AMBRE ⊱ « Toutes les histoires commencent pareilles. Enfin c’est ce qu’on dit. En Espagne, un des premiers jours de l’hiver, commença l’histoire de Nolan et d’Ambre. Deux jumeaux, c’est deux fois plus de bonheur pour la famille, deux fois plus de douleur pour la maman, deux fois plus de bêtises durant l’enfance, deux fois plus de surveillance par les parents,… Par les parents… C’est bien ça le problème, les parents n’étaient jamais présents, leur mère les a quitté lorsqu’ils étaient enfants les laissant à leur riche de père. Toujours à travailler, rarement rentrés avant le coucher de ses 2 enfants, très peu de repas en famille même à Noël, la vie s’était installé de cette façon dans la famille Garcia.

La gouvernante des deux jumeaux devint leur mère de substitution. Et les deux enfants devinrent inséparables. On ne voyait jamais l’un sans l’autre, tout ce qu’ils faisaient, ils le faisaient ensemble jusqu’à choisir leur tenue pour sortir. Les deux adolescents ont vécu leur adolescence tranquillement, ayant pris l’habitude de ne plus voir leurs parents. Un seul événement a vraiment marqué leur vie. Leur départ pour Jersey, juste eux deux, quand ils ont eu leur majorité. Fini l’Espagne, fini les parents, à eux l’université ! »

Est-ce la description de ma vie ? Oui en quelques sortes. Enfin… j’ai menti. Un deuxième événement a bousculé nos vies, celle de Nolan et la mienne. Bien que ce soit surtout la mienne qui en fut changé. Nolan n’a jamais vraiment souffert d’un manque en l’absence de notre mère. Et c’est vrai que notre gouvernante faisait un boulot dingue pour qu’on ait une enfance heureuse sans papa et maman. Mais lui, il avait quand même papa ! Cette gouvernante m’a tout appris sur le fait d’être une femme en générale mais même si elle nous aimait comme ses propres enfants, elle n’était pas ma maman. J’ai toujours eu ce vide en moi. L’adolescence est une sale période. Et c’est à ce moment-là que maman a décidé de revenir. Revenir est un bien grand mot car elle est rentrée à nouveau dans nos vies mais pas pour nous aider. Pour que nous, nous lui rendions service. Nolan n’a jamais voulu. Et je crois qu’il m’en veut d’avoir été si faible et de l’avoir acceptée dans ma vie, elle qui ne nous avait pas acceptés dans la sienne. Je me défendrai en disant qu’à 15 ans, toutes les filles sont mal dans leur peau. J’avais beau être la fille la plus riche de l’école, d’avoir comme frère le garçon le plus mignon de tout Madrid et d’avoir une taille une taille mannequin quoi que je mange, je restais la fille bizarre qui restait toujours dans son coin à lire des livres et qui connaissait toutes les réponses en classe. Bref, je n’étais pas du tout populaire, je n’avais pratiquement aucun amis et tout le monde se moquait de moi à l’école. Alors, oui, je pense que j’avais besoin de ma maman.

A 18 ans, quand je suis partie avec Nolan à Jersey, je voulais tout laisser derrière moi, devenir une fille populaire, sortir, avoir des amis, peut être avoir un copain. Je me sentais libérée. Même bien plus que ça. J’aime ma nouvelle vie. J’ai tout changé pour devenir celle que je suis, mes vêtements, ma coupe de cheveux, toutes mes paires de chaussures, ma façon de marcher en rue,… La seule chose que j’ai gardée est mon amour pour la lecture et c’est d’ailleurs pour cela que je me suis inscrite en littérature. Parfois, je rentre en Espagne, pour voir mon père, ma gouvernante et dernièrement ma mère. Nolan me déteste d’être retourné vers elle mais il fallait que je m’éloigne de Jersey, au moins quelques mois. Il ne sait pas mais j’ai rencontré quelqu’un. Enfin, si. Il connait ce gars. C’est mon meilleur ami. C’est, en tout cas, ce que j’ai fait croire à tout le monde. Même à lui, jusqu’à la veille de mon départ, la veille de la rentrée scolaire. Je lui ai dit ce que je ressentais et sa réponse fut négative. J’étais tellement sous le choc. Je ne pouvais plus rester sur cette île, dans cette école. J’aurais été incapable de le croiser sans commencer à pleurer. Alors je me suis inscrite en dernière minutes à Madrid et je suis retournée chez maman. Nolan pense qu’elle avait besoin de moi. Elle a acceptée de jouer le jeu et de se faire engueuler par téléphone. Je ne pouvais pas lui expliquer. Je lui avais toujours tout dit mais là je savais qu’il ne comprendrait pas.

Aujourd’hui je me sens prête à revenir. Le chagrin a disparu. La tristesse aussi. La honte aussi. Je marche la tête haute maintenant. Je ne suis pas vraiment fière de ce que j’ai fait en Espagne. Je me suis laissée aller. Je suis sortie plusieurs fois par semaine. J’ai couché le premier soir. J’ai été amie avec des filles pas très recommandables. J’ai eu beaucoup de chance que ça n’apparaisse pas dans les journaux. Mais à ce moment-là, je m’en foutais totalement. Je voulais juste oublier, ce que je n’ai pas fait parce que c’est impossible mais j’ai accepté et il est pour moi temps de retourner à la vraie vie à Jersey. Je ne peux pas vivre sans mon frère et même si pour la première fois de ma vie, je lui ai caché quelque chose d’important dans ma vie, il restera toujours mon frère, mon jumeau, mon double.