeune homme. Ce dernier était un vrai homme à femmes, il était connu pour ne pas savoir résister à ses pulsions. C'était un grand amoureux de la femme. Pourtant, il resta de marbre. Son corps, son sourire, son regard étaient remplis d'arrogance. « De plus, payer quelques dollars ne va pas te tuer. » ajouta-t-elle. Il écarta légèrement Ruth et reprit quelques distances. Il soupira et lui dit « A quoi ça sert que j'te paye le ciné alors que tout le monde sait que j'pourrais pas te sauter. En plus je sais même pas si tu vaux ces malheureux dollars. » Ruth éclata de rire. Son puissant rire vint résonner dans tout le cinéma et attirer l'attention des personnes alentours. Blesser, à son tour, dans son égo, Travis perdit un peu de son sourire mais tenta de rester impassible. « Monsieur doute de ses capacités de séducteur ? » dit-elle provocante, la voix pleine de malice. Elle s'approcha de nouveau sensuellement de lui et embrassa tendrement et doucement les lèvres de Travis, presque comme un avant-gout. Il chercha à prolonger le baiser, dans l'espoir d'en apprendre plus sur l'intimité de Ruth. Mais celle-ci rompit l'échange, et en s'écartant, tenta de nouveau sa chance «Bon ! Tu me le payes ce ciné ?» «non.» Le visage de Ruth se glaça un court instant. «Tu connais la galanterie ?» «non.» répondit-il toujours aussi calmement. Ruth bouillonna sur place. Elle garda un sourire fier, et tout en entreprenant le chemin de la sortie, elle lui dit « Si tu veux avoir, rien que l'espoir de m'avoir, il faudra y mettre du tiens. ». Elle put voir une dernière fois, avant de quitter le cinéma, le sourire amusé de Travis, qui semblait presque voir ça comme un défi.